Après plus d’une décennie à parcourir les sentiers d’Ile-de France, il m’arrive encore de découvrir avec bonheur des endroits plein de charme baignés des cours d’eau tout aussi inconnus. Nous sommes près de Gazeran à une cinquantaine de kilomètres de Chartres et Joséphine emmène en balade les marcheurs de Randif vers la Drouette, un affluent de l’Eure.
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Beau parcours de 24 km en suivant les petits cours d’eau
La Drouette, une petite rivière de 39 km , affluent de l’Eure.
Le département des Yvelines vient ici flirter avec celui d’Eure et Loir et tous les parigots se croient soudain en pleine campagne et à une autre époque, celle où les belles lavandières de Droué qui venaient laver leur linge sale entre voisines et dont les rires résonnent encore dans un univers rural. Entre temps les corps de ferme ont fait peau neuve , les berlines citadines remplacent désormais les tracteurs dans les cours. Des chevaux de trait au chômage ou en retraite paissent dans les calmes herbages cernés de clôtures électriques et bordés de panneaux « ne pas les nourrir « .
Simple bon sens. Cette boucle de 24 km se faufile le long des bosquets sur les chemins parfois creusés par les engins agricoles en repos dominical ce jour là. Les plaines betteravières ou de céréales ne vont pas tarder à révéler leur identités et repeindre le décor de leur feuillage tout neuf . Un soleil pâle hésite de longs moments à sortir des nuages puis soudain éclaire les pâturages. Un indicible air de printemps envahit l’atmosphère et les cœurs. Le vent est tombé et les randonneurs se dépouillent un à un de leurs oripeaux d’hiver au fil des lieues qui défilent. Passé 13h00, ils s’assoient sur les bords endigués de la Drouette pour engloutir un pique-nique mérité . (Ils sont partis de Montparnasse très tôt et les ventres crient famine).
La région est parcourue de nombreux rus. Des vannes entrouvertes laissent ici et là passer un maigre filet dans ces canaux trop souvent encombrés d’une végétation parasite. Il reste alors deux , trois heures de marche pour boucler ce bel itinéraire, la cadence augmente. Un peu trop, Joséphine freine les ardeurs, multiplie les pauses « techniques ». Les dernières tablettes chocolat circulent de main en main et les gourdes sont vides en retrouvant la gare de Gazeran tant l’air devient chaud. Retour à la casa… un peu vidé moi aussi !
Dimanche matin , la pluie n’ a pas encore atteint l’Ile-de-France, elle traîne en route et envoie son tapis de nuages en messager pour prévenir le randonneur parigot d’en profiter . Les marcheurs du club Randif se sont donné rendez-vous dans les profondeurs du RER D à la gare de Lyon . Stoïques, traités inox et déterminés, sans broncher ils finissent de traverser l’hiver ponctué de ses trains de dépressions atlantiques et autres bourrasques glaciales venues du Nord. Ils se rendent cette fois dans le Parc Naturel Régional du Gâtinais, un parcours de 20 km concocté par Christine entre les gares de Maisse et Boutigny-sur-Essonne plantés sur cette ligne.
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Un parcours très boisé avec de beaux dénivelés au départ de Milly
Nous sommes aux abords de la forêt de Fontainebleau , un patchwork de vastes zones vertes diluées dans les plaines agricoles. Ratissés et semés récemment, les champs cachent encore le secret de leur culture. Gants, bonnets, les randonneurs quittent la gare de Maisse par la route et mettent le cap Nord’Est sous un ciel plombé sur le fameux GR1. Ils s’enfoncent dans les bosquets de jeunes chênes des premiers kilomètres. L’humus de feuilles mortes forme un tapis épais. La sécheresse n’ a pas permis de terminer le travail de décomposition habituelle.
