
Dimanche 5 juin, la Seine joue les stars à Paris en affichant un niveau historique de 6,80m et attire sur ses berges touristes et parisiens curieux . Alors que le Zouave fait le malin de l’eau jusqu’à la taille, une poignée de randonneurs de Sport et Nature font les zouaves vers Tournan-en-Brie dans la gadoue jusqu’aux chevilles.


Cela faisait deux week-ends que tous les groupes se faisaient essorer, la fréquentation des randonnées Sport et Nature atteignait son niveau le plus bas. Ce jour-là Cyril se retrouva avec 3 participants pour une rando de 34 km à Mantes et préféra annuler vu la météo et les grèves de trains. En compagnie de Marie-Françoise, j’accueillais à peine 8 randonneurs Gare du Nord au RER E pour rejoindre Emerainville en direction de Tournan-en-Brie. Dès l’entrée en forêt, une question agita mon esprit encore embrumé : était-ce vraiment une bonne idée d’aller randonner en Seine-et-Marne ? Fossés débordant, chemins parsemés de trous remplis à raz bord , arbres morts en travers, troncs couverts de mousse et attaque de moustiques géants , C’est dans un décors semi-tropical que le groupe commença une lente progression, un rythme de limace tant le sol gorgé de flotte nous collait aux baskets. Chacun sortit les bâtons de marche histoire de s ‘équilibrer . André en tailla deux ou trois et les offrit aux plus démunis. Je regardais discrètement la carte pour étudier un plan B et une fuite vers Roissy-en Brie ou Ozoir-La-Ferrière. Mais personne ne broncha. Ca pataugeait allègrement, en assurant un maximum . A la pause de 11 h, une copine sortit de son sac un pot d’un kilo de mini Twix , probablement l’effet bouffe-Tv Euro 2016 . Ce fut le quart d’heure « spécial diététique » ou chacun allait de son couplet sur le brûlage de Kcalories en randonnée . Corinne, ma petite cousine, plus geek que moi ( ce doit être dans les gènes) sortit son Smartphone pour nous informer que l’on avait déjà grillé 578,677 calories. Seulement s’exclama Marie-Françoise puis de se servir alors d’une autre barre en lançant son private joke : « Twix again ! » . Lorsque le sentier prenait des allures de piscine olympique, il fallait tailler la route par les bords entre les ronces et les branches mortes , les flaques traîtres et les limaces monstrueuses. Le passage de fossés s’avéra carrément acrobatique. Kho Lanta accès RER ! Je guettais le scoop, le moment où l’un d’entre nous allait s’étaler telle une serpillière dans une cuvette noirâtre. Il n’en fut rien. L’heure du déj approchait à grands pas et fallut trouver un endroit sec pour poser le camp de base dans cette forêt primaire de la Brie. Autant croire aux miracles. L’une de nos adhérentes me demanda alors en toute innocence de nous dégotter une table de pique-nique. Easy ! Je questionnais du regard ma carte Iphigénie sur l’Iphone . Une petit logo bleu apparu plus au sud. Qu’importe, je changeais l’allure du parcours et on fila vers notre but. La table était bien là, certes un peu vermoulue. Patrick et Marie-Françoise bâchèrent une nouvelle fois l’accessoire providentiel et tous trinquèrent au fameux porto blanc dont le niveau de réserve ne semble jamais baisser. La décrue n’est pas pour demain.
La température monta gentiment vers les 22 °C , pas une goûte de pluie ne s’annonçait à l’horizon malgré une humidité ambiante dépassant les 90 %. On quitta la forêt pour rejoindre en pleine lumière le petit bourg de Favières, le chemin se montra plus civilisé jusqu’à Tournan. Le panneau de la gare RER affichait des horaires farfelus , visiblement chamboulés par « les mouvements sociaux » comme l ‘expliquait les messages diffusés par Miss SNCF elle-même .
Nous avions près de 40 mn d’attente, de quoi décrotter nos pompes et pourrir dix mètres de quai . Marie-Françoise extirpa sa fameuse brosse magique à 1 € made in China et on se composa une tenue à peu près présentable pour reprendre le train. La machine roulait vers Paris, personne n’était vraiment certain de sa destination et où il fallait descendre. L’essentiel était de se retrouver à bord dans la bonne direction . Edward sortit de son sac un rayon complet de fruits et légumes. Les plus endurants expliquèrent six fois fois à Corinne ma cousine qu’il ne s’arrêterait pas gare de Lyon ! Le groupe explosa en cours de route dans les diverses gares, en rêvant de décrassage, de lessives, de douche ou bain chaud. Putain de nature !
Texte et photos Richard Kirsch
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