
Le GR34 se picore, se déguste au gré de son appétit de marcheur ou lorsque son envie de Bretagne devient irrépressible. Je l’ai laissé l’an dernier à Crozon dans le Finistère pour le reprendre cet été dans le Morbihan sans le moindre ordre logique. Il faut dire que notre histoire qui débute au Mont St-Michel dure depuis bientôt cinq ans. Et assurément ce sentier côtier ne manque pas d’atouts pour m’attirer chaque fois vers le granit des calvaires, les odeurs de goémon, les fruits de mer voire les crêperies. Le GR34 ne se contente pas de suivre le littoral breton sur 1 800km , il propose en prime un Tour du Golfe du Morbihan, une jolie balade de 220 km, avec les îles . Cependant la « petite mer » ne m’ est pas totalement inconnue. J’ai en effet déjà bouclé la presqu’île de Rhuys, sillonné par le passé l’Ile aux Moines, l’ïle d’Arz et remonté le sentier

de Locmariaquer jusqu’à Crach. Je vais donc profiter d’un nouveau séjour à Sarzeau pour découvrir avec Christine, la régionale de l’étape, la portion entre Vannes et Arradon par le fameux sentier côtier, soit près de 25km. C’est l’occasion de refaire un détour par les remparts et les jardins de Vannes. Ce jour de juillet la ville se réveille de ses folies de la veille. Le bal annuel des pompiers a réuni plus de 10 000 personnes et les préparatifs du festival jazz estival vont bon train. Le GR part de la rive ouest du port pour longer le bras de mer jusqu’au nouvel embarcadère. L’époque où les Vedettes Vertes appareillaient du centre est bien loin.
L ‘importante flotte de la Compagnie des Îles actuelle avait besoin d’espace vu qu’elle transporte désormais chaque été des milliers de touristes dans le Golfe et vers les îles d’Houat, Hoëdic, Belle-Île… Sur les premiers kilomètres le sentier est parfaitement large, lisse, trop aseptisé à mon goût. Il fait ici le bonheur des joggers et des promeneurs. Il faut atteindre le bourg de Campen pour qu’il retrouve enfin un caractère plus sauvage.
Le chemin s’enfonce alors dans les premières forêts de chênes et flirte avec les vasières. De petits échassiers y partagent ces étendues avec mouettes et goélands dont seuls les cris brisent le prodigieux silence. Le GR34 serpente de criques en étiers profonds comme des fjords qui rallongent l’itinéraire de plusieurs kilomètres et nous donnent l’impression de ne guère progresser. Parfois il frôle de quelques encablures les grandes îles du golfe, on

s’y rendrait presque d’un pas. Les bateaux de croisières circulent ici dans d’étroits chenaux avec une surprenante aisance malgré le peu d’eau et les courants. Le décors change à marée basse en nous faisant découvrir des grèves insoupçonnées ou en forçant le marcheur à s’écarter de la rive vers d’autres décors lorsque l’océan inonde à nouveau le golfe . Campings, petits ports animés, multitude de bateaux accrochés aux corps-morts, le golfe grouille de monde par endroits. Nous improvisons un pique-nique sous les pins devant Port-Anna de la pointe de Séné avant de poursuivre vers Arradon. Le GR34 a gagné le droit d’exister grâce à l’initiative de

quelques passionnés dans les années 70. Il se déroule souvent sur des passages de pierre aménagés le long des propriétés privées qui lui ont céder quelques mètres. Ces « trottoirs de la mer » sont bien pratiques pour suivre cet itinéraire mi-terrestre, mi aquatique marée haute. Les GRistes sont peu nombreux. Nous croisons un couple de randonneurs lourdement chargé qui remonte vers Lorient. Ce soir ils dormiront à la belle étoile en camping sauvage. Une jeune fille voyage elle aussi en autonomie totale, en solo. Elle commence un tour de France sur le GR34 et ce voyage lui prendra bien sûr plusieurs étés. Ces côtes parfois tempétueuses, aux plages si douces restent un formidable terrain d’aventure. L’arrivée à Moustoir d’Arradon marque la fin de notre randonnée. C’est ici que nous devons reprendre le bus 23 qui nous ramènera en ville puis un la ligne 4 vers Sarzeau. Avec une fréquence estivale plutôt réduite, mieux vaut être soit patient soit prévoyant. N’étant ni l’un ni l’autre, je choisis l’option autostop, une formule qui marche assez bien en Bretagne. Il me reste encore des kilomètres à parcourir avant d’en avoir fini avec le Golfe. Je sais déjà que je reviendrai y marcher , déguster des huîtres à l’improviste chez un mareyeur et m’éblouir du soleil couchant sur les dunes.
Infos pratiques Golfe du Morbihan
-Prévoyez parfois votre itinéraire selon les marées. Certains passages sont submergés à marée haute . Emportez suffisamment d’eau et de ravitaillement. Le GR34 est interdit aux vélos. Le camping sauvage est théoriquement aussi interdit

– si vous n’êtes pas en voiture, le réseau de bus Kiceo pratique un tarif unique d’1,50 € et fonctionne très bien. Retirez les horaires aux divers offices de tourisme. Pensez également à la solution bateau pour vous déplacer dans le golfe. Dès septembre, la fréquence des liaisons est considérablement réduite.

Ah, le GR34… il me fait rêver ! Il est sur ma liste des randonnées que je voudrais faire en 2019. Je ne ferai pas forcément tout à pied, je pense que je prendrai un peu le bus aussi, mais à chaque fois que je vais en Bretagne cela me donne envie d’y rester plus longuement…
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