Les différentes chemins gérés par l’Association ARAUn profil très exigeant totalisant 24.000 m +
Parmi les chemins de Compostelle moins connus figure celui de Genève au Puy-en-Velay. La Via Gebennensis est pourtant empruntée depuis des siècles par les pèlerins venant de l’Europe de l’Est, transitant pas la Suisse. C’est notamment le cas aujourd’hui des autrichiens et des allemands qui devront parcourir encore près de 1900 km pour atteindre St Jacques de Compostelle. On y croise donc que de rares français, ceux-ci partant en priorité depuis Vézelay, Le Puy, le Mont St Michel, Tours, ou Arles .
Le véritable développement du tronçon Genève – Le Puy remonte aux années 90 date à laquelle l’Association Rhône-Alpes de Amis de St Jacques, regroupant 6 départements, s’est mobilisée pour offrir aux pèlerins de véritables accueils jacquaires. Afin de finaliser le projet, ce chemin fut classé au rang de GR (65) par la FFRP en 1998 . C’est pourquoi on y retrouve le double balisage de coquilles jaunes sur fond bleu et des marques blanches et rouges habituelles. Côté documentation, l’ARA édite deux guides : un jaune pour l’itinéraire sud (via Chavanay) et un rouge passant au nord (via Lyon) . La FFRP propose un topoguide classique.
Champs de blé au dessus de l’étang de Panabru
Mon choix : l’itinéraire Jaune
Les méandres du Rhône vus du haut du Mt TournierLes maisons traditionnelles du Dauphiné en pisé
Sur les chemins de Compostelle depuis une dizaine d’années, je me suis lancé sur ce GR suite à une rencontre avec un ami suisse sur la voie d’Arles. J’avoue avoir sous estimé sa difficulté. S’il ne mesure que 350 km et doit se faire théoriquement en deux semaines , le profil très vallonné affiche près de 24.000 m de dénivelé + et autant à la descente. Soit environ autant que le Camino del Norte sur 890 km , alors que le Chemin de Stevenson est donné pour 6400 m + sur 12 jours. Autrement dit, ce chemin n’ a rien d’initiatique et implique une bonne condition physique (notamment après la soixantaine bien sonnée !! ) . Le dénivelé quotidien reste important car le profil global n’est pas linéaire mais ponctué de montagnes russes permanentes. Une fois la distance et le profil intégrés, il reste à régler le nombre et l’alternance des étapes. Le guide Jaune de l’ARA répertorie correctement les accueils jacquaires (théoriquement donativo selon sa charte) . Il existe en complément des gîtes, des chambres d’hôtes et quelques hôtels sur ou hors chemin. Il faut donc s’attendre à marcher parfois quelques kilomètres supplémentaires. Bon, la cartographie du doc n’est pas des plus lisibles, la mise en page non plus en comparaison d’un guide Miam Miam Dodo au même prix. (16€). Côté ravitaillement , ce GR n’est pas le mieux loti . Les épiceries, les cafés sont plutôt rares et les supermarchés un peu excentrés. Mieux vaut partir le matin avec des provisions en eau et nourriture. Ce chemin très boisé présente malgré tout aussi de nombreux passages sur asphalte. Le balisage de tous les chemins de randonnée de la région est remarquable.
les nombreux vignobles de Savoie, coopératifs ou indépendants
Mon parcours : 8 jours entre Genève et St Romain de Surieu. (220 km/350)
Parti pour effectuer la totalité du chemin « as usual » , je me suis cependant limité à une bonne semaine de randonnée assez éprouvante. Motivation, âge, forme ? Sans doute Mais aussi une certaine lassitude à marcher totalement seul durant ces jours. Je suis parti mi-mai et n’ai rencontré que 4 pèlerins !! L’affluence est, paraît-il après Pâques , en juin et plus tard. L’accueil jacquaire exceptionnel a donc constitué les rares moments de convivialité.
Le bon balisage évoqué est suffisant pour s’orienter , excepté quelques variantes. En bon geek, j’avais toutefois télécharger la trace gpx de tout le GR . Je l’utilisais sur ma montre Apple Watch Ultra 2 , avec le fond de carte de l’ ENORME application Workoutdoor suggérée par Apple . Cet outil surpuissant propose une quantité de statistiques jamais atteinte et un nombre d’alertes en tous genres .. usantes !! (mais heureusement paramétrables). Je pouvais également suivre et enregistrer mon itinéraire quotidien sur l’App Iphigénie embarquée sur la montre et bien sûr sur mon smartphone. A ma connaissance, il n’existe pas d’App spécifique sur ce tronçon Genève Le Puy. Ma randonnée sur ce 8e chemin de Compostelle au compteur s’est achevée à la gare du Péage de Roussillon et un retour via le TER jusqu’à Lyon pour le TGV (3 heures au total) .
le Château Louis XI de la Côte St André
Conclusions : beau, raid, isolé !
Cette portion du GR65 entre Genève et St Romain de Surieu reste très spécifique en terme de difficulté et logistique . Il me reste à parcourir celle de Chavanay au Puys dont le dénivelé cumulé devrait être encore plus important ! Une fois passé la vallée du Rhône, les 5 étapes finales restent en effet très « casse-pattes » entre 500 et 1200 m . J’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir les vignobles de Savoie, le Dauphiné, l’Isère , des paysages ruraux, un décor d’un calme absolu. Ce fut surprenant (et reposant) aussi de me retrouver sur ce chemin de Compostelle ancestral un peu hors du temps et de la médiatisation mais dont l’hospitalité jacquaire est des plus chaleureuses.
le tracé suivi sur l’Apple watch Ultra 2les stats suivies sur l’App Workoutdoor
Mes étapes (Distance – hébergement diner et petit déjeuner)
Genève-Charly 21 km 551 +/-241 m – Geneva Hostel 50€
Charly- Frangy 19 km 594 +/-1053 – Chez Laurence Bourgeois 40€
Frangy- Serrières 24 km 458+/-535 m – Camping le Clairet 35€
Serrières – Yenne 25 km 278+/-234m L’Hermitage 30€
Yenne – St Ginix 24 km 790+/-915 m Gite A pied, à bicyclette 43€
St Ginix – Valencogne 22 km 648+/-273 m Chez Annette Rossi (donativo 45€)
Valencogne- Grand Lemps 22 km 471+/-569 m Chez Paul & Line Chomat (donativo 40€)
Grand Lemps – Faramans 26 km 736m+/-831 m Chez Jacqueline Charrel (donativo 40€)
Faramans – St Romain 31 km 454+/-561 m Chez Françoise Meyrand (donativo 40€)
J’ai commencé à fréquenter les chemins de St Jacques de Compostelle en 2014 à raison d’un itinéraire complet chaque année à l’exception de la période COVID . C’est donc avec une solide expérience que je suis reparti le 10 mai dernier sur le Camino del Norte après les rivages de la Rota Vicentina (Algarve) et du Camino Portugais . Pourquoi refaire le Norte déjà réalisé en 2017 ? En fait je voulais revenir sur un chemin côtier de la péninsule, un parcours splendide qui réunit tous les aspects d’une randonnée itinérante passionnante, à savoir des paysages de toute beauté, des dénivelés intéressants et compatibles avec mon niveau (et mon âge!)
Débriefing à chaud !
Sept années se sont écoulées entre ces deux voyages sur le Norte, un chemin en mutation dont la fréquentation est en pleine progression. Il occupe désormais la 4e place après le Francès, le Primitivo et le Portugais. Voici ce que j’ai retenu de ce retour en terme de sensations, ce que les futurs candidats peuvent en apprendre pour se lancer à leur tour sur ce chemin d’exception.
Environ 830 km très vallonnés, près de 13.000 m de dénivelé positive
Un parcours toujours toujours très exigeant physiquement et désormais plus complexe
Avec ses 830 km et ses 13.000 m de dénivelé positive, (hors partie finale par le Primitivo), le Camino del Norte par la côte n’est pas un chemin initiatique. La traversée du Pays Basque espagnol durant la première semaine peut se révéler difficile alors que l’organisme n’est pas encore rodé à l’effort. Cette difficulté vient du caractère particulièrement vallonné de la région et de la nature des sentiers, sachant qu’une météo pluvieuse assez courante, peut encore corser l’affaire. D’ailleurs les moins entraînés et plus sages préfèrent débuter le Norte depuis Bilbao.
Plus loin, l’arrivée en Cantabrie est marquée par la multiplication des secteurs d’asphalte, alors que le relief s’assagit. Ces 150 à 200 km s’avèrent ou s’avéreront traumatisant pour les jambes, notamment genoux et tibias déjà soumis à une semaine d’effort. Et pourtant il n’a pas fait chaud cette année, ce qui a minimisé ces traumatismes dus aux chocs répétés sur un sol dur. Cependant, j’ai ainsi assister à de multiples abandons à la sortie de la Cantabrie suite à des périostites, des tendinites diverses ou tout simplement à une véritable lassitude de marcher sur route. La mauvaise météo a encore joué un rôle important et l’expérience a probablement fait la différence .
