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Camino del Norte 2017-2024 – Doublé sur un chemin de Compostelle d’exception

J’ai commencé à fréquenter les chemins de St Jacques de Compostelle en 2014 à raison d’un itinéraire complet chaque année à l’exception de la période COVID . C’est donc avec une solide expérience que je suis reparti le 10 mai dernier sur le Camino del Norte après les rivages de la Rota Vicentina (Algarve) et du Camino Portugais . Pourquoi refaire le Norte déjà réalisé en 2017 ? En fait je voulais revenir sur un chemin côtier de la péninsule, un parcours splendide qui réunit tous les aspects d’une randonnée itinérante passionnante, à savoir des paysages de toute beauté, des dénivelés intéressants et compatibles avec mon niveau (et mon âge!)

Débriefing à chaud !

Sept années se sont écoulées entre ces deux voyages sur le Norte, un chemin en mutation dont la fréquentation est en pleine progression. Il occupe désormais la 4e place après le Francès, le Primitivo et le Portugais. Voici ce que j’ai retenu de ce retour en terme de sensations, ce que les futurs candidats peuvent en apprendre pour se lancer à leur tour sur ce chemin d’exception.

Environ 830 km très vallonnés, près de 13.000 m de dénivelé positive

Un parcours toujours toujours très exigeant physiquement et désormais plus complexe

Avec ses 830 km et ses 13.000 m de dénivelé positive, (hors partie finale par le Primitivo), le Camino del Norte par la côte n’est pas un chemin initiatique. La traversée du Pays Basque espagnol durant la première semaine peut se révéler difficile alors que l’organisme n’est pas encore rodé à l’effort. Cette difficulté vient du caractère particulièrement vallonné de la région et de la nature des sentiers, sachant qu’une météo pluvieuse assez courante, peut encore corser l’affaire. D’ailleurs les moins entraînés et plus sages préfèrent débuter le Norte depuis Bilbao.

Plus loin, l’arrivée en Cantabrie est marquée par la multiplication des secteurs d’asphalte, alors que le relief s’assagit. Ces 150 à 200 km s’avèrent ou s’avéreront traumatisant pour les jambes, notamment genoux et tibias déjà soumis à une semaine d’effort. Et pourtant il n’a pas fait chaud cette année, ce qui a minimisé ces traumatismes dus aux chocs répétés sur un sol dur. Cependant, j’ai ainsi assister à de multiples abandons à la sortie de la Cantabrie suite à des périostites, des tendinites diverses ou tout simplement à une véritable lassitude de marcher sur route. La mauvaise météo a encore joué un rôle important et l’expérience a probablement fait la différence .

Un chemin parfois ingrat !

Après des pluies abondantes, comme nous en avons eu à Santander, une variante proposait ainsi un passage sur les hauteurs proches de la côte. Vu la visibilité médiocre et un sentier probablement gorgé d’eau, cette option ne présentait aucun intérêt, pire elle s’est avérée dangereuse à flanc de falaise et épuisante. Il fallait dont sagement rester sur une portion goudronnée certes pénible mais plus sûre. Question de bon sens. Hélas nombre de pèlerins « novices » se sont contentés de suivre cet itinéraire bis aveuglement sur l’App Buen Camino sans trop réfléchir.

Ce camino del Norte 2024 a donc été souvent marqué par ce type de choix, sachant que de nombreuses variantes sont désormais proposées tout au long du parcours. Elles sont généralement bien mentionnées sur les Applications ou sur les guides papier. Certaines sont recommandées aux cyclistes . Il est toutefois essentiel de discuter avec les hospitaleros pour obtenir de précieux conseils. Cela dit, j’ai hélas moi aussi fait de mauvais choix sur certaines variantes tracées soit pour raccourcir les étapes ou pour raison de sécurité, ou désengorger des localités comme à Arzua ou se rejoignent plusieurs caminos.

J’ai ainsi emprunté à Boimorto une diagonale rectiligne, déserte, de 8 km pur bitume entre les forêts d’eucalyptus, sans le moindre café. Dépité, j’ai même tenté de faire du stop, en vain. Enfin, cette météo pluvieuse rend parfois les chemins presque impraticables lorsque les engins forestiers les défoncent. Le marcheur évolue quasiment dans un bourbier de glaise. Un enfer. Comme tous les caminos, le Norte est tracé de part et d’autre de grands axes routiers. Afin d’éviter tant que ce peut le bitume et le danger des voitures, les baliseurs coupent les grandes boucles routières par des descentes en fond de vallons et les remontées. La répétition de ces montagnes russes est particulièrement épuisante.

