Pour un randonneur amoureux comme moi de la Bretagne, obligé de reprendre le GR34 ! Après avoir parcouru le sentier côtier du Mont St Michel à la presqu’île de Crozon, réalisé une exploration complète du Golfe du Morbihan et plusieurs itinéraires autour de la rivière d’Auray, un séjour à St Colomban avec mon amie Murielle m’a permis de compléter le chemin des douaniers lors de 4 randonnées en alternance avec un programme intensif de bronzette et baignades disons ..toniques !
Saint-Colomban est un joli petit village historique situé dans les faubourgs de Carnac. Hormis la visite de sa charmante chapelle, il offre surtout trois belles plages de sable fin aux estivants de la station hupée voisine. Son club de windsurf ne désemplit pas dès que le vent est de secteur ouest et accueille notamment de nombreux adeptes du wing foil.
Le wing Foil dernière foilie de St Colomban
Le tour du propriétaire par les trois plages prend un peu plus d’une heure-trente, de quoi de se mettre en jambe avant d’aborder quelque chose de plus copieux en solo vers la presqu’ile de Quiberon. Poussé par un enthousiasme débordant, j’envisage ce matin-là de rejoindre Quiberon d’un trait par le GR34 et de retrouver au retour mon chauffeur de charme à la gare de Plouharnel par le tire-bouchon, le train qui désengorge la presqu’ile les mois d’été. Après avoir longé la côte au départ de St Colomban (en repérant les spots de dégustation d’huîtres)
Après l’effort place à la gastronomie locale !
, j’aborde le nord de la presqu’ile en bordure de route pour entamer une longue descente quasi rectiligne via Penthièvre et son fort puis en longeant la plage des Sables blancs et son imposant camping . Le GR34 rejoint ici l’isme où se côtoient étroitement la voie ferrée et la route principale. Il faut pousser jusqu’au joli site de Portivy pour apercevoir au loin les premières falaises de la fameuse Cote Sauvage. A la lecture du podomètre, je constate avoir surestimé la distance avec une mesure trop pifométrique à « la louche » (trois phalanges = 1 km) sur un GR34 tortueux à souhait mais aussi la fréquence des passages du train.
Les parcs à huîtres de la pointe du PôPortivy sur la baie de Penthièvre
Une rando de 22km de St Colomban à St Pierre-de-Quiberon
Il est plus de 15h , déjà 20 km au compteur, je décide de reprendre le tire-bouchon à Saint-Pierre de Quiberon sur cette portion, qui très objectivement, est peu captivante. Je retrouvais Murielle à la buvette de la gare de Plouharnel et convainquais ma randonneuse de m’accompagner sur la presqu’île pour reprendre le GR34 par la Côte Sauvage jusqu’à Quiberon. Après une journée de plage, une dégustation délicieuse à la Pointe du Pô , nous garons la voiture sur le petit parking de la gare de notre chère gare de Plouharnel pour reprendre le tire-bouchon une nouvelle fois et stopper à l’arrêt de Kerhostin.
Le GR34 serpente sur les hauteurs de la Cote Sauvage
Des kilomètres de balade sur la face ouest de la presqu’île de Quiberon
Vent frais, entrées maritimes frisquettes , soleil capricieux, la presqu’île affiche son caractère breton familier, des conditions néanmoins agréables pour progresser sur ce sentier sinueux. La Cote Sauvage reste le grand classique de la balade familiale car de nombreux parkings permettent de l’aborder en voiture . Cette zone protégée et plutôt dangereuse offre peu d’accès aux criques. Reste alors à contempler la rencontre magique de l’océan et des rocs rongés profondément par l’érosion engendrée par des siècles de tempêtes.
Le tire-bouchon pour oublier la bagnole sur la presqu’île.
Une rando 100%granit et sable blanc sur la Cote Sauvage.
Après plus de dix kilomètres sur ces montagnes russes désertiques, le château de Quiberon émerge dans la brume, le Restaurant du Vivier surplombant un dédale de rochers nous invite à une pause méritée sur sa terrasse. La ville connue pour son centre de balnéo (jadis Louison Bobet) n’a cessé de grossir depuis ma dernière visite dix ans auparavant. Ses immeubles neufs s’étendent désormais autour du cap donnant sur Port Maria et la Grand plage. Le tourisme a fini d’aseptiser le décor de ce bourg aujourd’hui tiré à quatre épingles . Restaurants de fruits de mer à l’ardoise salée, sempiternels bols gravés à votre nom des boutiques de souvenirs , inévitables Belle-Iloise et Trinitaine, magasins de fringues tendance marine, Quiberon incarne elle aussi la poussée du chic morbihannais. Nous quittons la presqu’île par la voie ferrée et rejoignons Saint-Colomban saoulés de vent d’air iodé (et du vin blanc accompagnant le menu !) . La fin de notre escapade bretonne approche et nous cédons au farniente sur les belles plages voisines, d’autant que le mercure affiche une remontée providentielle en cet été peu gâté par la météo. Je persuade Murielle d’effectuer une ultime sortie « modérée » sur le GR34 jusqu’à La Trinité-sur-Mer. Elle accepte et nous partons par Carnac Ville sur le sentier, par les terres ..et la piste cyclable. Sur ce tronçon plus que roulant, le randonneur n’a qu’à bien se tenir pour survivre au trafic des deux roues.
12 km de balade entre Carnac et La Trinité-sur-Mer
Le GR34 passe aussi par le port de la Trinité-sur-Mer
Cette balade nous fait découvrir un arrière-pays parsemé de marais ou paissent d’imprévisibles moutons avant que le GR34 ne rejoigne la côte, ses pinèdes accueillantes et nous offre une vue imprenable sur la forêt de mâts du port de la Trinité avec en arrière-plan le pont de Kerisper qui enjambe la rivière de Crac’h. Mine de rien nous avons marché plus de 12 km et une énorme vague de flemme nous submerge . Les jambes sont lourdes et l’idée de rentrer à pied jusqu’à St Colomban est vite écartée. Après une concertation éclair (et alourdis par les crêpes flambées au Calvados ! ) nous optons pour un retour par le petit train touristique. Vous voyez ? Celui avec les petits wagons blancs décorés des pubs locales, désormais cloisonnés de bâches transparentes anti-covid où s’entassent un peu les passagers !? Nous assumons et négocions sans succès un stop à Carnac-Plage, forcés de changer de train à la Maison des Mégalithes.
Sur le GR34 la randonneuse en forme ne fume pas que des feuilles d’artichauts !
l’humour breton, on ne s’en lasse pas !
