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Randonnée Métropolitaine : Voyage autour du Périph

C’est parti pour un tour avec le Voyage Métropolitain ! Le tour du boulevard périphérique parisien bien sûr avec cette troisième étape entre les portes de la Villette et de Champerret. Le brief de Jens et Marion se fait sur le parvis de la Cité des Sciences et près de 70 marcheurs y assistent. Oubliée la pluie du tronçon précédent, les randonneurs péri-urbains effectueront ce périple sous un soleil automnal .

Un parcours de 14 km à la découverte de l’architecture ancienne et nouvelle , du patrimoine culturel et des hommes qui ont laissé ici leur emprunte.
Près de 70 participants regroupés autour de Jen et Marion pour le traditionnel briefing de départ.
Marion, une architecte-artiste-prof qui a plus .. d’un tour dans son sac.

Avant de quitter la Villette, notre guide nous invite à nous replonger dans son histoire . En 1867, 39 puis 54 hectares de marchés aux bestiaux et d’abattoirs alimentaient en viande les parisiens suite au regroupement sur un seul site des marchés de Poissy et Sceaux. Des milliers de bêtes arrivaient ici par le train de la Petite Ceinture. Activité démesurée , souvent contestée tant la condition animale était précaire, l’hygiène insuffisante ; les excès en tous genres des gros bras défiaient la chronique. (voir ci-dessous le livre sur la Cité de Sang)

Le marché aux bestiaux et les abattoirs de la Villette au Nord de la capitale. Le site occupa jusqu’à 54ha .
De rares boucheries rappellent l’époque ou la Villette nourrissait toute la ville

En 1973 le site sera démoli pour laisser la place au Parc de la Villette. Il ne subsiste aujourd’hui que quelques grossistes en fond de cours et des restaurants vivant sur une réputation bien lointaine. Le groupe se dirige en bon ordre sur les berges du canal de Saint-Denis . Difficile d’imaginer l’effervescence de ce passé , les rénovations ont métamorphosé le décor avec des succès mais aussi des échecs dont le centre commercial du Millénaire de la porte d’Aubervilliers reste le plus cuisant .

Passage sous le Périph le long du canal de St Denis
Aubervilliers, mars 2024. De nombreuses boutiques ont encore fermé ces derniers mois au Millénaire, qui se cherche un nouvel avenir.

Sur les 140 commerces ouverts en 2011 , 32 subsistent aujourd’hui. Le Millénaire sera même qualifié de « Walking Dead » dans les médias . Les navettes prévues pour acheminer la clientèle depuis le métro ne sortent plus que le dimanche, le concept a vécu et a coulé. Comme beaucoup d’endroits de la capitale situés hors zones touristiques, ce canal et ses bosquets sont devenus des lieux de campements des réfugiés de passage et du trafic de crack.

Sentier improbable le long du Périph – Siège tout aussi inattendu celui de Chanel à la Porte d’Aubervilliers

Passage sous l’échangeur géante de la Porte de la Chapelle.
Pique-nique du groupe aux Puces de Clignancourt.

Certaines sources affirment que 13.000 d’entre eux auraient ainsi été placés en province à cette occasion. Nous empruntons les boulevards de Maréchaux à la Porte Pouchet afin de visiter une nouveau tronçon aménagé sur l’ancienne Petite Ceinture ferroviaire . Hélas « les Jardins de Traverses » inaugurés récemment étaient fermés ce jour là. Ces espaces récupérés et rendus aux piétons se veulent à la fois ludiques, culturels et parfois nourriciers. Ils illustrent ce nouvel élan de la capitale et des associations locales pour valoriser le moindre mètre carré de verdure.

Les Jardins de Traverses , le nouveau tronçon de la Petite Ceinture ouvert aux Parisien Porte Pouchet
Centre commercial et navettes fluviales du « Millénaire » – fin d’une aventure.. ratée.

