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Rando périurbaine dans l’histoire architecturale du 94 entre Créteil et Alfortville

La construction du Grand Paris a incité depuis quelques années l’Association Le Voyage Métropolitain a tracé un parcours reliant les gares de ce projet et de proposer 39 journées de randonnée . Ce maillage trilobe articulé sur les villes de Saint-Denis, Créteil et Versailles mesure 615km de quoi en découvrir toutes les facettes architecturales et sociales ainsi que nous replonger dans l’histoire même de la région Ile-de-France.

Les 39 étapes du Sentier du Grand Paris
Briefing des participants par Philippe-Hervé sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Créteil

Après un coup d’arrêt dû aux mesures sanitaires, les organisateurs ont repris cartes et GPS pour emmener cette fois une trentaine de marcheurs dans le Val de Marne. Si le tracé du Sentier du Grand Paris est désormais validé mais peut encore des modifications. Cette rando périurbaine fut donc l’occasion de parcourir un itinéraire de liaison de 11 km entre Créteil et Alfortville. Le rendez-vous est fixé à l’hôtel de Ville ce samedi là et c’est un vrai labyrinthe pour le rejoindre depuis le métro Créteil Préfecture. Près de quarante ans se sont écoulées depuis sa construction. A cette époque beaucoup déplorait déjà la complexité de circulation sur ce site de 600ha divisé en plusieurs quartiers abritant habitions et bureaux.

Le Nouveau Créteil, 571 ha , 6 quartiers, des architectes prestigieux jouent la carte de l’innovation et de la modernité .
Créteil quarante ans plus tard. La préfecture du Val de Marne reste toujours un labyrinthe !!

Ce retour sur la genèse du Nouveau Créteil », nous ramène en 1964. Le département se lance dans une vaste opération immobilière avec un délai d’achèvement de dix ans seulement. Ce projet sur -médiatisé et remarquablement marketté à l’époque, financé par la Compagnie Bancaire, des capitaux privés, alors que l’Etat s’est lancé depuis 1955 dans la construction de 5 villes nouvelles (Cergy-Pontoise, Marne-la-Vallée, Evry, Sénart) et des barres pur béton et sans âme. En traversant Créteil depuis le lac, chacun se rend compte de l’innovation voire l’audace des nombreux architectes (souvent des Prix de Rome) qui ont œuvré sous la coordination de Pierre Dufau. Et pourtant la partie s’annonçait compliquée. Les réalisations devaient notamment s’élever sur un ancien marécage.

Tracé de notre rando périurbaine depuis le lac de Créteil.

Le défi fut relevé et la Préfecture du Val de Marne allait devenir l’image même de la modernité qui fit la fierté de Pierre Billotte, un général élu maire en 1965, félicité par un autre Général, De Gaulle lui-même ! Le Créteil « Soleil  » accueillit en ses murs le plus grand centre commercial d’Europe et le premier Mc Donald de France s’y installa . C’est vous dire ! Durant cette balade, on voit très bien la diversité des 6 ilots du Nouveau Créteil . Le plus emblématique reste sans doute les « Choux » , des immeubles-fleurs dessinés par l’architecte Gérard Grandval, ex-soixante huitard et Prix de Rome, en réaction aux cubes de l’époque .

Des balcons pétales pour plus d’intimité des locataires

Les 11 immeubles-fleurs du quartier du Palais nés de la réaction de Gérard Grandval face aux cubes de l’époque

Afin de finaliser l’ identité de ces quartiers , Dufau fit appelle au célèbre peintre Vasarely dont la mission fut de créer des effets colorés, un peu dans la même philosophie que Le Corbusier. Maurizio Vital , paysagiste de renom fut aussi appelé afin d’apporter la touche nature dans ce vaste univers sorti de terre en un temps record. La nappe phréatique affleurant à moins de deux mètres de la surface, le lac fut crée facilement .Toutefois la dynamique du projet fut stoppée dans les années 70 par les deux chocs pétroliers. Des 100.000 habitants espérés, ils ne furent que 58.000 à s’y installer. Après un passage devant l’immeuble très stalinien de la préfecture, le groupe rejoint Maisons-Alfort.

La pyramide inversée qui abrita jadis la société Pernod, fleuron de la production anisée tricolore dessinée en 1974 par Jean Willerval
Pique-nique sur les quais d’Alfortville au Port Anglais. Après la crue historique de 1910 la ville ne cesse d’investir pour contenir les crues.

