En choisissant l’abandon de la bagnole pour parcourir l’IDF, le randonneur va connaître d’autres frissons de l’aventure, ceux des transports en commun. Grèves, incidents techniques, maintenance, suicides, malaises, une sortie le dimanche n’est jamais gagnée d’avance. Bienvenue dans une épopée ordinaire du RER C lors d’une rando rigolade Sport et Nature très Lorel et.. Lardy !




Pour l’organisation de SA sortie guidée pour Sport et Nature , Michel B. n’a pas eu de chance. Son plan initial prévu en Seine et Marne au départ de la Gare de Lyon est en effet tombé à l’eau la veille. Pourquoi ? Manque d’info, suprise .. ? Il ignorait que la SNCF avait choisi le jour de SA sortie pour changer un poste complet d’aiguillages ! Résultat aucun train ne circulait durant ce week-end en cette gare et celle de Bercy ! Damned ! jura t-il dans son for intérieur avant d’échaffauder en un temps record un plan B. Puisant dans sa banque de randos constituée depuis dix ans , notre spécialiste expérimenté en extirpa un parcours partant de la gare d’Etrechy et devant se terminer à celle de Chamarande sur la ligne du RER C (entre Paris et Etampes ). Je le sais, en général ces noms de villes vous semblent carrément exotiques, voire elles n’évoquent même pas grand chose même chez les parisiens habitant à l’intérieur du Périph’ . C’est vous dire . Pour faire bref , nous sommes au sud d’Arpajon et cette randonnée printanière concentre son intérêt autour de la Juine, un charmant affluent de l’Essonne. Ponts de pierres, lavoirs, barrages, anciens moulins le cours d’eau recèle quelques petits trésors. Se balader dans le Gâtinais, c ‘est aussi découvrir de magnifiques corps de fermes, des bâtiments témoins de cette période agricole faste mais aussi laborieuse avec l’exploitation des carrières de grès. Sitôt arrivé à la gare d’Etrechy, le guide annonça la couleur du parcours et les règles élémentaires de sécurité, notamment à l’ attention de nos deux petites anglaises récemment inscrites, des filles totalement bilingues en partance pour la Bolivie et le Pérou. Rien de tel qu’un training dans l’Essonne et ses sommets culminant à 180 m pour se frotter à la cordillère des Andes ! Le groupe ne dépassait pas vingt cinq marcheurs ce jour-là, une majorité d’habitués contente de se retrouver pour échanger les derniers potins du boulot sur les sentiers de cette belle région, ou encore évoquer les prochaines aventures des vacances d’été . Pourtant le blabla- climat de ce mois de mars ne ressemblait à aucun autre. Les rebondissements des élections présidentielles toutes proches planaient mollement sur un groupe qui tentait de ne pas en parler tout en parlant. Ainsi Anne qui rêve en secret de voir enfin Emmanuel Macron en meeting, se pâma devant son portrait placardé dans un bourg. Edward, qui avait gonflé la veille la foule des partisans de Mélanchon le tribun magnifique rassemblés à République, marchait cette matinée sans grande conviction et tenait des propos résignés tout à fait inhabituels. Quant à notre ami Patrick, virulent anarchico- gauchiste-anti-cléricale assumé il se remettait de sa semaine difficile de sorties culturo-divertissantes à répétition. Il évita lui aussi les polémiques stériles avec l’auditoire à l’engagement politique inexistant, préférant raconter les détails de sa prochaine croisière en Méditerranée programmée pour octobre. Parmi ses angoisses récurrentes, une question le tenaillait : les douze bars seraient-ils ouverts au départ du bateau !? Un autre Michel, très remonté contre les oligarques, le fameux système et inquiet de l’opacité de l’horizon social des prochains mois, distillait ça et là sa relative mauvaise humeur au gré des conversations du chemin. Mal réveillé, j’avais décidé de ne pas m’en mêler, préférant écouter geindre ma pauvre carcasse en proie à des maux inédits. Mon départ pour le Camino del Norte vers Compostelle étant prévu pour le 18 avril, ces « bobolas » inquiétaient déjà le bon hypocondriaque que je suis. Après trois heures plutôt tranquilles, notre guide décida que l’heure du déjeuner dominical avait sonné et arrêta la meute affamée au bord du chemin dans un sous-bois, avouons le d’une grande banalité.