Et rien n’est jamais gagné. Cette partie nord de la ville impose aussi sa modernité bétonnée depuis une décennie. Les communes ont fait des ponts d’or fiscaux aux entreprises pour les attirer et les lignes de métro débordent désormais du Périph dans le cadre du Grand Paris Express . Demain 63 nouvelles gares rentreront en service en Ile-de-France atteinte de gigantisme. La haute couture ou la confection bon marché « made in China » s’incrustent dans la banlieue hier encore « défavorisée » . Qui aurait imaginé que Célio et même Chanel installerait leur siège à Aubervilliers, Pantin ou Montreuil ? Les exemples de cette mutation ne manquent pas comme le prouvent l’éclosion du campus Condorcet, prolongement en banlieue de l’Université de Panthéon Sorbonne la Chapelle Internationale , ou l’Arena Adidas, nouveau temple du sport spectacle. On ne compte plus les réalisations qui ont émergé ici et remplacé ces quartiers populaires où se mêlaient à une population ouvrière et cosmopolite de portugais, maghrébins ou africains en exil , ultimes naufragés de nos colonies démantelées.

Le stade Bauer avant !
Le projet de demain, conçu pour accueillir 10.000 spectateurs.
Depuis 1897, une passion intacte pour l’équipe du Red Star . Un rendez-vous immuable avant et après le match à L’Olympic.

Arrivés à St Ouen, les randonneurs découvrent l’immense chantier du mythique Stade Bauer, celui de l’équipe historique du Red Star née ici en 1897. Le temps a passé mais rien ne semble avoir estomper la passion. Nous arrivons en plein derby du club face au Paris FC et les supporters des deux bords s’observent à distance sous la surveillance des CRS ! Le match va commencer et déjà l’éternel bistrot L’Olympic connaît l’effervescence des grands jours malgré les imposants travaux en cours . Demain ce n’est plus 5000 supporters qui viendront dans les nouvelles infrastructures mais 10.000 ! Mais au plus fort de ce lifting à 190 millions d’euros , les habitants de l’immeuble de la Planète Z collé au stade, continueront à encourager le Red Star de leurs fenêtres , la quatrième tribune du Stade Bauer !

Les Puces de Clignancourt, un lieu mythique ou se croisent les extrêmes.

Nous le quittons pour rejoindre les Puces de Clignancourt à deux pas et pique-niquer dans un petit parc près à l’entrée du marché Serpette , un des plus chics de cet ensemble. Ne pas se fier aux apparences, aux Puces de Clignancourt se côtoient les extrêmes, des marchands de fringues, aux antiquaires , aux brocanteurs en passant par le degré zéro des vendeurs de la rue qui tentent de survivre, étalant leurs loques sur les trottoirs où ils se font expulser par les services municipaux de la voierie sous la protection de la police municipale. Les siècles se sont succédés , ces damnés du bitume ne sont que les héritiers de ces chiffonniers de Paris qui nettoyaient alors les ruisseaux de Paris . Eux au moins valorisaient les déchets récupérés sous la forme de pâte à papier et autres matériaux du quotidien. Enfin.. jusqu’au jour où messieurs Haussmann et Poubelle et changèrent la donne, il est vrai pour le plus grand bien d’une cité d’une insupportable saleté. Les menaces de guerre oubliées, les Fortifs seront détruites, la « zone » épurée .

La rue Rebière aux Batignolles : un concentré d’innovations audacieuses

Et des décennies plus tard , sur cette même couronne, Paris asphyxié par la circulation automobile construira ce boulevard circulaire que nous longeons et qui demeure encore une frontière physique et psychologique pour bien des Parisiens. Restauré et reposé, le groupe met le cap vers l’ouest , dans le quartier des Batignolles, autre illustration de cette rénovation à grande échelle . Nous passons rue Rebière. Elle rassemble sur quelques centaines de mètres les projets ambitieux de jeunes architectes de l’OPAC , des parcelles livrées à leur imagination, à leur audace. Le bois, le verre ou l’acier reprennent le pouvoir.

Les tours jumelles des Boute en train : un projet de rénovation encore à l’étude
Des espaces ludiques sauvés de la frénésie des promoteurs.
La tour du Bois le Prêtre remodelée par les architectes Vassal et Lacaton.