Le même casse-tête de la composition des étapes en fonction des hébergements

Depuis sept ans, j’ai constaté que d’avantage d’hébergements sont proposés sur le Camino del Norte, la rançon du succès ! Toutefois, j’ai aussi vu plusieurs albergues désormais closes suite à des faillites dues au Covid. Par ailleurs, des établissements municipaux sont fermés durant le week end. Il vaut donc mieux se renseigner au jour le jour . Faut-il réserver ses hébergements ? Pas d’obligation mais un peu d’anticipation s’impose concernant des établissements de petite capacité (une dizaine de lits) . J’ai assisté à de beaux plantages !

Pour ma part j’ai réservé une à deux étapes d’avance en utilisant l’App Booking.com à maintes reprises (je reviendrais sur ces outils) et en passant des appels directs. Oubliez totalement (ou presque) les mails, le taux d’échecs est important faute de réponses. Côté budget, évidence, vaut mieux voyager à deux et partager parfois une pension ou un hôtel. (voir le tableau)

Malgré le nombre croissant d’hébergements, la composition des étapes reste un exercice mathématique quotidien . Un marcheur en forme se base sur 20 à 25 km par jour pour rejoindre un toit. Les fonceurs s’en envoient 30 à 35 ! Après deux semaines, je visais plutôt 25 km par jour en évitant les étapes à plus de 30 qui laissent « des traces » le lendemain sur mon organisme de sénior ! L’important est d’écouter son corps, de ne pas pousser la machine trop loin, avec en tête une obsession : finir le chemin.

Marcher seul, en couple, en groupe sur un Norte peu fréquenté ??

On trouve de tout sur les chemins de Compostelle et cet aspect sociologique m’a toujours interpelé. Je suis un marcheur solitaire et cet isolement volontaire ne ne pèse jamais, cela relève même de la quête. Cela ne m’empêche nullement de savourer des soirées entre pèlerins, à partager un verre ou faire la popote ensemble. J’ai rencontré des couples formidables sur le Norte notamment deux époux roumains affichant une solidarité touchante et complicité dans les moments les plus durs. Je garde aussi l’image de ce jeune allemand qui imposa à sa compagne sud américaine toujours hyper joviale des étapes de plus de 35 km pour tenir leur délai de retour !!

En fin de camino, elle laissa près de 2 kg de fringues superflus sur le comptoir de l’albergue ! Les plus jeunes taillent la route d’une façon relâchée. Leur spontanéité et leur niveau d’anglais leur ouvrent plus de contacts. Les marcheurs asiatiques me passionnent aussi par leur recherche de la perfection, de la protection contre le soleil, leur curiosité et leur émerveillement constant. Tout leur semble beau ! Enfin, abordons le sujet du groupe spontané. Instinct grégaire oblige, l’homme ou la femme ont tendance à s’agglutiner à deux , trois ou six . Crainte de la solitude, de se perdre, de s’ennuyer, vraies affinités, les fameuses « fabuleuses rencontres du Camino » ! La durée de vie du groupe est plutôt variable. Cet exemple est symptomatique du phénomène. Jean-Pierre, rochelais, Louise, québécoise, Fabio, brésilien, et Annette hollandaise se sont rencontrés et pris plaisir à partager le chemin de nombreux jours. Une vraie famille. Jusqu’au jour où la hollandaise s’est lassée du rythme imposé et des contraintes du groupe, jusqu’au jour ou Fabio s’est offert une pause visite, jusqu’au jour ou Louise, épuisée a voulu tout plaquer, a tenu une semaine et est rentrée chez elle. Jusqu’au jour ou Jean-Pierre s’est retrouvé seul, victime d’une sale bobo au genou et est reparti à la Rochelle à mi-parcours.

De grands moments de solitude aussi dans les forêts d’eucalyptus ou les plaines immenses.

J’ai adoré cet autre groupe «  à géométrie variable » mené et recomposé dix fois par Mirchka, ce roumain exilé à San Francisco dont la gaîté et l’humour ont entraîné dans ses pas une suédoise, une jeune américaine de l’Oklahoma, un allemand increvable, moi-même, etc. Un vrai catalyseur de marcheurs dont la bonne humeur a irradié mon parcours. Quel bonheur j ai eu de les retrouver à Santiago chez un marchand de glaces ! Ses rencontres parfois magiques m’étonnent et me ravissent. J’ai passé du temps avec des duos improbables. Mike, 58 ans et Gerhard, 72, deux allemands d’une complicité géniale, le second victime par le passé de trois crises cardiaques et porteur de deux stents.