Un chemin parfois ingrat !
Après des pluies abondantes, comme nous en avons eu à Santander, une variante proposait ainsi un passage sur les hauteurs proches de la côte. Vu la visibilité médiocre et un sentier probablement gorgé d’eau, cette option ne présentait aucun intérêt, pire elle s’est avérée dangereuse à flanc de falaise et épuisante. Il fallait dont sagement rester sur une portion goudronnée certes pénible mais plus sûre. Question de bon sens. Hélas nombre de pèlerins « novices » se sont contentés de suivre cet itinéraire bis aveuglement sur l’App Buen Camino sans trop réfléchir.
Ce camino del Norte 2024 a donc été souvent marqué par ce type de choix, sachant que de nombreuses variantes sont désormais proposées tout au long du parcours. Elles sont généralement bien mentionnées sur les Applications ou sur les guides papier. Certaines sont recommandées aux cyclistes . Il est toutefois essentiel de discuter avec les hospitaleros pour obtenir de précieux conseils. Cela dit, j’ai hélas moi aussi fait de mauvais choix sur certaines variantes tracées soit pour raccourcir les étapes ou pour raison de sécurité, ou désengorger des localités comme à Arzua ou se rejoignent plusieurs caminos.
J’ai ainsi emprunté à Boimorto une diagonale rectiligne, déserte, de 8 km pur bitume entre les forêts d’eucalyptus, sans le moindre café. Dépité, j’ai même tenté de faire du stop, en vain. Enfin, cette météo pluvieuse rend parfois les chemins presque impraticables lorsque les engins forestiers les défoncent. Le marcheur évolue quasiment dans un bourbier de glaise. Un enfer. Comme tous les caminos, le Norte est tracé de part et d’autre de grands axes routiers. Afin d’éviter tant que ce peut le bitume et le danger des voitures, les baliseurs coupent les grandes boucles routières par des descentes en fond de vallons et les remontées. La répétition de ces montagnes russes est particulièrement épuisante.
Le même casse-tête de la composition des étapes en fonction des hébergements
Depuis sept ans, j’ai constaté que d’avantage d’hébergements sont proposés sur le Camino del Norte, la rançon du succès ! Toutefois, j’ai aussi vu plusieurs albergues désormais closes suite à des faillites dues au Covid. Par ailleurs, des établissements municipaux sont fermés durant le week end. Il vaut donc mieux se renseigner au jour le jour . Faut-il réserver ses hébergements ? Pas d’obligation mais un peu d’anticipation s’impose concernant des établissements de petite capacité (une dizaine de lits) . J’ai assisté à de beaux plantages !
Des albergues modernisées ou encore à l’ancienne !
Pour ma part j’ai réservé une à deux étapes d’avance en utilisant l’App Booking.com à maintes reprises (je reviendrais sur ces outils) et en passant des appels directs. Oubliez totalement (ou presque) les mails, le taux d’échecs est important faute de réponses. Côté budget, évidence, vaut mieux voyager à deux et partager parfois une pension ou un hôtel. (voir le tableau)
Malgré le nombre croissant d’hébergements, la composition des étapes reste un exercice mathématique quotidien . Un marcheur en forme se base sur 20 à 25 km par jour pour rejoindre un toit. Les fonceurs s’en envoient 30 à 35 ! Après deux semaines, je visais plutôt 25 km par jour en évitant les étapes à plus de 30 qui laissent « des traces » le lendemain sur mon organisme de sénior ! L’important est d’écouter son corps, de ne pas pousser la machine trop loin, avec en tête une obsession : finir le chemin.
Marcher seul, en couple, en groupe sur un Norte peu fréquenté ??
On trouve de tout sur les chemins de Compostelle et cet aspect sociologique m’a toujours interpelé. Je suis un marcheur solitaire et cet isolement volontaire ne ne pèse jamais, cela relève même de la quête. Cela ne m’empêche nullement de savourer des soirées entre pèlerins, à partager un verre ou faire la popote ensemble. J’ai rencontré des couples formidables sur le Norte notamment deux époux roumains affichant une solidarité touchante et complicité dans les moments les plus durs. Je garde aussi l’image de ce jeune allemand qui imposa à sa compagne sud américaine toujours hyper joviale des étapes de plus de 35 km pour tenir leur délai de retour !!
Les réunions d’accueil dans certaines albergues
En fin de camino, elle laissa près de 2 kg de fringues superflus sur le comptoir de l’albergue ! Les plus jeunes taillent la route d’une façon relâchée. Leur spontanéité et leur niveau d’anglais leur ouvrent plus de contacts. Les marcheurs asiatiques me passionnent aussi par leur recherche de la perfection, de la protection contre le soleil, leur curiosité et leur émerveillement constant. Tout leur semble beau ! Enfin, abordons le sujet du groupe spontané. Instinct grégaire oblige, l’homme ou la femme ont tendance à s’agglutiner à deux , trois ou six . Crainte de la solitude, de se perdre, de s’ennuyer, vraies affinités, les fameuses « fabuleuses rencontres du Camino » ! La durée de vie du groupe est plutôt variable. Cet exemple est symptomatique du phénomène. Jean-Pierre, rochelais, Louise, québécoise, Fabio, brésilien, et Annette hollandaise se sont rencontrés et pris plaisir à partager le chemin de nombreux jours. Une vraie famille. Jusqu’au jour où la hollandaise s’est lassée du rythme imposé et des contraintes du groupe, jusqu’au jour ou Fabio s’est offert une pause visite, jusqu’au jour ou Louise, épuisée a voulu tout plaquer, a tenu une semaine et est rentrée chez elle. Jusqu’au jour ou Jean-Pierre s’est retrouvé seul, victime d’une sale bobo au genou et est reparti à la Rochelle à mi-parcours.
De grands moments de solitude aussi dans les forêts d’eucalyptus ou les plaines immenses.
J’ai adoré cet autre groupe « à géométrie variable » mené et recomposé dix fois par Mirchka, ce roumain exilé à San Francisco dont la gaîté et l’humour ont entraîné dans ses pas une suédoise, une jeune américaine de l’Oklahoma, un allemand increvable, moi-même, etc. Un vrai catalyseur de marcheurs dont la bonne humeur a irradié mon parcours. Quel bonheur j ai eu de les retrouver à Santiago chez un marchand de glaces ! Ses rencontres parfois magiques m’étonnent et me ravissent. J’ai passé du temps avec des duos improbables. Mike, 58 ans et Gerhard, 72, deux allemands d’une complicité géniale, le second victime par le passé de trois crises cardiaques et porteur de deux stents.
Des rencontres spontanées et des passages surprenants.
Ou encore Tony, britannique de 68 ans, six chemins au compteur qui partageait ses soirées depuis deux semaines avec Nat, vieil australien fatigué, d’une lenteur assumée, parti d’Irun le 17 avril !! L’amitié spontanée retrouve ici toute sa mesure. En revanche, je finis par fuir les meneurs bavards, bruyants, qui connaissent tout et rien ou encore ces groupes de français hermétiques qui parlent à peine deux mots d’anglais. Très très rarement, j’ai évoqué ou mis en avant les 8 ou 9 chemins réalisés depuis dix ans. C’est inutile car le camino reste une expérience unique pour chacun.
La technologie toujours plus au service ou au secours du pèlerin
Depuis mes débuts sur les chemins, je ne peux que constater omniprésence de la technologie. D’abord, il y a du réseau GSM (3 ou 4 G) partout sur ce parcours. Le « roaming » mis en place en Europe permet à tous les européens de profiter de leur forfait national. Les autres pèlerins étrangers sont toujours en quête de WI FI au moindre arrêt. Certains opérateurs hors Europe offrent ce service à leurs clients. La plupart des communications passent désormais par WhatsApp. Les groupes évoqués précédemment en font un usage généralisé pour communiquer entre eux. De plus en plus d’hospitaleros l’utilisent aussi. Enfin, quelques groupes ou couples se sont logés parfois en AirBnb.
Le camino en ville : pas toujours très glamour
Visite de Bilbao, traversée dans l’histoire industrielle des grandes villes nu nord.
Les Applications et sites « spécial Compostelle » ne manquent pas. Pour ma part, en bon geek, j’ai utilisé les outils suivant. La plupart ont un lien direct booking.com pour réserver et proposent en option payante des calculateurs d’étapes. (Je n’ai pas testé) :
– Wise Pilgrim Camino del Norte (5,49€) . Très simple, ergonomique, mise à jour, bien documentée. Cartes téléchargeables Apple Maps. Tous les hébergements répertoriés. Conseils mentionnés en rouge
– Buen Camino . L’app qui s’est généralisée chez les pèlerins. Gratuite, bien documentée, dotée d’une boussole pour se rendre à l’albergue choisie. Cartographie Google Earth agréable, profil du parcours.