Les terrasses, les surplombs cassent les codes de la construction des années 70. Constructions, rénovations, du passé ils font table rase. De 2006 à 2011 Les architectes Jean-Philippe Vassal, Anne Lacaton et Frédéric Druot s’attaquèrent déjà au volume de la tour Bois le Prêtre en lui collant des modules préfabriqués. Ce défi deviendra leur réalisation emblématique. La demande de logements est criante à Paris et les architectes rivalisent d’idées pour s’affranchir des barres tout en restant des budgets restreints. Il fallait trouver de l’espace, sept villes nouvelles poussèrent ainsi en grande banlieue. Certains architectes ont coopéré avec des paysagistes comme Michel Courageoux et Paul Chemetov dans les années 70-80. Leurs travaux suivent une ligne novatrice : pas de matériaux chers mais davantage de grands espaces et plus de coursives. Quelle créativité et quelle provocation ! Square Pasteur, le HLM aux balcons au profil de voitures se veut comme un miroir du Périph voisin !

Provocateur, révolutionnaire à l’époque cet immeuble construit par Paul Chemetov en face du Périph. Assagi, l’architecte rebelle signera plus tard le Ministère des Finances à Bercy !

La troupe poursuit sa route et retrouve le boulevard un peu plus loin, au cimetière des Batignolles. Celui-ci n’est pas le plus beau de la Capitale , ni le plus silencieux car ses morts prestigieux y reposent parfois sous les longerons de béton de l’artère circulaire. Changement d’époque, changement de techniques, les démarches environnementales dictent désormais leur loi ici au nouveau Palais de Justice de Paris, dont les trois cubes dominent la porte Clichy et s’enflamment sous le soleil couchant. Nous voici maintenant à la Plaine Monceau, une bande de terrain qui en 1853 s’étendait jusqu’à la Porte Maillot.

Le cimetière des Batignolles. Soit , on peut trouver mieux pour goûter au repos éternel !
La plaine Monceau , une avancée Haussmannienne qui nous donnera les beaux quartiers du 17e arrondissement
Surprenante église Saint-Odile proche de la Porte de Champerret.

Le baron Haussmann y percera de larges axes de circulation . Une voie ferrée reliera l’embarcadère de la place de l’Europe à Auteuil , un avant goût de ce qu’on appellera le métro, le progrès. Les immeubles ciselés et majestueux marquent le caractère résidentiel de cet arrondissement à l’approche de Neuilly sur Seine, un autre monde à des années lumières de la Seine-Saint-Denis. Avant de terminer cette troisième rando au pays du Périph nous croisons la silhouette de l’Eglise Saint-Odile qui toise de toute sa hauteur le boulevard Gouvion-St Cyr.

Demain le Voyage Métropolitain continuera son orbite autour de Paris par la conquête de l’ouest.

Texte: Richard Kirsch , photos de l’auteur et archives (avec mes remerciements)

Etapes précédentes : https://trekkingzone.fr/2024/07/09/rando-au-pays-du-periph-2e-etape-bagnolet-aubervilliers/

Pour en savoir plus :

Découverte en rando des trésors architecturaux en Seine-Saint-Denis

Après avoir quitté la gare du Blanc-Mesnil nous rejoignons la Cité Pierre-Sémart, une architecture révolutionnaire des années 1980 qui symbolise la volonté de sortir des schémas de l’époque dominés par la construction des grandes barres. Une locataire présente dans les lieux depuis quinze ans nous propose de faire le tour de cette réalisation due à Iwona Buckowska, architecte d’origine polonaise. « L’idée était d’offrir à chacun une maison individuelle tout en favorisant la convivialité et offrant un environnement naturel », explique notre guide. En effet, aucun des 225 logements ne se ressemble dans ce village dominé par le bois et des espaces de verdure. L’architecte a souhaité aussi combiner les volumes intérieurs sur plusieurs niveaux alors que la lumière entre par de nombreuses petites ouvertures. Séduits par les espaces à géométrie variable et le calme de cet univers qui évoque la montagne, quelques artistes y ont installé leur atelier.

