Il y a des millénaires la Seine a creusé son lit dans l’empilement sédimentaire du bassin parisien. Aujourd’hui une vallée verdoyante borde son cours le long de ses méandres, ses bras et sa multitudes d’îles. Elle y a gravé des falaises de craie étincelantes d’où émerge une forêt généreuse. C’est ci, à la limite du Parc Naturel Régional du Vexin français que passe le GR2. Long de 260 km, ce chemin débute à Montereau Fault-Yonne,(Seine-et-Marne) traverse la capitale et se termine à Vernon (Eure) .
Un beau parcours de 37 km très sinueux, aux nombreuses bosses. A réaliser en un ou deux jours avec une nuit à La Roche-Guyon.
Afin d’en découvrir la beauté, je vous propose de parcourir ce GR depuis cette gare jusqu’à celle de Mantes-la-Jolie. Cet itinéraire d’environ 38 km peut se faire en un ou deux jours suivant vos envies et votre forme. Pour ma part, je l’ai réalisé en deux étapes avec mes camarades Amigo Rando en passant une nuit dans le gîte de groupes à La Roche-Guyon (capacité 12 personnes – 22€/personnes). Cette première étape de 15 km passe par la très célèbre (voire trop) ville de Giverny fréquentée par des centaines de touristes venant visiter l’univers du peintre impressionniste Claude Monnet qui vécu là jusqu’en 1926 .
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Des pentes parfois très raides sur ce parcours bosselé à souhait.
Une première étape de 15 km au départ de Vernon.
Une fois passé cette sympathique foule, vous retrouvez le calme du GR2 pour marcher à flanc de coteau vers St Geneviève-les-Gasny avant de descendre à Gommecourt. Après une longue montée sur la route, le village de La Roche-Guyon émerge en contre-bas dans son écrin boisé. Le donjon médiéval domine domine le fameux château propriété des La Rochefoucauld, un édifice magnifique, classé, adossé à la falaise crayeuse creusée ici et là de cavités troglodytes . La Roche-Guyon mérite bien son classement aux « Plus beaux villages de France » et il fait bon y prendre un verre le soir en terrasse après cette première partie très agréable. Dès le lendemain belle grimpette matinale ! Le GR2 comporte en effet une rampe assez raide, un escalier qui vous fera prendre 100 m de dénivelé d’un coup !
La Roche-Guyon, une perle de ces boucles de la Seine à la limite du Vexin français.
Des cafés troglodytes creusés dans la falaise crayeuse.
Puis la pente devient plus douce et de bosse en bosse le chemin mène ensuite à Vétheuil presque sur la ligne de crête. De ce panorama, vous avez une jolie vue sur la base de loisirs de Moisson-Lavacourt (j’y ai tiré mes premiers bords en planche à voile il y a .. ouh la ! ). Nouvelle descente, après une halte au café du club hippique de St Martin-La Garenne, vous poursuivrez ainsi le GR2 surplombant l’anse de la Seine avant de plonger vers Follainville-Dennemont .
La très belle église de Vétheuil .
le château de la Roche-Guyon, demeure des La Rochefoucauld .
Arrivé presque à la berge et au petit port de plaisance de Mantes, le chemin suit une succession d’escaliers sur le sentier du Renard. Mais vous n’êtes pas encore rendu à la gare ! Il vous faut d’abord traverser le pont ou emprunter la nouvelle passerelle piétonne qui vous conduira devant la splendide Collégiale Notre-Dame dont l’architecture reprend de nombreux aspects de celle de Paris, puis marcher encore dans le centre ville jusqu’à la gare de Mantes-La-Jolie, plus éloignée mais mieux desservie que celle de Mantes-Station . Vous savez tout , il ne vous reste plus qu’à organiser ce périple sur un w.e en prenant soin de réserver votre hébergement dans cette région très touristique entre Ile-de France et Normandie.
Deauville, la plus connue des stations balnéaires des parisiens en mal de sable fin , me séduit par son décor, me navre par sa dérive. Et pourtant j’y reviens depuis toujours. Années 80, le temps d’un week end , nous débarquions avec nos planches à voiles, certains garaient les camping-cars le long de la plage, d’autres dormaient dans l’école de voile des Fous du Vent . Deauville était alors une jolie petite ville normande bénie d’Eole encore un peu sauvage, et ce avant que la famille d’Ornano n’y bâtisse un centre de congrès , y greffe une thalasso et plante des parkings payants sur les trois kilomètres de littoral. De quoi bannir et satelliser plus loin planchistes ou surfers.
Deauville et Trouville sont séparées par la Touques. Une belle promenade vous fera découvrir les deux rives jusqu’à son embouchure.
Quelque que soit l’époque un curieux mélange des genres règne à Deauville. Vente de yearling, festival du Film Américain, courses hippiques, as de la fringue rescapés du Sentier , se cotoient ici une clientèle très haut de gamme traditionnelle de passage ou en résidence secondaire et une classe « populaire » , deux mondes qui se regardent et cohabitent à la plage dès les beaux jours. Bon d’accord, de loin ! Les uns avec les glaciaires sous le parasol, les autres aux terrasses des bars chics. Alors, aux heures et jours de pointe, lors desquels Deauville part en surchauffe et que les bagnoles font des rondes infernales pour se garer au prix fort, il fait bon s’éloigner du bord de mer et partir visiter les environs.
