60 km de randonnée sur la trace du mur de Berlin

La carte d'époque des éléments fortifiés qui marquèrent la séparation de Berlin en 1961 Cette carte d’époque montre les divers éléments fortifiés qui marquèrent la séparation de Berlin en 1961. En marchant le long de ce mur, on se demande quelle logique ou stratégie ont suivi les bâtisseurs !

Le 9 novembre 2014, la ville de Berlin commémora le  25e anniversaire de la chute du mur (1989). La réunification des deux Allemagne sera proclamée en septembre 1990. Ce symbole de la Guerre Froide fut érigé dans la nuit du 13 aout 1961 par la RDA lorsque des dizaines de milliers habitants du pays rejoignaient de plus en plus nombreux l’Allemagne de l’Ouest. Ce jour-là Berlin fut coupé en deux provoquant de tragiques séparations .

DSCN1120 Après la démolition du Mur, les autorités ne laissèrent que deux rangées de pavés pour marquer son emplacement. Aujourd’hui sa trace se perd sous le bitume des nouvelles constructions ou la végétation.

En peu de temps, lespremiers fils barbelés seront remplacés par des ouvrages en ciment bordant un no man’s land , un double mur ou patrouillaient les vopo avec leur chien et ou étaient disposés des systèmes  de tirs automatiques. Durant ces 25 ans , de nombreux berlinois de l’Est tentèrent par tous les moyens de le franchir , près de 200 y laissèrent leur vie. Un quart de siècle plus tard que reste-t-il de cet ouvrage ? Pour le découvrir, j’ai parcouru en compagnie de d’une amie berlinoise plus de 60 km sur la trace de ce mur matérialisé aujourd’hui pas une double rangée de gros pavés. Sachant que Berlin-Ouest fut totalement ceint de mur dans les années suivantes et ne fut ravitaillé que par un incroyable pont aérien mis en place par les Alliés. Ayant décidé de réaliser cette rando étalée sur trois jours,  du nord au sud, nous partons de la gare d’Hermsdorf, non loin de l’aéroport  International de Tegel. Immédiatement, on se rend compte qu’il n’est pas facile de retrouver la trace ce mur sur cette partie du parcours ! Durant des décennies, les constructions, les parcs, les routes effacent progressivement l’histoire. Un peu perdu nous demandons à plusieurs reprises notre chemin à des habitants du quartiers. Ils ont une vague idée de son emplacement et nous conseillent de remonter vers le nord.  Par chance , on tombe sur un papy en vélo qui sillonne le parc naturel . Avec gentillesse, il étale ses cartes et nous donne enfin une vision plus précise de cette trace.

DSCN0977 Pour la nouvelle génération, le Mur de Berlin semble parfois un boulet historique à traîner. Ce vestige des années noires attirent bien sûr quantité de touristes. De quoi susciter encore plus d’exaspération !
DSCN1036 La Traban symbolise toujours le côté rustique de l’ex-RDA . Elle fait désormais le bonheur des collectionneurs.