Cette commune de 573 ha est blottie entre le Pont de Charenton, les fameux « Bords de Marne » , la voie ferrée PLM et les N5 et 19. Nous sommes dans les années 30 et la culture maraîchère nourrit la population de l’agglomération parisienne qui grossit au rythme de 5% par an ! Entre 1911 et 1931, elle gagne près de 1.300.000 habitants. La pénurie de logements atteindra son paroxysme fin des années 50. Mais déjà Maison-Alfort connait cette crise et de grands architectes dont André Dubreuil et Roger Hummel à qui l’on doit le square Dufourmontelle, classé aux Monuments Nationaux, ainsi que les Guyon, vont remodeler la ville en apportant des projets très novateurs entre immeubles collectifs à taille humaine et maisons-jardin.

Aujourd’hui le percement de la ligne 15 (Vers de Maison) a obligé de mettre ce square sous-haute surveillance et consolider les fondations. La commune voisine, Alfortville, va bien sûr aussi subir ces mutations démographiques au fil du temps. Son originalité repose toutefois sur sa forte immigration arménienne, l’un des plus importantes en France avec Lyon et Marseille. Après deux ou trois générations, la plupart des membres de la communauté sont nés en France. Mais la « Petite Arménie » a su garder toute sa cohésion en s’appuyant notamment sur ces églises et des écoles comme le collège franco-arménien Kévork- Arabian. Il suffit de pousser la porte de l’Eglise Apostolique et rencontrer le père Keledjian Dirayr.

L’église Apostolique de la « Petite Arménie »

Cet homme chaleureux et intarissable vous plonge dans l’histoire complexe de l’Arménie. Ces banlieues n’ont pas fini de surprendre le visiteur curieux. Ici et là les architectes ont laissé les marques de leur imagination. La MAPAD (Maison d’Accueil des Personnes Agées Dépendantes) et sa structure en hérisson, ses couleurs rouge et blanche tranchent dans ce paysage de pavillons et de petits immeubles sans surprise.

Avant de rejoindre les quais pour une mini-croisière jusqu’à Bercy, nous passons devant le Pont du Port Anglais. Cet ouvrage suspendu est la réplique réduite de celui de Brooklyn à New York !! Les randonnées périurbaines régulières organisées par le Voyage Métropolitain restent une incroyable source d’étonnement et un moyen de comprendre comment s’est développé la région, d’admirer ses délires et ses chef-d’œuvres architecturaux . Le futur est aujourd’hui à portée de ..pas du marcheur. Les soixante-trois nouvelles gares interconnectées créent de nouveaux pôles d’activités et bouleversent l’espace de la métropole, le Sentier du Grand Paris nous ouvrent désormais de nouveaux horizons.

Sources : Le Parisien, CAUE94, Journals.openedition.org

Rando periurbaine 93 : imMersion dans un siècle D’architecture dE logement social

Pour sa 50e randonnée périurbaine, le Voyage Métropolitain avait choisi d’emmener près de 70 marcheurs en Seine-Saint-Denis. Ce département d’Ile-de-France reste mal aimé, sous-financé, souvent ignoré des programmes de visites en dépit des efforts des élus locaux. Il recèle pourtant, au cœur de ses cités, de ses zones pavillonnaires, entre ses échangeurs, des trésors insoupçonnés, et notamment des concepts architecturaux d’une rare audace qui illustrent la richesse de l’urbanisme développé au cours du XXe siècle. Cette nouvelle randonnée périurbaine longue d’une vingtaine de kilomètres allait nous immerger cette fois dans l’histoire même du logement social francilien, un programme élaboré par l’Etat en réponse aux poussées démographiques de la région. (A lire sur Tourisme93)

Une randonnée périurbaine de 22 km en Seine-Saint-Denis depuis la gare de Blanc-Mesnil.

Après avoir quitté la gare du Blanc-Mesnil nous rejoignons la Cité Pierre-Sémart, une architecture révolutionnaire des années 1980 qui symbolise la volonté de sortir des schémas de l’époque dominés par la construction des grandes barres. Une locataire présente dans les lieux depuis quinze ans nous propose de faire le tour de cette réalisation due à Iwona Buckowska, architecte d’origine polonaise. « L’idée était d’offrir à chacun une maison individuelle tout en favorisant la convivialité et offrant un environnement naturel », explique notre guide. En effet, aucun des 225 logements ne se ressemble dans ce village dominé par le bois et des espaces de verdure. L’architecte a souhaité aussi combiner les volumes intérieurs sur plusieurs niveaux alors que la lumière entre par de nombreuses petites ouvertures. Séduits par les espaces à géométrie variable et le calme de cet univers qui évoque la montagne, quelques artistes y ont installé leur atelier.