Des rencontres spontanées et des passages surprenants.

Ou encore Tony, britannique de 68 ans, six chemins au compteur qui partageait ses soirées depuis deux semaines avec Nat, vieil australien fatigué, d’une lenteur assumée, parti d’Irun le 17 avril !! L’amitié spontanée retrouve ici toute sa mesure. En revanche, je finis par fuir les meneurs bavards, bruyants, qui connaissent tout et rien ou encore ces groupes de français hermétiques qui parlent à peine deux mots d’anglais. Très très rarement, j’ai évoqué ou mis en avant les 8 ou 9 chemins réalisés depuis dix ans. C’est inutile car le camino reste une expérience unique pour chacun.

La technologie toujours plus au service ou au secours du pèlerin

Depuis mes débuts sur les chemins, je ne peux que constater omniprésence de la technologie. D’abord, il y a du réseau GSM (3 ou 4 G) partout sur ce parcours. Le « roaming » mis en place en Europe permet à tous les européens de profiter de leur forfait national. Les autres pèlerins étrangers sont toujours en quête de WI FI au moindre arrêt. Certains opérateurs hors Europe offrent ce service à leurs clients. La plupart des communications passent désormais par WhatsApp. Les groupes évoqués précédemment en font un usage généralisé pour communiquer entre eux. De plus en plus d’hospitaleros l’utilisent aussi. Enfin, quelques groupes ou couples se sont logés parfois en AirBnb.

Le camino en ville : pas toujours très glamour
Visite de Bilbao, traversée dans l’histoire industrielle des grandes villes nu nord.

Les Applications et sites « spécial Compostelle » ne manquent pas. Pour ma part, en bon geek, j’ai utilisé les outils suivant. La plupart ont un lien direct booking.com pour réserver et proposent en option payante des calculateurs d’étapes. (Je n’ai pas testé) :

Wise Pilgrim Camino del Norte (5,49€) . Très simple, ergonomique, mise à jour, bien documentée. Cartes téléchargeables Apple Maps. Tous les hébergements répertoriés. Conseils mentionnés en rouge

Buen Camino . L’app qui s’est généralisée chez les pèlerins. Gratuite, bien documentée, dotée d’une boussole pour se rendre à l’albergue choisie. Cartographie Google Earth agréable, profil du parcours.

Mapy.cz . L’app en open source offre des courbes de niveau et une précision topologique, des détails cartographiques plus précis pour s’orienter et trouver le bon chemin en plan B

Google Maps . L’application à 250 % commerciale est bien pratique pour trouver un supermarché, un restau ouvert, ou une pharmacie le plus proche

Google Traduction : l’arme absolue pour lire les menus espagnols !

Booking.com . Ce site ou cette app est devenu désormais incontournable en voyage. Choix, réservations instantanées et sures . Paiement immédiat ou non . Le programme fidélité offre de bonnes réductions. Inconvénient : annulation quasi impossible. Mieux vaut bétonner ses étapes .

WhatsApp . Evidemment ! Pour rester connectés entre amis, hospitaleros et limiter les frais téléphoniques.

Facebook – pour partager les bons moments avec ceux restés à la casa !

Camino del Norte 2024 . Editions Rother 16 Euros (Au Vieux Campeur)

Ce petit guide d’un format poche très pratique est un concentré d’informations notamment le profil du parcours, un bornage kilométrique précis, des infos culturelles. La cartographie est très soignée. La partie hébergements mériterait plus de clarté. Téléchargement offert des traces de chaque étape au format .gpx

Un guide papier, des applications numériques, un passeport dans les bagages.

Montres connectées et smartphones : nombreux sont ceux qui enregistrent désormais nombre de pas ou km effectués chaque ainsi que les calories dépensées. (important, vu le nombre de bananes ingurgitées ! )

Mon choix : Montre Casio Pro Trek connectée via l’app Casio Watches . Ce modèle est doté d’un podomètre, d’un altimètre, d’un baromètre et surtout d’une boussole, très utile malgré tout pour vérifier sa bonne orientation notamment en sortie de ville.