Le château de Milly
Leur pas est souple et silencieux sur ce début de parcours plat et clément pour les muscles encore froids. L’objectif est d’atteindre Milly-la-Forêt avant l’heure du déjeuner, car il restera alors près de 13 km. La petite ville historique connaît peu d’animation en cette période de vacances scolaires. Soudain des chants percent ce silence, le groupe tente une visite de l’église médiévale Notre-Dame de l’Assomption en fin de messe dominicale. Discrets, ils y renoncent et ne s’attardent pas non plus devant la halle du marché en travaux de rénovation de toiture.
Les lavoirs rénovés sont légion en Ile-de-France et font le bonheur des randonneurs l’été
Seuls de beaux lavoirs attirent leur curiosité de photographe. Après quelques méandres de rues, les visiteurs un peu déçus rejoignent la forêt de Milly pour rejoindre le Cyclop. 22,50 mètres de haut et 350 tonnes d’acier, cette œuvre sculpturale monumentale luit au milieu de la nature éteinte . Réalisée par Jean Tinguely avec le concours de sa femme Niki de Saint Phalle et de leurs amis artistes (Bernhard Luginbühl, Rico Weber, Daniel Spoerri…), c’est une immense tête sans corps, étincelante de miroirs, avec un œil unique, une bouche d’où ruisselle de l’eau sur une langue toboggan, une oreille qui pèse une tonne. Le musée à ciel ouvert n’ouvre pas au public en hiver et les randonneurs admirent l’œuvre de loin, assis sur des troncs d’arbres pour prendre leur déjeuner sur le pouce .
Une randonnée sans grandes difficultés
Le Cyclop monumental de Milly . Les artistes en firent don à l’état en 1987
La seconde partie de cet itinéraire ne ressemble en rien au décor de la matinée. Le GRP des Vallées de l’Essonne prend de l’altitude et se met à serpenter à travers les pins. Le sol sablonneux a repris ses droits tout comme les blocs de grès ; ce qui ne fait pas l’affaire de certains ! Il faut cependant se hâter, « enfin peut être que oui, peut être pas trop » hésite Christine notre guide du jour dont le casse-tête du moment est de reprendre un train vers Paris à 40 de chaque heure à la gare de Boutigny et d’éviter ainsi de poireauter sur un quai. Ainsi va la gestion des groupes, entre orientation, nutrition et transportation dans un créneau horaire qui satisfasse le plus grand nombre ! Les jours ont considérablement rallongés en ce mois de mars teinté de gris . Fin de w.e , fin de vacances, le train du retour vers la capitale ne cesse de se remplir de banlieusards et randonneurs fatigués au fil des gares. Les premières gouttes tant attendues martèlent enfin l’asphalte, le ciel s’assombrit . Une journée de rando ordinaire s’achève. Dans quelques semaines, le printemps va exploser et repeindre la nature de vert tendre. Patience…!
Voici une randonnée facile qui vous fera découvrir un visage verdoyant de l’Essonne, notamment le PNR du Gâtinais français (Parc Naturel Régional) . Situées sur la ligne RER C de Saint -Martin d’Etampes, les gares de Lardy et d’Etrechy constituent deux étapes idéales pour tracer cette randonnée de 17 km environ autour d’Auvers-Saint-Georges . Le parcours proposé ne présente pas de difficultés en terme de dénivelé et offre aux marcheurs de tous niveaux l’occasion de découvrir les différentes facettes de ce département, entre petits bois et grandes plaines agricoles. Ce parcours passe par de charmants villages, comme Jonville-sur-Juine, souvent bien restaurés, avec leur belle église et souvent un lavoir. Ces bourgs relativement préservés dans le PNR sont devenus les lieux de villégiature privilégiés ou de résidences secondaires, d’une population francilienne en quête d’espace et ce à une heure de la capitale par le train !
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Un département au patrimoine naturel et culturel très riche.
Parmi les parcours de découverte de l’Essonne, je vous propose cette boucle de 20 km qui résume à elle seule les différentes facette du département . Elle débute par un beau tronçon au départ de la gare RER B de la Hacquinière qui vous mènera dans un premier temps par les hauteurs au très joli village de Gometz-le-Chatel.
Ne manquez pas de visiter l’Eglise Saint-Clair afin d’admirer notamment les nouveaux vitraux, suite à la rénovation du monument. Quelques sculptures d’un artiste local agrémentent également le décor ici et là .
