Vaste et verte Seine-et-Marne ! Le département francilien encercle la capitale par l’est et le sud, ses deux fleuves s’y rejoignent en banlieue, y serpentent comme ils peuvent entre plaines agricoles, bois et cités. On en oublierait presque que la Seine s’enfle très en amont d’une autre jolie rivière. En effet le Loing n’est pas loin pour le randonneur parisien en quête de balades ! Et les gares au sud du 77 ne manquent pas pour planter le point de départ d’un long périple hivernal au cœur de la forêt de Fontainebleau. C’est de Thomery que je m’y engage avec quelques marcheurs de l’association Sport et Nature. Ce parcours tracé par Christian nous conduit d’abord sur les rochers des sentiers Denecourt-Colinet, Une douzaine d’itinéraires historiques balisés de bleu. Les flaques de pluie des jours précédents se sont éclipsées comme par magie car les chemins sablonneux restent à Fontainebleau toujours praticables. La nature endormie affiche ses allures hivernales.

Des plaques de neige résistent ici et là. Le dernier coup de vent a eu raison des arbres les plus vulnérables. Les forestiers ayant commencé le grand toilettage, de nombreuses piles de bois bordent les allées dont les abords portent encore la trace du labourage nocturne des sangliers. Randonner à Fontainebleau n’est pas compliqué mais demande de la vigilance tant le réseau de sentiers est dense. Sur les centaines de carrefour en étoile, ils partent vers tous les horizons plongeant parfois le randonneur dans le doute et la perplexité. Chacun a sa technique ; carte en main, les vieux routards se repèrent même avec les numéros de parcelles et à la boussole. Les geeks connectés se fient aux outils numériques. Les routes, les mares, les vallons, les buttes, les sommets portent ici des noms chargés d’histoire.
Du haut de ces rochers humides 20 000 lieues sous les mers vous contemplent !
Ils nous entraînent parfois dans le faste des chasses royales, un peu plus loin dans l’angoisse d’un coupe-gorge ou encore vers des lieux pleins de poésie. Les GR11, GR1 et les PR s’y croisent, se recroisent dans cette forêt à la fois domaniale et privée de 25 000 ha, terre recouverte par la mer il y a 35 millions d’années ! Notre parcours décrit une large boucle afin d’assurer les 22 km annoncés au programme, la bonne mesure du randonneur qui lui permet ensuite de dormir saoulé de grand air. Par chance, aujourd’hui, la fenêtre météo permet au groupe de pique-niquer en plein soleil sur le belvédère situé au bout de la Route de l’Inspecteur Général. La forêt s’étend devant nous à perte de vue, un large panorama où les pins toujours verts se mêlent aux chênes, hêtres, saules, bouleaux et tilleuls dépouillés. La seconde partie de la randonnée nous ramène vers un autre chemin Denecourt, une longue route de crêtes qui contourne des combes profondes et des pierriers.
Le sentier tortueux sollicite les muscles refroidis par le déjeuner ; le dénivelé cumulé positif atteindra sans doute 600 m ce jour-là. Le retour vers Paris est prévu de la gare de Moret-Veneux-les-Sablons. Sur cette ligne R, les trains se font rares les dimanches d’hiver. Une pause de trop, un pique-nique qui s’attarde et on regarde son train partir en arrivant à la gare… et on reste planté sur un quai ou dans une salle d’attente faute de trouver un bistrot ouvert ! Cette randonnée « bosselée » très agréable demandera un peu de persévérance aux moins entraînés, et à tous de bien calculer son horaire de retour pour Paris. Profitez pleinement de cette période « creuse » hivernale à Fontainebleau. Dès les beaux jours, les célèbres rochers retrouveront leur affluence. Près de 2 millions de personnes fréquentent les lieux chaque année !
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