Côte Vermeille, pays de merveilles ! Elle s’étend du massif des Albères au sud des Pyrénées-Orientales depuis Argelès-sur-Mer sur la plage du Racou et se prolonge jusqu’à la frontière espagnole à Port-Bou en passant par Collioure, Port-Vendres, Banyuls-sur-Mer et Cerbère. Paradis de la plongée et des découvertes en kayak de mer, la Côte Vermeille attire aussi de nombreux randonneurs autour de Banyuls, point de départ du célèbre GR10 qui traverse toutes les Pyrénées .
Avant de vous lancer sur les chemins de la région , le mieux sera de vous rendre à l’Office de Tourisme sur la croisette ou encore à la Maison de la randonnée (ouverte de 9h à 11h00) et d’investir 4 € dans la petit Guide des Randonnées autour de Banyuls. C’est ici que se donnent rendez-vous les groupes au départ des 9 itinéraires mentionnés dans la brochure.
Lors de nos vacances estivales , j ‘avais sélectionné deux parcours d’une demi-journée pour en découvrir quelques facettes en permettant à mon amie Murielle de se tester pour son baptême du feu en véritable randonnée. (A lire plus loin ses premières impressions) : le sentier littoral entre Banyuls et la cap Peyrefite et une boucle sur les crêtes du Vall Pompo.
Un sentier littoral engageant ..pas si facile !!
A l’image du GR34, son homologue breton, cet itinéraire côtier plutôt court cache bien son jeu . Il ressemble sur le papier à une jolie balade avec seulement 6 km , or l’accumulation progressive des dénivelés s’avéra rapidement éprouvante sous les chauds rayons du soleil du mois août . La mention « assez difficile » du guide est bien une réalité et mieux s’y engager assez tôt le matin, sachant que ce sentier à la végétation très rase ne présente aucune zone d’ombre pour s’y abriter.

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Nous avons eu hélas à le constater lors d’une rencontre avec une randonneuse en grande difficulté. Partie avec quelques amis elle aussi de Banyuls, elle présentait les premiers signes d’une insolation (épuisement et vomissement) . Avant de la quitter, je lui donnais un peu d’alcool de menthe et les coordonnées GPS du lieu à un de ses compagnons visiblement un peu dépassé et ce afin qui les communique rapidement en appelant le 112 . Une demi-heure plus tard, nous croisons pompiers et policiers en quête d’information alors qu’un hélicoptère de la Protection Civile cherchait visiblement déjà la malheureuse randonneuse. Après cet épisode, Murielle resta un peu tendue et il lui fallut quelques temps pour profiter à nouveau du splendide décors.
Nous cheminions parfois à près de 70 m au dessus des criques avant de descendre jusqu’au niveau des plages. Ici et là, des plongeurs s’équipaient pour explorer ces fonds réputés pour la flore et la faune. Les premiers groupes de kayakistes matinaux ou des flottilles de rameurs en stand up paddle investissaient les anses en silence. Le vent puissant des trois jours précédents n’était plus qu’un souvenir et les plaisanciers croisaient sereins entre ciel et mer d’un bleu sublime. Après 5 km de ces montagnes russes, nous sommes arrivés au Cap Peyrefite. Un chemin raide descend vers la plage blottie dans une large crique baignée de soleil où l’on distingue le balisage d’un sentier cette fois sous-marin que l’on suit avec masque et tuba. L’ombre se faisant rare et nous remontons sur l’autre versant pour dénicher un coin abrité pour pique-niquer. En contre-bas, les vacanciers profitent de l’eau claire et tiède ou se pressent à l’unique buvette . Débarrassés enfin de notre panoplie de randonneurs en surchauffe , quel bonheur de s’immerger dans cette eau limpide avant de reprendre le car pour Banyuls !
La boucle du Vall Pompo tout en grimpettes
Bien installés sur notre terrasse devant un verre de vin frais de Banyuls et quelques toasts d’anchois, nous contemplions le paysage de vignes s’estompant sous le soleil couchant. Très loin, très haut, une chapelle blanche et un pin incliné semblaient inaccessibles et dominaient la baie. Après le sentier littoral, j ‘avais vaguement regardé le tracé de cette seconde randonnée de notre séjour. J’ignorais précisément que ce parcours nous conduirait jusqu’à ce clocher . (Murielle aussi ! ) .

