Elu GR de Pays préféré des Français lors du 6e concours de la FFRP cette année, le « TSN» tombait à pic pour m’occuper une semaine en juillet et parfaire ma connaissance de la Normandie en randonnée. Il faut avouer que l’appellation Suisse Normande réveille chez le randonneur parigot tous les fantasmes de verdure et de paysages montagneux . Bref la grande évasion nature à deux de la Capitale me tendait les bras. En piochant un peu dans la doc, je constate alors que le nom de Suisse Normande, bon.. un peu aguicheur , n’est pas tombé de la dernière averse dans le jardin des agences de com spécialisées.
On le retrouve en fait dans plus de 190 régions dans le monde répertoriées par Suisse Tourisme , y compris la France. Je pris ainsi la direction de l’Orne et du Calvados pour 6 jours de balade.. en altitude . On accède facilement au TSN en voiture ou par le train depuis Paris en ce qui me concerne. J’ai passé une journée à visiter Caen avant de prendre le bus 117 le lendemain matin à la gare routière afin de rejoindre mon point de départ : Thury. Ce bus dessert Flers et il est tout fait possible de débuter le TSN depuis une autre ville sur cette ligne. Beaucoup de randonneurs partent notamment de Clécy et réalisent leur boucle entre quatre jours.
117 km, 6 jours, 2947 m dénivelé + : pas si facile que ça !!
Qui dit Suisse dit montagnes et la topologie de la région justifie parfaitement ce caractère, à une exception près. Les pentes du TSN ne présentent pas la progression régulière des sentiers alpins. Il s’agit davantage de successions de montées et descentes permanentes dans un décors vallonné. Et c’est un euphémisme ! On retrouve d’ailleurs cet aspect sur une bonne partie de la Normandie, notamment dans le pays d’Auge.
De collines en fonds de vallées à répétition, cet itinéraire se révèle un rien usant , même sur des étapes de 19 à 24 km. Bien des randonneurs habitués aux alpages reconnaissent cette difficulté comme me l’ont confirmé des hébergeurs. Côté nature du sol rencontrée, il s’agit de sentiers de terre habituels, souvent pierreux ou de chemins agricoles très bien entretenus. J’ai rencontré à plusieurs reprises des équipes municipales en train de débroussailler, élaguer, ratisser . Le parcours est souvent très abrité, blotti dans des tunnels de verdure formés par des haies, barrières au vent courantes dans le bocage normand. Malgré tout, on y emprunte régulièrement d’inévitables portions de route bitumée. Mieux vaut avoir les embouts de ses bâtons de marche à portée de main pour progresser sur ces divers terrains.
Pourquoi le TSN a-t-il séduit les randonneurs au point de l’élire leur GRP préféré ?
A défaut de réaliser mon propre sondage, cette expérience me donne quelques éléments de réponse. Le TSN offre d’abord de nombreux points d’accès et une modularité d’étapes pratique. On peut garer sa voiture en sécurité dans un village et faire la boucle selon son programme. C’est un circuit très varié qui mélange la verdure de la campagne à un relief plus minéral. Le randonneur est aussi immergé dans un milieu très rural bucolique où l’élevage est omniprésent . Cette région normande abrite également de nombreux ruisseaux et l’Orne, rivière majeure, y apporte une agréable touche de fraîcheur. Il fait bon suivre ses anses le long de berges bien abritées du soleil et propices aux pique-niques ou un bain de pieds improvisé ! Ce cours d’eau traverse ainsi des villages pittoresques, comme le Pont du Vey, le Pont d’Ouilly avec ses fermes bien restaurées et transformées pour certaines en gîtes.
Certains se révèlent comme des petits coins de paradis. Mais le paradis se mérite et j’y reviens dans quelques lignes. Des écoles de kayak se sont installées ici et là sur des barrages providentiels dont le courant (très sage) permet des sorties animées, allant de quelques heures à la journée entière. Et puis, il serait impardonnable d’oublier la gastronomie normande à base de crème, de pomme mais aussi de poisson car la Manche n’est pas si loin. Si l’hôtel du Commerce où j’ai dormi ne paie pas de mine, le menu du soir (29€) est à se damner !Le cidre coule à flots, les bières locales aussi ! Les randonneurs ne sont pas les seuls usagers du TSN . Les cyclotouristes français ou étrangers ont investi la région et leur nombre ne cesse de croître avec notamment l’utilisation de vélos à assistance électrique, plutôt efficaces sur ce type de montagnes russes !
Un TSN séduisant … avec quelques hics !
Qui dit tour, dit itinérance chez le marcheur et c’est ici que le bât blesse sur le Tour de la Suisse Normande. D’abord du point de vue du ravitaillement et de l’eau, les épiceries ou supérettes ne sont pas légion et je n’ai pas repéré la moindre fontaine dans les villages. Cela dit, j’ai refait le « plein » deux fois en demandant aux habitants . Puis on passe par quelques cimetières providentiels ! Certaines boulangeries sont fermées durant les vacances voire définitivement. Il faudra donc s’informer, anticiper et prévoir un casse-croûte au départ de de votre gîte pour le midi sachant toutefois qu’on peut dénicher un bistrot ouvert en arrivant à l’étape vers 14h00.
