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Randonneurs et VTT, une cohabitation souvent tendue en Ile-de-France et en montagne.

Surpopulation les week-ends, différences de vitesse, intolérance réciproque, dégradations des pistes et pour finir agressions. Certains sentiers de randonnée connaissent depuis un moment une ambiance dégradée. Pourquoi tant de haine et comment y remédier ?! Eléments de réponse.

Depuis quelques mois la cohabitation entre les pratiquants de VTT et les randonneurs s’est dégradée pour ne pas dire est devenue explosive entre les deux pratiques sur quelques massifs . Planches cloutées, câbles tendus à hauteur de guidon, on dénombre de véritables pièges dressés contre les cyclistes, des actions soldées par de graves blessures. Comment expliquer cette exaspération des randonneurs et cette dérive intolérable ? En tant que marcheur très régulier en île-de-France depuis près de quinze ans j’observe plusieurs phénomènes au vu de chiffres significatifs. Le nombre de vélos est passé de 20.000 en France en 1976 à plus d’1 million en 2021. L’attrait des sports nature ne cesse d’augmenter depuis une décennie et la pratique du vélo et par la même du VTT affiche une forte croissance un peu partout dans l’Hexagone. Le Covid et les confinements successifs ont accentué encore la demande d’évasion et d’exercice. Cette discipline s’est largement répandue l’été en montagne . On trouve désormais de nombreux loueurs dans la plupart des ski shops.

Par ailleurs, le VAE (Vélo à Assistance Electrique) à l’origine urbain se décline désormais en modèles VTT extrêmement puissants ouvrant ainsi ascensions et descentes à une nouvelle population au demeurant plus ou moins expérimentée. Les sentiers de randonnée sont désormais le terrain de jeu des vttistes qui croisent fatalement les randonneurs. Cette envie de sport nature se traduisant également par une explosion de la randonnée pédestre, ces territoires connaissent désormais une surpopulation relative sur des sites très fréquentés le week-end . Les clubs de rando ont fait le plein et il est courant de voir sur les sentiers des groupes de 10 à 40 marcheurs.

Une cohabitation parfaitement possible avec un peu d’intelligence et de tolérance.

Des différences de vitesse incompatibles.

Cette petite guerre entre entre randonneurs et VTT me ramène dans les années 80 à l’époque où l’arrivée du snowboard bouscula l’ordre des stations de ski, avec aussi de nombreux accidents à la clef. Les larges trajectoires du snowboard se révéla en effet en opposition avec celles du ski traditionnel beaucoup plus courtes et les collisions se multiplièrent. Les jeunes pratiquants de snowboard au look « de nains à bonnet » furent carrément haïs voire bannis. Les stations ont ainsi dû vite réagir en créant de véritables snowparks adaptés à la pratique. Plus tard les ski de carving au profil très incurvé, très évolutifs, réuniront les deux frères ennemis de la glisse. Le VTT dans sa version sportive grand public souffre sans doute à l’heure actuelle des mêmes travers. La technologie du  » tout suspendu » avec freins à disque permet des descentes à bâtons rompus. Lors de mon séjour aux Angles dans les Pyrénées, j ‘ai pu mesurer l’ampleur de cette pratique 100% adrénaline. La station a dû opérer un balisage rigoureux avec notamment des panneaux d’avertissement aux croisements des GR et surtout différencier les sentiers de rando et ceux de VTT.

Un circuit spécial VTT de 8 km en forêt de Fontainebleau (Ph. Le Parisien)

De grandes régions de randonnée comme l’île-de-France sont confrontées à des problèmes de cohabitations encore plus aigus. Ces GR , PR , GRP sont à la fois fréquentés par des familles en balade évoluant entre 1 et 3 km/h, des groupes de marcheurs se déplaçant entre 4 et 6 km/h et enfin des VTTistes casqués avec coques de protection, déboulant entre 20 et 30 km/h . Tout est ici réuni pour créer une cohabitation conflictuelle à l’image de celle des trottinettes, vélos, scooters et auto en ville. A défaut que chacun s’autodiscipline et décide de partager l’espace, il va encore falloir réglementer. On a créé ainsi en forêt de Fontainebleau un circuit spécial VTT de 8 km et il doit déjà en exister d’autres.

Des sentiers de Compostelle de plus en plus adaptés au vélo.

Côté randonneurs, essayons de limiter les bouchons créés par des groupes trop importants et veiller à ne plus occuper toute la largeur des chemins. Rapide, technique, assisté, le vélo tout terrain est devenu indéniablement l’engin de toutes les aventures voire un véritable business. Après avoir parcouru cinq chemins de Compostelle, je constate que des dizaines de kilomètres de sentiers « mal pavés » ont été élargis et lissés (je dirais même « aseptisés ») pour accueillir cette nouvelle vague roulante.