Pour sa 50e randonnée périurbaine, le Voyage Métropolitain avait choisi d’emmener près de 70 marcheurs en Seine-Saint-Denis. Ce département d’Ile-de-France reste mal aimé, sous-financé, souvent ignoré des programmes de visites en dépit des efforts des élus locaux. Il recèle pourtant, au cœur de ses cités, de ses zones pavillonnaires, entre ses échangeurs, des trésors insoupçonnés, et notamment des concepts architecturaux d’une rare audace qui illustrent la richesse de l’urbanisme développé au cours du XXe siècle. Cette nouvelle randonnée périurbaine longue d’une vingtaine de kilomètres allait nous immerger cette fois dans l’histoire même du logement social francilien, un programme élaboré par l’Etat en réponse aux poussées démographiques de la région. (A lire sur Tourisme93)

Une randonnée périurbaine de 22 km en Seine-Saint-Denis depuis la gare de Blanc-Mesnil.

Après avoir quitté la gare du Blanc-Mesnil nous rejoignons la Cité Pierre-Sémart, une architecture révolutionnaire des années 1980 qui symbolise la volonté de sortir des schémas de l’époque dominés par la construction des grandes barres. Une locataire présente dans les lieux depuis quinze ans nous propose de faire le tour de cette réalisation due à Iwona Buckowska, architecte d’origine polonaise. « L’idée était d’offrir à chacun une maison individuelle tout en favorisant la convivialité et offrant un environnement naturel », explique notre guide. En effet, aucun des 225 logements ne se ressemble dans ce village dominé par le bois et des espaces de verdure. L’architecte a souhaité aussi combiner les volumes intérieurs sur plusieurs niveaux alors que la lumière entre par de nombreuses petites ouvertures. Séduits par les espaces à géométrie variable et le calme de cet univers qui évoque la montagne, quelques artistes y ont installé leur atelier.

Aménagement urbain : un défi pour les randonneurs

Joies et douleurs du marcheur en milieu urbain

Trottoirs encombrés de voitures , quartiers enclavés entre autoroutes et voies de chemin de fer , voies de trafic intense infranchissables, la vie du  marcheur des villes n’est pas une sinécure . L’arrivée du Grand Paris dans la prochaine décennie saura-t-elle lui faire une place ? 

A l’heure où l’on prône l’abandon de la voiture en ville au profit de la marche à pied ou du vélo, des urbanistes, architectes, chercheurs, philosophes ou sociologues réunis lors d’une conférence sur le thème Les piétons du Grand Paris dressent un constat alarmant et mettent les auteurs de ce projet colossal devant leurs responsabilités : se déplacer à pied notamment en Ile-de-France s’avère déjà être une galère. Qu’en sera-il lorsque le GPE sera opérationnel d’ici à une dizaine d’années ? Avant de répondre à ces interrogations, les conférenciers choisirent de définir et cadrer la marche urbaine par le biais de divers travaux sur le sujet. Après l’intervention de Guy-Pierre Chomette, reporter, auteur du livre Le Piéton et le Grand Paris, Marie-Hélène Bacqué, sociologue, est revenue sur son immersion dans le RER B sur les traces de François Maspiro. Trente ans auparavant, il se penchait déjà sur les trajets, les territoires de ces marcheurs quotidiens, une mosaïque multiculturelle de travailleurs immergée sur cette ligne emblématique de la région parisienne. L’émergence de la marche en milieu urbain a aussi inspiré le philosophe Frédéric Gros. Dans son livre « Marcher, une philosophie », il dresse le portrait de ces arpenteurs de métropole dont les pérégrinations n’ont rien à voir, explique-t-il, avec la flânerie. Et d’ajouter : « Le randonneur est contre la modernité, le flâneur périurbain subvertit la ville mais avec plus d’agilité d’esprit, il rapine des images et fait exister le Grand Paris, une expérience qu’il qualifie de « nouveau vertige« . » Derrière ces considérations artistiques et philosophiques assez angéliques sur le marcheur des villes se cache une  réalité moins reluisante. Dominique Alsa, architecte et directrice générale de l’Atelier Parisien d’Urbanisme, tire une première sonnette d’alarme lors de son intervention : « Aujourd’hui on comptabilise 40 millions par jour de déplacements. Les Franciliens, dont une majorité de collégiens et lycéens,  totalisent 8 millions de km à pied dans un environnement du Grand Paris peu adapté à cette pratique. » Elle dénonce ainsi le manque de trottoirs, la largeur de la majorité des rues inférieure à 12 mètres, etc. L’architecte consultante auprès de Grand Paris Express terminera son exposé sur une révélation cinglante : « On construit actuellement 68 gares sans avoir réellement pensé aux rues pour s’y rendre à pied ! » Notre marcheur urbain et son cousin le cycliste connaissent actuellement des « moments de vie intense » dans ces métropoles si mal aménagées pour eux. Dans son ouvrage intitulé La Ville morcelée – Effets de coupures en milieu urbain Frédéric Héran enfonce le clou. Il a déterminé ainsi quatre types de coupure principaux qui compliquent la vie de ce marcheur et de ce cycliste.

