Pour sa 11e édition, la Bossapas, rando radicale des Hauts de Seine, est encore monté en difficulté. Le parcours est passé de 33 à 35 km pour un dénivelé annoncé de 1300 m + . Les marcheurs moins gourmands ont pu se rabattre sur un itinéraire de 25km . Comme les années précédentes, ce véritable marathon passait par les trois forêts de la banlieue sud-ouest de Paris : Fausses-Reposes, Meudon et Clamart. Retour sur une randonnée où ça casse mais ça passe.

Le départ de la Bossapas se donne traditionnellement à la gare de Chaville Rive droite où la FFRP et le Conseil Général ont installé le village . Pour cette édition près de 760 randonneurs affluèrent de toute l’île de France dès 7h du matin afin de recevoir le roadbook où dos duquel figuraient notamment les cases destinées aux tampons des divers contrôles . Les départs bien orchestrés se sont échelonnés de 7h30 à 8h30, sans le moindre bouchon.
La Bossapas ne ressemble pas vraiment à une rando dominicale habituelle. Dès les premiers kilomètres, on remarque une réelle effervescence voire une envie d’en découdre avec le terrain . Car ce jour -là peu de randonneurs se lèvent aux aurores pour admirer le paysage mais pour réaliser une performance personnelle ou simplement relever le défi .
C’est parti ! Collant lycras de fitness, sourire de gagneuses, les premières retraitées surentrainées me doublent en tricotant des gambettes. Je laisse passer la meute qui déboule à près de 6km/h sachant que les yoyos incessant autour des étangs de Fausse-Reposes calment les ardeurs. Fort de quatre épreuves au compteur, je connaissais la musique. Rien ne pressait, la journée s’annonçait une fois encore longue et éprouvante, je profitais du pâle soleil matinal et du silence.

Après cette mise en jambes de 13 km sur les hauteurs de Ville d’Avray, la Bossapas propose un premier contrôle/ravitaillement aux étangs de Corot avant de poursuivre vers la forêt de Meudon en franchissant la D910. Le parcours s’élève jusqu’au plateau par un sentier plutôt raide. Là, les conversations s’arrêtent soudain d’un coup sous l’effort. Les bâtons s’avèrent ici plus qu’utiles dans cette côte qui m’a toujours parue interminable.
Arrivés enfin au point culminant du bois de Meudon, chacun reprend son souffle. Malgré le nombre important de randonneurs, pas de bousculade. Car la distance et les dénivelés ont déjà creusé les écarts en étirant cette masse humaine mouvante. Cette deuxième partie du parcours ne comporte plus de difficultés majeures. De longues et larges allées mènent à l’étang de Villebois où les organisateurs ont planté les tentes du point de contrôle n°2. Depuis deux ans ils offrent un vrai buffet pour le déjeuner. Une armée de bénévoles accueillent les marcheurs dans la bonne humeur, blaguent les filles et dirigent les participants vers leur destination. La majorité se contente des 25 km et repart repue et fière vers Chaville distante de 6 km . Ceux qui ont choisi les 35 km vont marcher durant 9 km supplémentaires dans la forêt de Clamart et revenir au même point de contrôle. Comme les années précédentes, je me cale sur un banc pour un pique-nique réparateur.

Ces 20 km presque non stop commencent à se faire sentir. Une légère brise balaie l’étang et le soleil joue dans les chênes et à travers les nuages, je me déchausse pour libérer mes pieds prisonniers depuis 6h du matin et torturés par ces montagnes russes. Curieusement, personne ne s’arrête ! Des groupes passent derrière moi pour se lancer vers le bois de Clamart., sans la moindre pause. Certains mangent même encore en marchant ! J’apprendrais plus tard que cette hâte est due à la crainte d’averses en fin d’après-midi. Le randonneur du dimanche n’est probablement pas traité inox…pffuuu . On est loin de l’édition 2016 où la pelouse grouillait de randonneurs étalés sur la berge et nourrissant les canards opportunistes. Je m’accorde une bonne demi-heure en terminant le repas par une tasse de café encore chaude tirée du Thermos. La boucle de Clamart débute par l’ascension d’un long escalier de rondins plutôt pentu. Les muscles refroidis et les marches trop longues ne facilitent pas ma reprise. J’ai toujours apprécié ce morceau de forêt accroché à la lisière de Clamart. C’est un petit condensé de la flore parisienne. Les chataîgniers sont légions

et je m’offre quelques arrêts pour ramasser des poignées de châtaignes hélas bien petites en cette année de sécheresse. Un peu distrait par ma récolte je vais louper la première marque orange de la journée. Je rattrape le chemin balisé un peu plus loin. Le parcours est volontairement biscornu pour assurer la distance et j’ ai l’impression parfois de revenir sur mes pas . Après deux heures de marche, je rejoins enfin le point de contrôle et son buffet . J’ai alors 29 km dans les pattes. Les tables sont encore bien garnies, je m’assoie durant un quart d’heure et engloutis raisin, madeleines, fromage. En rando, les derniers kilomètres sont toujours les plus durs , a fortiori sur la Bossapas mais il faut bien revenir à Chaville Rive droite , soit encore une heure et demie de marche ! Après avoir contourné l’imposant édifice supportant une nuée d’antennes relais qui domine le plateau de Meudon, j’amorce la descente vers le charmant étang de l’Ursine . Il commence à pleuvoir, rien de bien méchant, juste de quoi achever les marcheurs déjà bien usés par déjà onze cents mètres de dénivelé . Cependant les traceurs de la FFRP nous réserve à cet endroit un ultime obstacle. Je le connais trop bien alors que mes compagnons de route ignorent que le long sentier pierreux qui nous mène direct vers l’orée du bois, bifurque soudain à gauche et renvoie tout le monde 50 m plus haut ! La pente raide s’éternise, réveille mes vieilles douleurs de périostite, j’en vois à peine le sommet . Une nouvelle descente pour rien, je maudis intérieurement ces braves traceurs et martyrise les bâtons de carbone qui glissent entre les cailloux humides, les glands et les bogues de marrons en pagaille. Une fois la passerelle du RER franchie, nous revoilà au cœur de Chaville. Les jambes répondent mal aux sollicitations de l’escalier qui nous mènent la haut vers la gare et le QG. Encore quelques mètres pour rejoindre le bureau d’arrivée, retirer le diplôme d’honneur 2018 et piller une nouvelle fois le buffet. Game over. C’est l’heure du streching collectif proposé par l’organisation exemplaire. Avachi sur une chaise j’admire le spectacle des corps qui se dénouent , ou tente de le faire… mais sans moi . J’aviserai après la douche.
Cette édition de la Bossapas a rassemblé un sacré plateau de randonneurs parigots qui , comme moi, avaient choisi ce jour-là de repousser un peu plus leurs limites. J’ai avalé ces 35 km 100% casse-pattes en exactement 7 heures. Pas peu fier ! Bien préparé et en gérant la distance, rien de cassé. Juste une étrange et tenace douleur de fessiers venue d’ailleurs !
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