– Mapy.cz . L’app en open source offre des courbes de niveau et une précision topologique, des détails cartographiques plus précis pour s’orienter et trouver le bon chemin en plan B
– Google Maps . L’application à 250 % commerciale est bien pratique pour trouver un supermarché, un restau ouvert, ou une pharmacie le plus proche
– Google Traduction : l’arme absolue pour lire les menus espagnols !
– Booking.com . Ce site ou cette app est devenu désormais incontournable en voyage. Choix, réservations instantanées et sures . Paiement immédiat ou non . Le programme fidélité offre de bonnes réductions. Inconvénient : annulation quasi impossible. Mieux vaut bétonner ses étapes .
–WhatsApp . Evidemment ! Pour rester connectés entre amis, hospitaleros et limiter les frais téléphoniques.
–Facebook – pour partager les bons moments avec ceux restés à la casa !
Camino del Norte 2024 . Editions Rother 16 Euros (Au Vieux Campeur)
Ce petit guide d’un format poche très pratique est un concentré d’informations notamment le profil du parcours, un bornage kilométrique précis, des infos culturelles. La cartographie est très soignée. La partie hébergements mériterait plus de clarté. Téléchargement offert des traces de chaque étape au format .gpx
Un guide papier, des applications numériques, un passeport dans les bagages.
Montres connectées et smartphones : nombreux sont ceux qui enregistrent désormais nombre de pas ou km effectués chaque ainsi que les calories dépensées. (important, vu le nombre de bananes ingurgitées ! )
Mon choix : Montre Casio Pro Trek connectée via l’app Casio Watches . Ce modèle est doté d’un podomètre, d’un altimètre, d’un baromètre et surtout d’une boussole, très utile malgré tout pour vérifier sa bonne orientation notamment en sortie de ville.
Débriefing équipement :
Les chaussures de trail Hoka Speed Goat 5 (semelle Vibram) ont tenu la distance malgré une usure très marquée après le Pays Basque et la Cantabrie. L’étanchéité Gore Tex n’a pas tenu très longtemps. J’ai manqué d’une polaire légère intermédiaire en alternance avec la doudoune Cimalp. J’ai marché à 98 % en short, avec un pantalon de pluie trail Evadict (Décathlon) les matin frisquets.
Pour la première fois, j’ai brisé un bâton de rando lors d’une glissade dans la boue. J’en ai racheté un en route après avoir tenter une réparation. Il y a des pharmacies partout en Espagne, inutile de se charger de médicaments et matériel de soin. Hydratation : faites le plein au robinet des hébergements, l’eau est excellente, vous trouverez régulièrement des fontaines en ville. Evitez les sources isolées en campagne, la qualité de l’eau n’est pas certaine.
Budget : Variable de 30 à 70€/jour selon les bourses mais globalement le coût de la vie à augmenter de 20 à 30% pour tous en Espagne, ressenti sur l’alimentation et les consommations. Cartes bancaires acceptées partout.
Conclusions
Cette nouvelle expérience sur le Norte m’a apporté toute la rupture avec le quotidien que j’escomptais, ce petit parfum d’aventure, ce dépouillement de tout pour garder que le nécessaire. Le septuagénaire s’en est sorti physiquement intact sur ce chemin éprouvant. J’en ai tout de même .. bavé ! Car la récupération est devenue plus douloureuse avec les années . Alors, comme me déclarait un formidable marcheur anglais de ma génération rencontré sur la Via de la Plata en 2022, en arrivant à Santiago: « Je ressens une immense gratitude pour la vie et ce qu’elle vient de m’offrir » . Tout est dit . Partez sur le Camino del Norte en bonne forme et avec prudence. Ce chemin est un vrai bonheur tant les paysages sont magnifiques. Vous traverserez des villages d’une rare quiétude, sentirez la brise marine, l’odeur de la terre et de l’eucalyptus, apercevrez l’océan à l’horizon ou les Picos d’Europe au loin. Bon voyage dans un décor renouvelé chaque matin !
Messe des pèlerins et botafumero dans la cathédrale de Compostelle
Détails des étapes et des hébergements (10 mai -11 juin 2024)
C’est un hiver parmi les plus pluvieux, mieux vaut pas y revenir ! Restait cependant à choisir le bon endroit pour randonner pour trouver des sentiers praticables et le plateau de Saclay ne fut pas le meilleur ce dimanche là !
Téléchargez la trace de cette randonnée au format .gpxICI
Cette randonnée de 21 km ne manque pas de charme et vous fera découvrir (par temps sec de préférence !) toutes les facettes de ce territoire bordé d’un côté par la Bièvre et de l’autre l’Yvette. Les deux petites rivières taillent leur chemin dans des vallées très verdoyantes et traversent des zones résidentielles plutôt chics. Cette topologie de la Haute Vallée de Chevreuse et de l’Essonne offre ainsi de beaux dénivelés qui font aussi le bonheur des cyclistes de la région en quête de côtes. Le fameux GR655 passe ici et vous conduira direct à Saint-Jacques de Compostelle . Cet itinéraire peut facilement être raccourci grâce à la présence de plusieurs gares du RER B .
L’Yvette, la Bièvre, un canal, des étangs, des marécages, des bassins d’expansion ..Que d’eau dans cette région !
Il y aura très exactement dix ans, je me lançais sur les chemins de Compostelle. Celui-ci fut mon 3e après le Camino de Francès et le Camino portugais. Je repars donc en avril prochain sur le Camino del Norte pour fêter cela. (34 jours – 890 km – 12.000 m +). C’est l’occasion de faire le point sur les changements de mon équipement durant cette décennie. Mon principal objectif n’a pas changé : gagner et encore gagner du poids..et du confort, pendant et après l’effort !
Sac à dos : Je reste fidèle à Osprey avec un Kestrel 48 litres (1,2 kg vide) que j’utilise depuis plusieurs années. Solidité et fiabilité . Il en existe de plus légers mais ils nécessitent d’avoir une morphologie et musculature adéquates pour encaisser le rembourrage plus mince. Je n’utilise plus de poche à eau sur ce modèle car l’emplacement est peu pratique . Je place simplement une bouteille métal Queshua dans l’un des logements extérieurs reliée une pipette La Source. Cela permet de recharger en eau plus facilement durant la journée. Pour les documents, smartphone, porte-feuille J’ai remplacé la sacoche East pack par une banane en toileDécathlon.
Chaussures : J’ai utilisé de nombreuses années des chaussures basses Respond Meindl , très confortables avec cependant un décollement de semelles sur la Voie d’Arles . J’utilise actuellement des Hoka Speed goat 4 GTX. (remplacé cette année par les 5). Ce sont des modèles de trail, , couche Gore Tex, semelle Mégagrip Vibram . Elles ont tenu plus de 1200 km sur la Via de la Plata, usées certes mais sans aucune déchirure. Pour le soir, j’ai remplacé les vieilles sandales Tribord Décath sur la Rota Vicentina (Portugal) par des Birkenstock plastic monobloc très légères et confortables. Chaussettes : Monnet , toujours ! Modèle mid avec un mélange laine Mérinos et fibre synthétique. Bon compromis chaleur/confort/séchage.
Investissez dans du matos performant et léger notamment dans des équipements de trail
VETEMENTS :
La première couche comporte deux T-shirts respirants (Puma running manches longues , acheté au Portugal et un manches courtes Odlo ) . Deux sous-vêtements thermolactyl, épais et fin, Damart complètent l’ensemble. Seconde couche . Plus de polaire, mais une doudoune duvet Cumulus (fabrication Polonaise) , ultra compressible et pesant moins de 500 gr. Côté caleçons : deux boxers longs Under Armor sans couture Troisième couche : Veste Gore Tex Arc Térix Zeta dont j’ai fait réparer le zip principal l’an dernier dans l’atelier du Vieux Campeur : 70 euros . Chapeau : Tilley , la Rolls (anti-uv, lavable, flottant) , bonnet mérinos Cimalp et gants de trails, tour de cou Décath.
Pantalons : j’ai abandonné l’excellente marque Columbia pour passer chez Cimalp , avec un short et un pantalon ultra légers pour le soir . J’utilise un sur-pantalon de trail Evadict Compact pocket (Décath) ultra léger et performant par temps pluvieux ou froid
Rangements 3 Pochettes Osprey : 1) Une grande pour les vêtements avec deux compartiments 2) une moyenne pour la nuit (T-shirt, boxer coton, boules Quiès, écouteurs Iphones, masque.) 3) une petite pour le matériel divers (chargeur, etc.. Trousse de toilette roulable Osprey . Ces 3 pochettes sont moins bruyantes en dortoir que les sacs congélation, mais moins étanches. En cas de grosse pluie je les place dans des sacs plastique.