Un itinéraire compact qui vous fera découvrir toutes les facettes de ce littoral et le caractère des deux villes soeurs de Deauville et Trouville.
J’ai donc quitté Trouville en suivant le canal pour enjamber le pont à deux pas de la gare de Deauville. De l’autre côté, il suffit de suivre l’artère principale pour atteindre l’hippodrome de Clairefontaine. Le site a su garder tout le charme normand de naguère. Le GRP 223 Tour du Pays d’Auge début derrière le champ de course . Il passe devant la villa Strassburger. A cet endroit, à la Ferme du Coteau en 1907, vécurent quelques temps Gustave Flaubert et sa famille. C’est en 1975 qu’Henry de Rothschild commanda cette splendeur normande à l’architecte Caennais Georges Pichereau, et afin d’être au plus près de ses pur-sangs. Le GPR escalade la colline un peu raide pour longer la côte sur les hauteurs de Deauville et longe le Golf Barrière.
La Villa Strassburger fut construite par Henry de Rothschild en 1975 sur la ferme du Coteau où vécut Gustave Flaubert
Ce n’est pas un véritable sentier mais une petite route qui conduit à Tourgeville. Au détour d’un virage, une croix en ciment marque l’entrée du petit cimetière militaire . Alignement parfait des tombes, gazon coupé ras, l’histoire du débarquement s’est écrite aussi sur cette partie de la côte . Pour en mesure tout l’ampleur, il suffit de poursuivre cet itinéraire jusqu’au Mont-Canesy, cette fois sur un chemin balisé. Les Allemands y avaient installé des batteries de canons pointés vers Le Havre. Portée de 21 km , obus de 43 kg , le Mur de l’Atlantique se voulait infranchissable . Le GR slalome entre les énormes blockhauss qui abritaient ces pièces d’artillerie. Des escaliers conduisent au sommet de l’un deux, de quoi admirer sur ce belvédère de béton le panorama.
Vestige du Mur de l’Atlantique de la Seconde guerre mondiale sur le Mont Canesy
Le petit cimetière militaire de Tourgeville
Je sors de cette zone naturelle protégée pour rejoindre la route qui conduit à Villers-sur-Mer mais je bifurque avant vers Blonville, histoire d’acheter de quoi pique-niquer et me poser après une bonne douzaine de kilomètres au compteur. Seulement, nous sommes en juin, le Covid-19 a laissé des commerces sur le carreau et mauvaise pioche c ‘est mercredi, jour de fermeture ! Mon déjeuner sera frugal : une demie banane, une pêche et une barre de céréales. J’engloutis le tout, affamé puis vais prendre un bain sous le soleil déjà très haut. Les familles s’installent, les parasols fleurissent un à un sur la plage calme de la petite station qui semble encore hésiter à sortir de son confinement sanitaire . Pas de douche à l’horizon, ni le moindre point d’eau, je vais remplir mes bouteilles dans une villa voisine avant de reprendre mon retour par la côte rectiligne.
Blonville, Bénerville, des petites stations balnéaires tranquilles proche des turbulentes voisines
Je laisse la route à Bénerville afin de gagner le rivage par un petit chemin perpendiculaire. Les plages privées se succèdent le long de la croisette. On est loin de la fièvre de Deauville, tout ici respire encore le calme .. peut être avant la pleine saison imminente. Le temps est clair et l’on distingue au bout de l’horizon les infrastructures du Havre, de l’autre côte de l’estuaire de la Seine. En se rapprochant de Deauville, les tentes deviennent plus denses sur la plage . A l’entrée, un panneau installé sur les fameuses planches annonce clairement les règles du jeu post-confinement : distanciation, pas de jeux.. l’arrêté municipal réglementaire est aussi placardé partout .
Panarama sur Villers-sur-mer et Blonville depuis les anciennes batteries du Mont -Canesy
Que ce soit à Deauville ou Trouville, le long confinement sanitaire a retardé beaucoup de travaux. Et à la veille de la haute saison, des ouvriers travaillent encore (ou enfin) sur les chantiers d’aménagement des installations de plage ou le ravalement d’immeubles. Il faut rattraper le temps perdu. Le peut-on vraiment ? C’est ce que semble vouloir le flot de visiteurs qui déferle ce week là sur les deux villes voisines. Le soir venu le thermomètre affiche encore près de 30°C , les restaurants de poissons affichent complet, on fait la queue aux glaciers et pizzerias, les masques sont exigés à l’entrée mais tombent rapidement sur les terrasses. Métamorphose urbaine due à la psychose terroriste, elles sont toutes désormais protégées par des blocs de béton espacés, genre briques Légo géantes.
Le GRP 223 Tour du Pays d’Auge vous mènera jusqu’à Honfleur. Quittez le pour profiter de la plage !!
Il existe d’autres parcours de randonnée au départ de Deauville, notamment un bel itinéraire qui reprend vers le nord le GR223 – Tour du Pays d’Auge, pour rejoindre Honfleur, soit une vingtaine de kilomètres sur les coteaux verdoyants en passant par les haras et les distilleries.. de Calvados ! Et pourquoi pas poursuivre jusqu’au Pont de Normandie. Quelque soit votre parcours, sachez que ce terrain de jeu est vallonné à souhait, de quoi accumuler de bons dénivelés et craquer sans culpabilité le soir venu devant un plateau de fruits de mer !