La coupure linéaire : il s’agit des autoroutes, des fleuves et des voies ferrées, autant d’obstacles infranchissables. Le marcheur doit alors faire des kilomètres supplémentaires pour trouver le pont ou le tunnel providentiel.

– La barrière de trafic : Ce concept très anglo-saxon concerne les axes surchargés de circulation, des automobilistes lancés à pleine vitesse. Leur franchissement peut s’avérer parfois difficile voire suicidaire !

Marcher parfois plusieurs kilomètres pour trouver une passerelle.

– Les voies impraticables : Le marcheur se heurte ici au manque drastique de trottoirs l’obligeant à prendre des risques en longeant des routes ou encore à contourner des véhicules en stationnement sur des trottoirs étriqués. Sans parler de l’absence totale de pistes cyclables et des ces voies tracées à contre-sens dans certaines rues, véritables couloirs de la mort pour les deux-roues !

– Les coupures surfaciques : La forte urbanisation empiète chaque jour un peu plus sur la continuité des parcours de randonnée ou plus simplement des trajets piétonniers. Hôpitaux, cimetières, nouvelles gares viennent ici entraver leur progression et les obligent à des contournements parfois hallucinants.

Après de nombreux mois d’études sur le terrain à travers toute la France,  Frédéric Héran nous livre son verdict : « En fait, tous ces types de coupures s’entremêlent, un constat déjà énoncé dans mon précédent bouquin  « Les quartiers enclavés ». J’avais alors répertorié pas moins de 21 secteurs véritablement encerclés de coupure en Seine-Saint-Denis ! » Ce département du 93 est sans conteste le royaume de la coupure, suivi de près par le 94 (Val de Marne) et le 92 (Hauts-de-Seine). L’unique responsable de ces maux est la vitesse ! Et la distance devient un lourd problème pour les non-motorisés. Alors que le Grand Paris Express sort de terre (ou plutôt s’y enfonce en mode souterrain), se pose déjà la question de l’inter-modalité. Car la  naissance des 68 nouvelles gares va entraîner une densification de  population à leurs abords. Georgina Mendès de la société Grand Paris est consciente de l’enjeu : « Nous devons assurer la continuité des parcours des piétons depuis les gares, intégrer ce qui existe déjà et travailler sur la lisibilité de ces parcours en créant de véritables itinéraires. »

Marcheurs, restez optimistes mais vigilants ! Votre avenir est sans doute entre de bonnes mains. Nous autres randonneurs périurbains continuons d’explorer ces friches, ces no man’s lands, ces espaces éphémères en mutation. Nous guettons avec impatience l’arrivée du  » Sentier métropolitain  » L’itinéraire proposé par le Sentier du Grand Paris, long de près de 400 km et adossé aux futures gares du Grand Paris Express, aux gares RER et aux stations de tram et de métro, permettra ainsi de relier plus d’une centaine de communes des petite et grande couronnes parisiennes, offrant à découvrir un véritable patchwork urbain, composé de paysages hétéroclites et fragmentés. Nous verrons alors si les messages des experts cités ont eu un impact sur le quotidien de cette espèce de bipèdes vouée à la lenteur !

