Les randonneurs descendent du train à Bois-le-Roi, d’autres poursuivent jusqu’à l’arrêt en forêt ou vers Fontainebleau . Alors durant les cinq heures de marche, il me reste juste à contempler le décor d’un forêt endormie, métamorphosée .
La brume de décembre recouvre le domaine royal et persistera tout au long de la journée en lui donnant cet aspect tropical si cher. Le sol sablonneux absorbe l’excès de pluie, l’humus dissimule les racines scélérates, l’humidité des rocks a découragé les grimpeurs et les familles frileuses. Les GR1, GR11 E s’enfoncent ainsi dans cet univers végétal et minéral et se taillent parfois à la serpe à angles aigus en suivant les allées rectilignes.
Puis soudain, le relief reprend le pouvoir sur les sentiers Delecourt-Colinet balisés de bleu, le chemin devient tortueux, contournent les blocs ou y pénètrent pour torturer les grands gabarits. On s’y faufile , le sac à dos rape le calcaire . Des troncs brisés par les dernières tempêtes jonchent le sol, la mousse et les lichens ont repeint le décor de jaune et d’ocre. Les chênes dénudés étendent leurs ramures dans les grandes largeurs.
Du haut de la ligne de crête des Rochers d’Apremont, 20.000 ha et des millénaires d’érosion vous contemplent ! l’ONF semble avoir installer des bancs spécialement pour admirer le paysage en pique-niquant. Les marques rouges et blanches du GR s’égrainent sur le plateau rocheux couvert de pins, les blocs s’espacent. Le retour vers le Fontainebleau et sa gare d’Avon se fait par le Nord. Les jambes mises à l’épreuve par les 25 km et la succession de bosses se font douloureuses. Le soir tombe lentement et la ville toute proche s’illumine, je guette le bruit des trains comme une délivrance. Le quai vers Paris est bondé de voyageurs évadés de la ville, la forêt s’éloigne , je regrette déjà son silence.