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Un parcours de 20 km environ pour découvrir les autres facettes de l’Essonne et finir par la visite du Château St Jean de Beauregard l
Une fois sorti des lieux par le sud-est, vous arrivez dans de vastes plaines agricoles. Les sentiers rectilignes s’y perdent à l’horizon parfois entre les lignes à haute tension et l’ombre se fait rare. Il vous faudra marcher plusieurs kilomètres pour atteindre le village de La Brosse et sans doute y pique-niquer près de son étang calme à l’abri du soleil .
Le chemin suit ici l’orée du bois sur deux kilomètres et remonte vers le nord pour rejoindre le GR du Hurepoix au bord duquel se cache le Château St Jean de Beauregard. Ce domaine est rarement ouvert au public, alors profiter comme nous des événements programmés pour le visiter. Ce jour-là près de 80 créateurs s’y étaient donné rendez-vous pour y présenter leur production dans le parc et les anciennes écuries attenantes. Pour le retour, le trajet le plus court emprunte le « GR d’accès » qui passe par une traversée plein nord des Ulis, contourne le centre commercial et se poursuit par une incursion dans le joli Parc verdoyant des Ulis . Vous pourrez alors reprendre le RER B vers Paris à la gare de Bures ou de Gif sur Yvette.
Il y a des jours comme çà où le randonneur se demande ce qu’il fait dans une gare parisienne presque déserte pour aller traîner ses pompes dans une banlieue paumée d’ Île de France dont il situe approximativement la position . Il sait pertinemment que la pluie n’a pas cessé de tomber une bonne partie de la nuit et sait ce qu’il l’attend une fois descendu d’un RER à une autre gare dont le nom ne lui rappelle ..rien !
Une longue diagonale entre plaine et bosquets entre les gares de Lardy et Breuillet
La seule certitude naîtra lorsque le randonneur passe en mode patinage sur les chemins détrempés et que la glaise alourdit chaque pied d’un bon kilo. La moyenne n’est plus qu’un vague souvenir et l’estimation de marcher à 4km/h pour réaliser la randonnée dans les temps devient une utopie. Reste alors à prendre son mal en patience et admettre qu’un pas en avant ne signifie pas forcément progression, se réjouir d’avoir toujours des bâtons de marche pour éviter le bain de boue à chaque descente. Le randonneur avec béquilles affublé d’une cape de pluie et sur terrain gras perd alors de sa superbe.
Grisouille et gadouille à tous les étages. A l’aise glaise !
Il n’a pas seulement le look de l’escargot mais aussi son allure . Bref il en bave ! Notre récent parcours entre Lardy et Breuillet nous a offert tous les aspects de la rando hivernale par « temps de..m.. » , un choix que tous avons pleinement assumé en bons stakhanovistes. Il a fallut attendre l’heure du pique-nique pour percevoir un rayon de soleil et une bonne dose de vin pétillant pour reprendre de l’énergie. La pause reste toujours le moment préféré du randonneur, la météo n’influençant en rien .
Quelques artistes du groupe y trouvent parfois de l’inspiration, comme notre dessinatrice Agnès qui d’un trait simple et efficace immortalisa ces moments de convivialité arrosée. Après avoir survécu à la farandole habituelle des desserts et renoncé à jamais à l’idée que la rando ferait perdre du poids, le groupe mené par Christian reprit le patinage par la plaine. Si le parcours amputé de quelques lieues , vu la cadence, ne restera pas dans les annales, il aura eu la vertu de redonner aux confipotes cette bouffée d’oxygène nécessaire pour affronter une semaine durant l’univers carcéral du domicile et l’overdose de télétravail .
S’arrêter pour admirer quelques instants le spectacle de la nature sculptée par l’hiver et l’érosion.
Il faut souvent s’éloigner de la Capitale pour découvrir de nouveaux itinéraires de randonnée pleins de charme . Ce parcours de 21 km débute à la gare de Ballancourt dans l’Essonne.