Débriefing équipement :

Les chaussures de trail Hoka Speed Goat 5 (semelle Vibram) ont tenu la distance malgré une usure très marquée après le Pays Basque et la Cantabrie. L’étanchéité Gore Tex n’a pas tenu très longtemps. J’ai manqué d’une polaire légère intermédiaire en alternance avec la doudoune Cimalp. J’ai marché à 98 % en short, avec un pantalon de pluie trail Evadict (Décathlon) les matin frisquets.

Pour la première fois, j’ai brisé un bâton de rando lors d’une glissade dans la boue. J’en ai racheté un en route après avoir tenter une réparation. Il y a des pharmacies partout en Espagne, inutile de se charger de médicaments et matériel de soin. Hydratation : faites le plein au robinet des hébergements, l’eau est excellente, vous trouverez régulièrement des fontaines en ville. Evitez les sources isolées en campagne, la qualité de l’eau n’est pas certaine.

Budget : Variable de 30 à 70€/jour selon les bourses mais globalement le coût de la vie à augmenter de 20 à 30% pour tous en Espagne, ressenti sur l’alimentation et les consommations. Cartes bancaires acceptées partout.

Conclusions

Cette nouvelle expérience sur le Norte m’a apporté toute la rupture avec le quotidien que j’escomptais, ce petit parfum d’aventure, ce dépouillement de tout pour garder que le nécessaire. Le septuagénaire s’en est sorti physiquement intact sur ce chemin éprouvant. J’en ai tout de même .. bavé ! Car la récupération est devenue plus douloureuse avec les années . Alors, comme me déclarait un formidable marcheur anglais de ma génération rencontré sur la Via de la Plata en 2022, en arrivant à Santiago: «  Je ressens une immense gratitude pour la vie et ce qu’elle vient de m’offrir » . Tout est dit . Partez sur le Camino del Norte en bonne forme et avec prudence. Ce chemin est un vrai bonheur tant les paysages sont magnifiques. Vous traverserez des villages d’une rare quiétude, sentirez la brise marine, l’odeur de la terre et de l’eucalyptus, apercevrez l’océan à l’horizon ou les Picos d’Europe au loin. Bon voyage dans un décor renouvelé chaque matin !

Messe des pèlerins et botafumero dans la cathédrale de Compostelle

Détails des étapes et des hébergements (10 mai -11 juin 2024)

NoVille départVille arrivéenb kmNom hébergementPrix (€)
1Irun (Albergue)San Sebastian24Surf Extea Hotel35
2San SebastianZarautz22Blai Blai Hotel25
3ZarautzDeba26Albergue municipale8
4DebaMarkina26Albergue Carmen10
5MarkinaGernika26Akeluar Ostat56
6GernikaLesama -Bilbao23Post Hotel23
7Bilbaovisite
Elkoos Hotel32
8BilbaoPabenas30Albergue municipale10
9PabenasCastro15Pension49
10CastroLaredo31Casa de la Trinitad10
11LaredoGuemes27Albergue Pueblo15
12GuemesSantender + train20Boo – hotel playas53
13BooSantillas del mar23El Conventio19
14Santillas del marComillas27Magia del Camino16
15ComillasPésuès23Hotel Baviera35
16PésuèsLlanès31Albergue Estacion16
17LlanèsRibadella30Hotel Marina42
18RibadellaGijon (+bus)18Boogalow hotel23
19GijonAvilès25Albergue municipale10
20AvilèsMuros22Casa Carmin18
21MurosSanta Marina29Pension Prada40
22Santa MarinaLuerca25Albergue privée16
23LuercaNavia22Albergue San Roque15
24NaviaTapia de Casariego22Hotel Puente los santos35
25Tapia de C.Lourenza29Pension Penograle25
26LourenzaAbadin27Albergue Xabadin19
27AbadinVilaba22Albergue A Carbaleira19
28VilabaBaamond20Albergue municipale10
29BaamondA Cabana24Albergue municipale10
30A CabanaBoimorto26Albergue Casa Gandara16
31BoimortoSan Irène24Albergue San Irène26
32San IrèneSantiago222 nuits Seminar menor56






Pourquoi Choisir les Chemins de Compostelle ?