Les panneaux de balisage  « Berliner Mauer » apparaissent enfin , ouf ! Nous marchons en pleine campagne dans l’ex-RDA, quelques panneaux montrent les vues aériennes de la région, d’autres décrivent certains sites historiques comme  une ancien camp de travail ou de malheureux immigrés de l’Europe de l’Est s’épuisaient aux champs. Souvent  j’essayais d’imaginer ce paysage avec ce mur sordide en plein hiver, ces gardes frontières tirant à vue et ces quelques fous qui tentent de fuir par la rivière gelée en pleine nuit. Et cette vision me glaça le sang. Il nous faut ainsi parcourir plus de 15 km pour toucher les quartiers habités de Berlin. Cette ville étonnante fut en fait constituée d’une agglomération d’anciens  petits bourgs, une capitale vaste désormais comme 5 fois Paris ! Autre constatation, ce mur fut tracé à la hâte entre les habitations et les rues sans vraiment de logique . Autrement dit, le randonneur est soumis à de nombreuses bifurcations et doit veiller à ne pas perdre de vue le balisage .  Inutile d’ajouter que nous l’avons paumé et rechercher à plusieurs reprises, sur la carte , avec le GPS de l’Iphone, en interpelant des commerçants du coin. Force est de constater que la nouvelle génération de Berlinois ou les nouveaux immigrés turcs n’ont qu’une vague idée de l’emplacement du mur.  Non loin de Pankow, nous arrivons par le Mauer Park, site fréquenté par les Berlinois lors du marché au puces hebdomadaire. Enfin, le mur se dresse à Gedenkstätte.  Après la chute du mur, l’ouvrage a été revendu par morceaux à prix d’or, des tonnes de ciment aussi servi à la construction de routes . Comme si Berlin avait voulu effacer cette  Nous sommes maintenant au coeur de Berlin, c’est à dire dans un sympathique enfer touristique où le mur occupe une place de choix.  La trace nous plante devant le Reichtag dont le dôme de verre resplendit sous un pâle soleil. La police nous invite gentiment à contourner l’obstacle imposant pour des raisons de sécurité. De l’autre côté de l’édifice, nous prenons la direction de la porte de Brandebug qui est à Berlin ce qu’est l’Arc de Triomphe à Paris.  Les Champs Elysées s’appellent ici  Unter Den Linden, une avenue tout aussi bondée. Rappelons que cet édifice emblématique se retrouvait à l’Est lors de la construction du mur. En longeant le Tiegarden, le parc central de la ville, nous sommes de nouveau face au passé tragique de l’Allemagne.  Non loin du mémorial de l’Holocauste, un autre mémorial rend hommage aux déportés homosexuels des camps nazis. La double rangée de pavés disparaitra souvent sous nos yeux , engloutie ici par un restaurant , un pont , un espace vert . Les Berlinois y a garent dessus  leur voiture désormais sans même y songer alors que les touristes immortalisent leur visite par d’innombrables photos ou selfies. Arrivés à la Pozdamer Platz, le mur occupe un nouvel espace avec quelques blocs et une description historique succincte de sa contruction. Clic-clac et direction plein Est depuis le quartier de Mitte pour rejoindre un musée récent construit aux abords de vestige du mur : la Topographie de la Terreur. Nous nous trouvons ici dans le secteur qui fut le quartier général de la Gestapo. Des fouilles ont permis de dégager à ciel ouvert les géoles de la police nazi. Un long parcours rectiligne y  retrace en images et textes l’anéantissement de la ville de Varsovie par Hitler.  Ce site exceptionnel, dont l’entrée est gratuit fait cheminer le visiteur dans une chronologie terrifiante  subliment illustrée et commentée de la montée du nazisme ainsi que du rôle qui jouait la Gestapo. On en sort un peu sonné avant de faire un détour plus léger par l’incontournable Check Point Charlie.  Sur ce carrefour mythique sur la Friedrichstrasse, ancien point de contrôle C entre Berlin Ouest et Berlin Est contrôlé par les Américains,  les boutiques de souvenirs s’agglutinent, jouxtant les musées dédiés au mur et à ses évasions spectaculaires , les bars couleur RDA , les restaurants option déco Traban ou uniformes russes , toute une industrie touristique érigée  au souvenir, à l’exploitation du mur,  bref du business 100% béton. Certains Berlinois affichent d’ailleurs un certain ras-le-bol de ces vagues touristiques perpétuelles pourtant si lucratives pour l’économie locale. Ce tracé du Mur de Berlin nous conduit au Mémorial du Mur sur la BernauerStrass , plus de 30 personnes y sont mortes.

DSCN1053 De nombreux Berlinois de l’Est tentèrent durant 25 ans de franchir la double-rangée de béton et ce no man’s land piègé. 137 personnes payèrent de leur vie ces tentatives pour rejoindre l’Ouest . Un mémorial a été bâti en souvenir de leur courage et leur sacrifice pour la liberté.