Car notre voyage passe par les trois champs plantés des célèbres menhirs dont l’alignement reste encore un mystère. Ballotés et serrés comme des sardines de la fameuse conserverie bretonne, nous savourons cette mémorable excursion en prenant des photos assez médiocres lors des ..deux arrêts du train où personne n’eut évidemment pas le droit de descendre ! Si l’égo du randonneur-baroudeur en prit un peu pour son grade ce jour-là , ces vacances oxygénantes sur le GR34 (et ses plages) furent de vrais moments d’évasion et de détente . Le sentier exerce toujours la même émotion. J’y reviendrais un jour ou l’autre boucler cette longue aventure, quelque part entre Crozon et Lorient.
Jeanne Fauquenot, 30 ans, n’avait pas la rando dans la peau. Qu’importe l’historienne de l’art plutôt sportive se lance direct en 2019 dans l’itinérance au long cours l’an dernier sur un périple de 2100 km entre le Puy-en-Velay et Saint-Jacques de Compostelle . Elle conclut cette première expérience avec un maximum d’ampoules, une forte dose de plaisir et une folle envie de récidiver. Approche fastoche dirait-elle .Jeanne voulait mettre la barre plus haut cette année en se frottant au 3000 km du Te Araroa en Nouzelle-Zélande.
Hélas la Covid a douché ses ambitions la renvoyant à la case de départ , dans l’Indre . Il lui fallait un nouveau projet pour calmer son appétit d’aventure. L’ été s’installe, le terrain de jeu des randonneurs se réduit à l’Hexagone, Jeanne jette alors son dévolu sur la Bretagne. Elle balance ses préjugés sur le climat et vise en juin 2020 le GR34 dans son intégralité ! Autant voir grand. « Devant moi 2 000 kilomètres de falaises, de plages, de villages et de rencontres pour découvrir cette formidable région entre ciel et mer. » explique-t-elle avant d’ajouter que la balade se fait en autonomie complète. Le challenge allait de pair avec un tempérament visiblement 100% inox .
Piégés par le Covid-19 nous ne pouvons aller randonner à l’étranger . Tant pis et tant mieux ! Si la Bretagne reste encore pour vous une terre inconnue qui véhicule une foule de clichés ringards, je vous invite à m’emboiter le pas afin de découvrir ses paysages à couper le souffle entre plages de sable fin, falaises, abers profonds , à vous damner pour ses fruits de mer sur le quai d’un petit port ou ses autres spécialités gastronomiques . Ce sera aussi l’occasion de vous plonger dans sa fabuleuse histoire et sa culture. Châteaux médiévaux, calvaires, forts Vauban, tombeaux pré-historiques, vestiges romains ponctueront votre chemin notamment sur l’incontournable GR34.
Bretagne nord ou Bretagne sud ?
Si vous recherchez le pur granit , une Bretagne sauvage et rude qui affronte sans broncher les tempêtes de la mer d’Irlande, les ports d’attache des corsaires, alors les côtes du Nord, et le Finistère vont vous combler. Les soirs d’été, le soleil couchant joue avec les nuages alors que le matin la brise des marées balaie la brume pour laisser apparaître un décor cent fois renouvelé le long des GR sur des centaines de kilomètres , côte de Granit Rose, route des Abers , phares majestueux , criques profondes battues par le ressac où jouent les oiseaux de mer .
Et puis il y a la Bretagne sud que l’on découvre en descendant vers Lorient . Le climat devient plus doux. Les iles de Groix, Yeu, Belle-Ile-en Mer, presqu’île de Quibéron vous appellent à l’aventure tout proche. Arrive alors le Golfe du Morbihan, un univers préservé peuplé d’une faune protégée , dont la douceur attire, il est vrai, une masse de vacanciers, plaisanciers les mois d’été .
Pléneuf, Erquy, Cap Fréhel, St Jacut, St Briac , mes cinq boucles du GR34 en Côtes d’Armor
A défaut de parcourir le GR34 en linéaire et en itinérance, vous pouvez aussi découvrir ce sentier mythique au départ de votre lieu de villégiature. Basés à Pléhérel (commune de Fréhel) nous avons profité d’avoir une voiture pour randonner durant une semaine sur 5 boucles incluant une portion du GR34 et un retour par les terres. (Cliquez sur les liens verts à côté des cartes pour télécharger les traces de ces parcours au format gpx.) . Ce GR34 est très bien entretenu et parfaitement balisé . Il présente de nombreux escaliers, petits ponts, barrières de sécurité afin d’ offrir à tous un maximum de sécurité et préserver l’intégrité de ce littoral malgré tout fragile.
La première randonnée fut logiquement le tour du Cap Fréhel, histoire de se mettre en jambes . Cet itinéraire passe par le phare bien sûr et se poursuit par le Fort de la Latte désormais inclus dans la visite du château de Goyon.
La partie nord du Golfe du Morbihan toute proche de l’Ile aux Moines et la presqu’île de Séné. Joli parcours de 25 km.
Le GR34 se picore, se déguste au gré de son appétit de marcheur ou lorsque son envie de Bretagne devient irrépressible. Je l’ai laissé l’an dernier à Crozon dans le Finistère pour le reprendre cet été dans le Morbihan sans le moindre ordre logique. Il faut dire que notre histoire qui débute au Mont St-Michel dure depuis bientôt cinq ans. Et assurément ce sentier côtier ne manque pas d’atouts pour m’attirer chaque fois vers le granit des calvaires, les odeurs de goémon, les fruits de mer voire les crêperies. Le GR34 ne se contente pas de suivre le littoral breton sur 1 800km , il propose en prime un Tour du Golfe du Morbihan, une jolie balade de 220 km, avec les îles . Cependant la « petite mer » ne m’ est pas totalement inconnue. J’ai en effet déjà bouclé la presqu’île de Rhuys, sillonné par le passé l’Ile aux Moines, l’ïle d’Arz et remonté le sentier
Port Anna – La navigation bat son plein l’été et les places au mouillage devient chères.
de Locmariaquer jusqu’à Crach. Je vais donc profiter d’un nouveau séjour à Sarzeau pour découvrir avec Christine, la régionale de l’étape, la portion entre Vannes et Arradon par le fameux sentier côtier, soit près de 25km. C’est l’occasion de refaire un détour par les remparts et les jardins de Vannes. Ce jour de juillet la ville se réveille de ses folies de la veille. Le bal annuel des pompiers a réuni plus de 10 000 personnes et les préparatifs du festival jazz estival vont bon train. Le GR part de la rive ouest du port pour longer le bras de mer jusqu’au nouvel embarcadère. L’époque où les Vedettes Vertes appareillaient du centre est bien loin.
