20 km contre la montre, un dimanche, à la rencontre du père Noël

trace-rando-271116On le dit d’habitude au pôle nord, quelque part près du cercle arctique.. Geneviève, notre guide de rando du jour affirmait le trouver à Janvry  dans l’Essonne (91) , et même qu’il ne fallait pas tarder car il passerait vers 15h00 . Alors on l’a cru et nous sommes parti ce dimanche matin de la Gare d’Austerlitz vers Dourdan. Après tout ce n’est pas tous les jours qu’il passe  en banlieue le vieillard avec son attelage de rennes. D’habitude, il vient plutôt le 25 décembre déposer ses cadeaux dans les pompes toujours un peu boueuses des randonneurs. Sans doute avait-il pris de l’avance dans sa tournée? ??  Quoiqu’il en soit il fallait marcher au moins 12 km depuis la gare de Breuillet-Bruyère-le-Chatel, un bourg qui m’était à ce jour totalement inconnu . Alors on a tous mis le turbo à travers la plaine et les petits bois qui caractérisent ce coin de grande banlieue parisienne. Pour faire plus vrai, Geneviève avait même commandé un vent glacial et il ne manquait plus que la neige. Au loin, les chasseurs envoyaient gravement du plomb sur tout ce qui devait bouger .img_5823 Et on s’est dit que le Père Noël faisait bien de ne pas traîner en traîneau dans le secteur. Car après l’apéro de  10 heures et le pousse-café, le chasseur a généralement un peu de mal à faire la différence entre  un chevreuil et un renne. Après trois heures à bloc, le groupe est arrivé enfin à Janvry. Les alentours du village ressemblaient à un parking de Super U , vu que sa population avait quintuplé ce matin là . Toute la région avait eu la même idée que nous et s’était concentrée sur le marché de Noël local. A l’entrée, une collection de tracteurs anciens alignés au cordeau nous rappela le caractère rural de l’Essonnes, la terre  promise des betteraviers . Quelques centaines de mètres plus loin, une énorme bulle de plastique avait recouvert la fontaine et abritait un décor sans ambiguïté sur l’évènement. Bref le tout ressemblait à une énorme boule à neige et je mourrais d’envie de la retourner histoire de voir tomber les flocons. (Je ne me lasse pas des boules à neige, on agite et c’est la tempête assurée sur Rome, Marseille, Tokyo ..img_5827 Et quand la neige cesse de tomber en tapissant le fond en plastoc , on recommence sans fin. Que , du rêve, du kitch, du bonheur à deux balles) . Une longue queue s’était formée à l’entrée de l’église. D’abord je me suis dis que toute la région avait une sacrée crise de foi. Puis Geneviève nous a informé que le lieu accueillait en fait une exposition de crèches issues du monde entier. J’en conclus  avec lucidité que la chrétienté avait encore de beaux jours devant elle tant que perdurerait le caractère universel de cette fête millénaire . Sur le coup, on en discuta brièvement avec mon pote Patrick . Il me déclara ne pas être opposé aux crèches tant qu’il ne les voyait pas dans les halls de mairie ! Il est comme ça Patrick. L’horloge indiquait 12h30 et c’était quartier libre pour le groupe de randonneurs, avec un rendez-vous fixé à 13h30 pour le pique-nique dans le jardin de la mairie. Un peu crevé j’optais d’abord pour une pause au soleil sur un banc de pierre aux côtés d’une mamie avec chiens. img_5831L’incontournable petit train transportait les familles je ne sais où dans les alentours. Très affûté en mécanique et passionné de trains , notre copain Michel ne put réfréner l’envie de questionner le conducteur sur la drôle de bécane qui tirait les 5 lourds wagons. Celui-ci lui révéla que malgré les apparences, la loco n’était pas constituée d’un moteur de 4L,  mais fut dans une vie antérieure un tracteur d’avions sur les tarmacs, une bécane au couple incroyable. Comme quoi les visites champêtres peuvent avoir un