Ayant improvisé ce périple au dernier moment, j’ai eu des difficultés à réserver mes hébergements en plein mois de juillet, durant les vacances scolaires. J’avais acheté la fiche Topo du TSN de la FFRP (8€) . Le document comporte une liste d’établissements édités hélas dans le désordre, c’est à dire sans suivre la progression des 6 étapes. Pratique .. J’ai ainsi dû compléter cette source par une recherche sur ce bon booking.com. Et là surprise ! Les tarifs haute saison , à fortiori en solo, dépassent de très loin ceux des grands chemins de rando. Vous ne trouverez pratiquement pas de dortoirs à bas prix mais des gîtes, des chambres d’hôtes et des hôtels. Ce fut la grande vie car je ne me suis privé de rien, (surtout pas de la dite gastronomie locale ! ), mon budget quotidien, (petit déjeuner, pique-nique, boissons, hébergement et repas du soir) tourna entre 70 et 90 €. Il reste bien sûr la solution camping-crêpes-pizzas destinée aux budgets serrés qui peuvent marcher avec une douzaine de kilos sur le dos. (j’ai donné !) Au sujet poids et ça soulage, inutile d’emporter un duvet, du savon et une serviette de toilette, tout est fourni par les hôtes. J’ai donc largement dépassé mes prévisions. En revanche j’ai eu la chance d’être hébergé dans des endroits sublimes comme le gîte du Pont du Vey.
Son jardin descend jusqu’à l’Orne et c’est divin de s’y reposer le soir venu à l’ombrage d’un saule. Il existe quelques restaurants avec terrasse sur la berge pour tester la cuisine locale. Suite à une réservation pifométrique sur booking, j’ai atterri à La Boutique de Laurence un gîte atypique à Ségrié Fontaine, totalement hors parcours. Avec gentillesse, Yannick, le conjoint musicien est venu me chercher au centre bourg et m’a ramené sur le TSN le lendemain matin. Productrice locale de confitures et jus de pomme, Laurence propose à ses hôtes de loger dans une roulotte, une yourte ou une chambre confortable. On y dîne les soirs d’été dans un petit bâtiment ouvert aux quatre vents abritant un ancien four à pain. Poulailler et cocottes, serres à légumes, parterres fleuris en friche maîtrisée, la vie ici respire le bonheur 100 % bio. Le silence est à peine troublé par le violon du proprio en répétition d’une balade irlandaise pour son prochain concert.
En conclusion..
Le Tour de la Suisse Normande, (GRP préféré des Français en 2023, on le saura ..) s’avère une belle randonnée à concevoir « sur mesure ». La boucle de six jours au départ de Thury ou Clécy/Orne requiert un peu d’entraînement pour encaisser les 2900 m de dénivelé + cumulés . Le parcours souvent bien ombragé permet de randonner même les jours de forte chaleur en prenant soin de transporter suffisamment d’eau. Il vaut mieux voyager évidemment à deux pour limiter les frais d’hébergement dans les gîtes ou hôtels. N’hésitez pas à sortir de la boucle sur quelques kilomètres et de réserver suffisamment tôt. La fiche Topo de la FFRP , mal foutue, n’est pas d’une grande utilité. Mieux vaut télécharger la trace du TSN au format .gpx sur son smartphone via Iphigénie ou Visorando ce qui permet de s’orienter en cas de doute. Le TSN ( balisé de jaune et rouge) emprunte et coupe le GR36, les GR221 et 221 A et une foule de PR, donc restez vigilant à certaines intersections. Ce réseau dense de chemins, la proximité relative des villes vous permettront de raccourcir ou rallonger vos étapes au besoin. Bonne balade !
Les adresses
https://www.mongr.fr/sinspirer/mon-gr-prefere-saison-6/gr-de-pays-tour-de-la-suisse-normande
https://www.relais-du-commerce.fr/restaurant-hotel-pont-ouilly-suisse-normande-calvados
La Boutique de Laurence . Laurencesoubien@gmail.com tel. 06 35 90 63 64
Budget et adresses hébergement sur le TSN
| Etape | Départ | arrivée | hébergement | Prix |
| P. St Lazare | Caen | Hôtel François D’O | 60€ | |
| 21 km | Thury | Pont du Vey | Gite (Mme Drion) | 50 € |
| 18 km | Pont du Vey | Pont d’Ouilly | Hôtel du Commerce | 86 € DP |
| 21 km | Pont d’Ouilly | Ségrié Fontaine | La Boutique de Laurence | 89 € DP |
| 24 km | Ségrié Fontaine | Condé en Ndie | Hôtel Renaissance | 69 € DP |
| 20 km | Condé en Ndie | Clécy/Orne | Gîte Ferme du Vey | 42 € |
| 19 km | Clécy/ Orne | Thury | ||
| Thury -Caen | P. St Lazare |



















Merci beaucoup votre partage ! Une destination à découvrir. Belle continuation.
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De très belles randonnées à réaliser dans ce joli coin de Normandie, découvert lors d’une formation pour une brasserie locale (https://bieresetfromages.wordpress.com/2023/05/07/la-lie-la-brasserie-bio-qui-lie-artisanat-et-eco-responsabilite/)
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Beau reportage. Ce qui me gène dans de TSN c’est effectivement l’absence de point d’eau ! Obliger de partir avec une grande quantité d’eau.
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Merci . Il faudra en effet demander de l’eau dans les villages. De quoi papoter !
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