Un pique-nique Sport et Nature n’ a rien d’un arrêt express ou chacun ingurgite un sandwich à la hâte. Ici on plante le camp en dépliant les nappes et les bâches puis c’est le grand déballage des victuailles. Je m’étonne encore depuis des mois que je fréquente cette association de la qualité voire de l’inventivité culinaire des randonneurs en matière de repas en itinérance. La palme revient sans doute aux amuse-gueule de Patrick alors qu’André surprend son monde par la richesse de ses pinards . Le summum est atteint lors de la phase, que dis-je la farandole des desserts ! Un festival. Lorsque le groupe est important , beaucoup d’entre nous calent littéralement tant l’offre est copieuse. J’avoue que ce pique-nique du dimanche dépasse largement en saveur mon quotidien d’une pauvreté gastronomique assez pathétique. Le mélange du Porto Blanc habituel et du vin chinois proposé ce jour-là provoqua l’ euphorie collective assez courante et un redémarrage poussif . De rythme moyen, on passa à une vitesse de marche erratique, chacun s’arrêtant à maintes reprises devant une jonquille , une ferme-brocante, ou comme notre guide pour ramasser des pissenlits destinés à la salade du soir. Après une erreur de navigation sur la carte (due au degré d’alcoolémie.;?) , et malgré ma vive protestation de randonneur geek armé d’un GPS et de l’App Iphigénie, Michel nous conduisit à Lardy par le chemin des écoliers au bout de 14 km. Peu motivés, 5 ou 6 d’entre nous désertèrent alors le groupe pour reprendre le train vers Paris. L’objectif étant de rejoindre la fameuse gare de Chamarande et de pousser le compteur jusqu’à 22 km , on fit un grand détour par une zone inconnue sur les hauteurs de Lardy ou quads et motos tout-terrain jouaient dans un bac à sable géant. Puis comme personne n’y croyait plus, et que Denis insistait pour nous servir son vin chaud préparé avec amour, le groupe replongea vers … Lardy ! Adieu Chamarande, il était près de 17h00 . Le RER C du retour stoppa à la station Bibliothèque François Mitterrand, ma connexion pour reprendre la ligne 14 et rejoindre la Gare St Lazare, puis Bois-colombes . (j’en vois qui ne suivent pas, ça va barder) . Et là, place au gag STIF du soir (Société des Transports d’Ile de France), option gentil cauchemar de fin de rando. Surréaliste, les navettes hi tech sans chauffeur de la ligne 14 arrivaient dans la station les unes après les autres mais sans prendre de voyageurs suite à un incident technique . Toutefois, à chaque nouvelle rame les portes s’ouvraient, quelques entêtés sourdingues montaient alors que les haut parleurs du quai ainsi qu’une agent talky en main hurlaient pour les virer des wagons ! Je renonçais avec sagesse pour reprendre le RER C vers La Gare d’Austerlitz et ses lignes de métro. Et là… plus d’affichage des numéros de quais, des destinations et ou des horaires, un seul message : « un passager est victime d’un malaise, si vous êtes médecin faites vous connaître..etc.. ». Parmi les centaines d’usagers plantés , la RATP allait bien trouver un toubib, mon brevet de secouriste ne ferait pas l’affaire. Il était 19h30 lorsque j’arrivais enfin dans ma banlieue. Quand je vous répète que l’aventure c’est aussi en Ile-de-France !
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Remerciements à la SNCF et la RATP pour leur service dans cette métropole de 12 millions d’habitants. Ps. Merci d’abaisser le prix du Mobilis 5 zones