
L’ exploration de la Seine-et-Marne est infinie . On croit en avoir fait le tour mais il suffit de d’un arrêt de train jusqu’alors inconnu pour découvrir d’autres paysages voire un trésor caché. Ce jour-là une météo maussade n’encourageait guère le randonneur à s’élancer toute une journée sur les sentiers d’Ile-de-France, au départ de Faremoutiers . Le nom de Coulommiers évoquait le fromage AOC et la promesse d’un marché de Noël à la fameuse Commanderie des Templiers de la ville, de quoi me convaincre de m’arracher à la douillette torpeur dominicale. Et puis il n’y avait que 19 km de gare à gare, autant dire une promenade de santé . J’en profitais pour m’équiper du dernier sac à dos Osprey afin de le tester en situation à la demande de l’importateur . Vanitas , Vanitas, Trekkingzone reçoit désormais quelques lauriers ! (Bien mérités, avec tout le mal que je me donne ! ) Toutefois, vous ne connaitrez les résultats de ce test qu’en janvier 2019, embargo oblige. Vu le climat humide, j’ ai eu toute latitude à évaluer notamment son étanchéité !
Nous stoppions donc notre progression au bout de 13 km, la faim tiraillant notre petit groupe de 10 randonneurs mené d’une allure soutenue par Geneviève. A ma connaissance elle demeure la seule guide traitée 100% inox et capable de transporter un parapluie, une chaise pliante, des bâtons etc.. A vrai dire personne ne connaît l’exact contenu de son sac. Le pique-nique fut également expédié tambour-battant, une nouvelle averse menaçant. Carte plastifiée en main d’un bout à l’autre d’un parcours à la fois boisé et agricole, la baroudeuse nous conduisit sans encombre jusqu’à la place forte de Coulommiers, la dite-commanderie. Là quelques chevaliers en tenue de croisés médiévaux s’affrontaient à coup de lourdes épées au milieu d’un campement. Des buches enflammées au pied des tentes blanches réchauffaient les âmes et les corps alors que les cracheurs de feu illuminaient le gris du décor de leurs jets d’alcool flamboyant . Ici et là des gueuses en guenille d’époque et des gentes dames au cœur croisé discret accueillaient le visiteur du dimanche avant qu’il ne file dans l’immense grange pour acquérir les victuailles des fêtes imminentes garanties bio de chez bio.
Le groupe profita du lieu pour parfaire ses connaissances des huit croisades qui s’échelonnèrent du XI au XIIIe siècle, de vraies expéditions dont personne n’ avait la certitude de revenir vivant ou en un seul morceau. Le fait de reprendre soudain un train pour rejoindre la gare de l’Est à Paris en une heure me parut bien désuet en face de l’aventure de ces hommes flanqués de la croix . Je me repris rapidement , songeant qu’après tout moi aussi j’avais enchainé quatre chemins de Compostelle en parcourant à chaque fois plus de 800 km ! Bon d’accord, sans l’armure de 25à 30 kg mais avec cette même foi ou détermination. Après quelques modernes selfies Monique, notre blonde camarade de route abandonna à regret les beaux chevaliers, hélas voués paraît-il à la chasteté et à la gloire de Dieu. Vu le faible nombre de carrioles électriques en ce XXIe siècle en effervescence, il fallut traverser Coulommiers encore au pas de charge afin d’atteindre la gare dans les délais. Nous reviendrons en Seine-et-Marne nous plonger dans son histoire et vite profiter de sa nature avant que ces vilains, les perfides promoteurs immobiliers de la région, ne la dévisagent au fil des ans. La nouvelle croisade du randonneur contre le béton a déjà commencé !
Téléchargez la trace de cette randonnée : https://www.visugpx.com/HYsVLZmgyF.