Celle-ci est à environ 75 km et desservie par le RER D depuis la gare de Lyon, direction Malesherbes. (Prévoir un changement à Juvisy ou Corbeil-Essonne) . En prenant un peu d’altitude, c est à dire en regardant de près la carte IGN au 1:25.000e , on découvre le GR11 que vous suivrez sur plusieurs kilomètres a été tracé tout en sous bois.
Très bel itinéraire pour une rando de 22 km sans difficulté majeure . Possibilité de reprendre le train à Ballancourt en longeant l’Essonne et ses iles sur 6,5 km
Le GR11 serpente ici entre les rochers et domine la plaine de la Ferté Alais au loin.
Du beau travail des baliseurs car la forêt n’est qu’une large bande verdoyante et non pas un massif. Terrain sablonneux , pins et rochers, vous y retrouverez tous les ingrédients de Fontainebleau avec la quiétude en plus, certes à une échelle réduite . Lors de notre passage fin mai, nous avons suivi en bordure de bois les champs de céréales balayés par une douce brise de nord, un vrai plaisir des yeux. Ce décor est typique des cultures de l’entrée dans le Gatinais . Cette randonnée passe par le très beau Château de Saussay que l’on peut visiter sur demande.
De longs passages près des cultures céréalières en orée des bois.L’église de Mandeville. Une place agréable pour un pique-nique et pratique pour remplir sa gourde à la fontaine de la place.
Rochers, sentiers sablonneux, mélanges de pins , châtaigniers, bouleaux et hêtres, on retrouve dans cette zone de Ballancourt une forêt aux airs de Fontainebleau , plus petite mais beaucoup moins fréquentée.
Vous pourrez également faire une halte à Mandeville pour admirer sa belle église Romane et vous ravitailler en eau à la fontaine sur la place. L’arrivée se fait donc à la Ferté Alais. Prenez plutôt le passage en sous-bois pour rejoindre la gare. C’est un beau passage très bossu , un peu plus long mais qui vaut vraiment ce petit détour . Pour accéder à la gare, prenez un chemin qui descend tout de suite à votre gauche lorsque vous êtes sur la route qui surplombe les voies.
Le château de Saussay aujourd’hui privatisé et reçoit divers évènements d’entreprises et autres séjours. Il est classé aux Monuments historiques. Cependant on peut le visiter une grande partie de l’année.
Si vous n’êtes pas synchro avec l’horaire du train de retour , prenez le temps d’aller au centre ville de la Ferté pour prendre un verre ou faire quelques emplettes à la supérette ouverte le dimanche. Les plus courageux peuvent rejoindre la gare de Ballancourt en suivant l’Essonne. Le parcours très agréable passe par une série d’iles. Comptez environ 6 km de plus, soit une près d’une heure trente de marche.
Rien de plus bucolique, romantique voir exotique que de randonner le long des cours d’eau et des canaux d’Ile-de-France . Voici une vingtaine de parcours, tous testés, avec parfois quelques aventures inattendues .
cliquez sur les cartes pour découvrir les itinéraires et sur les titres pour lire descriptions et récits . Bonne balade !