intérêt insoupçonné pour le randonneur curieux et avide de connaissances. Cette intéressante révélation estompa un peu notre déception d’apprendre que le père Noël venait de passer à 11h00 et qu’il reviendrait vers 15h00 après la sieste des rennes, probablement. On l’avait raté de peu, pas de bol. A défaut de rencontrer le  vrai, je me rabattais sur son clone qui se balançait dans les parages accroché à une nacelle de ballon dirigeable en osier  tressé main. img_5836Si ! Suite à un incident technique il s’était surement échoué dans la  pergola  du village après un dérapage incontrôlé dans les airs avec des rennes encore peu entraînés. Je levais les yeux pour glaner des infos en altitude et là j’aperçus que le ballon avait disparu et laissé place à une composition de crèche aérienne , réduite à Jésus emmailloté , Marie et son père Joseph. Soit. Après tout il était le fils de Dieu  et ignorait alors qu’il ferait plus tard des allers-retours entre  la terre et les cieux. Je pénétrais dans le marché, me frayant un chemin entre les poussettes et une procession folklorique chantante et dansante. Arrivé à hauteur du stand « Tartiflette » , non loin de l’étale « fars bretons et Kouign-amann » , je tentais une entrée dans le bâtiment restauré et orné pour l’occasion d’anges en polystyrène doré à la bombe et d’étoiles géantes. A l’intérieur de la ruche, une foule massive se pressait attirée  par les monticules de foies gras et les amas de charcuteries. Cette vision m’ouvrit l’appétit et je décidais de rejoindre mes camarades au jardin de la mairie pour le pique-nique. Mon Tupperware contenait un pauvre sandwich, une tomate et des fruits. Le tout faisait pitié face à la débauche gastronomique du marché.img_5828 J’allais rapidement me venger au dessert en pénétrant à nouveau dans l’enceinte surpeuplée, à la recherche d’une gaufre ! Après 10 mn d’ errance, je trouvais enfin  mon eldorado des délices. La serveuse sortit un paquet neuf de 10 gaufres industrielles ,  en réchauffa une  et me demanda 2,20€ . Résignation. Une vision magique d’une autre époque ressurgit de ma mémoire. C’était une fête foraine, une jeune femme versait une louche de crème dans un moule en fonte. Je sentais déjà l’odeur sucrée de la pâte cuisant dans les alvéoles. Elle retournait le moule sur les deux faces, puis le chef d’œuvre achevé, elle le décollait et le saupoudrait copieusement de sucre . La gaufre me brûlait les doigts, le vent faisait voler le sucre  sur mon blouson. Divin ! Je sortais de mon songe, la serveuse me tendit la brique tiédasse et un café dans un verre en plastique. Plantés au milieu de l’allée,  quelques membres du groupe sirotaient l’incontournable vin chaud. Le soleil d’hiver chauffait divinement le village, les enfants  emmitouflés dans des doudounes circulaient avec des ballons colorés et ce marché de Janvry  prenait des allures de station de sports d’hiver. A 14h30 déçus de ne pas pu rencontrer le vieillard à la barbe blanche , nous avons quitté le village à vitesse moyenne, un peu anesthésiés par le vin chaud et le porto blanc de Patrick.  La remontée vers Bure-Sur Yvette se montra un peu chaotique,  Geneviève se perdit dans les allées résidences de pavillons, en bordure d’une autoroute traversée ici et là par des lignes à haute tension de 400.000 volts me précisa Michel. Respect. Un couple autochtones asiatiques nous orienta alors dans la mauvaise direction, je sortis le GPS pour remettre le groupe dans le droit chemin à travers un petit bois et rejoindre le centre commercial des Ulis 2 . On avait loupé la gare de Bure et il était presque 17h.  Sans le vouloir nous sommes donc repartis de  la gare de la Hacquinière en direction de Paris. Un vrai miracle de Noël !

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