Devient-on addict aux  chemins de Compostelle ? Sans doute pas , mais multi récidiviste certainement .  « Pèlerin un jour pèlerin toujours »  selon le dicton, un phénomène que l’on a du mal à cerner . En cherchant bien, je pourrais évoquer  une aventure hors du commun. Les trekkeurs pourront alors me citer dix exemples de voyages inoubliables. Alors serait-ce l’aboutissement d’une quête spirituelle, mystique  ou religieuse ? Le pèlerinage vers les reliques de St Jacques n’est pas l’unique voie pour soulager son âme et trouver la lumière . En vérité ces chemins vers Compostelle sont d’abord de longs périples  durant lequels l’essentiel n’est pas d’atteindre le but mais comment on y parvient. Et puis c’est une formidable rupture avec le quotidien marquée par un dépouillement matériel et mental. Le pèlerin s’allège de son fardeau au fil des kilomètres pour ce concentrer sur lui-même. Marcher, se soigner, s’alimenter et profiter à 100% du paysage et des rencontres que lui offre le hasard du chemin. Depuis ma première expérience en 2014 sur le Camino de Francès, une force inexpliquée me pousse à repartir pour retrouver cette sensation la liberté, le plaisir de de l’itinérance, ce décor sans cesse renouvelé, ces petits matins solitaires et la joie spontanée de repartager une bière avec des amis perdus de vue , de cuisiner ensemble une tonne de pâtes, pester contre les ronfleurs des dortoirs puis se payer une nuit de pension réparatrice .

Résultat, je suis allé à et vers Compostelle par quatre chemins !

Chacun d’entre eux fut totalement différents . Vous trouverez en cliquant sur les liens ci dessous, le récit de ces pèlerinages réalisés à chaque fois en intégralité soit entre 680 et 950 km , soit de 30 à 36 jours de marche , des étapes de 20 à 30 km quotidiennes … sans le moindre jour de repos ! Ne croyez pas que c’est un exploit ou que ce fut sans douleur ou dénué de doutes . Début de tendinite, ampoules monstrueuses, périostite récurrente, mal de dos quasi chronique, piqures de punaises ou de moustique infectées, inflammation d’orteil due à d’anciennes gelures, chaussures bousillées et.. Et puis n’oubliez pas : No pain no Glory !!  Périodes choisies : J’ai parcouru ces chemins toujours entre mi-avril et mi-juin

Pages suivantes : récits des quatre chemins

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Voie d’Arles, 955 km de Roman (et) d’aventure vers Compostelle

Pérégrination  au long cours sur un itinéraire jacquaire millénaire ponctué de bastides et d’églises, des colosses plantés dans une nature généreuse ondulée à souhait. Retour sur 36 jours de marche d’Arles à Punte La Reina en Espagne .

Pèlerin multi récidiviste à la pause qui prend la pose.

Pèlerin un jour, pèlerin toujours dit-on. Sans doute car depuis 2014 en bon récidiviste je reviens sur les Chemins de Compostelle  braver entre 700 à 1000 km d’un seul jet,  m’assurer  que la forme du senior est encore bonne.  C’est aussi le moyen de rompre  avec le quotidien durant un mois de vie nomade  ultra light ou l’essentiel se résume à marcher, se soigner et se nourrir en écartant le superflu.  Caminos de Francès, Portugais, del Norte, les chemins de la péninsule ibérique m’avaient ouvert  » la voie  » vers la Galice à trois reprises, je cherchais en 2018 un itinéraire en France. Sur le conseil de mon ami Daniel j’écartais encore de mon choix le chemin du Puy en Velay trop fréquenté et au budget hélas trop élevé pour finalement choisir la via Tolosana, c’est à dire la voie d’Arles car elle passe par Toulouse. Son originalité est de suivre intégralement le GR653 jusqu’à Punte La Reina en Espagne où arrive le Camino de Francès et ce en 5 ou 6 étapes depuis le Col du Somport.

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Camino del Norte vers Compostelle, plus exigeant, plus authentique – Récit complet

Parmi tous les chemins qui traversent la péninsule ibérique vers Saint-Jacques de Compostelle, le Camino del Norte se démarque par sa tranquillité et sa relative difficulté. Après mes expériences sur le Camino de Francès et le Portugais, J’en garde surtout le souvenir d’un parcours splendide empreint d’une heureuse solitude.

Un camino sauvage entre montagne, campagne et océan.