L ‘importante flotte de la Compagnie des Îles actuelle avait besoin d’espace vu qu’elle transporte désormais chaque été des milliers de touristes dans le Golfe et vers les îles d’Houat, Hoëdic, Belle-Île… Sur les premiers kilomètres le sentier est parfaitement large, lisse, trop aseptisé à mon goût. Il fait ici le bonheur des joggers et des promeneurs. Il faut atteindre le bourg de Campen pour qu’il retrouve enfin un caractère plus sauvage.
Une très belle balade pour découvrir le double visage de la presqu’Ile de Rhuys
la tranquillité du petit port de la pointe de Kermer
Bienvenue sur la Presqu’ile de Rhuys et profitez de deux mers pour le prix d’une ! D’un côté le Golfe du Morbihan et de l’autre l’océan, que rêver de mieux pour marcher à nouveau une vingtaine de kilomètres sur le GR34, ce chemin que je grignote depuis quelques années avec le même appétit. Cette belle promenade assez facile débute au port du Crouesty. Le bus n° 24 (partant de Vannes) peut vous y conduire en quelques minutes si vous loger à Sarzeau ou ses environs (nous sommes partis du Rohaliguen). Le GR34 passe d’abord par le très/trop clean Port Navalo, lieu d’embarquement vers les îles d’Houat, Hoedic, le port de Locmariaquer et les mini-croisières dans le Golfe en saison. Puis en s’éloignant l’itinéraire redevient plus sauvage, de quoi oublier l’urbanisation forcenée. Il vous fera découvrir alors les divers aspects des réserves naturelles qui abritent de nombreuses espèces d’oiseaux, résidents ou migrateurs venant de Scandinavie. Dans un calme absolu, le marcheur chemine souvent sur le tapis d’aiguilles des pins géants, au gré des petites criques sur un sentier sinueux parfaitement balisé et bien entretenu. Il fait bon y pique-niquer ou s’arrêter dans un petit port pour y déguster une douzaine d’huitres providentielle d’une fraicheur divine arrosée d’un verre de blanc. Le paysage change au rythme des marées et des coups de vent. Cette mer intérieure bouillonne par endroit sous la puissance du flux qui l’envahit. C’est un des rares endroits du littoral où les bateaux peuvent naviguer jusqu’à 10 nds pour vaincre la force des courants. La Presqu’Ile de Rhuys, terre des Ducs de Bretagne, abrite également quelques châteaux bien restaurés qui raviront toute la famille en balade et de bonnes biscuiteries pour les plus gourmands. Après l’effort, profitez en été des plages de l’océan. Le micro-climat du Morbihan est bien réel ! Cette portion du GR34 fait partie du Tour du Golfe, un parcours de 360 km qu’un bon randonneur peut effectuer en une semaine ou dix jours s’il souhaite visiter l’Ile Aux Moines de plus en plus chic et celle d’Arz.
Boucler le GR34, ma quête du Graal ! Ce sentier de 1700 km qui longe les côtes de la Bretagne n’en finit pas de me narguer depuis cinq ans. Libérez moi, I want to Breizh free ! Chaque été je m’y recolle avec un sac de 12 kg histoire de conjuguer la liberté, les joies et les douleurs du trekking en camping. Avec la même question : combien de jours tiendrais-je le rythme, la météo, en solo sans bobo à l’âme et au dos ?! Réponse cette année à Crozon.
Si ce chemin de grande randonnée n ‘est pas l’ Everest il faut toutefois jongler avec les distances, un rapport de poids sac/bonhomme irraisonnable, une dénivelée trompeuse , le nombre réduit de campings ou de gîtes abordables, les épiceries aléatoires ou encore les incontournables crêperies. J’avais quitté le GR 34 à Brest l’ an passé un peu lessivé par le crachin breton. La presqu’île de Crozon était la suite obligée et attendue, tant cette région est un petit paradis pour randonner entre ciel et mer. Seulement, c’est aussi le bout du monde. Il m’aurait fallut trois jours de marche supplémentaires pour m’y rendre depuis la sortie de Brest un peu ingrate et itinéraire moins côtier . Je décidais donc de zapper le tronçon et d’attaquer la cible
En rade.. à Brest !
par la face nord depuis Landévennec en bus. Le réseau de cars du Finistère est génial. Vous circulez partout dans le département pour le tarif unique de 2€ (excepté entre Brest et Quimper). Hélas les horaires de la ligne Brest-Camaret sont rarement synchro avec ceux des trains venant de Paris. Et surtout, damned, elle ne dessert pas Landévennec ! Mauvaise pioche. Le département paie cependant le taxi pour vous y rendre depuis un arrêt à 7 km. Bon gré mal gré, je suis resté en rade.. de Brest pour quelques heures, suffisamment de temps pour déjeuner sur le port et visiter le Musée Maritime situé dans le château. La vie de Brest ne cesse d’être brassée par les turbulences de l’histoire entre chantiers militaires, fortifications, destruction, reconstruction, un vrai bagne et un camp de prisonniers civils sur l’Ile Longue devenue une base de sous-marins, son École Navale, les explorations de Lapérouse et plus récemment les grands rassemblements de voiliers anciens. Après cette visite et une errance touristique en mode sherpa, le bus pour Camaret décolla enfin me déposa, en route comme prévu à 7 km du but, à un carrefour où un taxi arrivant de nulle part me prit en charge. Je retrouvais le GR34 à Landévennec, un petit port qui marque l’entrée de la presqu’île de Crozon. Pour une première nuit et une arrivée tardive je logeais au gîte d’étape communal. Une famille de la région parisienne y faisait escale et cuisinait un repas sommaire. Je me remis au régime local dans la seule crêperie du village. Je ne saurais trop vous conseiller ici l’Océane, à base de saumon, thon et sa salade .
Une Presqu’île si belle, parce qu’elle le Vauban !
la fortification de la presqu’ile de Crozon par Vauban: une véritable curiosité régionale
Tente Vaude (1 kg), légèreté et confort de l’habitat nomade high tech.