Liens pour en savoir davantage : 

Enlarge your Paris

Société du grand Paris

Le voyage métropolitain

Le sentier du grand Paris

Rando à Sucy-en-Brie , un des symboles de la mutation urbaine francilienne

Rando périurbaine N °4

En 2030 l’achèvement du Grand Paris marquera la naissance d’une mégapole de plus de 12 millions d’habitants, composée des villes interconnectées par un maillage de nouvelles lignes de métros et tramways ou le prolongement d’autres. Loin d’être un bouleversement soudain, ce gigantisme n’est qu’une mutation lente née au XVIe siècle. Après un large volet sur les Villes nouvelles et pour mieux comprendre ce phénomène, le Voyage métropolitain nous invite lors de sa 48e édition à mettre le cap à l’est, vers la ville de Sucy-en-Brie et ses environs, une banlieue emblématique de cette mutation.

Installés dans le RER A, nous ignorons à cet instant que cette ligne la plus empruntée en IDF  nous transporte dans l’histoire même du développement de la ville. C’est bien avant sa création, en 1872, que le chemin de fer a relié la Bastille à Verneuil-l’Etang, marquant le point de départ d’une vague d’urbanisation de la Seine-et-Marne qui ne cessera d’enfler. De grands domaines nés au XVIe siècle sous la pression des crises économiques accueillaient, dès 1930, les premiers lotissements. Dès lors rien n’arrêtera cette folle urbanisation.

Une fois descendus du train, le décor nous fait tourner la page suivante de cette histoire, celle de l’émergence des grands ensembles qui poussèrent ici des années 1950 à 1970, dans le secteur du Rond d’Or. Face à la forte demande de logements en location et plus tard en accès à la propriété, les instances construisent en urgence du « provisoire » qui, hélas, va durer et souvent se dégrader. Nous traversons la Cité verte, aujourd’hui rénovée, avant de rejoindre la Fosse rouge, un autre quartier populaire qui tente de trouver un second souffle à coup de subventions. Nous parcourons le traditionnel petit centre commercial et, en contre-bas, contournons une mosquée discrète qui, blottie dans le béton, marque la présence d’une immigration bien ancrée. Non loin de là, d’anciennes cheminées désormais classées aux monuments historiques témoignent du passé industriel du département.

Les usines Saint-Gobain s’y étaient installées en 1917, bousculant un territoire encore tourné vers les cultures. Les coteaux regorgeaient alors de vergers et de vignes. Des dizaines de sentiers datant des grands domaines, puis de cette période, subsistent encore. Le promeneur s’y perd volontiers entre les nouveaux ensembles. Nous les traversons en remontant vers Ormesson pour atteindre le Parc départemental du Morbras. L’ilot de verdure de 12 ha apparaît comme tiré à quatre épingles par les paysagistes. L’harmonie florale est omniprésente et les espaces humides répartis sur plusieurs niveaux abritent une biodiversité insoupçonnée. Ormesson-sur-Marne semble, elle aussi, resurgir d’une aristocratie à peine oubliée. La modernité l’a juste relifté en une jolie ville pavillonnaire résidentielle avec en toile de fond le château ancestral et un golf.

La diversité des styles ravit les architectes du groupe. Dans une même rue ils peuvent répertorier toutes les audaces, les splendeurs, le mauvais goût ou le tape-à-l’œil du siècle de l’habitat individuel ! Nous poursuivons notre longue diagonale entamée au Parc départemental pour arriver à Chennevières. Alors que nous approchons de la zone industrielle, le décor perd de son attrait : des maisons murées et d’autres, plus modestes, bordent désormais notre chemin. Le groupe se faufile sur un sentier improbable repéré quelques semaines auparavant par les éclaireurs du Voyage métropolitain. Et là, vision surréaliste : le champ de blé de la Maillarde étale sa blondeur au milieu des cités.

Ces quelques hectares de céréales surgis de nulle part sont toujours au cœur de luttes intestines entre acteurs locaux suite à l‘abandon du projet de VDO (Voie de Desserte Orientale), un tronçon autoroutier devant relier l’est de la Seine-et-Marne à Paris. Un autre projet dénommé ALTIVAL est désormais dans les cartons. La moisson de ce mouchoir de poche restera pour nous une énigme alors que nous nous dirigeons vers les Terrasses de Chennevières.

