

Parmi les chemins de Compostelle moins connus figure celui de Genève au Puy-en-Velay. La Via Gebennensis est pourtant empruntée depuis des siècles par les pèlerins venant de l’Europe de l’Est, transitant pas la Suisse. C’est notamment le cas aujourd’hui des autrichiens et des allemands qui devront parcourir encore près de 1900 km pour atteindre St Jacques de Compostelle. On y croise donc que de rares français, ceux-ci partant en priorité depuis Vézelay, Le Puy, le Mont St Michel, Tours, ou Arles .
Le véritable développement du tronçon Genève – Le Puy remonte aux années 90 date à laquelle l’Association Rhône-Alpes de Amis de St Jacques, regroupant 6 départements, s’est mobilisée pour offrir aux pèlerins de véritables accueils jacquaires. Afin de finaliser le projet, ce chemin fut classé au rang de GR (65) par la FFRP en 1998 . C’est pourquoi on y retrouve le double balisage de coquilles jaunes sur fond bleu et des marques blanches et rouges habituelles. Côté documentation, l’ARA édite deux guides : un jaune pour l’itinéraire sud (via Chavanay) et un rouge passant au nord (via Lyon) . La FFRP propose un topoguide classique.

Mon choix : l’itinéraire Jaune


Sur les chemins de Compostelle depuis une dizaine d’années, je me suis lancé sur ce GR suite à une rencontre avec un ami suisse sur la voie d’Arles. J’avoue avoir sous estimé sa difficulté. S’il ne mesure que 350 km et doit se faire théoriquement en deux semaines , le profil très vallonné affiche près de 24.000 m de dénivelé + et autant à la descente. Soit environ autant que le Camino del Norte sur 890 km , alors que le Chemin de Stevenson est donné pour 6400 m + sur 12 jours. Autrement dit, ce chemin n’ a rien d’initiatique et implique une bonne condition physique (notamment après la soixantaine bien sonnée !! ) . Le dénivelé quotidien reste important car le profil global n’est pas linéaire mais ponctué de montagnes russes permanentes. Une fois la distance et le profil intégrés, il reste à régler le nombre et l’alternance des étapes. Le guide Jaune de l’ARA répertorie correctement les accueils jacquaires (théoriquement donativo selon sa charte) . Il existe en complément des gîtes, des chambres d’hôtes et quelques hôtels sur ou hors chemin. Il faut donc s’attendre à marcher parfois quelques kilomètres supplémentaires. Bon, la cartographie du doc n’est pas des plus lisibles, la mise en page non plus en comparaison d’un guide Miam Miam Dodo au même prix. (16€). Côté ravitaillement , ce GR n’est pas le mieux loti . Les épiceries, les cafés sont plutôt rares et les supermarchés un peu excentrés. Mieux vaut partir le matin avec des provisions en eau et nourriture. Ce chemin très boisé présente malgré tout aussi de nombreux passages sur asphalte. Le balisage de tous les chemins de randonnée de la région est remarquable.

Mon parcours : 8 jours entre Genève et St Romain de Surieu. (220 km/350)
Parti pour effectuer la totalité du chemin « as usual » , je me suis cependant limité à une bonne semaine de randonnée assez éprouvante. Motivation, âge, forme ? Sans doute Mais aussi une certaine lassitude à marcher totalement seul durant ces jours. Je suis parti mi-mai et n’ai rencontré que 4 pèlerins !! L’affluence est, paraît-il après Pâques , en juin et plus tard. L’accueil jacquaire exceptionnel a donc constitué les rares moments de convivialité.

Le bon balisage évoqué est suffisant pour s’orienter , excepté quelques variantes. En bon geek, j’avais toutefois télécharger la trace gpx de tout le GR . Je l’utilisais sur ma montre Apple Watch Ultra 2 , avec le fond de carte de l’ ENORME application Workoutdoor suggérée par Apple . Cet outil surpuissant propose une quantité de statistiques jamais atteinte et un nombre d’alertes en tous genres .. usantes !! (mais heureusement paramétrables). Je pouvais également suivre et enregistrer mon itinéraire quotidien sur l’App Iphigénie embarquée sur la montre et bien sûr sur mon smartphone. A ma connaissance, il n’existe pas d’App spécifique sur ce tronçon Genève Le Puy. Ma randonnée sur ce 8e chemin de Compostelle au compteur s’est achevée à la gare du Péage de Roussillon et un retour via le TER jusqu’à Lyon pour le TGV (3 heures au total) .

Conclusions : beau, raid, isolé !
Cette portion du GR65 entre Genève et St Romain de Surieu reste très spécifique en terme de difficulté et logistique . Il me reste à parcourir celle de Chavanay au Puys dont le dénivelé cumulé devrait être encore plus important ! Une fois passé la vallée du Rhône, les 5 étapes finales restent en effet très « casse-pattes » entre 500 et 1200 m . J’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir les vignobles de Savoie, le Dauphiné, l’Isère , des paysages ruraux, un décor d’un calme absolu. Ce fut surprenant (et reposant) aussi de me retrouver sur ce chemin de Compostelle ancestral un peu hors du temps et de la médiatisation mais dont l’hospitalité jacquaire est des plus chaleureuses.


Mes étapes (Distance – hébergement diner et petit déjeuner)
Genève-Charly 21 km 551 +/-241 m – Geneva Hostel 50€
Charly- Frangy 19 km 594 +/-1053 – Chez Laurence Bourgeois 40€
Frangy- Serrières 24 km 458+/-535 m – Camping le Clairet 35€
Serrières – Yenne 25 km 278+/-234m L’Hermitage 30€
Yenne – St Ginix 24 km 790+/-915 m Gite A pied, à bicyclette 43€
St Ginix – Valencogne 22 km 648+/-273 m Chez Annette Rossi (donativo 45€)
Valencogne- Grand Lemps 22 km 471+/-569 m Chez Paul & Line Chomat (donativo 40€)
Grand Lemps – Faramans 26 km 736m+/-831 m Chez Jacqueline Charrel (donativo 40€)
Faramans – St Romain 31 km 454+/-561 m Chez Françoise Meyrand (donativo 40€)