Après une nuit en solo dans le petit dortoir, j’attendais 8h30 l’ouverture de l’épicerie pour un shopping alimentaire de survie : banane, tomate, jambon, biscuits, pain..Le sac dépassait allégrement les 12 kilos et je retrouvais la douloureuse sensation de m’enfoncer dans le bitume. Le GR34 suit ici la côte sur plusieurs kilomètres dans le Bois de Poulmic, un décor de pins puis il débouche sur l’Ecole Navale évoquée, ses bâtiments d’un goût douteux et trois escorteurs désarmés ancrés dans la baie. Sachez que l’omniprésence des terrains militaires forcent souvent ici le randonneur à des contournements surréalistes en s’éloignant de la côte. Je m’enfonçais ainsi dans les terres pour rejoindre Lanvéoc et le camping de la Cale après une vingtaine de kilomètres. Je croisais en chemin un prêtre en soutane à la tête d’un groupe de jeunes marcheurs en autonomie totale. Sur le GR34 depuis quatre ans au départ du Mont St Michel, Ils avaient quitter Brest depuis une semaine et essuyé la colère divine, à savoir un orage monstrueux . Une âme charitable avait sauvé le groupe du déluge en abritant ces infortunés à domicile. Un vrai miracle. Je payais la dime de 7,50€ à l’accueil du camping et plantais ma tente de nain sur une des terrasses , au pied d’une forteresse. Vauban s’en est donné à cœur joie sur la Presqu’Ile de Crozon, une avancée stratégique en face Brest et son goulet, en proie aux attaques de la flotte anglaise. Les Allemands ont complété ces fortifications par un bétonnage copieux en 40. Je quittais Lanvéoc en effervescence ce matin-là, une agitation due au concours de pêche en mer de l’ été. Alors que je prenais mon petit déj sur le banc humide du camping sous les rayons du soleil, une véritable armada de plaisanciers en bottes et gilets gonflables, armés de cannes et d’épuisettes quitta la cale au coup de canon. Aujourd’hui direction Roscanvel, sa presqu’ile et son camping municipal. Sur 21 km le GR34 alterne des sentiers en bord de plage, des bois et des portions de route, en passant par le petit port du Fret, sans dénivelée marquante. Après un tour d’honneur dans le bourg pour trouver l’entrée de ce foutu « établissement hôtelier de plein air » , je m’installais sur une autre terrasse balayée par la brise, en altitude. Le bureau n’ouvrait pas avant 15h. (Info – le Festival du Bout du Monde de Crozon, programmé cette année-là du 4 au 6 août, sature hôtels, gîtes et certains campings. Il est prudent réserver notamment les gîtes d’étapes longtemps à l’avance).
Le fort émerge de la pointe des Capucins (Côte ouest de Roscanvel)
Une fois débarrassé de ma charge de mulet, je pris la route de la côte pour aller voir de près deux forts que l’on m’avait conseillés. Le sentier bien balisé me mena jusqu’à la pointe des Capucins. Imaginez un fort planté sur un rocher relié par un pont étroit au rivage, des ruines inquiétantes qui lui donnent un air de château hanté . Ce décor a tout pour séduire un cinéaste , ou devenir le terrain de jeu de Lara Croft dans Tomb Raider. Je laissais quelques touristes aventureux descendre une pente ultra raide et mal pavée jusqu’à l’édifice et poursuivais ma rando jusqu’à la Pointe de Cornouaille et sa forteresse. Le site en contre-bas est en cul-de-sac et oblige le visiteur à descendre et gravir près de 200 marches. Sympa avec déjà 22 km dans les jambes depuis le matin ! Le circuit des forteresses se conclut généralement par la Pointe des Espagnols et sa vue imprenable sur Brest. Sans moi ! Je rentrais au camping par les terres et réservais un table à la crêperie de Roscanvel. La nuit fut polaire et je réveillais les tentes voisines dans un concert d’éternuements irrépressibles. Une gentille crève en plein mois d’août, en rando et en camping .. Pas mal .
le sympathique port de Camaret
Quand le GR34 se transforme en route du rhume
Il fallut tailler malgré tout la route. J ‘avalais deux Doliprane et partis fébrile vers Camaret sur la nouvelle portion du GR34 qui englobe dorénavant toute la presqu’île de Roscanvel. Le parcours côtier d’une dizaine de kilomètres se révéla idéal pour cette journée d’enrhumé. Je stoppais dans l’unique pharmacie faire le plein de Kleenex et dans une supérette pour un nouveau shopping alimentaire avant de me diriger vers le camping municipal de Lannic situé à proximité de l’ Auberge de Jeunesse. (Info – L’ accueil dans ces établissements passe par l’achat obligatoire de la carte d’adhésion annuelle. La nuitée coûte aux alentours de 22€ en haute saison. Moins cher pour les groupes). Une fois installé vers les 17 h, j’en profitais pour marcher le long des quais et notamment la digue où siègent l’église ND de Rocamadour , la tour Vauban et de splendides épaves de chalutiers, des stars locales croquées par les dessinateurs en balade. A l’heure du diner, le centre ville de Camaret fut pris d’assaut très tôt et je me retrouvais un embouteillage compact de badauds affamés et de voitures.
Les restaurants affichaient complet les uns après les autres, il me fallut en essayer plusieurs afin de trouver une table. Je ressentis alors la baisse de régime due au rhume , ou la perte de poids, la fatigue encore accumulée après 900 km passés sur le Camino del Norte un mois auparavant ? Un moral à marée basse, des prévisions météos peu engageantes, j’ avais ma dose, ça serait du Crozon Express pour cette année et un retour précoce. Il me fallut de nouveau jongler avec les horaires de bus pour dégotter un billet de train pour Paris à un tarif correct. Appli Voyage-sncf, Brest-Paris à 19h18 pour 66€ (tarif réduit) le lendemain avec un bus direct à 15h25, j ‘achète. De retour au camping, je pris cette fois plus de précautions pour affronter une dernière nuit sous tente à 9° C, avec grains prévus. J’enfilais T-Shirt coton, T-shirt Décath manches longues, fin thermolactil Bermude et doudoune Patagonia.