Ce panorama nous offre un point de vue est-ouest inédit sur Paris. Le temps est dégagé et en bons randonneurs chacun s’amuse à déchiffrer le paysage appuyé sur la table d’orientation du Touring Club de France datant de 1961. Après la visite d’une maison abandonnée où la vie semble s’être arrêtée brutalement, nous descendons vers le château des Rets, un établissement aujourd’hui privé. Un sentier suivant un coteau boisé nous ramène à Sucy puis jusqu’aux bords de la Marne par la Grande Ceinture et la résidence des Berges.

Nous avons rendez-vous en ce 14 juillet avec le Big Jump. Cet événement à échelle européenne vise à promouvoir le retour de la baignade en rivière grâce à une purification progressive des cours d’eau. Pour rejoindre le spot sur les berges de la Varenne-St-Hilaire, nous nous sommes servis de la servitude de marchepied (lois de 1965-2006), un chemin à l’accès autorisé aux bateliers, pêcheurs…, pour éviter un détour. On suivra ainsi la berge en poussant l’une après l’autre les portes des jardins reliant les maisons qui bordent la Marne, avant de franchir finalement le pont de Chennevières. Les plus courageux d’entre nous se baigneront dans un périmètre aménagé par l’organisation sous la surveillance de la brigade fluviale et de la Protection civile.

Chaque randonnée périurbaine du Voyage métropolitain se terminant par un débriefing, après avoir acheté des boissons, le groupe tentera de pénétrer, en vain, par l’issue de secours du centre commercial jouxtant le RER A de la Varenne-Chennevières. Il faudra faire un détour par les escaliers intérieurs du parking géant pour atteindre le dernier étage en plein air de l’édifice, totalement désert ce jour-là. Après avoir étanché notre soif puis échangé nos expériences, il était temps de rejoindre Paris par ce fameux RER A, un des axes déterminant qui propulsa à l’époque tout ce département francilien dans une autre dimension.

Téléchargez la trace de cette rando

https://www.visugpx.com/968Ql70azt

Découverte de SQY : une randonnée périurbaine en Île-de-France

Un parcours périurbain de 22 km pour découvrir la mutation d’une zone composée de 11 communes définissant le périmètre de la ville nouvelle SQY née en 1972.

 

 

 

 

 

 

A l’occasion de sa 41e sortie dans l’univers périurbain d’Ile-de-France, Le Voyage Métropolitain proposait cette fois un nouvelle marche exploratoire de 19 km, entre les gares de Trappes et Jouy-en-Josas, en passant par SQY, autrement dit Saint-Quentin-en-Yvelines.

SQY abréviation marketing en vogue ou relooking verbal dû à la nouvelle génération, dont la résonance anglo-saxonne symbolise la mutation d’une ville nouvelle née dans les années 1970, lors du projet d’urbanisation visant à absorber la croissance démographique vertigineuse de Paris. Au total cinq villes nouvelles allaient ainsi naître : Evry (1967), Cergy-Pontoise (1969), SQY (1970), Marne-La-Vallée (1972) et Sénart (ex-Melun en 1973).

Avec des décennies de recul, le « grand ménage » imaginé par De Gaulle semble s’essouffler. Le bilan 2013 dénombre 850.000 habitants pour ces cinq villes qui absorbaient 50% de l’ accroissement démographique francilien contre 1/6 aujourd’hui.

Nous sommes près de 80 marcheurs à descendre à la gare de Trappes. La majorité est parisienne intra-muros, architectes, paysagistes, étudiants, urbanistes, quelques journalistes et autres randonneurs en quête de découverte exotique. Nous marchons en une longue file avant de faire une première pause sur un site désormais classé aux Monuments historiques : Les Dents de Scie, créé en 1931 par les architectes Henri et André Gutton. Cette composition de 40 pavillons disposés à 45° avait pour but d’offrir un « chez soi » aux locataires tout en favorisant la convivialité et la lumière, un exemple de ce qui deviendra un spécimen atypique du  « logement social ».

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