Serait-ce les grèves parisiennes qui me montent à la tête où la température clémente de cette fin d’automne qui me donne la fièvre au point de vous affliger d’un tel titre ?! Il faut dire qu’après un mois de repos forcé, je sors l’esprit ramolli d’une pré-hibernation convalescente afin de rejoindre les bois aux alentours de la capitale en état de siège syndical et renouer avec la randonnée en solo. Qu’importe si je connaissais cette forêt de Fausses Reposes et les étangs de Carot à Ville d’Avray dans leurs moindres sentiers, je me suis contenté d’égrener les kilomètres avec un vrai plaisir, de regarder cette nature familière se mettre au repos en abandonnant sa parure encore si exubérante quelques jours auparavant. Les chemins se sont tapissés de feuilles des chênes, de tilleuls ou de bouleaux en lente décomposition.Bref le grand confort du randonneur. Les forestiers ont débuté le grand ménage de saison. Les dernières tempêtes ont bouleversé le paysage et des troncs encombrent ici là les GR et PR .
Cet épouillage, ce dépouillement me révèlent de nouvelles lignes de perpective, celles des reliefs torturés de ma dernière Bossapas, cette rando sportive du 92. Je traverse les Haras de Jardy en extra-terrestre discret . Le look randonneur tranche avec celui des jeunes cavaliers bottes de cuir et culotte blanche. Je passe rapidement au milieu de ce complexe équestre tiré à quatre épingle décoré aux couleurs de Noël.
Un sous-terrain me conduit à une porte de sortie des haras vers la forêt et je reprends le chemin qui mène à la frontière de Versailles. Fausses Reposes ressemble à une cuvette, un véritable cadeau pour les VTT et adeptes du trail, un moment dur pour les gambettes des bambins à peine débarrassés des roulettes de leur vélo !! Aujourd’hui la boue décuple leur effort et leur plaisir, ça patine plutôt et les bâtons de marche ne sont pas de trop.
Mes sticks en carbone transpercent le tapis végétal, se heurtent aux racines et aux pierres sournoises. Je reconnais les pièges de ces sorties d’hiver lorsque le sol alterne entre la dureté de la terre gelée et l’âpreté de la glaise collante. Après une boucle de 12 km faits de sentiers et de larges allées, me revoici aux étangs, l’endroit idéal pour prendre un pique-nique réparateur à l’abri d’une brise fraîche de sud-ouest annonciatrice de la prochaine dégradation météo. La dose prescrite n’étant pas atteinte, j’opte pour un tour dans le domaine de Saint-Cloud après un café en Ville d’Avray dans une épicerie fine et son « Espace de convivialité » . Accueil chic, clientèle du dimanche en shopping de fête, expresso au bar à 2,30€ …le randonneur en guêtres terreuses assure le spectacle , le récit de mon programme de 20 km en une seule journée (si si ) suscite l’admiration collective.
Salutations et politesse de rigueur, je quitte l’escale douillette et remonte l’avenue qui mène à l’entrée ouest du Parc de Saint cloud. Les allées majestueuses se perdent ici sur les quatre horizons. En marchant plein Est j’atteins le belvédère qui surplombe la Seine, Boulogne et plus loin la mégapole d’où émerge la Tour Eiffel et le quartier du front de Seine. Un groupe de randonneurs coiffés de la toque rouge du père Noël se sont installés sue les bancs face au panorama et en finissent avec leur déjeuner. Les clubs de rando senior + raffolent du folklore et des traditions. Le podomètre affiche 16km , il est près de 15h, le soleil décline et je dois rejoindre le parking des étangs où j’ai laissé mon scooter.
Je choisis de revenir en empruntant une portion du GR1 qui mène à la Porte Blanche du domaine et puis Marne-La-Coquette. La ville au décors de cinéma semble endormie dans un silence dominical que rien ne peut troubler. Peu après la mairie , je bifurque sur la gauche pour attraper le GR2, puis contourner le cimetière communal qui s’étend en pente douce jusqu’à l’orée du bois. Je reprends la bécane et quitte Ville d’Avray . La lumière de cette fin journée inonde sur ma route La Seine Musicale , immense bulbe de verre et d’acier posé là sur son île, je savoure la fluidité des quais car les quais les parisiens ne sont pas encore sur le retour , et surprise, quelques du tramway T2 filent vers la Défense. Le temps d’oublier que les grèves replongeront demain ce décor paisible …dans l’enfer des embouteillages géants !
Téléchargez la trace de cette randonnée : https://www.visugpx.com/ZWjFzsqgmv