Bien desservies par le RER B, la vallée de Chevreuse et celles des rivières du bassin de la Meauldre comme l’Yvette ainsi que le plateau d’Orsay très boisé constituent un formidable terrain de jeu pour les randonneurs d’Ile-de-France. De nombreux chemins parfaitement balisés vous permettront de tracer facilement une foule d’itinéraires dans cet espace à cheval sur les départements des Yvelines et de l’Essonne. Vous emprunterez peut-être le GR655 Ouest qui vous menera tout droit vers Compostelle ! Programme plus modeste, au départ de la gare du Guichet, je vous propose ce magnifique parcours d’une vingtaine de kilomètres particulièrement varié pour en découvrir toutes les facettes. Lors de cette balade vous traverserez le campus d’Orsay, l’un des cinq sites de l’université Paris-Sud, qui s’étend sur la commune d’Orsay mais aussi de Bures-sur-Yvette et de Gif-sur-Yvette, dans l’Essonne, à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Paris. Il accueille plus de 13 000 étudiants et 1 700 enseignants-chercheurs. Ses nombreux bâtiments d’enseignement et ses 60 laboratoires de recherche se répartissent sur 200 hectares de bois contenant de nombreuses espèces rares (source Wikipedia). Lors de cette longue balade, vous découvrirez deux autres endroits originaux. Tout d’abord la carrière de La Troche. Cette entreprise appartenait à la famille Pigeon à la fin du XIXème siècle. Elle y employait 25 à 30 ouvriers dans la fabrication des pavés parisiens d’une vingtaine de tailles différentes. Le travail s’interrompait au moment des moissons car les carriers, très souvent, étaient aussi ouvriers agricoles. La production était descendue à Paris deux fois par jour depuis la gare de Lozère, dès 1867, par des charrettes tirées par 3 chevaux et chargées de 120 pavés (environ 2 tonnes). Puis en 1891 elle fut acheminée sur des wagons grâce à une voie supplémentaire créée pour les marchandises. La carrière ferma ses portes en 1937. Située à l’intérieur du parc Eugène-Chanlon, elle fait désormais le bonheur des grimpeurs qui profitent des trois voies sécurisées de niveau 4 à 8. Hasard, l’autre site remarquable concerne aussi l’escalade mais d’une façon plus inattendue. Le viaduc des Fauvettes se situe dans le vallon verdoyant et sauvage du ruisseau d’Angoulême entre forêt de châtaigniers et prairies. Il s’agit d’un viaduc ferroviaire désaffecté depuis la guerre de 1939-1945 sur lequel passe désormais votre chemin de randonnée. Ce viaduc est essentiellement constitué de meulière très caverneuse, une roche qui a en effet permis le tracé d’itinéraires d’escalade originaux et très diversifiés ; l’ouvrage propose plus de 130 voies de 10 à 36 mètres de hauteur, dont plusieurs réservées aux enfants..A vos gratons !
Malgré les apparences cette randonnée s’avèrera un peu sportive avec un dénivelé cumulé de presque 1 000 m et un nombre d’escaliers surprenant !
Moins connue et plus sage que l’Essonne, l’Yerres prend sa source à Guérard au nord du hameau de Courbon. Elle coule ainsi des jours paisibles sur près de 100 km avant de rejoindre la Seine à Villeneuve-St-Georges (91). Ce bassin fluvial de 1 000 km2 soumis longtemps aux fortes crues s’assèche et fait désormais place à la poussée urbaine. La réserve de biodiversité issue des zones humides se réduit hélas d’année en année. Afin de préserver ce patrimoine et sauvegarder les traces de son histoire, la SYAGE (Syndicat mixte pour l’Assainissement et la Gestion des Eaux du bassin versant de l’Yerres) a participé à l’aménagement des berges et de plusieurs ouvrages : la Liaison Verte. Aujourd’hui le public profite d’une jolie balade d’un douzaine de kilomètres de Boussy-St-Antoine jusqu’à Montgeron (ou inversement !) à parcourir à pied ou à vélo. L’itinéraire balisé en jaune et rouge suit au plus près cette rivière paisible d’une profondeur de 1 à 6 m. A certains passages, elle se réduit à un ru, puis soudain reprend de l’ampleur au gré de ses méandres. Ici et là quelques pécheurs tentent leur chance entre les nénuphars. Les barques de jadis semblent endormies elles aussi sous les abris de bois. Il faut qu’une base de canoë apparaisse subitement pour nous ramener au début du XIXe siècle, période où la Yerres fut un lieu de détente et d’inspiration pour les peintres impressionnistes comme Corot et plus encore Gustave Caillebotte. Son tableau des pagayeurs sur leur Périssoire est l’un de ses chef-d’œuvres. De 1860 à 1879, l’artiste et architecte naval mondialement connu séjourna sur les rives de l’Yerres dans une villa néo-classique aujourd’hui restaurée à l’identique par une association de soutien et par le Mobilier national jusque dans ses moindres détails. Le parc ouvert au public et le potager à vocation pédagogique, animé par une vingtaine de jardiniers bénévoles, attirent toute l’année de nombreux visiteurs en quête de verdure et les scolaires. Une petite orangerie et une ancienne ferme modernisée accueillent régulièrement des expositions temporaires de peintres et sculpteurs. Cette longue promenade, plutôt boisée, reste comme une étroite brèche de nature en pleine banlieue où il fait bon pique-niquer ou déjeuner à la terrasse du restaurant du Pavillon de l’île, à Brunoy. Parfois l’Yerres s’éparpille sous forme de petites îles reliées entre elles par une série de passerelles. Des vestiges de moulins, quelques barrages témoignent de son débit d’antan.
