Meaux (ise !) et la rando maudite sauvée des eaux

Lagny-Thorigny.. tout le monde rebrousse chemin par les passerelles anti-crues

Janvier, mois de toutes les résolutions de purification morales et physiques où les images bibliques de jadis se télescopent aux selfies narcissiques d’un XXIe siècle décadent, comment ne  pas songer avec nostalgie aux  Rois Mages en rando   vers la Galilée (source Wikirsch : Sheila – ‎Mars 1971 de ‎J Schmitt / C Carrère) mais plus encore à cet homme d’exception, autre randonneur infatigable qui erra dans le désert pendant quarante ans pour faire sortir d’Egypte son peuple empêtré dans un sacré pétrin, je veux parler de Moïse. Parmi ses exploits, rappelez-vous de sa fameuse traversée  de la mer ..à pied. Parallèle historique assez audacieux, je vais vous relater l’histoire d’un groupe de 27 randonneurs immergés cette fois en Seine et Marne, le premier w.e après l’épiphanie, synonyme pour vous, misérables païens, de frangipane, fève et couronne en toc . Cette fois ci, le guide du groupe se nomme Geneviève, femme rigoureuse qui veilla des décennies à faire respecter les lois gravées dans les tables républicaines et qui après une révélation probablement divine, se consacre à maintenir sur le bon chemin les brebis de Sport et Nature et des Amis de la Nature.  Sa mission est  ce jour-là de purifier une poignée de randonneurs en surpoids, et en proie à une ankylose musculaire hivernale sévère. Lors d’un premier message par mail, elle les avait prévenus sans ménagement :  » Bande de petits ..sal.. (éloignez les gosses de l’écran), vous allez expier vos fautes, de Lagny-Thorigny à Meaux lors d’un parcours de 23 km mené au rythme infernal de 4,5 km/h que je qualifierai en un mot d’allure SOU-TE-NUE. ». Ce qualificatif avait eu pour effet de décourager les moins entraînés d’entre nous qui préfèrent tester chez eux leur nouvel écran plat 82 pouces ou faire je ne sais quoi sauf d’aller au rdv à la Gare de l’Est à 9 heures du mat’ .

 

La Seine et Marne, la Brie dans toute leur splendeur

La promesse de cette purification péripatétique et un soleil radieux remplirent de joie les 27 randonneurs volontaires et tous affichaient un large sourire à l’idée de revoir la citée, sa cathédrale, Coppé son maire et ses kébabs. La ville et certains se réveillaient lentement, quelques autres avaient oublié leur déception d’avoir rater une semaine auparavant un Meaux By Night  very pathétique, ou s’en réjouissaient, au choix . (Voir  notre dernier article  « Rando d’hiver ? ..pas de la tarte mais de la galette  «   https://wp.me/p6NqC2-TA). Néanmoins les fidèles et piliers de Sport et  Nature marchaient pour beaucoup le cœur serré, l’âme encore marquée du souvenir d’une randonnée estivale douloureuse dont les faits sont relatés dans un autre article intitulé « Errance et zizanie à Meaux » – https://wp.me/p6NqC2-Ny ).

Bon, ok, raté le pique-nique à table !

Une fois encore le sort s’abattit sur  ce parcours francilien dès le premier kilomètre. Dès Lagny un univers liquide leur barra le chemin . La Marne était sorti de son lit elle aussi et les berges du GR1 submergées n’étaient plus qu’un vague souvenir.  Qu’importe, les marcheurs et leur  guide s’élancèrent au- dessus des flots  ! Rien ne semblait pouvoir anéantir leur appétit de kilomètres ni les détourner de leur but, atteindre la ville. Lorsque les dernières passerelles métalliques anti-crues disparurent du décors, tous regardèrent vers le ciel et demandèrent à Dieu lui-même : « Pourquoi cette p…de rando à Meaux est-elle maudite ? » . Aucune réponse ne se fit entendre . Alors Geneviève trouva une issue de secours dans les cartes. Fluctua nec mergitur, alleluia, une route parallèle nous conduirait jusqu’à la forêt, loin du traitre fleuve. C’est ainsi que l’on  traversa une nature aux allures de rizière (dixit Sylvie,  trekkeuse au long cours très imaginative) en remontant le canal menant à Meaux. Après 14 km, notre guide stoppa net notre progression.  Nous étions arrivés sur l’aire du pique-nique mais consternation et rigolade générales,  les tables baignaient dans une marre immense. La troupe fut invitée fermement à rester groupée sur la berge lors du repas. Seuls, quelques Judas bravèrent l’autorité pour s’installer sur un pont. Dans sa miséricorde Geneviève les pardonna et rompit une fois encore le pain et la galette, l’ apôtre André partagea le vin, je me crucifiais sur le sol pour m’imprégner du soleil miraculeux . Nous avions quitter Mareuil et nous cheminions vers Nanteuil lorsque un autre obstacle de taille se dressa devant vous : la redoutable route nationale N36. Perfide, bruyante, symbole de la triste zizanie d’octobre 2017 , l ‘artère infranchissable défiait une nouvelle fois un guide de Sport et Nature. Michel BL, meneur de cette rando à l’époque,  se remémora soudain cet instant tragique ou le groupe de 53 marcheurs se scinda en deux sous ses yeux remplis d’impuissance et  de résignation, les uns suivant un chemin incertain en lisière de forêt, les autres coupant à travers champs.

Parcours long mais facile avec le passage délicat de la RN 36

Geneviève chassa de son esprit cette visions cauchemardesque, préférant s’en remettre au bon sens , à sa carte et ..à Google Map. Quelle pitié ..Je pestais une nouvelle fois contre tous les guides de la terre hermétiques aux App de rando dignes de ce nom. Malgré tout, notamment les rond-points, nous avons réussi à rejoindre le GR1 . Les deux kilomètres se firent dans la boue des champs et une ultime route inondée nous força à escalader un coteau glissant pour  enfin rejoindre Meaux. De 23 km annoncés, nous en étions à 27. Le petit plus habituel offert par l ‘association. Ne la remerciez pas c’est cadeau !!

Téléchargez la trace GPS   en cliquant ICI

 

3 réflexions sur « Meaux (ise !) et la rando maudite sauvée des eaux »

  1. Dear Richard,
    Non je n’était pas en proie à une ankilose musculaire hivernale c’est certain lors de ces deux rando. Comme je suis heureuse de les
    avoir faites.
    La royale photo était -elle utîle ?
    Anita (morte de rire dans le TER après la lecture)🍷🌹

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  2. Cela me rappelle les quelques randos franciliennes que nous avions faites lorsque nous étions encore Parisiens… Un bon bol d’air frais à quelques gares de Paris, et parfois quelques imprévus ! J’ai bien ri en te lisant en tout cas…

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