AUTRE MATERIEL
Bâtons de marche: Fizan 3 brins, pas de clips, ultra légers, fabrication Italie. Boite nourriture Intermarché (type Tupperware) , Opinel voile, un duvet légerMc Kinley a remplacé le très léger et compact duvet Cumulus mais hélas sans zip et sensible à l’humidité. Montre Casio Protrek . Elle possède un podomètre ( hélas en pas, je fais le calcul ) altimètre/baromètre, une boussole précise intégrés + fonctions classiques. Iphone XR avec coque béton et écran de protection
Ci-dessus la check list complète que je pointe lors du chargement du sac avant le départ.
APP & SITES – LES OUTILS NUMERIQUES ET GUIDE PAPIER
Réservations hébergements : booking.com Préparations des étapes : gronze.com, Wise Pilgrim Orientation, traces gpx. : Iphigénie, Mapy.cz. Transports : Rom2rio.com Guide papier : Camino del Norte 2024 , éditions Rother en français
Guide Rother et site Gronze.com
POIDS TOTAL Malgré mon expérience, l’investissement, je flirte toujours avec les 9kg en charge totale ! ( avec nourriture et eau)
REFLEXIONS ET CONSEILS
Investissez dans du matériel léger. Vous sentirez même une différence de 500 gr ! La technologie Gore Tex (Veste et chaussures) reste une référence. Retraitez la déperlance et l’imperméabilité avant le départ. Si vous êtes trop chargé, faites un grand tri et renvoyez le superflu à la maison ou en poste restante à St Jacques. Ayez toujours sur vous 100 à 150€en cash et une seconde carte bancaire .. au cas où l’une reste coincée dans un distributeur le w.e notamment.
Hébergements : à moins de camper et opter pour une totale impro, réservez 2 à 3 jours en avance en haute saison par sécurité. Les hébergeurs privilégient désormais les échanges par WhatsApp , oubliez les mails ! J’utilise de plus en plus booking.com (actualisée et résa automatique, tarif Genius fidélité)
Etapes et orientation : les chemins de Compostelle sont très bien balisés. Cela n’exclut pas une vérification sur une App de rando de temps en temps . Ne suivez jamais un pèlerin (il est peut être aussi perdu ! ) . Après 500 m sans voir de balisage, revenez au fléchage précédent , vous vous êtes trompé. Rejoignez les groupes WhatsApp spontanés. Les pèlerins qui vous précèdent peuvent vous donner des infos (gîtes fermés, rivière en crue..)
Budget : les prix ont augmenté même en Espagne mais restent inférieurs à ceux de la partie française. Comptez de 30 à 50€/jour . Voyagez si possible à deux pour partager hôtels et pensions
Ce matin là le thermomètre affiche -3°c. L’hiver s’est installé sur l’Hexagone et semble vouloir y rester. C’est le second dimanche que le randonneur d’Ile-de-France se martyrise et part affronter le climat et les transports erratiques du w.e . Il me faudra en de la patience pour rejoindre la gare de Sainte-Geneviève des Bois (91) depuis .. celle Bois-Colombes (92) . La forêt, la quête du francilien, se paie au prix fort.
longue randonnée de 24 km le long de l’Orge et ses différents bassins.
Téléchargez la trace de cette randonnée au format .gpxICI
Paris se prépare pour les J.O de l’été et la gare d’Austerlitz n’échappe pas au lifting général entrepris depuis des mois. Le chantier géant bouleverse les correspondances, le visiteur étranger ou de province connaît ses premières errances entre la ligne 5 et la 14 à l’arrêt pour plusieurs semaines. Notre RER C matinal s’enfonce dans la banlieue sud pour rejoindre notre point de départ.
La météo n’a pas découragé près de 30 marcheurs de l’association RANDIF , dont le look montagnard surprend parfois le voyageur dans les méandres du métro. Non, nous ne partons pas aux sports d’hiver madame avec nos sacs à docs et les vestes Gore Tex , mais seulement marcher le long de l’Orge aux confins de l’Essonne ! Notre guide nous a prévenu : « Cet itinéraire ultraplat est très urbain et vous croiserez plutôt des joggers et des pavillons ! » . Il a raison Gérard, l’urbanisation en question s’étend dans les moindres interstices et on mesure le travail et la détermination du Syndicat de l’Orge pour donner à cette région un décor accueillant et surtout préserver la faune et la flore mais aussi la protéger des crues et de la pollution . Les itinéraires de balade ont tous été aménagés en ce sens. Passages des marais sur pilotis, petits ponts de bois omni présents, les sentiers (un rien aseptisés! ) serpentent dans une succession de zones humides, de bosquets, de rus où les maisons individuelles sont tenues à l’écart comme par miracle. La présence de l’eau saute aux yeux, la terre de l’Essonne suinte de tous ses pores.
Et il faut s’en réjouir en ces mois d’hiver, la canicule probable de cette nouvelle année risque d’assécher le décor. Après 12 km, le groupe frigorifié stoppe dans un joli parc pour expédier son pique-nique. La température a daigné remonter de deux degrés, on partage le thé et le café chaud avant de repartir le long de l’Orge. J’ôte une seconde polaire enfilée durant ce court déjeuner, les mains engourdies et gauches sont à la peine pour renouer simplement ses lacets ou remonter un zip récalcitrant.
Une hydrographie complexe composée de rivières et de bassins
Par bonheur, le vent se montre clément alors que des risées sporadiques de neige nous ramènent aux réalités de ce janvier glacial . Nous arrivons ravis à la Gare de Breuillet Port Sud, or le podomètre et les GPS indiquent 20 km et ce n’est pas celle de notre retour ! Il faut encore traverser une aire pavillonnaire endormie et marcher encore pour atteindre celle de Breuillet Village et reprendre le RER C vers la grande ville. A partir de là , il me faudra encore prendre deux autres trains, deux fois le métro, soit près de deux heures supplémentaires pour rejoindre la périphérie du nord-ouest. C’est chouette la vie du parigot en goguette par un dimanche polaire !
Après avoir parcouru 800 km sur le Camino Frances de Saint-Jean-Pied-de-Port à Saint-Jacques de Compostelle, Vincent ne s’attendait pas à ce que cette première expérience devienne addictive en combinant l’itinérance et la peinture, sa passion originelle. Agé de 70 ans, ce vietnamien d’origine arrive très jeune en France.
Tardajos
Alors qu’il est encore au lycée, Vincent Monluc va tous les jours aux cours du soir pour dessiner les modèles vivants aux Beaux-Arts de Marseille. Quatre ans plus tard , il commence à peindre et à vendre ses aquarelles pendant les vacances d’été dans le sud de la France. Après avoir obtenu son diplôme en Arts Plastiques à l’Université de Bordeaux III, , il passe le CAPES d’Arts Plastiques et devient professeur dans un lycée du Havre .
Logrono
Mais derrière la peinture se cache une autre passion : le cinéma ! Il passe ainsi le concours d’entrée au département cinéma de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris et et réalise des films d’auteur de dessins animés. Son expérience en animation lui donne de nouvelles compétences dans la conception et la composition, dans la compréhension du volume et du mouvement et plus encore dans l’art de raconter des histoires. « Ma véritable passion a toujours été la peinture, en particulier l’aquarelle que je n’ai jamais cessé de pratiquer. » confie Vincent . En observant notamment les joueurs de pétanque, il met en œuvre ses domaines de prédilection à savoir la mise en scène, la création des personnages, les scènes de la vie ordinaire.
Je vous propose de découvrir quelques œuvres de la production de ce marcheur contemplatif, réalisées sur le chemin
Najera
Urtega
Interview .Un peintre devenu addict à l’itinérance du chemin
Trekkingzone : ton parcours artistique est intense mais la peinture reste semble-t-il un éternel retour notamment vers la nature ?
VM – Je suis attiré par la beauté des paysages et par les expressions humaines. Je peins surtout à l’extérieur. Je trouve que la nature offre à voir des beautés que j’essaie d’exprimer dans les peintures. L’aquarelle est le medium que j’utilise le plus, bien que très difficile à maitriser, elle est la technique qui me donne la plus grande liberté d’expression, car elle me permet de “ dessiner avec la couleur”. La peinture en extérieur me donne la possibilité d’observer les gens, de contempler les paysages, de capturer des scènes de vie, de comprendre lumières et contrastes, de maîtriser les formes, de composer et de recomposer, bref d’enrichir mon vocabulaire visuel. Tout est mouvant, et rien n’est figé comme sur une photo
Hortanas
Villafranca Montes de Orca
Trekkingzone : comment , à quel rythme peignais tu en chemin ?