la cale de Lanvéoc, sa plage, son camping
Avec le duvet doublé du sac à viande en soie, je devais en principe survivre. Après avoir secouer la toile de la rosée matinale et surtout des gouttes de la dernière averse, je tentais une
L’anse de Pen Hat, le sémaphore de la pinte du Toulinguet
première sortie à 7h vers les sanitaires. Zippp ! un vent glacial s’engouffra dans la tente. Je décidais d’attendre 8h, au chaud, l’ouverture du dépôt de pain. J’avais en effet vu la veille qu’on y servait aussi du café ! Dieu se manifeste parfois auprès du randonneur-campeur au bord du gouffre. Le camping sortait lentement de la nuit, des zombies en survet ou pyjama arpentaient les allées, les nuages noirs s’éloignaient en laissant filtrer les premiers rayons. Le pain au chocolat trempé dans le café fut un vrai bonheur, la journée partait bien. Des heures devant moi, une louche de Baume du tigre dans chaque narine, une provision de Kleenex en poche , le sac à dos allégé , je rezippais l’habitacle pour une ultime balade sur cette magnifique presqu’île de Crozon. Le premier panneau d’info locale mentionnait un Tour de Camaret de 22 km pour 6 heures de marche. De quoi rater allégrement le train . Après étude de la carte IGN (Ref 0418ET au 1:25.000e), j’optais pour un tour d’honneur de 12 km. Le soleil me réchauffa le corps et l’âme, je me dépiautais de mes couches comme on pelle un oignon au fur et à mesure de ma progression vers la Pointe du Grand Gouin qui domine Camaret. J’admirais une fois encore ce décor magique où un tapis de bruyères multicolores résiste au vent et sel . Le sentier serpente ainsi jusqu’à la Pointe de Toulinguet. Tout au bout les radars du sémaphore militaire surveillent le trafic, zone militaire défense d’entrer. Des camping-cars se sont installés en clandestin sur cette lande sauvage pour fuir la foule de Camaret. La lumière matinale douce et pure accentue encore la beauté de cette côte déchiquetée par des siècles de tempêtes. Arrivé à l’ anse de Pen hat, au bout d’une immense plage immaculée totalement déserte, je tombe stupéfait sur le mémorial de la seconde guerre
le mémorial de l’anse de Pen Hat
mondiale. La marine et les pêcheurs ont payé un lourd tribu au conflit. Des ancres des navires coulés, des mines, une batterie anglaise, dessinent dans ce paysage paisible un musée à ciel ouvert sur lequel plane encore la douleur du souvenir . Je n’en avais pourtant pas fini avec le passé. Avant de rejoindre la pointe de Pen Hir, le chemin devint chaotique, les bâtons de marche heurtaient les blocs. Et puis soudain les quatre tours d’un château en ruines, au loin une croix de Lorraine géante, un bloc monstrueux de granit presque à l’état brut surplombant la mer. Les touristes venus en voiture affluaient par vagues successives le temps d’un selfie et d’une balade entre les rochers.Il était temps de retrouver le calme et la solitude du sentier côtier pour rejoindre Camaret avant mon retour vers Brest et Paris. Je repassais une dernière fois au camping de Lannic pour plier la tente et remplir les 50 l du sac Osprey de mon attirail de nomade. Je n’ai pas croisé les filles de Camaret . Dommage !! Courte mais belle balade.
Il prend la pose (et la pause) à Roscanvel, pointe de Cornouaille.
Je reviendrais finir ce GR34 en filant vers le sud à la Pointe de la Chèvre puis vers Douarnenez mais en revoyant ma copie de randonneur sexagénaire. L’option portage n’est plus au programme ! Je privilégierai les nuits en gîte d’étapes, quitte à alourdir cette fois le budget sachant que j’ ai toujours rendez-vous avec toutes les crêperies de Bretagne, ses caprices météo, ses plages, sa rudesse de granit.
Retour sur le GR34, le sentier des douaniers du littoral breton . Morlaix, Roscoff, Brignogan, le Conquet, des abers, des abus , un peu de bus, des grands moments d’extase …et parfois de solitude.
Aux beaux jours le GR34 a des airs de jardin sur des dizaines de kilomètres.
Pour un amoureux de la Bretagne et un adepte de la grande randonnée, le GR34 est une drogue dure voire une fascination. Pour mémoire, ce « sentier des douaniers » court sur près de 1300 km le long de la côte. Il fait partie des grands classiques de la rando en France. Si certains le font en une seule fois, pour ma part je le découvre depuis quatre ans d’une façon plus anarchique et improvisée, au rythme de mon budget et mes envies. Ma première expérience entre le Mont Saint-Michel fut une demie réussite. J’avais eu l’ambition totalement irréaliste de me lancer seul en camping fin avril. Il n’ y avait que très peu d’établissements ouverts, la météo et l’immense sentiment de solitude avaient fini par casser un moral que je croyais inoxydable. Je m’étais arrêté du côté de St Malo, gelé, cassé et finalement réfugié dans l’auberge de Jeunesse locale ! La seconde marche sur le GR34 se passa vers St Brieuc et le Cap Fréhel. Pour l’occasion, j’avais convaincu mon fils Etienne, un ado de 15 ans, de m’accompagner. Après trois ou quatre jours, il avait consenti à lâcher son portable et à regarder enfin le paysage. Hélas, cette embellie ne fut que de courte durée, il se foula la cheville et on reprit le traîn à St Brieuc. Pour ma troisième balade en 2015, je décidais donc de repartir seul. J’avais entretemps fait le chemin de Compostelle avec mon amie Sabrina de Berlin, j’étais physiquement en forme mais toujours peu convaincu d’aimer repartir sur ce GR en solitaire. L’appel de la Bretagne fut malgré tout le plus fort. Au programme la Côte de Granit Rose d’Est en Ouest. La rando fut superbe, parfois douloureuse aussi. Après une semaine, le crachin breton et un bon mal de dos dû au 12 kg du sac ruinaient mes ambitions, je jetais l’éponge pour rentrer à Paris depuis Morlaix.
Morlaix , la belle et son viaduc 100% granit
20 Août 2016 – Nouveau départ depuis Morlaix, des kilomètres de côtes sauvages et un magnifique désert s’ouvre devant moi !
Pas question de lâcher le projet, faut bien le boucler un jour ce GR34 ! Fort de mes trois expériences précédentes, je reprenais mon sac à dos avec cette fois l’objectif majeur de l’alléger davantage. Car en grande randonnée, le poids est le pire ennemi du marcheur. Le principe veut qu’il ne dépasse pas 10% de son propre poids. Une vraie gageure lorsqu’on pèse 75 kg, que l’on prévoit de camper et que Compostelle vous a délesté de 5 ou 6 kg jamais repris ! Bref, je ne suis pas parvenu à descendre sous les 11 kg. Et pourtant j’ai mis le paquet et le budget. Tente Vaude (1kg), matelas gonflable Therm A Rest (450 gr), duvet Cumulus (400 gr), veste Arc’Térix (300 gr) .. une vraie fortune de MUL (Matériel Ultra Léger) !
le chemin en surplomd des plages
L’artichaud, l’autre richesse bretonne
Un passage miraculeur pour franchir l’aber à marée basse.
Le GR34, en solo, en camping après le 15 août, il faut vraiment le vouloir. Seuls les scandinaves et nordiques jouent les prolongations dans leur luxueux camping-cars . Les plages à demi désertes me renvoient à mon statut de randonneur errant sur les dunes. Arrivé par TGV à Morlaix, je pensais trouver un semblant d’animation dans cette très jolie ville, histoire de démarrer avec la pêche. Que nenni ! Je m’installe pour la nuit à la Pension des Ecluses, je suis seul dans une super maison de 200 m2 et le proprio me laisse les clefs. Trois ou quatre personnes arriveront plus tard. La plupart des bistros sont déjà fermés le dimanche, je pose mon sac et pars visiter la ville.