Enfin, nul besoin de voiture pour se rendre sur les bords de l’Yerres. La ligne D du RER et la ligne R SNCF desservent toutes les gares de ce parcours dont chacun modulera la distance… au gré de ses envies.
Chaude balade de 28 km par les plaines céréalières de l’Essonnes.
Il était une fois, une horde de marcheurs qui foulait de son pas lourd tous les sentiers de la région depuis des années, au-delà des frontières de la ville.
Aucun chemin ne leur avait jusqu’alors échappé. Cette dernière décennie, ils ont parcouru plus de kilomètres cumulés que vous ne le ferez jamais. Rien ne semblait pouvoir les arrêter, ni la canicule, ni la pluie, ni le froid et encore moins des distances indécentes. Chaque dimanche, des trains grinçants venus des gares centrales de la mégapole les déposaient dans des lieux improbables, des banlieues oubliées ou parfois même au milieu de nulle part, en pleine forêt. Une fois débarqués sur le quai, un chef donnait ses consignes. Ce n’était jamais le même à chaque mission. Au moment du départ, peu d’entre eux connaissaient réellement le parcours imposé. Ils suivraient ce guide aveuglement, comme ils l’avaient toujours fait. A cet instant précis du briefing chacun se devait d’écouter ses consignes. Il était surtout question de discipline, de sécurité. Quel qu’il soit, le chef ne déviait jamais de sa mission et son engagement auprès de l’Assault, l’Organisation Centrale, restait total : personne devrait manquer à l‘appel lors du retour programmé dans une autre gare, souvent sur une autre ligne. Lui seul en maitrisait l’heure. Ce jour-là, CB était de service, un mercenaire en ménage avec une sert-file frêle mais tenace, le type de créature qui ne vous lâche pas d’un œil ni sur le terrain ni dans le train en pointant les adhésions. Avant qu’il ait fini son discours rôdé durant sa formation de meneur
Pause sous un cèdre centenaire ..quelque part entre Dourdan et Etampes.
, des marcheurs avaient détourné leur attention du leader. Sa réaction immédiate fut cinglante : « Ecoutez je vais vous emmener dans l’enfer du sud et durant ces 28 km, certains regretteront surement d’être venu ! » . Le groupe replongea quelques instants dans un silence de plomb et commença sa longue marche sous le soleil déjà haut. La réputation de CB avait fait le tour de tous les groupes. Tous connaissaient sa détermination, son professionnalisme mais aussi ses faiblesses devant une bonne table. D’emblée, il leur imposa un rythme rapide, ils traversèrent Dourdan sans y jeter un regard. L’asphalte des rues laissa vite place à la terre d’un sentier à la sortie de la ville. Les maisons de pierre disparurent peu à peu du décor, l’immensité s’ouvrait devant eux. Ils levèrent les yeux au sommet d’une ultime côte boisée et réalisèrent soudain le sens exact de la promesse de CB. Des champs de blé, d’orge, de seigle s’étendaient à perte de vue dans une platitude désolante alors que l’astre solaire ne cessait de monter, diffusant ses premiers rayons mortels sur la plaine. Les marcheurs novices échangèrent des regards inquiets, un vieux routard de l’Assault se redressa après l ‘effort, releva le bord de son chapeau délavé par les UV et murmura d’une voix lasse : « Si vous le connaissiez pas, vous venez de comprendre pourquoi on surnomme ce mec : Céréales Killer.Inutile de chercher l’ombre d’un arbre, il n’y en a pas. » Et d’ajouter avec un sourire narquois : « Allez, prenez en de la graine et consolez-vous car c’est le moment de se faire du blé ! » . La blague s’avéra aussi