VM – Je faisais 1 a 2 aquarelles par jour ( 2 à 4 h de travail) quand je marchais environ 12 a 20 km par jour. Je ne peignais pas le jour ou je faisais plus de 25 km, En général je peignais le matin quand par chance je trouvais une vue intéressante, sinon l’après midi après être arrive a un gite et avoir réservé un lit mon principal problème car je ne réserve jamais ! A ce moment la j’explorais tous les coins du village avant de peindre. Il m’est arrivé ainsi de marcher 45 km quand tout était complet.
Cirauqui
Trekkingzone : quelles sont les contraintes de peindre en chemin ?
VM- C’est d’abord un poids supplémentaire de 5kg de matériel. Sac a dos de peinture. 60 feuilles d’aquarelle 28x38cm Arches 300gr, peinture, pinceaux, chaise pliante, eau. Dès que j’avais peint 30 feuilles , je les envoyais a ma fille par la poste et achetais d’autres supports.
Trekkingzone : Quel regard portaient les autres pèlerins sur le peintre-marcheur ?
VM- Très peu de pèlerins s’arrêtent pour regarder ce que je faisais. Je crois que beaucoup étaient plus concentres sur la marche. Je remarque même que très peu de pèlerins prennent le temps de visiter une église, un site historique. Certains passent sans regarder, sans même prendre une photo ! Les Français sont les gens les plus intéressants et intéressés en comparaison par exemple avec les Américains et Coréens. Comme j’étais souvent assis a peindre, j’ai pu observé davantage le comportement des gens. Sans en faire une généralité, les personnes les plus sympathiques rencontrées sont les Espagnols.
Santo Domingo
Trekkingzone : As-tu d’autres projets sur les chemins de Compostelle ou simplement de longues marches ?
VM – Je repars en mars ou avril 2024 pour marcher et peindre sur le chemin portugais. J’espère aussi pouvoir faire les années suivantes le Mozarabe et la Via de la Plata. Je crois avoir pris une addiction de peindre sur les Chemins de Saint Jacques. Je ferai un collection de livres de peinture.
L’association Colina organise des séjours rando sur plusieurs jours adaptés aux personnes fragilisées sous forme de binômes. Des résultats prometteursqui pourraient être insérés dans les parcours de soin.
Les bienfaits de la marche sur notre santé ne sont plus à démontrer. La discipline agit en douceur sur notre métabolisme, renforce nos capacités cardiaques, circulatoires ou encore musculaires. Au-delà de ces bienfaits, elle jouerait plus encore sur notre état mental. L’effort mesuré dans un environnement naturel, comme les forêts ou le bord de mer, favorise un relâchement psychique bénéfique et nous pousse souvent à dépasser des limites que l’on ignorait. Laurence Reckford, fait partie de celles et ceux qui se lancer un jour sur un chemin de Compostelle, un voyage où elle put mesurer au quotidien les changements bénéfiques procurés par cette aventure itinérante.
Après un chemin de Compostelle révélateur, Laurence Reckford décline aujourd’hui cette expérience bénéfique en faveur des personnes atteintes de troubles psy.
Au fil des jours, elle est revenue à l’essentiel : avancer, prendre soin d’elle, profiter de chaque journée et partager douleurs et bonheurs lors de rencontres spontanées, même éphémères. Coach de formation, formatrice en premiers secours en santé mentale, Laurence a souhaité que ces bénéfices soient mis au service de jeunes adultes en rétablissement de troubles comme la dépression, la bipolarité ou la schizophrénie. Il ne s’agit pas de guérir mais contribuer par cette expérience au rétablissement pour avancer dans sa vie. En 2020, elle part ainsi à titre expérimental et amical, en randonnée durant une semaine avec des jeunes atteints de problèmes psychiques et leurs parents : tous prennent conscience de leur capacité dans l’effort, développent la communication au sein du groupe, s’investissent et montrent une réelle reprise de confiance en eux dans un environnement tout à fait nouveau.
Accompagnés d’une personne de confiance, ils retrouvent confiance en eux au fil des jours et partagent une aventure
Sortir du cadre quotidien, dépasser l’horizon et ses limites . Colina organise désormais 5 à 7 voyages par an à leur attention
Ces résultats ponctuels satisfaisants durant ce séjour la poussent à renouveler cette expérience. Les années suivantes, elle propose le projet à une association de proches. Une fois encore cette initiative est couronnée de succès. Laurence Reckford décide cette fois de monter une structure dédiée sous la forme d’une association : Colina. Les trois syllabes de ce nom en résument le caractère : Co comme corps , Li comme lien social et Na comme nature.
Une structure originale, des objectifs ambitieux et réalistes
L’organisation d’un séjour itinérant de randonnée avec des personnes mentalement plus vulnérables, à la condition physique incertaine demande une préparation plus rigoureuse. Au-delà de l’aspect logistique, il s’agit de « déminer le terrain », notamment en levant les appréhensions lors d’un briefing en exposant clairement le projet non seulement aux intéressés mais aussi à leur proche accompagnant. Car le concept de Colina passe par la formation d’un tel binôme. Un ami proche ou un membre de la famille, joue ici un rôle primordial par sa connaissance du marcheur et sa présence rassurante. Ce binôme va donc partager durant une semaine en moyenne une expérience souvent inédite au jour le jour, franchir ainsi des étapes et les libérer des préjugés. La victoire quotidienne sur la fatigue, la répétition de l’effort, la solidarité constante du groupe va leur redonner de l’énergie, une réelle confiance en eux et les aider ainsi au retour dans leur vie de tous les jours. Deux accompagnants de l’association assurent ici l’encadrement. Un débriefing systématique a lieu après chaque voyage et se complète par la rédaction d’un formulaire individuel d’évaluation. Après les marches, des projets d’accompagnement personnel seront proposés.
Colina programme 5 marches en 2023 sur toute la France, 7 l’an prochain, et s’adresse aux personnes de 18 -35 ans atteintes de ces pathologies, une tranche d’âge ciblée pour attirer les jeunes adultes. Avec ces résultats positifs, Laurence Reckford et son équipe développent sa communication auprès des intermédiaires de santé ou d’insertion, cherchent à assurer le financement de l’association et pourquoi pas collaborer au parcours de soin global de certains hôpitaux ou de spécialistes indépendants en psychiatrie.
Partir loin, repartir seul ou pas , se délester du superflu pour revenir à l’essentiel. Avancer au rythme de 4 km/h, le plus lent du terrien ! Remettre sous tension sa pile AAA (Anticipation, Autonomie, Adaptation). Dégager l’horizon, dépasser ses limites, ses préjugés, ses angoisses. Se réjouir des rencontres spontanées, de les rompre un matin sans culpabilité, savourer l’itinérance et revenir chaque fois plus riche, apaisé et encore ivre de liberté .
Après une très longue marche l’an passé sur la Via de la Plata entre Séville et Saint-Jacques de Compostelle, j’avais besoin de revenir vers plus de civilisation. Cela faisait bien une décennie que la Rota Vicentina promue au rang de «L’un des plus beaux parcours côtiers d’Europe» me faisait de l’œil. Je me documentais sur le parcours proposé, il s’agissait d’une belle balade d’une douzaine de jours avec des capacités d’hébergement suffisantes et aux prix « corrects ». Adjugé ! Toutefois ce programme plutôt court ne pouvait à lui seul apaiser mon appétit d’évasion alors j’entrepris de compléter le voyage dans la péninsule ibérique en enchaînant le Camino Portugais de la costa depuis Porto. C’est ainsi qu’en avril dernier je me suis retrouvé de Santiago de Cacem à Santiago de Compostella, dans deux pays, sans perdre de vue les vagues puissantes de l’Atlantique, de l’Algarve jusqu’en Galice, soit un total de 500 km. Retour sur ce double parcours littoral au caractère malgré tout très contrasté.
Les sentiers roi l’Algarve
La Rota Vicentina propose deux chemins principaux et 24 boucles de découvertes
Située au sud ouest du Portugal, la côte Alentéjane et Vicentine, constituent un espace les mieux protégés en Europe. Partie intégrante d’un parc naturel , cet univers sauvage long de 100 km couvre 90.000 ha, héberge une riche flore endémique et un grand nombre d’espèces d’oiseaux, dont des migrateurs. C’est aussi un maillage de petits villages, de ports de pêche calmes et accueillant. Le climat très méditerranéen de l’Algarve soumis aux influences atlantiques offre ici des conditions de randonnée parfaites de septembre à juin. On y accède par la route ou via les aéroports de Faro ou Lisbonne.