Néanmoins les stations balnéaires comme Roscoff restent très vivantes et le camping Les Alouettes **** que j’ avais visé afficha complet. Je fus obligé de prendre une navette pour sortir de la place et rejoindre le camping municipal à quelques kilomètres. Certaines auberges de jeunesse et gîtes d’étapes n’accueillent que des groupes et sont en revanche prises d’assaut pour les derniers stages de voiles pré-rentrée ou encore des passages de BAFA tardifs.
le coca breton,
la bière bretonne
la drogue bretonne
le tippi breton
l’art granitique breton
Au pays des Abers de dune en dune , de plage en plage au bon vouloir des marées
un chantier perdu au fond d’un aber
l’aber Wrach
Ce passage sur les premières plages du Finistère nord fut l’occasion de découvrir les Abers bretons ainsi que les plus beaux phares locaux. Le GR34 quitte ici parfois les dunes pour s’aventurer par les plages. Et là, ça passe ou pas, c’est une question de marée. Et lorsque ce ne passe pas, j’ai eu le droit à un petit détour par la route. Une fois le GR s’était effondré suite à des pluies très abondantes, une autre fois il était barré pour cause de pollution par les algues vertes. C’est un problème aigu et récurent. Déjà il y a deux j’avais été détourné dans la baie de St Brieuc. Des sangliers avaient été retrouvés morts, intoxiqués par les émanations de gaz. Ces fortunes de chemin sont en fait très rares et ce sentier très bien entretenu par les localités permet de découvrir toutes les richesses de ce littoral unique. Cette année j’avais donc choisi d’aller voir de près ces fameux fjords notamment l’ Aber Wrach et Aber St Benoît. Ces longs bras de mer s’enfoncent loin dans les terres et abritent de nombreuses espèces d’oiseaux. Ces abers protégés des tempêtes servent évidemment de mouillages aux bateaux. Encrés en files indiennes et sous l’emprise du courant, ils dessinent des lignes géométriques parfaites sur ces petites mers intérieures entourées de verdure. Le GR34 en fait le tour et rallonge votre parcours. Il m’a fallut en tenir compte pour élaborer la longueur de quelques étapes. Le GR peut aussi traverser la pointe de ces abers en passant généralement par des ponts ou alors des passages cimentés uniquement praticables à marée basse. Ils sont souvent rendus glissant par les algues résiduelles, donc prudence. Enfin, même à marée basse, il subsiste de petits cours d’eau en bout d’aber. J’étais tenté à maintes reprises de faire une traversée sauvage pour gagner du temps mais l’aspect vaseux, la profondeur inconnue m’ont vite fait changé d’avis.
Des trajets en car à 2€ dans tout le Finistère, sans limite de distance.
Durant près d’une semaine, j’ai eu la chance exceptionnelle d’avoir une météo de rêve. Une seule journée humide m’a gentiment rappelé que la Bretagne avait du caractère. Après avoir marché le long des deux abers, j ai pris le car pour me rendre au Conquet. A ce sujet, j’ai eu le plaisir de profiter du nouveau forfait à 2 € , quelque soit la distance , avec une correspondance autorisée. Ce programme sponsorisé à l’année par le Conseil Général du 29, permet aux bretons comme aux touristes de circuler à moindre frais sans voiture en favorisant le développement du Finistère.
Cela dit la Bretagne a paraît-il connu cette année une affluence record, même si je n’ai rencontré que trois ou quatre vrais GRistes durant mon périple. Hormis le nombre de campings et de gîtes assez réduit, cette partie du pays des Abers ne présente pas de difficultés majeures d’organisation. Il suffit de bien calculer le découpage du parcours et prévoir certaines étapes approchant les 30 km. En cas de coups durs, coups de pompes, on peut toujours progresser ou revenir en auto stop ou prendre le car . Pour cela, une seule adresse : www.viaoo29.com . Côté physique, les dénivelés sont peu important sur ce tronçon du GR34, rien à voir avec la torture de la côte de Granit Rose extrêmement découpée et cassante avec sa succession sans fin de passages de criques.
I wanted to Breizh free.. again, c ‘est fait. Si tout va bien, je compte revenir l’été prochain pour découdre avec ce sentier, cette fois sur la presqu’île de Crozon, une pure merveille mais au climat un peu capricieux . Kenavo !
le matos complet pour camper sur le GR34 . 11 kg (avec 2 litres d’eau compris)
Le GR34, « Le sentier des douaniers », une belle aventure.
Le GR34 est régulièrement entretenu par les associations locales
Regardez ce splendide tracé torturé le long du littoral, il suit la côte bretonne au plus près, de crique en crique, il relie les ports , il contourne les falaises ou traverse les plages de sable fin, il longe les barres rocheuses bordées de landes où nichent les oiseaux de mer. Rien d’étonnant à ce que le GR34 soit aujourd’hui un des chemins de Grande Randonnée parmi les plus connus, celui qui suscite encore le rêve, l’évasion. Il est courant de le débuter depuis Vitré , puis de rejoindre le Mont Saint-Michel et de l’achever au Golfe du Morbihan par le Tour du Parc. L’accès à ce sentier côtier devenu mythique est aussi une belle histoire . Il a fallu toute la détermination et la ténacité de passionnés pour que cette randonnée nous soit offerte.
Voici quelques dates clef qui ont marqué la création du GR34 :
* 1968 : premier sentier de grande randonnée entre Beg Leguer et Pors Mabo, à côté de Lannion (Côtes-d’Armor).
* 1976 : loi qui fait que « Les propriétés riveraines du domaine public maritime sont grevées sur une bande de 3 mètres de largeur pour laisser, d’une servitude de passage destinées à assurer exclusivement le passage des piétons. »
* 1978 : création de la Fédération française de la randonnée pédestre en Bretagne.(FFRP)
* 2008 : le GR 34 est ouvert sur toute sa longueur.
Emile Orain est à l’origine de l’ouverture du GR34 en 1968 . Il s’est battu auprès des propriétaires afin qu’ils cèdent 3 m de leur terrain pour permettre le passage.
Lors de ce périple entre Perros-Guirec et Morlaix, le hasard a voulu que je croise une mamie et un papy sur la rive du Leguer à Lannion. Chaussures de rando et déambulateur, le vieil homme accompagnée de son épouse Marie-jo faisaient leur balade quotidienne. Admiratif, je décidais d’engager la conversation. En quelques mots j’appris que l’homme a 92 ans, il s’appelle Emile ORAIN, un marcheur engagé à l’origine du GR34 et militant pour développement des Auberges de Jeunesse après-guerre .Hasard des rencontres !
Mon 3e GR de Perros-Guirec à Morlaix . 135 km, en solo et 6 jours, en camping.
