Après avoir parcouru 800 km sur le Camino Frances de Saint-Jean-Pied-de-Port à Saint-Jacques de Compostelle, Vincent ne s’attendait pas à ce que cette première expérience devienne addictive en combinant l’itinérance et la peinture, sa passion originelle. Agé de 70 ans, ce vietnamien d’origine arrive très jeune en France.
Alors qu’il est encore au lycée, Vincent Monluc va tous les jours aux cours du soir pour dessiner les modèles vivants aux Beaux-Arts de Marseille. Quatre ans plus tard , il commence à peindre et à vendre ses aquarelles pendant les vacances d’été dans le sud de la France. Après avoir obtenu son diplôme en Arts Plastiques à l’Université de Bordeaux III, , il passe le CAPES d’Arts Plastiques et devient professeur dans un lycée du Havre .
Mais derrière la peinture se cache une autre passion : le cinéma ! Il passe ainsi le concours d’entrée au département cinéma de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris et et réalise des films d’auteur de dessins animés. Son expérience en animation lui donne de nouvelles compétences dans la conception et la composition, dans la compréhension du volume et du mouvement et plus encore dans l’art de raconter des histoires. « Ma véritable passion a toujours été la peinture, en particulier l’aquarelle que je n’ai jamais cessé de pratiquer. » confie Vincent . En observant notamment les joueurs de pétanque, il met en œuvre ses domaines de prédilection à savoir la mise en scène, la création des personnages, les scènes de la vie ordinaire.
Je vous propose de découvrir quelques œuvres de la production de ce marcheur contemplatif, réalisées sur le chemin
Interview . Un peintre devenu addict à l’itinérance du chemin
Trekkingzone : ton parcours artistique est intense mais la peinture reste semble-t-il un éternel retour notamment vers la nature ?
VM – Je suis attiré par la beauté des paysages et par les expressions humaines. Je peins surtout à l’extérieur. Je trouve que la nature offre à voir des beautés que j’essaie d’exprimer dans les peintures. L’aquarelle est le medium que j’utilise le plus, bien que très difficile à maitriser, elle est la technique qui me donne la plus grande liberté d’expression, car elle me permet de “ dessiner avec la couleur”. La peinture en extérieur me donne la possibilité d’observer les gens, de contempler les paysages, de capturer des scènes de vie, de comprendre lumières et contrastes, de maîtriser les formes, de composer et de recomposer, bref d’enrichir mon vocabulaire visuel. Tout est mouvant, et rien n’est figé comme sur une photo
Trekkingzone : comment , à quel rythme peignais tu en chemin ?
VM – Je faisais 1 a 2 aquarelles par jour ( 2 à 4 h de travail) quand je marchais environ 12 a 20 km par jour. Je ne peignais pas le jour ou je faisais plus de 25 km, En général je peignais le matin quand par chance je trouvais une vue intéressante, sinon l’après midi après être arrive a un gite et avoir réservé un lit mon principal problème car je ne réserve jamais ! A ce moment la j’explorais tous les coins du village avant de peindre. Il m’est arrivé ainsi de marcher 45 km quand tout était complet.
Trekkingzone : quelles sont les contraintes de peindre en chemin ?
VM- C’est d’abord un poids supplémentaire de 5kg de matériel. Sac a dos de peinture. 60 feuilles d’aquarelle 28x38cm Arches 300gr, peinture, pinceaux, chaise pliante, eau. Dès que j’avais peint 30 feuilles , je les envoyais a ma fille par la poste et achetais d’autres supports.
Trekkingzone : Quel regard portaient les autres pèlerins sur le peintre-marcheur ?
VM- Très peu de pèlerins s’arrêtent pour regarder ce que je faisais. Je crois que beaucoup étaient plus concentres sur la marche. Je remarque même que très peu de pèlerins prennent le temps de visiter une église, un site historique. Certains passent sans regarder, sans même prendre une photo ! Les Français sont les gens les plus intéressants et intéressés en comparaison par exemple avec les Américains et Coréens. Comme j’étais souvent assis a peindre, j’ai pu observé davantage le comportement des gens. Sans en faire une généralité, les personnes les plus sympathiques rencontrées sont les Espagnols.
Trekkingzone : As-tu d’autres projets sur les chemins de Compostelle ou simplement de longues marches ?
VM – Je repars en mars ou avril 2024 pour marcher et peindre sur le chemin portugais. J’espère aussi pouvoir faire les années suivantes le Mozarabe et la Via de la Plata. Je crois avoir pris une addiction de peindre sur les Chemins de Saint Jacques. Je ferai un collection de livres de peinture.
Infos et contacts : Vincent Monluc 70 ans, né au Vietnam. il vient en France à l’âge 11 ans en 1964. Marié , aujourd’hui divorcé, papa de 2 filles, 26 et 24 ans. Site Internet et mail https://www.artmajeur.com/vincentmonluc/fr vincentmonluc@hotmail.com