La Rota Vicentina se présente sous la forme d’un réseau de sentiers pédestres bien balisés composée de 24 parcours circulaires mais surtout de deux voies principales : le sentier des pêcheurs (the fishermen’s trail en bleu) long de 220km entre Sao Torpes et Lagos, 13 étapes de 11 à 23 km. (balisage bleu et vert), puis le sentier « historique » (en rouge) long de 265 km, 13 étapes de 12 à 24 km entre Santiago de Cacem et le cap de Sao Vicente. C’est le GR 11 balisé blanc et rouge. (Sentier européen E9). Ce réseau assez dense permet donc de tracer votre itinéraire selon vos goûts, vos capacités et ce du nord au sud ou inversement car ces chemins sont repérés dans les deux sens. Quel sens choisir ? En marchant du nord au sud, vous aurez le soleil de face en permanence. Dans le sens sud-nord, vous serez soumis parfois à un vent ouest, nord-ouest dominant
1ère partie :
la Rota Vicentina : sablonneuse, douloureuse et sublime
Afin de me mettre en jambe, je choisis de parcourir deux étapes sur le chemin historique en partant de Santiago de Cacem, située à deux heures de bus de la capitale. Je commandais très tôt un Uber pour rejoindre la gare routière de Lisbonne. Les travailleurs matinaux prenaient une bière ou un café dans la buvette sous une lumière blafarde dont certains regardaient d’un œil dubitatif le seul mec en short aux jambes blanchâtres avec un sac à dos en train de chercher le quai de départ. Le bus démarra à l’heure et fila vers le sud-est en traversant le fleuve Rio Tejo sous les premiers rayons du soleil. Je reconnus les visages de la ville endormie pour y avoir séjourné et dont j’étais parti en 2015 déjà sur le camino portugais central. L’autoroute déroula ses kilomètres d’asphalte dans la campagne vallonnée plantée d’eucalyptus et me déposa à Santiago de Cacem.
De Santiago de Cacem jusqu’à Cercal de Alentéjo, durant deux jours, le sentier serpente sur le chemin historique dans un décor de chênes-liège
Après un coup d’oeil sur l’App Mapy.Cz , je localisais mon point de départ en ville. Il ne me restait plus qu’à suivre attentivement le GR dont les méandres urbains restent souvent des mystères en terme de tracé. En m’éloignant du centre je retrouvais rapidement les chênes-liège, une végétation familière rencontrée sur la Via de la plata et dont le costard bicolore me fascine toujours. Je passais ma première nuit à Val de Ceco après une balade très rurale sur 18 km, puis la seconde à Cercal de Alentejo. Constat : le Portugal est touché de plein fouet par la sécheresse. Des massifs entiers d’arbres meurent sur pied et le niveau d’eau des lacs de réserve au plus bas donne toute la mesure du drame. Nous étions mi-avril et je ressentais déjà durant ces deux premières après-midi de marche la poussée de fièvre climatique imminente et précoce. J’allais devoir me lever tôt.
Porto Covo plongé dans la nuit et le silence. Veillée d’arme…
Une côte sauvage et préservée soumise aux caprices de l’Atlantique
Je quittais ces paysages meurtris pour rejoindre en diagonale Porto Covo, le joli petit port point de départ du « sentier des pêcheurs » de cette Rota Vicentina. J’y arrivais bien trop tôt, (comme d’habitude), la plupart des hébergements ne sont pas disponibles avant 14, 15 voire 16 heures. Je zonais donc en ville en cherchant un coin tranquille abrité du soleil, entre cafés et glaciers. Durant ce périple, ce fut d’ailleurs difficile de trouver de l’ombre, et plus encore sur la dune. Celle-ci allait dès le lendemain me dicter ses règles, des conditions auxquelles j’allais devoir m’adapter sur la plupart des étapes. Les forums abordaient régulièrement le sujet , je le redoutais un peu mais j’eus droit au baptême du sable durant 24 km, sur cette première étape du « Fishermen s trail » entre Porto Covo et Vila Nova de Milfontes.
Le sable, l’ennemi public n°1 de la Rota Vicentina, un sentier parfaitement balisé dans les deux sens
La douceur de vivre des villages sous un climat très méditerranéen
Contrairement au GR34, les hautes falaises de la Rota Vicentina me semblent plus sablonneuses ce qui rend la progression fastidieuse sur bien des tronçons. Les pieds jamais à plat, tordus par ce terrain mouvant, frottent dans les chaussettes et sont mis à rude épreuve car le sable pénètre irrémédiablement partout. Avec une charge de 10 kg, les bâtons de marche sont évidemment fortement conseillés (avec les embouts neige!) , les mini-guêtres en tissu léger limitent un peu l’invasion. J’ai découvert leur existence bien trop tard. On essaie en permanence de trouver des zones plus dures ou poser le pied. Certains, et c’est déplorable, s’éloignent du balisage pour marcher dans la végétation éminemment vulnérable au piétinement. Ce n’est certes pas la traversée du désert, mais autant le savoir, voilà le prix à payer pour s’en mettre plein les yeux sur cette côte sauvage et sublime.
La plage d’Arrifana, un spot de surf monstrueux et son ambiance « Endless Summer »
Et ce fut le cas. Chaque jour elle dévoile de nouveaux panoramas en alternant les immenses plages de sable blanc et les dédales rocheux balayés par la houle majestueuse de l’Atlantique qu’aucun obstacle n’a pu ralentir. Tantôt, le marcheur se met à survoler cet univers hostile où poussent d’improbables plantes et dont les fleurs multicolores illuminent le décor. Tantôt il subit les douleurs de la gravité lorsqu’il lui faut descendre et remonter de chaque crique.
Arides, verticales, rongées par l’érosion, les hautes falaises surplombent l’océan dans un équilibre précaire.
N’espérez pas trouver un bosquet pour improviser une sieste au frais dans cette végétation rase pour mieux résister au vent. Cette côte escarpée donne parfois le vertige lorsque le sentier se met à frôler le précipice. Alors on redouble de prudence, le corps bringuebalé par le sac à dos trop lourd et ce sol si instable. Coup de stress, le balisage disparaît soudain, le vent a balayé les traces, puis il réapparaît soudain. Sauvé ! Plus loin le sentier s’avère « mal pavé ». Le minéral en blocs a remplacé la poudre.
Les pastels de nata, petites, irrésistibles..dangereuses !
Plat typique de bacalahau servi en dose portugaise. Suicidaire !
Dans certains passages ce n’est qu’un empilement de caillasses, une suite de marches irrégulières, usantes où l’on se hisse, ou descend à la force des bras. Je marchais ainsi seul du nord au sud dans ce désert côtier dominant les grèves. Je m’arrêtais souvent pétrifié par la beauté de l’océan. Je croisais de temps à autres des touristes garés sur le parking voisin ou des camping-caristes venus chercher la solitude. Il y avait aussi des familles en balade sur l’une des boucles-découverte, signe rassurant que la ville n’était plus très loin. Comme le sentier des pêcheurs se pratique dans les deux sens sur cette douzaine d’étapes, les randonneurs venus de Lagos croisent ceux venus de Porto Covo. On questionne, on échange des infos, des conseils : «il y a autant de sable ? C’est raid encore deux cents mètres, puis du plat ! » Et chacun poursuit sa route. Par moment le balisage débouche à l’extrémité d’une étendue magnifique rendue accessible par la marée basse. Un, deux kilomètres de liberté totale, à plat, au sable dur s’offraient à moi. Je jubilais. Les écoles de surf occupaient déjà la place ainsi que les vans ou pick up des routards de la vague allant de spot en spot chercher les meilleurs conditions au jour le jour en fonction des marées et du vent
La puissante houle vient se briser sur les rocks et les bancs de sable
Plus on descend en Algarve, plus la population de surfers se mêle à celle des randonneurs de la Rota Vicentina dans les albergues ou les petits hôtels bon marché. Je partageais un soir un dortoir de 6 lits avec cette population glisse, des jeunes qui avaient pris le rythme espagnol : couché tardif et réveil tôt lorsque la vague est encore glassy. Lorsque la température s’est mis à grimper, je calais mon réveil sur le leur avec un départ entre 6h30 et 7h00 . Au bout d’une douzaine de jours de ce régime, j’atteignais enfin le cap Sao Vicenté, l’extrême pointe ouest du continent européen partait-il . Jusqu’à la mi-parcours de l’étape, le sentier fut sans difficulté , la brise presque fraîche ce matin là. Le phare du cap semblait si proche, je distinguais même au loin des véhicules. Puis je perdis sa trace.
Après une douzaine de jours de marche, la Cap Sao Vicente pointe enfin à l’horizon, au bout du continent européen ..au bout du voyage sur le sentier historique.
Rien de grave me dis-je, il suffit de suivre la côte. Or cette zone n’est qu’un champ de cailloux acérés où il est difficile de poser le pied sur de la terre. Deux 4 X 4 étaient garés non loin, il devait bien y avoir une route ? Non ! le sentier des pêcheurs se cachait quelque part ailleurs. Je ressortais le GPS, j’étais bien trop au sud et je l’avais raté. Il me fallut presque une heure pour retrouver une marque délavée sur un bloc à demi enfoui sous le sable et rejoindre enfin le phare.. au pif ! Rincé, j’extirpais mon sempiternel bocadillo jamon/quieso du Tupperware et l’engloutissais sous le regard amusé de touristes français attablés au restaurant du site.