Le parcours de rando le plus « sportif » de Bretagne
Dès mon arrivée à Perros-Guirec, j’avais déjà oublié qu’un GR digne de ce nom reste un chemin praticable et préserve la sécurité du randonneur . A ma descente du bus pris à la gare de Lannion, je suis engagé sur la plage de Trégastel, une bande rocheuse totalement casse-gueule, avec un sac à dos de 12 kg ! La suite s’est beaucoup mieux déroulé. Rassurez-vous, je ne vais pas dans ces lignes vous infligez la description topologique de la totalité de cette randonnée de 6 jours . Je vous laisse le soin de la découvrir sur les schémas ci-joints. Je préfère partager avec vous cette nouvelle expérience sur ce GR en vous livrant quelques trucs et conseils sur l’organisation de votre randonnée, en répondant aux quelques questions existentielles du marcheur moyen en territoire breton. Suivre et télécharger la trace GPS au format .gpx de ce parcours cliquez ICI
Quelle préparation physique ?
Malgré les apparences, le GR34 est physiquement épuisant au bout de la journée. Le cumul de dénivelé, le vent et parfois la pluie demandent une bonne préparation physique et un équipement complet.
le profil de Perros-Guirec à Morlaix illustre à lui seul le dénivelé du GR34
Si vous êtes un bon randonneur, ce tronçon ne vous causera pas trop de difficulté. Pourtant, une telle randonnée en autonomie implique de porter un sac à dos de plus de 10 kg (je décris plus loin cet aspect matériel) . Donc, il vaudra mieux faire quelques sorties chargé histoire d’habituer votre fragile constitution à ce nouveau paramètre. Toutefois certains tronçons passent par des falaises et une infinité de criques à contourner. Résultat , le dénivelé cumulé quotidien peut vite devenir impressionnant, de 500 à 1500 m par jour ! ce parcours Montagnes Russes peut s’avérer plus dur qu’une sortie classique en montagne avec ses montées longues et régulières. Le tronçon Locquirec- Saint-Jean du Doigt, authentique dentelle bretonne, brodées sur des kilomètres de falaises et de pointes rocheuses, fut vraiment dur .
Comment accéder et revenir du GR34 ?
Etant parisien, j’ ai choisi le train . Le TGV dessert les gares de Rennes, St Brieuc, Lannion, Morlaix, Roscoff, Brest, Quimper ..etc. Il suffit alors de prendre le car pour rejoindre votre point de départ . Les réseaux bretons fonctionnent plutôt bien. Le site Breizhgo.com est un must , il vous aidera à planifier vos déplacements avec tous les moyens de transports. Vérifiez cependant les horaires d’été et ceux du week-end. J’ai également testé l’auto- stop. Soyez patient et positionnez vous sur une portion de route où les véhicules puissent s’arrêter sans danger.
Quand partir ?
Le climat vivifiant breton impose parfois quelques pauses « séchage » !
La multiplication des crêperies risque de vous faire prendre de nombreuses heures de retard sur votre planning !
Quand vous pouvez ! Il convient toutefois de vous souvenir que vous êtes en Bretagne. La majeur partie des dépressions Atlantique arrive sur l’Europe par cette jolie et verte région. Cela signifie vent et pluie et parfois froid. Pour ma première expérience en 2013 sur le GR34, j’étais parti comme une flèche à la mi-avril depuis le Mont Saint-Michel, en camping, comme un touriste. Le crachin breton, les plages désertes et les campings fermés ont eu raison de mon inconscience. Je me suis réfugié à l’Auberge de jeunesse de Saint-Malo. Après seulement deux jours je suis ainsi rentré à Paris avec le goût amer de l’échec. Je suis reparti pour un second tronçon depuis St Brieux vers le Cap Fréhel avec mon fils, toujours en camping. Trois jours plus tard, mon ado se faisait une entorse. Retour à la case départ. Au delà de ces anecdotes, je vous conseillerais de partir minimum en mai ou juin. et jusqu’à la fin septembre . Au moins les campings sont ouverts.
Quel matériel emporter ?
Le GR34 en camping mérite d’investir dans du matériel léger. Ici une tente Vaude Power Lizard pour 1 à 2 personnes ne pèse qu’1 kg. Tapis de sol alvéolé Therm A Rest (400gr)
Privilégiez du matériel très léger, quitte à casser votre tire-lire.
Un kilo qui ne sert à rien est un kilo en trop et qui se paie cher . Pour l’occasion et ce parcours de Perros-Guirec à Morlaix, j’ai repris mon sac Osprey de 50 litres. N’hésitez pas à investir dans les équipements ultra légers . Ayant choisi le camping, ôté couchage, j’ai acheté deux ans auparavant une tente Vaude Power Lizard , 2 places, 1 kg, 280€ tout de même, un vrai bonheur, duvet Cumulus polanais, tapis de sol Therm A Rest .. 3 T-shirts, 3 slips., doudoune légère Patagonia un seul pantalon transformable et une trousse de toilette minimum. N’oubliez pas l’indispensable corde à linge et une paire de tong pour le soir. Côté pluie : ayant horreur des capes, j’ai opté pour du top : veste de montagne Arc’Terix et pantalon respirant Vaude. Ajoutez 2 bâtons de marche, vraiment utile vu le profil « Montagnes Russes » du parcours. Chaussures ? je marche depuis longtemps avec des tiges basses, doublure Gore-tex. Ceux qui ont les chevilles fragiles peuvent adopter des tiges hautes au médium. Des semelles rigides et en parfait état sont conseillées car le GR comporte parfois des zones rocheuses à franchir. L’expérience acquise sur mes deux chemins de Compostelle m’a été ici très utile du point de vue logistique. Malgré tout , impossible de descendre sous les 12 kg , poche à eau de 2 litres et petite réserve d’encas . J’ai même réexpédié plus d’un kilo par la poste. (livre, couverture de survie, pantalon, chemise..)
Comment se repérer sur le parcours ?
Le tronçon Perros-Guirec à Morlaix passe sur une large portion de la Côte de Granit Rose, puis par celle du Trégor. J’ai renoncé à l’achat du Topoguide en question pour investir dans les 2 cartes IGN au 1:25.000e ( 714OT et 615ET – 11, 60 €/carte). S’il est difficile de se perdre sur ce sentier littoral , en revanche ces cartes peuvent vous faire gagner du temps, quelques kilomètres et des forces si vous devez aller en ville pour acheter de la nourriture, trouver une pharmacie, ou encore lorsque le sentier est dévié pour X raisons (propriétés closes, éboulement, etc..). Enfin, emportez votre smartphone.
L’App Iphigénie permet une localisation immédiate sur smarphone
C’est un gage de sécurité en cas de tuile et l’application Iphigénie (IGN- IOS ou Android -30€/an toutes cartes de France + Espagne) vous permet de vous localiser parfaitement. Les terrains de camping sont également mentionnés sur les cartes et l’Appli. Bien pratique. Le GPS pompant gravement sur la batterie, j’ai emporté un accu supplémentaire de 11.000 mah que je rechargeais la nuit dans le bureau d’accueil des campings. Conseils :Utilisez votre smartphone en Mode Avion pour économiser de l’énergie, supprimer les app ouvertes en fond. Mettez uniquement la fonction GPS sur Iphigénie pour vous repérez ou enregistrer la trace.