Le Mur y est ici symbolisé par une longue haie de poteaux en acier coloré. Sur deux cents mètres, on y découvre certains vestiges du mur notamment les fosses qui servaient à bloquer d’éventuelles intrusion de véhicules . Un bâtiment surmonté d’une terrasse offre aux  visiteurs une vue panoramique sur une des rues les plus représentatives de cette douloureuse construction, avec notamment des photos géantes imprimées sur les immeubles . C’est aussi l’occasion de découvrir de portraits de tous ceux qui ont laissé leur vie quelques part le long des 163 km du mur encerclant Berlin Ouest. De Mitte nous passons dans le quartier de Friedrichshain et Kreuzberg afin de rejoindre l’East Side Gallery. Le mur se déroule sur près d’un kilomètre le long de la rivière Spree, côté Berlin-Est. Plus de 100 artistes du monde entier y ont peint toutes sortes de messages, de tableaux ou de tags. On peut y voir bien sur le célèbre ‘baiser de l’amitié » entre Erich Honecker et Léonid Brejnev. Après avoir franchit le fameux pont Oberbaumbrüke, style néo-féodal aux allures de Lego, nous voilà reperdus ! La signalétique a disparu, rien ne figure au sol . Par chance je retrouve sur mon Iphone le pdf chargé sur http://www.berlin.de illustrant bien ce parcours urbain. En quittant le centre de Berlin, nous retrouvons peu à peu la campagne et très vite des espaces verdoyants plutôt désert. La copine fait les fonds de son sac, en sort quelques biscuits et une pomme . Il me reste quelques barres de céréales et un litre dans le Camel bag. Le parcours devient alors  rectiligne , on se perd de nouveau en traversant une grande rivière , le mur est sensé la suivre . Devant nous , près de 2 kilomètres de lignes droite, une piste cyclable interminable. Pas un bistrot à l’horizon, pas un robinet. Et pour couronner le tout, l’autoroute en parallèle !  18 km de marche , nous commençons à avoir réellement un gros creux  et on se demande comment rentrer à la maison. Un peu crevé, on décide de quitter la trace du mur pour nous ravitailler dans un centre commercial situé miraculeusement à 500 m de là en franchissant l’autoroute. Après un déjeuner copieux  à la cafétaria d’un magasin de bricolage, la berlinoise veut pousser le compteur.  Sachant que l’on aimerait bien boucler plus tard la totalité du mur , soit près de 100 km .  Il est près 17h00, le soleil décline  et il est temps de rentrer. Un peu perdu, dans les quartiers de Treptow-Kopenick nous errons entre les bâtiments de l’usine géante Audi, un bus apparait au loin. Il nous mènera jusqu’à la gare du S-Bahn.

il faut environ trois de randonnée pour suivre cette portion du Mur de Berlin . Le tour complet mesure 160 km et il est relativement bien balisé. Toutefois, prévoyez carte et GPS , il se perd parfois sur un parking ou dans la végétation. Contournez les obstacles ! il faut environ trois jours de randonnée pour suivre cette portion du Mur de Berlin sur 60 km . Le tour complet mesure 160 km et il est relativement bien balisé. Toutefois, prévoyez carte et GPS , il se perd parfois sur un parking ou dans la végétation. Contournez les obstacles !

Ces trois jours de randonnée nous ont permis de découvrir des quartiers peu connus de Berlin,parfois intéressants, parfois insignifiants. Le Mur disparait peu à peu du paysage,  peut être de la mémoire des Berlinois. Pourtant lors de ce 25e anniversaire de la chute du mur, la ville a mis le paquet. Du 7 au 9 novembre, autochtones et touristes participeront à cette fête. Plus de 8000 ballons éclairés et gonflés à l’hélium ont été disposés sur 15 km. Artistes, acteurs, écoliers, sportifs y accrocheront des messages de paix et de fraternité. Dans la nuit du 9 novembre; ils seront lâchés dans le ciel de la ville. Sur ce tracé, les organisateurs ont disposé un stand tous les 150 m. Chacun y raconte une histoire, celle d’un homme ou d’une femme qui a péri ou survécu en franchissant le mur, tout un symbole de liberté.

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