Cap Sao Vicente : ravi l’auteur d’avoir touché au but !
Les pics rocheux squattés par les échassiers en migration
Le sentier côtier qui conduit ensuite à Sagrès à 5 km n’offre que de peu d’intérêt. D’autant que j’avais les pieds explosés par la chaleur et le terrain chaotique , je finissais même l’étape en évitant quelques dénivelés car la rando du lendemain s’annonçait comme les plus difficiles entre Sagrès et Salema avec 650m + . J’avais pris ce soir là une chambre privée dans une petite pension et je pus mieux récupérer. Ce fut la dernière rando de cette Rota Vicentina, car j’avais choisi de zapper Luz et prendre le bus pour profiter de deux jours de repos à Lagos. Cette journée débutée encore très tôt pour fuir la chaleur, fut sans doute la quintessence d’un sentier côtier digne de ce nom , à savoir une suite éprouvante de montagnes russes plutôt raides, d’interminables descentes et remontées des plages. Je haissais ce jour-là ces foutues falaises !
Des traversées magiques des plages immenses offerte par la marée basse
L’art portugais de l’azulejo en fresque géante pour raconter l’histoire de Povoa de Varzim
Installé à Lagos dans un établissement très « auberge espagnole », je passais ces deux journées à soigner mes pieds enflés, faire un peu de shopping, comater aux terrasses et visiter les grottes locales ..en excursion ! Je retrouvais dans l’albergue, par un heureux hasard, un compagnon de route, Roger, artiste british sexagénaire savoureux et volubile mais tiraillé entre fuir ou côtoyer les femmes ! Je le rejoignis ce dernier soir au restaurant où il m’attendait attablé avec deux jolies italiennes …rencontrées des semaines auparavant ! Nous avions sans le savoir un programme initial similaire : rester au Portugal et finir notre séjour en parcourant le Camino Portugais vers Compostelle. Il choisit de suivre le Camino central en partant de Coimbra « pour fuir les tentations et retrouver la paix » , je partirais de Porto par la côte. Nous échangeâmes nos numéros sur WhatsApp et chacun reprit le chemin de son choix. J’appris récemment qu’il avait fini par prendre un ferry à Sentender . J’arrivais le lendemain à Lisbonne par le train et prenais dans la foulée un bus vers Porto. Embouteillage de voitures, de visiteurs à Porto , la ville magnifique grouillait de monde en cette fin d’après-midi et me donnait le tournis. Fatigué, je pris un taxi, il me déposa à mon hôtel et je m’activais pour acheter l’indispensable crédentiale du pèlerin à la cathédrale. Une nouvelle aventure pouvait commencer .
Party très « auberge espagnole » ce soir là dans l’albergue de Lagos. Six nationalités différentes ont trinqué et cuisiné ensemble.
Parenthèse touristique de deux jours à Lagos pour récupérer, soigner les bobos. Ouf ! Farniente, visite de grottes, glaces !
Conclusions
Malgré le nombre peu important d’étapes et l’alternance possible entre les deux voies , la Rota Vicentina demeure une expérience physiquement assez exigeante qu’il convient de bien gérer lorsque les conditions météo l’exigent. J’ai ainsi jugé plus prudent de délaisser la côte un jour de pluie balayée par un vent assez soutenu. Ce fut l’occasion de redécouvrir aussi avec plaisir la ruralité de l’intérieur des terres. Le sens sud-nord me semble aujourd’hui recommandé pour les raisons d’ensoleillement évoquées . Dommage que le Topo Guide édité par l’Association ne soit disponible qu’en version nord-sud. Le balisage bleu vert est parfaitement efficace, il faut cependant rester attentif car ces voies croisent de nombreuses boucles (couleur jaune et rouge) . J’avais acheté deux cartes au 1:50.000e au Vieux Campeur, elles ne furent d’aucune utilité ! Le réseau de bus et les taxis permettent de raccourcir les étapes au besoin.
Descente , puis remontée, chaque crique est une épreuve !
Lagos : les bateliers somnolent en attendant le retour des touristes en visite des grottes
Côté hébergement, il n’est pas besoin de réserver très avance au mois d’avril. Plus tard, prudence car l’Algarve est très fréquentée durant les vacances d’été. Les prix au Portugal restent très abordables, même si l’inflation a fait bondir les tarifs hôteliers. Il revient donc moins cher de voyager à deux et partager des chambres d’hôtel. Il est aussi inutile d’emporter un sac de couchage mais tous les établissements ne fournissent pas de serviette de toilette. Vous pouvez réserver directement par téléphone. Les hôtes désormais très connectés vous donnent une réponse sur WhatsApp ! j’ai volontairement choisi de le faire par booking.com pour me faciliter la vie. Restauration : vous ferez encore un excellent dîner pour une quinzaine d’euros. Le budget journalier en solo varie de 40 à 80€ suivant le degré de confort choisi et la variété des menus. Les vols de retour en France depuis Faro ou Lisbonne ne manquent pas. Laissez vous un jour ou deux de sécurité pour prendre votre billet très en avance au meilleur prix.
Lorsque la rivière vient se mêler à la mer
Séquence « Dolce Vita » avec Silvia et ses amis italiens
Topo Guide : Rota Vicentina 15€ à commander en ligne sur rotavicentina.com. Nb l’Application smartphone ne fonctionne pas.
Gestion des trajets intérieurs (train, bus ) : l’App Rome2Rio est vraiment pratique.
Positionnement, orientation : Mapy.cz , Google Map pour trouver l’hébergement en ville, cafés, restaus, supermarchés ouverts
Etapes et hébergements (réservations booking.com, tarif génius 3)
Lisbonne
Home Lisbon Hotel (dortoir) 30€
km
Val de Séco
Casinhas de Alderia 50€
18
Cercal de Alentejo
Solar de Alentejo 35€
23
Porto Covo
Ahoy Hotel 45€
24
Vila Nova de Milfontes
Selina Hotel 35€
20
Almograve
Lodges & Bikes 43€
16
Zambujeira do Mar
Casa de Praia 63€
22
Odeceixe
Hotel Seize (dortoir ) 22€
19
Aljezur
Hotel Amazing (dortoir) 23€
23
Arrifana
Destination Hotel (dortoir) 20€
18
Carrapateira
Hotel do mar (dortoir) 22€
22
Vila do Bispo
Cantinha do Avo 40€
16
Sagrès
Casa de Obo Santa Maria 50€
21
Salema
Pension familiale 40€
20
Lagos (2 nuits)
Tag Hotel (dortoir) 19€
BUS
>>>>> Juste après, suite de la balade >>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>
2eme partie : Le Camino portugais de la costa
Mon passage à Porto fut bref. Je n’avais aucune envie de m’éterniser dans sa nuée de visiteurs provoquée notamment par les vacances scolaires françaises et le w.e du 1er mai . Il me fallut résoudre rapidement un gentil petit casse-tête. Plusieurs options se présentent pour rejoindre Compostelle sur le Camino Portugais sachant qu’il existe également des variantes très exotiques sur le parcours. La majorité des pèlerins internationaux empruntent le camino dit central, celui où l’on passe en Espagne par Tui.
le camino portugais depuis Porto avec ses multiples options….
….et son inévitable folklore . La dépose de message fait partie du voyage. J’y étais.. Ces tas atteignent parfois la hauteur d’homme.
L’ayant déjà emprunté quelques années auparavant et craignant une forte affluence, je choisis de suivre la côte jusqu’à Pontevedra, histoire de rester aussi cohérent avec la première partie ce voyage au Portugal, sur la Rota Vicentina. Crédentiale en poche, la forme retrouvée, je retrouvais dès les premières étapes l’ambiance Compostelle, son folklore, ses dortoirs, ses ronfleurs. Après les falaises de l’Algarve, le profil tranquille de ce camino de la costa me convenait bien, je partais en balade, presque en vacances. Seule différence notoire, il allait falloir me caler sur des étapes bien plus longues, dépassant souvent les 25 km.
le sentier littoral étend ses passerelles de protection de la dune sur des kilomètres. La monotonie s’installe, ça ira mieux demain.
Le Portugal est l’un des plus gros producteurs mondiaux de moules. On les élève ici sur les « barcas » , des pontons lestés dispersés dans les estuaires.