Aussi appelé le Camino de la Costa, ce chemin qui suit en effet la côte nord de l’Espagne n’est pas le plus fréquenté par les pèlerins en marche vers Compostelle. Seulement 6 et 8 % d’entre eux l’empruntent depuis Irun à la frontière espagnole pour rejoindre la capitale de la Galice au Nord Ouest du pays. Après mes voyages en 2014 et 2015 sur les chemins Francès et Portugais, parcourus toujours d’une seule traite, un divorce, des épreuves sentimentales et familiales, me poussaient à repartir vers Compostelle, une longue marche qui se posait comme une thérapie évidente tant la rupture avec la quotidien m’est bénéfique. Lequel choisir ? Les chemins espagnols ne demandent aucune réservation des hébergements et le budget global de 20 à 30€ par jour me convenait d’avantage que les parcours en France pourtant magnifiques. Depuis longtemps je lorgnais avec intérêt, curiosité et une pointe d’angoisse le profil du Camino del Norte. Je relus quelques passages du controversé bouquin de Ruffin « Immortelle Randonnée ». J’effectuais des recherches sur les forums et demandais enfin l’avis de mes amis pèlerins. Résultat, si le Camino del Norte n’est pas l’Everest , ses 15.000 m de dénivelée positive, son isolement, les trop longues portions bitumées, le nombre réduit de ses hébergements avaient de quoi me faire réfléchir et douter. Cela dit, sur le papier ce parcours me séduisait irrésistiblement avec ses 815 km alternant des passages un peu montagneux, le chemin côtier et ses petits ports , des sentiers en pleine campagne et la traversée de villes passionnantes comme Bilbao, Santander ou Gijon. J’allais être comblé.

Franchir le fossé entre l’envie le doute

Prendre le bateau pour traverser les baies

D’une forme physique médiocre, des douleurs dorsales persistantes, des élections présidentielles imminentes, la culpabilisation de laisser seule ma vieille maman, bref je trouvais une foule de prétextes pour repousser deux fois la date de mon billet de train. « Basta, me suis-je dis. Ça sera pour le 15 mai ou ça ne sera pas !  ». L’idée de renoncer et rentrer au bout d’une semaine, un peu cassé moralement n’était cependant pas exclue. Alors trop vieux Kirsch , trop long le chemin, top dur le profil ?! Je doutais. Histoire de me rassurer je pensais alors à mon ami Daniel, 75 ans, toujours en marche sur les chemins. Puis je revoyais aussi Edward, mon copain de rando de Sport et Nature. Je l’avais revu avant de partir, là, cloué sur lit d’hôpital par la maladie. J’ignorais alors que je ne le reverrais pas vivant. Il faut parfois mesurer sa chance et arrêter de trop se regarder le nombril vautré sur son canapé. Quitte à avoir mal partout, autant que ce soit en marchant ! Rassuré par un scanner vertébral satisfaisant et dotée de la trousse à pharmacie du parfait hypocondriaque, je devais tailler la route.

D’autant que j’étais prêt depuis un moment ! Mon fidèle sac à dos Osprey m’attendait sagement dans ma chambre depuis un mois. Je le refaisais une à deux fois par semaine afin de trouver un poids optimum de 9 kg. Je recomposais à maintes reprises les trois pochettes de congélation qui constituent le trousseau du pèlerin ordinaire: une avec les affaires de nuit (T-shirt, caleçon, boules Quiès, écouteurs, lampe frontale,..), une autre de linge propre et enfin une avec kit de toilette (un savon de Marseille, des épingles à linge et la serviette).

Prêt pour un nouveau camino cette fois en solo (ma girl-friend marcheuse berlinoise voguant et roucoulant vers d’autres horizons). L’idée de cheminer seul ne m’a jamais effrayé. Bien au contraire, j’apprécie plutôt cette liberté totale et puis les chemins de Compostelle sont l’occasion de rencontrer beaucoup d’autres marcheurs venus du monde entier. J’allais vite découvrir que le Camino del Norte s’avère une exception.

L’albergue de pèlerin, un mélange savoureux de convivialité et promiscuité !

