Jeanne Fauquenot, 30 ans, n’avait pas la rando dans la peau. Qu’importe l’historienne de l’art plutôt sportive se lance direct en 2019 dans l’itinérance au long cours l’an dernier sur un périple de 2100 km entre le Puy-en-Velay et Saint-Jacques de Compostelle . Elle conclut cette première expérience avec un maximum d’ampoules, une forte dose de plaisir et une folle envie de récidiver. Approche fastoche dirait-elle .Jeanne voulait mettre la barre plus haut cette année en se frottant au 3000 km du Te Araroa en Nouzelle-Zélande.
Hélas la Covid a douché ses ambitions la renvoyant à la case de départ , dans l’Indre . Il lui fallait un nouveau projet pour calmer son appétit d’aventure. L’ été s’installe, le terrain de jeu des randonneurs se réduit à l’Hexagone, Jeanne jette alors son dévolu sur la Bretagne. Elle balance ses préjugés sur le climat et vise en juin 2020 le GR34 dans son intégralité ! Autant voir grand. « Devant moi 2 000 kilomètres de falaises, de plages, de villages et de rencontres pour découvrir cette formidable région entre ciel et mer. » explique-t-elle avant d’ajouter que la balade se fait en autonomie complète. Le challenge allait de pair avec un tempérament visiblement 100% inox .
Mes doutes, mes temps forts
Je pars donc, seule, équipée d’un sac bien plus lourd qu’à l’accoutumée. Un peu d’appréhension face au bivouac, à l’autonomie et à la pluie qui s’invite dès les premières heures de marche. Sans oublier que l’on ne sait jamais comment va se dérouler un tel cheminement. J’ai beau avoir fait un des chemins vers St Jacques de Compostelle, c’est un tout autre projet. Il y a bien moins d’hébergements et de points de ravitaillement. Toutes mes habitudes et certitudes s’effondrent. Où trouver à manger ? à quelle fréquence ? Comment vais-je m’organiser ? Combien de kilomètres vais-je être capable de faire avec un tel sac ?
Évidemment, pour faciliter le tout, mes vieilles douleurs se réveillent. Genoux, hanche, dos mais surtout ce satané tendon qui s’est manifesté en Nouvelle-Zélande et qui ne me quitte plus depuis… Je sais que d’ici 3-4 jours elles laisseront la place à une liberté de mouvement. Mais en attendant, je peine. Je fais une petite vingtaine de kilomètres par jour. Je m’accroche, non sans peine.
La liberté de bivouaquer se manifestera après quelques jours de marche. Il me faut un certain temps pour prendre mes habitudes, laisser la pluie passer et profiter pleinement de ce que la Bretagne a à m’offrir. Après 15 jours, les douleurs du début disparaissent. Après un mois, je me sens libérée du poids du sac. Je peux enfin faire de belles étapes, 30 km par jour de moyenne.
Partager l’aventure, famille et réseaux sociaux
Pourquoi ne pas partager avec ses proches une aventure si belle ? J’ai eu la chance de passer un mois avec deux de mes cousines et un ami rencontré sur St Jacques. La promiscuité et le partage d’une telle expérience ne rend pas l’aventure plus facile. Mais d’autant plus belle.
Nous en profitons pour créer une publication Facebook, demandant astuces, lieux où dormir et bons plans. Cette dernière a été relayée près de 2000 fois et de nombreuses personnes au grand cœur ont proposées hébergement, repas, conseils ou jardin pour planter la tente. Que les bretons sont gentils ! Et les réseaux sociaux sont impressionnants. Mais je suis contente d’avoir coupé avec tout cela par la suite. Je continuais mon voyage une fois mes acolytes déposés à Brest.
Douleurs et bonheurs
Certes quelques petites galères viennent pimenter l’aventure, des soucis de ravitaillement qui me feront picorer mes réserves d’urgence (par chance il m’en restait). Des problèmes de tendon douloureux qui me feront me poser des questions quant à la poursuite de ce projet. Un gros coup de fatigue qui m’étourdit quelques heures, avant de disparaître lorsque je me rends compte que j’ai oublié de me nourrir ces 3 derniers jours et que je prends le temps de me sustenter.
Seul le cheminement en solo me permet de me retrouver. J’ai tendance à me « perdre » lorsque je suis accompagnée. La solitude dans l’effort, dans la vie, dans mon organisation me permet de découvrir une liberté d’action sans précédent. Certes je suis plus exposée aux “dangers” de par cette solitude, mais je suis heureuse et je ne me sens pas menacée pour autant (bien que je dormant régulièrement, seule, dans les bois)






Son GR34 en chiffres
81 jours de marche, 2235 kilomètres , sac de 12 kg, 50 belles rencontres (à la louche), 8776 photos, 7 lessives, 100 millimètres de pluie, 3,5 jours de repos, 10 000 bonjours sur le chemin, 1 coup de soleil sur le nez, 75% de temps ensoleillé, 5 livres lus, 2,5 kg de perdus, 1 000 000 de mercis et une liberté à toute épreuve.
Retrouver aussi ce récit sur le blog et le compte Instagram de Jeanne :
https://instagram.com/histoires_de_voyage/
Panoplie d’une baroudeuse , revue de paquetage .
Sac à dos Osprey Lumina 60L , 800 grammes à vide. Confortable jusqu’à 13kg, au delà son équilibre est précaire. Protection de pluie : Zpacks ultra légère et très résistante. Seul l’élastique m’a lâché à mi-parcours. Dommage. Accessoires : petite pochette Zpacks : carte d’identité, carte bleue, 2 chèques (au cas où), carte vitale et du liquide. + un sac en tissu pour faire quelques courses. Camping : tente Duplex Zpacks, prix élevé, très résistante et ultra légère 500 grammes. 8 piquets et les bâtons de marche Black Diamond pour monter ladite tente, Ce modèle mono-paroi évacue mal la condensation surtout en Bretagne ou la rosée est vraiment importante le matin. Si le vent s’invite , attention, l’eau a tendance à s’infiltrer par les angles. Couchage : matelas gonflable Neo Xlite de Thermarest. Non auto gonflant , donc moins lourd, un peu bruyant mais extrêmement confortable. Super sac de couchage en plumes le mirage ¾ de chez Valandré, confort 0 degré. Cuisine : popote de 900 ml Keith Titanium. Mini réchaud Optimus, petite bouteille de gaz à vis de 100 ml (15 litres d’eau qui boue en gros). Fringues : classique dont 2 t-shirts en laine de mérinos , chaussettes Icebreaker. Doudoune ultra légère et chaude Yeti. Chaussures Vent Lady de Bestard.
Jolie parcours! Après l’épidémie la NZ 🙂
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Waouh je suis admirative ! Quel beau parcours ! Merci pour le partage… Je file voir le site de Jeanne !
Aurélie.
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