Soyons objectif, la rando en février est un peu ingrate. La nature a du mal à se débarrasser de son manteau gris, les terres se refont une santé en jachères. Alors les randonneurs semblent errer dans la steppe balayée par un vent frisquet à la recherche d’un endroit abrité pour leur pique-nique. Quelques courageux cavaliers des nombreux clubs locaux bravent aussi un hiver tirant gentillement sa révérence. Nous sommes dans l’Essonnes, quelque part vers Etrechy, Saint-Chéron. Le chemin de Compostelle passe ici par le GR1 et le GR55 pour filer vers Tours. Pas l’ombre d’un pèlerin, il faudra attendre mars ou avril pour apercevoir les premiers marcheurs en route vers la Galice. Histoire de garder la forme en guétant des jours meilleurs, voici une balade de 22 km , toujours de gare à gare sur la ligne du RER C. (Pass Navigo ou Mobilis 5 zones). Ce parcours très à découvert ne présente pas de difficulté majeure, et seule la belle abbaye de St Chéron et la jolie église romaine de St Sulpice méritent le détour. Pourtant il faudra revenir dans l’Essonnes, juste pour découvrir les champs de tournesols à l’heure ou le soleil printanier innonde ces plaines fertiles. S’enfoncer dans les bosquets, longer les lisières bordées de blé blond oscillant sous la brise. L’Ile de France n’ a pas fini de vous surprendre . A très vite .Téléchargez la trace au format .gpx ICI
Dans la chaleur torride d’un dimanche d’août, rien de tel que de quitter un Paris déserté pour aller randonner dans la verdure . C’est ce que nous proposa Patrick dans un élan de générosité spontanée, nous sauvant ainsi d’un sédentarité dominicale aussi nuisible que déprimante. Nous sommes à peine une douzaine d’exclus de la transhumance des juillettistes et aoûtiens, pour nous retrouver Bibliothèque François Mitterrand sur le quai du RER C, direction Étampes. Je rejoignais le groupe après avoir payer ma dime à la RATP, soit 17,60€ pour un pass Mobilis garant d’accès illimité dans les 5 zones érogènes du randonneur d’Ile de France. Lardy, tout le monde descend ! L’heure est à la crème lubrifiante et protectrice des épidermes. Le soleil matinal pointe discrètement ses rayons et caresse nos corps engourdis par la nuit, partiellement dénudés des oripeaux d’hiver. Fallait être un peu maso pour accepter l’invitation sado du Patrick à 7h50 !
Des airs de Fontainebleau
Notre guide aussi spirituel que porté sur le spiritueux , nous a concocté un itinéraire à longueur variable de 20 à 30 km , c’est à dire bordé de gares en issues de secours. Armé d’une carte IGN ancienne classée au patrimoine national, le G.O du jour va nous mener lentement vers la vallée de l’Orge, un parcours alternant l’extase dans les sous-bois et la torture du soleil sur les plaines en terrain découvert. Très lentement même, puisque vers 11h, Patrick sonne déjà l’heure de l’apéro ! Rien ne presse, les sacs s’ouvrent, le porto blanc coule dans les gobelets et les divines brochettes jambon-melon de Patrick ravissent nos bouches avides de fines saveurs. Après une bonne demi-heure, ce dernier nous rappelle que l’on habite pas ici. Il le rappela d’ailleurs plusieurs fois face à la propension collective du groupe à s’enraciner. Saint-Chéron, Saint Yon, Saint-Sulpice de Favière, faudra-il passer par tous les saints du paradis pour atteindre la jouissance ultime, celle d’arriver à Dourdan ? La pause déjeuner s’éternise, un vrai bonheur pour Edward et moi-même, grands partisans de la sieste devant l’Eternel . Le redémarrage s’annonce douloureux, l’astre a grimpé dans le ciel et la température aussi. La fièvre du dimanche s’empare de Michel qui enlève soudain le haut, dévoilant une anatomie à l’érotisme insoupçonné, réveillant sans doute un désir inavoué chez nos amies Marie-Françoise, Maria, Florence ou Chantal ! La colonne s’étend, se distend, se regroupe, au gré des discussions. Étourdi par la chaleur, je marche dans les pas de la jeune Kimberley. Fièvre, fantasmes de pervers-pépère sur sa robe de tennis, encore dix kilomètres et je ne saurais plus à quels seins me vouer ! L’eau s’écoule dans les gorges assoiffées et vient vite à manquer.
arrosage et douche gratuite
Patrick nous décroche un cimetière providentiel pour remplir quelques bouteilles. Je m’aventure avec Edward à l’accueil du camp de naturiste local. Le personnel est trop occupé à servir les clients, nous irons au camping d’à côté. Trop feignant pour me rendre au sanitaire à 30 m, je mendie au mobil-home d’une famille hollandaise. Edward en profite pour mettre en pratique son anglais Méthode Assimil 1980 et tailler la bavette avec les touristes bataves. Nous arrivons à St Chéron, Laurence jette l’éponge pour reprendre le train . On reprend la progression dans les étroits couloirs de verdure bordant la vallée de l’Orge.
Magnifique église de St Sulpice la Favière
Au-détour d’un virage , un couple de retraités s’apitoient sur nos mines d’errants déshydratés et remplit à nouveau les bouteilles plastique. Il ne nous reste que quelques kilomètres pour accéder à la gare de Germaise. On abandonne l’idée d’aller jusqu’à Dourdan. La longue ligne droite le long de la route nationale sous le cagnard sera notre dernière punition avant la gare du RER C . Retour à la case départ à Paris, le temps est venu de rompre les rangs , de se ruer vers la douche, la bière, un canapé, de comater devant la TV et décrocher la Médaille d’or Olympique de la glande, récompense amplement méritée après 27 km !