Berrichone, 30 ans, randonneuse au long court multirécidiviste, Jeanne Fauquenot s’est attaqué aux massifs montagneux français en traversant, à pied, les Vosges, le Jura et les Alpes. Elle nous livre ici avec humilité le récit d’une traversée un peu folle en autonomie, aux frontières de l’Hexagone.
D’où est née cette nouvelle aventure ? Après 2000 km sur les chemins de Compostelle et suite à sa randonnée en Bretagne sur 2300 km , Jeanne entend parler du GR 5. En se renseignant un peu, elle découvre que ce dernier part du nord des Pays-Bas pour rallier Menton. Elle a trouvé son nouveau tracé. Mais le Covid rend difficile ce premier projet, elle rebondit et décide tout de même de partir du nord pour aller dans le sud ; mais en restant en France.
N’ayant jusqu’alors jamais randonnée en montagne, je me lance un sacré challenge au vue des kilomètres à parcourir et du dénivelé à gravir. Mais je ne laisserai, ni la peur des autres, ni mes doutes, ni la pluie omniprésente et encore moins les injonctions sociales, semer la zizanie dans mon projet. J’avancerai, pas après pas, vers mon but final : Menton .
Lorsque l’idée de rallier la mer du nord à la mer Méditerranée, en passant par les montagnes, m’est apparue, je n’avais pas de chemin prédéfini ; c’est là toute la force de mon projet. C’est au travers de discussions, de rencontres et de découvertes que je fais évoluer le tracé de mon trajet. Partant de Dunkerque, je longe les frontières belge, luxembourgeoise et allemande pour descendre à travers les Vosges, le Jura et les Alpes jusqu’à Menton. J’arpenterai quelques chemins connus tel que le GR16, le GR5 (et ses variantes) et surtout de nombreux kilomètres non balisés, mais tout aussi chouettes.


Ma recette ? Du culot..et un peu d’inconscience !
C’est, non sans peine, qu’à l’aube du 109e jour de randonnée, j’atteins mon objectif et clos le France Est Trail. C’est ainsi que se nomme cette idée folle ; par la même, elle devient l’un des plus longs chemins de randonnée en France ».
Aurait-elle attaqué cette aventure si elle avait su ce qui l’y attendait ? Elle avoue humblement, non. Mais par chance, les kilomètres parcourus recèlent de nombreuses petites merveilles architecturales et naturelles qui lui font prendre conscience de la chance qu’elle a. Son caractère et ses jambes la porteront entre magie et rudesse de la randonnée. Du culot, il en faut un peu, de l’inconscience peut être aussi, mais surtout beaucoup de motivation, de détermination et de courage : « c’est ma “recette miracle” explique-t-elle.
Pas moins de 2 800 km, 60 000 mètres de dénivelé positif et négatif, 3 massifs montagneux, 11 jours de récupération, 2 paires de chaussures et tant d’autres chiffres résumeraient à merveille cette aventure. Mais est-ce que cela rend compte des efforts fournis et de la dureté du projet ? Pour sûr, non. Je garde, gravé en mémoire, l’accueil et la gentillesse des gens, la “petite” et la “grande” histoire française, un soutien omniprésent et surtout des paysages hors du commun. Je n’oublie pas la magie de ma rencontre avec un renard, la joie de voir des marmottes se chamailler, la splendeur d’un bouquetin trônant sur son rocher ou la frayeur de mon face-à-face avec un patou ».


Loin d’être qu’une sportive accomplie, je ne suis qu’une passionnée et souhaite partager cette aventure avec tous. C’est ainsi que je décide de contacter des associations de personnes en difficultés afin de partager quelques kilomètres en leur compagnie. C’est un moment simple, de partage désintéressé, où nous nous donnons du temps mutuellement pour sortir de notre routine et vivre quelque chose de nouveau.
« Mon but n’est pas de donner l’envie de marcher, mais de faire sauter les barrières mentales »
Après plus de 7 000 km, à pied, Jeanne rentre en Berry pour coucher sur papier ses péripéties pédestres et continuer de partager ces dernières avec le plus grand nombre. “Mon but n’est pas de donner à tout le monde l’envie de marcher, longtemps et loin. Mais de permettre à ceux et celles, qui en ont envie, de se sentir libres de le faire. Par mon expérience, je souhaite faire disparaître des freins qui n’ont pas toujours lieu d’être ; et de mettre en lumière la chance hors du commun que nous avons de vivre dans un pays merveilleux aux multiples paysages. Et puis c’est un moyen pour moi de faire découvrir à mes proches ce que je vis. Je suis incapable de parler justement de mes aventures, j’espère réussir à avoir les mots juste”, rajoute-t-elle.
L’une des premières questions posée couramment : pourquoi ?
“ Pour le simple plaisir de découvrir, à allure humaine, une France merveilleuse de gentillesse et de bonté. Mais aussi pour couper avec une société qui n’est pas à mon image, pour me découvrir au travers de mes besoins et non ceux des autres… J’ai tant de réponses pour justifier mon appétence à partir marcher, mais, demande-t-on à Mike Horn ou Sylvain Tesson, pourquoi ils marchent sur le cercle polaire ou à travers une France dépeuplée ? Non ! Car c’est la place d’un homme de partir à l’aventure, c’est dans son ADN. Et pourquoi pas une femme, après tout ?! Alors je marche pour toutes les personnes qui ne peuvent pas, celles qui n’osent pas et celles qui, un jour, se lanceront ! Et j’en suis fière.”.
Retrouvez ses aventures sur les réseaux sociaux et son blog : https://histoires2voyage.travel.blog/2020/06/29/bilan-de-la-seconde-semaine/
Photo d’ouverture : Victor Barreau
Matériel d’autonomie
Niveau matériel, à la différence de ma randonnée en Bretagne, je suis partie avec un sac de couchage allant jusqu’à -5 degrés confort (-15 extrême), mais toujours Valandré. Et je pars avec des chaussures de rando, tige basse, de chez Meindl ; paire que je changeais avant d’attaquer les Alpes. Tente Duplex Zpack. 109 jours de marche dont 18 off.
Une réflexion sur « De Dunkerque à Menton, les 2800 Km d’aventure de Jeanne Fauquenot »