plate que les kilomètres se déroulant devant eux. Seuls les pylônes des lignes haute-tension avaient poussé dans ce désert agricole sans la moindre ferme à des lieues à la ronde. Pas d’échappatoire, pas la moindre gare de repli, la seule issue sera pour tous de bouffer un maximum de distance avant la pause déjeuner puis d’atteindre Etampes… tous vivants. Ils marchaient ainsi depuis plus de trois heures, soit près de 15 kilomètres, lorsqu’un premier bosquet digne de ce nom leur offrit enfin suffisamment d’ombre pour planter le camp. Epuisés, ils se jetèrent sur le sol pour reprendre des forces. Une fois calés avec des rations de survie en milieu hostile, la plupart d’entre eux tombèrent dans un semi-sommeil. Ici un homme à demi-dénudé et bavard rompait le silence réparateur. Là, un autre plus rond resservait son sempiternel tour de taï dans l’indifférence collective. CB s’était endormi, à quelques pas une marcheuse solitaire s’agitait à l’orée du bois en luttant sans espoir contre les insectes attirés par une tunique bariolée peu adaptée au camouflage. Enfin, le leader sortit de sa léthargie digestive, consulta sa montre, jeta son regard d’expert sur la carte IGN au 1:25.000e et lança à l’assemblée : « Il nous reste 12 à 13 km ; vous avez trois minutes pour vous bouger ». Ils relacèrent leurs godillots, bouclèrent leurs
L’Essonnes, le GR111 .. et son relief !
besaces allégées du repas et s’enfoncèrent dans un sous-bois providentiel. Le matheux de service calcula que cette distance restant allaient prendre près de trois heures d’efforts supplémentaires. Un marcheur averti déclara plein d’espoir : « Selon mes infos, avec un peu de chance, on chopera le train de 17h30. » CB se moquait des infos des uns et des autres. Il n’était pas du genre à courir après les trains. Le taux d’humidité avait soudain grimpé sous la couverture nuageuse, l’orage menaçait au loin. Quelques gouttes laissèrent même croire un instant que l’heure tant attendue de délivrance de la chape thermique allait sonner, mais en vain. Les derniers kilomètres dans les faubourgs d’Etampes torturaient les membres échauffés, le niveau des gourdes avait atteint un seuil critique et cette p… de gare n’arrivait toujours pas. Lorsqu’en fin ils aperçurent la structure du hall en contre-bas, ce fut pour constater le départ d’un train… leur train. La horde aguerrie n’en était pas à son premier déboire au terme d’une épopée sauvage. CB les regarda les uns après les autres. Certains avaient leur compte et ne rêvaient que d’un retour immédiat. Les autres connaissaient la marche à suivre en cas de coups durs du destin. Toutefois, Céréales Killer s’empressa de rappeler la maxime aux moins affutés face à l’adversité : « Eh l’Essonnes of a …, quand il y déboire ? Y a plus qu’à aller boire . Et quitte à bouffer des céréales autant finir par le houblon ! » . C’est à cette réactivité devant l’imprévu que l’on reconnaît les vrais leaders, cette trempe qui pousse le marcheur au delà de ses limites et au bistrot le plus proche le moment venu. Ils n ‘étaient plus qu’une poignée sur la terrasse du troquet. CB n’avait cure de leur fatigue du jour, de leurs douleurs du lendemain, persuadé qu’ils le suivraient un autre dimanche vers de nouvelles aventures, loin de l’univers de béton qui les oppresse, au travers d’autres champs, par d’autres vallées d’Ile de France.
Avertissement : Toute ressemblance dans cette fiction avec des personnes réelles ou ayant existé ou une association de randonnée ne serait que forfuite.