Où manger et où dormir ?
Certains randonneurs optent pour le camping sauvage. il est totalement interdit sur les plages mais on arrive à dormir dans la nature avec un peu de bon sens et de la discrétion. Pour ma part, j’ai donc opté pour les terrains de camping privés ou municipaux . En plein mois de juillet , je n’ai jamais eu le moindre problème de place. Ce choix est un peu plus contraignant car il faut planifier les étapes. En revanche, il permet de se doucher , laver ses fringues et grignoter au bar. Qui dit autonomie totale, dit aussi sac plus lourd . Voyageant en solo et le chemin étant peu fréquenté, c’est bon d’avoir un peu de lien social le soir ! Côté budget : le camping municipal en juillet vous coûtera entre 8 et 11€ la nuit/personne . Un terrain privé de 2 à 4 étoiles revient de 13 à 16 €. D’autres randonneurs plus argentés vont dans les chambres d’hôtes et les petits hôtels . Ces établissements ne sont pas forcément sur le GR . Des randonneurs se partagent des taxis, d’autres partent à deux voitures pour organiser les liaisons. Dans tous les cas, mieux vaut réserver. La bouffe ? Vous pouvez faire vos achats de nourriture dans les épiceries et fréquenter les divines crêperies, les restaurants de fruits de mer..Pour ma part, j’ai dépensé en camping environ 30 à 35 euros/jours, avec les bières !
GR 34 : 42 tronçons pour une randonnée de 1700 km entre mer et terre
Pour parcourir le GR34 dans son intégralité, il vous faudra marcher durant environ 1700 km , donc pendant plusieurs semaines . Généralement, les randonneurs le font par tronçons chaque année suivant leur disponibilité. Personnellement j’en suis à ma troisième rando sur le GR34. Chacun marche à son rythme et cale ses étapes suivant le mode hébergement choisi . (hôtel, gites, chambre d’hôte, camping sauvag ou non. Vous trouverez ci-dessous à titre d’ exemple de découpage du sentier en 42 étapes type.
(En bleu mon parcours cette année)
Tronçon 1 : De Vitré à Fougères (3 jours / 71 km)
Tronçon 2 : De Fougères à Antrain (3 jours / 56 km)
Tronçon 3 : D’Antrain au Mont-Saint-Michel (2 jours / 36 km)
Tronçon 4 : Du Mont-Saint-Michel à Cancale (3 jours / 61 km)
Tronçon 5 : De Cancale à Saint-Malo (2 jours / 32 km)
Tronçon 6 : De Saint-Malo à Saint-Jacut (2 jours / 43 km)
Tronçon 7 : De Saint-Jacut aux Sables-d’Or-les-Pins (3 jours / 54 km)
Tronçon 8 : Des Sables-d’Or-les-Pins à Saint-Brieuc (3 jours / 68 km)
Tronçon 9 : De Saint Brieuc à Paimpol (4 jours / 75 km
la magnifique station balnéraire de Trébeurden
Tronçon 10 : De Paimpol à Tréguier (4 jours / 68 km)
Tronçon 11 : De Tréguier à Perros-Guirrec (3 jours / 44 km)
Tronçon 12 : De Perros-Guirrec à Lannion (4 jours / 68 km)
Tronçon 13 : De Lannion à Saint-Jean-du-Doigt (3 jours / 57 km)
Tronçon 14 : De Saint-Jean-du-Doigt à Morlaix (2 jours / 34 km)
Tronçon 15 : De Morlaix à Roscoff (2 jours / 47 km)
Tronçon 16 : De Roscoff à Brignogan-Plage (3 jours / 64 km)
Tronçon 17 : De Brignogan-Plage à Lilia (2 jours / 39 km)
Tronçon 18 : De Lilia à Saint-Pabu (3 jours / 49 km)
Tronçon 19 : De Saint-Pabu à Lanildut (2 jours / 36 km)
Tronçon 20 : De Lanildut à Conquet (2 jours / 34 km)
Tronçon 21 : De Conquet à Brest (3 jours / 40 km)
Tronçon 22 : De Brest à Faou (3 jours / 43 km)
Tronçon 23 : De Faou à Lanvéoc (2 jours / 38 km)
Tronçon 24 : De Lanvéoc à Kerloc’h (2 jours / 27 km)
L’occasion de découvrir la richesse du patrimoine breton : calvaires, chapelles, oratoires, enclos
Tronçon 25 : De Kerloc’h à Douardennez (4 jours / 72 km)
Tronçon 26 : De Douardennez à Cléden-Cap-Sizun (2 jours / 49 km)
Tronçon 27 : De Cléden-Cap-Sizun à Audierne (2 jours / 36 km)
Tronçon 28 : D’Audierne à Saint-Guénolé (2 jours / 47 km)
Tronçon 29 : De Saint Guénolé à Pont-l’Abbé (2 jours / 34 km)
Tronçon 30 : De Pont-l’Abbé à Concarneau (3 jours / 60 km)
Tronçon 31 : De Concarneau à Pont-Aven (2 jours / 44 km)
Tronçon 32 : De Pont-Aven à Pouldu (3 jours / 65 km)
Tronçon 33 : De Pouldu à Lorient (2 jours / 38 km)
Tronçon 34 : De Lorient à Plouharnel (3 jours / 54 km)
Tronçon 35 : De Plouharnel à Plouharnel (Presqu’île de Quiberon) (2 jours / 55 km)
Tronçon 36 : De Plouharnel à Crac’h (2 jours / 28 km)
Tronçon 37 : De Crac’h à Crac’h par Locmariaquer (3 jours / 34 km)
Tronçon 38 : De Crac’h à Larmor-Baden (2 jours / 34 km)
Tronçon 39 : De Larmor-Baden à Vannes (3 jours / 40 km)
Tronçon 40 : De Vannes à Séné (2 jours / 29 km)
Tronçon 41 : De Séné à Arzon (3 jours / 68 km)
Tronçon 42 : D’Arzon au Tour-du-Parc (2 jours / 50 km)
Remarque : Les distances mentionnées peuvent paraître très/trop courtes pour certains marcheurs entraînés. Ne pas se fier à ces apparences trompeuses. Le GR34 ne présente pas de grosses difficultés mais son profil très « torturé » lui confère des dénivelés parfois éprouvant. J’y reviendrais plus loin sur la partir Perros-Guirec- Morlaix que je viens de terminer.