Lundi 15 mai. Train de banlieue, métro et gare Montparnasse, un pèlerin parigot ressemble à n’importe quel touriste à Paris ou vacancier en partance pour la montagne. Au bout de 6h de TGV, je débarquais à Irun pour rejoindre l’albergue municipale. La petite ville espagnole sortait de la siesta, les locataires d’un soir s’affairaient à leurs occupations : manger, se reposer, laver, soigner les bobos. Durant ces heures, j ‘avais eu le temps de parcourir virtuellement les 34 étapes élaborées dans le guide de poche Rother. Dès le lendemain matin, j’attaquerais la première plutôt motivé. Pour 8 euros la nuit l’hospitalero m’affecta un lit dans le dortoir. Je retrouvais l’ambiance un rien minimaliste des établissements bon marché du bas de l’échelle hôtelière espagnole. Il suffit juste d’imaginer deux étages d’appartements avec des dortoirs dans la chambre des gosses et des parents. L’incontournable micro-ondes, des accessoires de cuisine disparates, un serveur wifi au rayon d’action limité, une salle de douche refaite à l’économie. Et puis les prises multiples destinées à la charge des portables et tablettes du nouveau pèlerin connecté. J’y reviendrais. Des duvets sur les lits, du linge qui sèche sur les montants métalliques, des odeurs confuses de savon, de pommades, de bouffe, des discussions entre novices et vieux routards sous les néons de la salle commune. Une albergue quoi !

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Comment (re) faire son sac à dos pour (re) partir vers Compostelle ?

J-21  Camino Del Norte (Départ  Hendaye)

Et toujours le même casse-tête : le sac à dos !  Même après le Camino de Francès en 2014  (810 km depuis St Jean Pied de Port) , le Camino portugais en 2015  (700 km depuis Lisbonne) , rien n’y fait, je n’ arrive pas vraiment à respecter la règle : le poids du sac ne doit pas dépasser les 10% du poids du marcheur . Après ces deux expériences, j ai pourtant mis au rebus : gamelle, boussole, couverture de survie, un t-shirt, etc.. J’ai investi dans bâtons de marche en carbonne, j ‘ai même coupé toutes les sangles non utiles du sac Osprey . Car le plus dur reste à rogner sur la trousse de toilette, la pharmacie et les accessoires.

Profil - Camino Del Norte

Avec au programme de 30 à 35 jours de marche , j’ai déjà mal avant de partir et pare davance à tous les bobos et autres déssèchements cutanés  !  Ajoutons que tout bon  pélerin-connecté a autant besoin de recharger ses batteries que celles de son smarphone et appareil photo. La normalisation 5V USB est ici providentielle, un seul chargeur suffit désormais. Je pars donc surchargé avec toutefois la certitude d’envoyer en poste restante de St Jacques un colis de surplus , comme à chaque fois. Le bureau de poste en regorge !  Pour ceux qui se lancerait dans l’ aventure, voici la composition du dit sac et de mon équipement .

Sac à doc Camino

Et un seul conseil : chaque kilo inutile est un kilo en trop.

Investissez européen dans  du vrai matériel  léger en oubliant notre cher Décathlon sur certains produits. Mes choix  : Veste Arc Térix (US) , pantalon Vaude (D), duvet Cumulus (PL), Sac Osprey  (US), Chaussures Meindl (D). La tente et le tapis de sol sont inutiles à moins que vous ne supportiez pas les dortoirs et les ronfleurs. Quant aux vêtements, on peut résumer la question : une tenue sèche, une tenue de rechange et une tenue sale.

vêtements et accessoires Norte

Une sacoche fourre-tout pour la journée et pour le soir 

C’est bien pratique d’avoir sous la main de quoi se payer un verre, une paire de lunettes ou le guide , la crédentiale (votre passeport pour les auberges) ou encore de la crème solaire . Chacun choisit et trimballe cette sacoche suivant son style : en bandouillère , dans le sac ou accrocher au sac. Beaucoup de randonneurs transforme leur sac à doc en sapin de Noël , les multiples étuis pendouillent  de partout ! Mon conseil : ne laissez jamais votre portefeuille sans surveillance, même en prenant votre douche.

sacoche pélerin-norte

 

Compostelle : guide Rother 2017 Camino Del Norte, la Bible.

Depuis quelques années et notamment suite au succès du livre de Jean-Christophe Rufin  « Immortelle randonnée », le Camino Del Norte connaît une fréquentation en hausse. Ce chemin attire en effet de nombreux pèlerin par son caractère sauvage et son relief . Je compte bien m’y attaquer  mi avril 2017 après mes expériences sur le Caminos de Francès et le Camino portugais. Malgré cette fréquentation en hausse, la documentation en terme de guides, restait plutôt pauvre. Il y a bien le Guide Lepère, mais sa conception et la qualité de sa cartographie m’ont déçu. C’est avec beaucoup d’intérêt que j’ ai appris que l’éditeur allemand Rother lancerait fin mars un guide sur le Camino del Norte  en plusieurs langues dont une version en français. J’ai eu la chance de m’en procurer déja un exemplaire pour préparer mon voyage et j ‘avoue que cet ouvrage m’ a plus que séduit . Et ce pour les raisons suivantes.