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Forts de notre expérience de l’avant-veille, on débuta dès 8h30 .. après mon incontournable café en ville. Très vite le chemin s’élève et serpente sur la colline pour atteindre une première chapelle, Notre Dame de la Salette. Le corps est encore froid, les muscles encore endormis nous rappellent les effets douloureux de la gravitation sur l’homme. Et pourtant la route est encore longue pour atteindre le col de Gascons situé à mi-parcours des 10 km annoncés . Privé de mes habituels bâtons, je suis aussi à la peine sur ce sentier étroit bordés de chênes-liège parfois noircis du dernier incendie. Après les déboires de la randonneuse du littoral, Murielle a cette fois mis un chapeau, elle grimpe à son rythme en serrant les dents, je veille à ce nous buvions régulièrement et insiste pour qu’elle prenne aussi une barre de pâte d’amandes, le petit dèj étant déjà loin. Lors de cette grimpette interminable nous croisons des trailers en pleine descente vers la ville. La Chapelle blanche et son pin nous accueillent enfin. Clic clac, les smartphones enregistrent l’exploit. Tout en bas, très loin nous distinguons un bloc d’immeubles et situons notre terrasse. Un rêve furtif de bière fraîche traverse nos esprits mais il faut continuer encore 800 m pour atteindre le col (390 m) et prendre le GR10 vers Banyuls.
Le Guide mentionnait « descente difficile jusqu’à la fontaine des Chasseurs » : vrai ! la pluie a totalement rongé cette portion et un panneau met en garde les randonneurs sur l’aspect « mal pavé » . Les pierres roulent en effet sous nos pas et Murielle très concentrée se bat parfois avec des marches de géant. C ‘est avec soulagement que l’on atteint la fontaine pour se rafraîchir et détendre nos jambes tétanisées. Le GR10 coupe régulièrement la D86 et l’on croise quelques cyclistes en ascension vers la Tour de Madeloc (670m) et des randonneurs au long cours dans les Pyrénées orientales. Un jeune couple monte vers nous charger de lourds sacs à dos accompagné de son chien harnaché de petites sacoches . A leur programme, dix jours en autonomie totale ! Je partage mon restant d’eau avec le toutou et nous continuons notre descente. Il est plus de midi, je meurs de faim, Banyuls nous attendra pour le déjeuner, nous pique-niquons tranquilles sous les pins. Ce tour du Vall Pompo nous a donné un bon aperçu des premiers kilomètres sur le GR10, l ‘un des plus beaux et plus durs de l’Hexagone, une traversée Est-Ouest qui nécessite entre 50 et 60 jours de marche ! L’heure est pour le moment à la dernière baignade. Nous partirons le lendemain à Collioure, belle et surpeuplée . Bye bye Banyuls, nous regrettons déjà ta tranquillité de station balnéaire familiale, tes tapas du soir et tes concerts d’amateur sans complexe au kiosque de la croisette !!
Murielle : » une première rando pleine d’enseignements «
Je suis parisienne, alors autant vous dire que la randonnée n’est pas innée chez moi. Mais cette activité te fait hésiter, persévérer et enfin t’émerveiller. Cette randonnée-là, je l’ai découverte en arrivant à Banyuls-sur-Mer. Au début, c’est dur, on se demande ce que l’on fait là, pourquoi on n’a pas pris la voiture ! Et puis, on persiste. On découvre la beauté, sa faune, sa flore, ses vallées, ses criques, ses couleurs. Tout ce que la randonnée peut nous offrir…

Au bout d’une heure de marche sur le sentier littoral, j’ai découvert une femme assise avec des signes de grande fatigue et de malaise… j’ai été prise de panique au fond de moi et pourtant j’ai pris conscience qu’il faut écouter son corps, il ne ment jamais ! Respectez son rythme et écoutez les signaux qu’il vous envoie. Ne forcez pas la marche si votre corps doit fournir un effort inhabituel. Mon guide m’a impressionné vis-à-vis de cette dame, il a réagi avec efficacité et resté concentré pour la protéger en donnant les directives pour la secourir (j’étais fière d’être auprès de lui… c’était rassurant !). Malgré tout, encore un peu inquiète, il m’a fallut poursuivre ce sentier avec davantage de vigilance et de concentration jusqu’à l’arrivée. J’ignorais alors ce que me réservait la seconde randonnée sur le Vall Pompo !!