Pour un randonneur amoureux comme moi de la Bretagne, obligé de reprendre le GR34 ! Après avoir parcouru le sentier côtier du Mont St Michel à la presqu’île de Crozon, réalisé une exploration complète du Golfe du Morbihan et plusieurs itinéraires autour de la rivière d’Auray, un séjour à St Colomban avec mon amie Murielle m’a permis de compléter le chemin des douaniers lors de 4 randonnées en alternance avec un programme intensif de bronzette et baignades disons ..toniques !
Saint-Colomban est un joli petit village historique situé dans les faubourgs de Carnac. Hormis la visite de sa charmante chapelle, il offre surtout trois belles plages de sable fin aux estivants de la station hupée voisine. Son club de windsurf ne désemplit pas dès que le vent est de secteur ouest et accueille notamment de nombreux adeptes du wing foil.
Le tour du propriétaire par les trois plages prend un peu plus d’une heure-trente, de quoi de se mettre en jambe avant d’aborder quelque chose de plus copieux en solo vers la presqu’ile de Quiberon. Poussé par un enthousiasme débordant, j’envisage ce matin-là de rejoindre Quiberon d’un trait par le GR34 et de retrouver au retour mon chauffeur de charme à la gare de Plouharnel par le tire-bouchon, le train qui désengorge la presqu’ile les mois d’été. Après avoir longé la côte au départ de St Colomban (en repérant les spots de dégustation d’huîtres)


Après l’effort place à la gastronomie locale !
, j’aborde le nord de la presqu’ile en bordure de route pour entamer une longue descente quasi rectiligne via Penthièvre et son fort puis en longeant la plage des Sables blancs et son imposant camping . Le GR34 rejoint ici l’isme où se côtoient étroitement la voie ferrée et la route principale. Il faut pousser jusqu’au joli site de Portivy pour apercevoir au loin les premières falaises de la fameuse Cote Sauvage. A la lecture du podomètre, je constate avoir surestimé la distance avec une mesure trop pifométrique à « la louche » (trois phalanges = 1 km) sur un GR34 tortueux à souhait mais aussi la fréquence des passages du train.
Il est plus de 15h , déjà 20 km au compteur, je décide de reprendre le tire-bouchon à Saint-Pierre de Quiberon sur cette portion, qui très objectivement, est peu captivante. Je retrouvais Murielle à la buvette de la gare de Plouharnel et convainquais ma randonneuse de m’accompagner sur la presqu’île pour reprendre le GR34 par la Côte Sauvage jusqu’à Quiberon. Après une journée de plage, une dégustation délicieuse à la Pointe du Pô , nous garons la voiture sur le petit parking de la gare de notre chère gare de Plouharnel pour reprendre le tire-bouchon une nouvelle fois et stopper à l’arrêt de Kerhostin.
Vent frais, entrées maritimes frisquettes , soleil capricieux, la presqu’île affiche son caractère breton familier, des conditions néanmoins agréables pour progresser sur ce sentier sinueux. La Cote Sauvage reste le grand classique de la balade familiale car de nombreux parkings permettent de l’aborder en voiture . Cette zone protégée et plutôt dangereuse offre peu d’accès aux criques. Reste alors à contempler la rencontre magique de l’océan et des rocs rongés profondément par l’érosion engendrée par des siècles de tempêtes.
Après plus de dix kilomètres sur ces montagnes russes désertiques, le château de Quiberon émerge dans la brume, le Restaurant du Vivier surplombant un dédale de rochers nous invite à une pause méritée sur sa terrasse. La ville connue pour son centre de balnéo (jadis Louison Bobet) n’a cessé de grossir depuis ma dernière visite dix ans auparavant. Ses immeubles neufs s’étendent désormais autour du cap donnant sur Port Maria et la Grand plage. Le tourisme a fini d’aseptiser le décor de ce bourg aujourd’hui tiré à quatre épingles . Restaurants de fruits de mer à l’ardoise salée, sempiternels bols gravés à votre nom des boutiques de souvenirs , inévitables Belle-Iloise et Trinitaine, magasins de fringues tendance marine, Quiberon incarne elle aussi la poussée du chic morbihannais. Nous quittons la presqu’île par la voie ferrée et rejoignons Saint-Colomban saoulés de vent d’air iodé (et du vin blanc accompagnant le menu !) . La fin de notre escapade bretonne approche et nous cédons au farniente sur les belles plages voisines, d’autant que le mercure affiche une remontée providentielle en cet été peu gâté par la météo. Je persuade Murielle d’effectuer une ultime sortie « modérée » sur le GR34 jusqu’à La Trinité-sur-Mer. Elle accepte et nous partons par Carnac Ville sur le sentier, par les terres ..et la piste cyclable. Sur ce tronçon plus que roulant, le randonneur n’a qu’à bien se tenir pour survivre au trafic des deux roues.


Cette balade nous fait découvrir un arrière-pays parsemé de marais ou paissent d’imprévisibles moutons avant que le GR34 ne rejoigne la côte, ses pinèdes accueillantes et nous offre une vue imprenable sur la forêt de mâts du port de la Trinité avec en arrière-plan le pont de Kerisper qui enjambe la rivière de Crac’h. Mine de rien nous avons marché plus de 12 km et une énorme vague de flemme nous submerge . Les jambes sont lourdes et l’idée de rentrer à pied jusqu’à St Colomban est vite écartée. Après une concertation éclair (et alourdis par les crêpes flambées au Calvados ! ) nous optons pour un retour par le petit train touristique. Vous voyez ? Celui avec les petits wagons blancs décorés des pubs locales, désormais cloisonnés de bâches transparentes anti-covid où s’entassent un peu les passagers !? Nous assumons et négocions sans succès un stop à Carnac-Plage, forcés de changer de train à la Maison des Mégalithes.
Car notre voyage passe par les trois champs plantés des célèbres menhirs dont l’alignement reste encore un mystère. Ballotés et serrés comme des sardines de la fameuse conserverie bretonne, nous savourons cette mémorable excursion en prenant des photos assez médiocres lors des ..deux arrêts du train où personne n’eut évidemment pas le droit de descendre ! Si l’égo du randonneur-baroudeur en prit un peu pour son grade ce jour-là , ces vacances oxygénantes sur le GR34 (et ses plages) furent de vrais moments d’évasion et de détente . Le sentier exerce toujours la même émotion. J’y reviendrais un jour ou l’autre boucler cette longue aventure, quelque part entre Crozon et Lorient.