couverture guide CNCe guide de  215 pages est proposé au format 16,5 X 11, 5 cm , une taille idéale pour se loger dans un poche de pantalon de rando ou une sacoche d’appoint.Les couvertures sont plastifiées, un point important vu les conditions météos parfois humides. Prix : de 15 à 17 €. Disponible en librairies spécialisées, en ligne, sur le site de Rother

 

 

Une cartographie astucieuse et un concentré d’information

Carte villes guide CNRother a particulièrement travailler sur la cartographie des 34 étapes proposées pour relier Irun à Fisterra puis Muxia sur la côte (80 km après St Jacques. Chacune d’entre elles comporte un tracé au 1.100.000e , suffisant pour visualiser le parcours. Ces cartes mentionnent les points de vue remarquables, les sites historiques mais aussi toutes les facilités pour le pèlerin sous formes de pictogrammes avec légendes et abréviations : auberges, campings, pharmacies,  cafés, transports..etc..

 

 

Profil et trace étape guide CN
Entrer une légende

la partie vraiment novatrice concerne le profil des étapes. D’un seul coup d’oeil le marcheur visualise sur une échelle graduée en heures de marche et en kilomètres sa progression et les dénivelées du parcours, mais aussi la présence des facilités évoquées . Chaque villes ou villages comporte un numéro que l’on retrouve dans le texte courant. L’auteur  guide le pélerin presque pas en pas en fonction des changements et repères de direction. Ce guidage est particulièrement utile dans la traversée des grandes villes, des passages où l’on se perd  souvent quand le fléchage jaune ou les coquilles disparaissent soudainement !

Cette version a été réalisée  à partir d’ infos très récentes récoltées lar l’auteur Cordula Rabes. C’est donc la garantie d’y trouver les adresses des derniers gîtes et auberges ouvertes sur le chemin. Chaque établissement comporte le prix de la nuité, le nombre de places ainsi que des infos générales (four à micro ondes, dates ..)

Des données historiques et géographiques passionnantes

infos histoireTout au long de sa progression, le marcheur trouve un condensé d’informations culturelles sur les lieux traversés maid aussi des références historiques . L’auteur y mentionne également les dates des principaux évènements notamment les fêtes et festivals . Ces textes sur fond jaunes donnet une meilleure lisibilité à l’ensemble.

 

 

Et pour les geeks, Rother offre les traces GPS  (.gpx) de toutes les étapes !

Malgré le fléchage plutôt efficace sur les chemins vers Compotelle, beaucoup de randonneurs garde l’apppréhension de se perdent . C’est légitime même si ces petites errance permettent de favoriser les contacts avec la population. Toutefois j’ ai pu aussi constater que les explications de mes sympathiques interlocuteurs m’ont mené parfois sur des routes assez éloignées du chemin voire  des  routes vers Compostelle mais en voiture !

traces gpx CN.jpgLe GPS fait désormais partie de la panoplie du randonneur pourquoi s’en priver . C ‘est pourquoi  Rother propose à ses lecteurs de son guide papier de télécharger la trace du parcours au format classique .GPX  sur son site . www.rother.de . Le login et le password sont mentionnés à la page 6 . L’utilisation de ces traces .gpx est simple . D’abord il faut charger  sur son appareil  le fond de carte au 1:25.000e (cartes SD  ou couches avec l’application l’Iphigénie. Cette application IGN  (France) comprend toutes les cartes de topographie IGN Espagne et ce gratuitement. Puis on charge les traces proposées par Rother. (par mail sur le smartphone avec Iphigénie) que l’on visualise simplement ou que l’on suit en temps réel en marchant .

Conclusion.

Voici un compagnon de voyage très bien pensé qui  sera accessible facilement dans votre panoplie de parfait pèlerin. La cartographie très condensée et bien illustrée vous aidera à planifier vos étapes selon votre forme en trouvant les hébergements sur le parcours. Le texte et les picto de directions vous guidera efficacement tout au long des 836 km ce Camino del Norte qui emprunte le Primitivo. Pour les inquiets et les geeks , téléchargez et suivez la trace des 34 étapes  sur votre GPS (type Garmin ou Smartphone)