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« J’ai choisi de parcourir le Chemin Stevenson en plein hiver, comme un défi « 

François Le Rouzic, étudiant en physique, pur breton de 25 ans, taillé dans le granit assurément traité 100% inox, s’est lancé celui de parcourir le Chemin de Stevenson en plein hiver et sous la neige, en autonomie totale avec un sac de 24 kg ! Il revient sur cette rando de givré hors normes aux parfums d’aventure

 FLR . J’aime bien me lancer des défis et me dépasser, je suis sportif, je cours beaucoup donc je n’ai pas eu besoin d’une préparation physique particulière. Je me suis renseigné sur la météo en hiver en Lozère et dans les Cévennes et j’ai préparé mes affaires avec l’équipement adéquat pour ne prendre aucun risque. Je n’avais pas fait de chemin de grande randonnée avant celui de Stevenson, seulement des marches d’une semaine quand j’étais gamin.

Camping sauvage sur une aire de pique-nique au parc d’éoliennes de Chasseradès

Je cherchais un chemin sur lequel marcher entre une et deux semaines. Je me suis renseigné sur la grande traversée du Jura, le GR 509, mais il s’avéra un peu trop long pour le parcourir en une dizaine de jours. J’ai regardé alors vers le Tour du Mont Blanc mais le chemin est trop dangereux en hiver. J’ai donc choisi le chemin de Stevenson, l’itinéraire mythique de moyenne montagne et pas trop escarpé. Je limitais donc les risques en cette saison. J’étais parti avec l’idée de m’arrêter là où je trouverais un endroit où planter ma tente le soir, pas loin d’une ville ou d’un village dans l’idéal, ne sachant pas vraiment quelle distance je pouvais parcourir en une journée en fonction du terrain, de la météo, de la quantité de neige et surtout du poids de mon sac ».  Celui-ci était de 24kg au départ dont environ 10kg de nourriture (Lyophilisé, barre de céréales, saucisson, fruit sec..).  Il ne pesait plus que  15/16kg à l’arrivée !  

la route du Mont Lozère lors de la descente vers Finiels
Saint-four du Mercoire dans son écrin immaculé .. un grand moment de solitude aussi .
La montée du Pont de Monvert..parfois de la neige jusqu’aux genoux

En liberté totale , avec une bonne dose d’impro, je voulais tester l’autonomie complète et savoir si c’était réalisable. (je n’ai pas dit raisonnable ! ). Aujourd’hui je pense que le plus efficace serait sans doute de partir avec 5/6 jours d’autonomie et de me ravitailler en cours de route. J’avais emporté probablement un peu plus que le strict nécessaire pour être sûr de ne manquer de rien. Si je repars dans une aventure similaire, je sais mieux désormais à quoi m’attendre et comment réduire cette charge excessive. Côté mental, à aucun moment je ne me suis senti en danger ou découragé. J’ai quand même passé deux nuits à l’hôtel pour que le chemin reste un plaisir et pas uniquement un défi physique. Je n’ai pas vraiment eu de moment de doute, même dans les phases difficiles.

La montée du Mont Lozère depuis le Bleymard sous le regard (bovin !) d’un admirateur de poids !

Notamment à partir du 5ème jour, l’humidité ambiante commençait à être un peu gênante mais je m’y attendais. Sinon, la montée vers le col du Bougès a été un peu longue à cause de la quantité de neige sur le chemin. Par endroit je m’y enfonçais jusqu’aux genoux !  Au sommet, il y avait beaucoup de vent, la progression devint difficile . J’ai même dû m’abriter derrière un local électrique au sommet pour me restaurer à l’abri des rafales de vent. Je voulais arriver à Florac le soir, c’était une longue étape de 34km et  je suis arrivé de nuit !

«  A aucun moment je ne me suis senti en danger ou découragé « 


Le mental fut bon tout du long, j’avançais à mon rythme et je n’ai manqué de rien. Chaque jour je me rapprochais de mon but avec un sac de moins en moins lourd et moins de neige sur les dernières étapes. La solitude ne m’a pas dérangé, au contraire, ce moment hors de la « civilisation » m’a fait du bien. Je n’en étais pas complètement déconnecté pour autant, j’avais mon portable afin de  pouvoir donner de mes nouvelles de temps en temps. J’ai quand même apprécié les échanges que j’ai pu avoir avec les gens que j’ai croisés.

Le Pont Monvert m’attendait pour enfin une nuit au sec

Bilan : En hiver tout est calme, c’est un euphémisme ! J’ai marché des jours sans jamais croiser quelqu’un sur les chemins. J’observais simplement  ici et là quelques traces d’animaux dans la neige. Pour une telle balade hivernale, il ne faut pas avoir peur de se retrouver seul avec soi-même.  Pour ceux qui voudraient tenter cette expérience , il faut vraiment un équipement adapté. Veillez notamment à choisir plutôt une tente double-paroies qui supportera mieux le poids de la neige, un bon duvet et un bon tapis de sol sur un terrain humide et glacé. Il faut également prendre le soin de manger chaud au moins une fois par jour. N’hésitez pas à faire un détour si nécessaire pour éviter de vous retrouver dans des situations cocasses voire galère . La météo est parfois capricieuse mais la beauté de ces paysages enneigés, presque insolites récompensera tous vos efforts . Courage !

Texte et photos de François Le Rouzic

Le matériel de François :
Sac (Forclaz MT900 Symbium 70+10L ) : 24 kg au départ !
2 tapis de sol. Un en mousse (Rvalue ~2) et un matelas gonflable (Forclaz MT500 Air) (Rvalue ~1,5)
Duvet (Valandré Bloody Mary T°Confort ~5,4°C)et une polaire fine en habits de rechange
Drap en soie – Un sursac (Millet Bivy bag)
Tente (Forclaz MT 900 ultralight)
Petit rechaud, une bombonne de gaz, popote (Forclaz MT500)
Doudoune chaude au cas ou (Simond makalu)
Une paire de gants – couverture de survie
Petite pelle et paire de crampons
Petit kit de survie (Un briquet, des mèches allume feux, une boussole, des piles de rechange, un filtre à eau, du scotch américain, un morceau de corde)
Trousse de toilette avec pansements, compresses, bandages, de l’antiseptique.
Veste imperméable (Quechua MH900)
Une paire de lunette – Des bâtons (Forclaz MT500)
Un parapluie – une lampe frontale (Petzl Actik Core)
Un couteau – Une batterie externe
Une poche à eau dans le sachant (3L)
2 petites gourdes dans les poches extérieures. (2x500ml)
Une carte du chemin de Stevenson

Nourriture
Barres de céréales protéïnées, gateaux sec, fruits sec, saucisson, lait concentré, café en poudre, plats lyophilisés pour le matin et le soir dans un sac étanche, eau.


Vêtements
Des guêtres
Pantalon chaud déperlant (Quechua SH500 X-WARM)
Doudoune légère (Forclaz MT100)
Veste Softshell (Forclaz MT500 Windwarm)
T-shirt manche longues en laine mérinos
une paire de chaussette en laine mérinos
Chaussure de marche mi-haute (Salomon X Ultra 3 MID gtx)
Un bonnet – une paire de gants – une paire de sous gants en laine mérinos