Depuis mon dernier passage en 2015 la côte de cette région avait subit une urbanisation galopante, je reconnus à peine certains endroits. De très nombreux immeubles avaient poussés comme des champignons et transformer les bourgs en véritables stations estivales. Désormais des pistes cyclables suivent les passerelles de bois construits sur des dizaines de kilomètres pour protéger les dunes. Durant les premières étapes, je n’appréciais guère ce décor monotone qui tranchait avec l’exubérance de la Rota Vicentina. Puis au fil du temps, je me suis imprégné de l’atmosphère apaisante, romantique de cette côte dont les plages se perdaient à l’infini dans la brume . Je finis par apprécier son silence cotonneux, sa litanie de bars et restaurants construits sur le même modèle.
Quitter la douceur d’une terrasse de café dans un village puis repartir vers le prochain caché quelque part au fond d’une anse…peut être !
Et je finis même par m’amuser du mélange des genres comme ces groupes de pèlerins, lents, lourdement chargés venus d’ailleurs croisant les joggers légers et qui leur lancent des « buen camino » comme à des amis de longue date. Plongé dans mes pensées, je leur répondais au choix par un merci , un obrigado portugais ou un gracias. Dans cet environnement balnéaire grand public, une albergue municipale trouve paradoxalement sa place . Je garde encore en mémoire la vision de celle Povoa de Varzim, un immeuble moderne, discret au milieu d’une avenue commerciale. Nous étions une quinzaine de pèlerins assis par terre sous le soleil à attendre l’ouverture et le check in. La ville avait fini par s’habituer et personne ne prêtait plus attention à ces nomades étalés.
L’Eucalyptus, la beauté et la plaie de bien des pays. Sa culture est aujourd’hui très controversée
Il existe parfois sur le chemin un monastère pour se reposer ou méditer.
Le Camino de la costa, comme les autres font désormais partie du décor. Seule différence peut être avec les vacanciers, les pèlerins mangent tôt , se couchent tôt, se lèvent tôt et n’achètent rien ! Dans cette transhumance vers Compostelle, soit nous ne prenons guère le temps de nous attarder sur la richesse des villes, soit nous recherchons en vain des centres d’intérêts qui n’existent pas. Je m’interrogeais aussi sur la foi ou l’absence de foi ou la foi secrète de ces marcheurs sur ce camino portugais où se croisent deux chemins de pèlerinages parmi les plus connus au monde (Fatima et Compostelle). Si Dieu ou St Jacques veillait sur nous, jamais personne ne l’évoquait !
Depuis des années, les communes travaillent sur la qualité de l’accueil.
Séquence immersion : Ma vie dans les dortoirs !
Le chemin traverse les villages de pêcheurs. Les marcheurs silencieux ont fini par s’intégrer à leur décor et devenir transparents.
A mi-parcours, je passais donc du Portugal en Espagne non pas Tui mais à Caminha en traversant la rivière Minho , en bateau-taxi. Ces mini-escapades maritimes ou fluviales au milieu de randonnées amusent tout le monde, moi le premier. C’est pourquoi j’avais également choisi de délaisser le chemin de la Costa pour piquer plein ouest sur la « variante espiritual » à Pontevedra afin de prendre une nouvelle fois le bateau à Vila Nova de Arouza et remonter la rivière jusqu’à Pontececures. Avec une vingtaine d’autres marcheurs je me rendais dès l’ouverture chez Marco, lieu de départ de la Barca del Peregrino , une vedette de tourisme confortable nous y attendait . Je retrouvais sur le quai un trio d’Irlandais (catholiques ! ) impayables rencontrés précédemment.
Traverser la frontière Portugal-Espagne en bateau-taxi . La classe ! (Remettre sa montre à l’heure française sur l’autre bord svp ! )
Ce soir là , j’ai le cœur aussi à marée basse sur le port de Vila Nova de Arouza…
Les trois papys ne marchaient qu’à l’impro, sans aucune réservation, et à la bière. Une véritable cure pour oublier les taxes monstrueuses sur l’alcool de l’Eire. Après quelques minutes de navigation le capitaine et son mousse servirent thé chaud et croissants avant de rentrer dans le vif du sujet : le chemin spirituel maritime ! Probablement le seul au monde. Car l’itinéraire est ponctué de 17 croix de granit plantée sur les berge de cette rivière. Suivant la légende les restes de l’apôtre Saint-Jacques auraient été transportés par bateau entre Haïfa en Palestine et Padron en Galice, en remontant le Rio de Arouza et rivière Ulla . La Translatio ! La balade dure une heure trente, temps suffisant pour le capitaine de nous expliquer la production locale des moules portugaises très savoureuses. Elles sont élevées sur plus de 3000 « barcas » lestées dans l’estuaire de Vigo notamment. A Pontesecures, tout le monde débarque et part vite vers Padron.
Un chemin de croix maritime unique au monde
Le balisage personnalisé de la variante Spirituelle entre Pontevedra et Padron
Certains y passent la nuit ou poursuivent directement à Santiago , soit 28 km. D’autres s’arrêtent à Teo afin de partir tôt et assister à la messe de la cathédrale de Compostelle à 12h. Nullement pressé, je choisis l’escale à l’Albergue ultra moderne de Padron. La dernière étape d’un camino a quelque chose d’émouvant. Elle marque la fin du voyage, l’heure des séparations, du retour à la vie sédentaire et pour moi la fin d’une fabuleuse balade qui durait depuis un mois.
Le camino de la costa n’est pas toujours un paisible sentier. ..
…des siècles d’urbanisme ont changé son tracé.
Alors je prie le temps de savourer ces 23 derniers kilomètres, certes pas les plus beaux ni les plus faciles d’ailleurs. Une borne flanquée du logo européen une coquille jaune sur fond bleu, symbolisant la convergence de tous les chemins est présente tous les 500 m environ. Elle comporte aussi le nombre de km restant. Sans doute pour encourager le marcheur exténué ..ou l’achever ! J’arrivais à Compostelle par le sud, les rues avaient remplacer maintenant le chemin, je reconnus l’itinéraire si familier. qui n’en finit pas de grimper. Arrivé devant la cathédrale je déposais mon sac à dos sur le sol. C’est avec une immense et sincère gratitude que je remerciais encore une fois l’hôte des lieux de m’avoir épargner la blessure et permis ce tel périple..à mon âge. Puis, je m’assis sur le banc de pierre qui court le long de la place pour regarder l’arrivée des autres. Leurs visages rieurs cachaient mal la fatigue accumulée. Puis ce fut le moment des embrassades, des larmes versées par la douleur de se séparer ou le plaisir de se revoir. La même émotion spontanée animait ces pèlerins issus du monde entier, qu’ils aient parcouru 100, 300 ou 2000 km.
Le village aux Horreos, ces petits greniers sur pilotis , inaccessibles aux rats. Le symbole même de la Galice .
Bilan final : Coup double réussi .
Je ne recherchais ni la performance , ni l’exploit, juste les savoureux les plaisirs de l’itinérance sur un mois comme je le fais depuis des années. Que ce soit la Rota Vicentina ou le Camino portugais, ces deux itinéraires sollicitent beaucoup l’organisme et notamment les pieds . Le premier par le sable, le second par la présence de portions pavées courantes au Portugal. Ce programme exige donc de faire des pauses de récupération d’un jour ou se limiter à une demi étape, bref de laisser refroidir notre formidable machine avant l’irrémédiable. Côté logistique le passage de l’Algarve à la Galice se fait sans problème par le train ou le bus. Conséquence post-covid , les chemins ibériques connaissent cette année une forte affluence. La réputation de la Rota Vicentina est croissante depuis 2013 et le camino de la costa draine toujours plus de pèlerins comme le témoignent les hébergeurs. Cela demande donc plus de préparation sur les hébergements et des réservations anticipées notamment durant les vacances scolaires. Côté équipement : si le sac de couchage est inutile sur la R.V, il est conseillé de l’emporter sur le Camino. Du point de vue budget, les prix au Portugal sont sensiblement moins élevés qu’en Espagne, bien que les deux voisins connaissent une inflation galopante. Je voyageais là-bas pour 30 à 50€ par jour en 2015 , j’ai dépensé entre 40 et 70€ cette année sans me priver.
Les App et sites utilisés sur ce parcours : Wise Pilgrim , Mapy.cz, Gronze.com, Google , Rome2rio, Map, Google traduction
La cathédrale de Compostelle suivie comme une étoile par des millions de pèlerins depuis des siècles. (350.000 par an ! )
Découvrir un pays par la côte en alternant des passages dans les terres en donne une vision plus large, notamment hors des zones touristiques, sur son passé rural ou la tradition de la pêche. Portugal et Espagne offrent un incroyable potentiel d’itinéraires et passionnant patrimoine culturel au marcheur un peu curieux. Mais l’époque de l’improvisation ou de l’insouciance est révolue. Le voyageur doit désormais composer avec le dérèglement climatique et choisir la bonne période pour caler son voyage dans la péninsule en surchauffe.. avec une forte dose d’incertitude.
Le Botufumeiro, ultime acte de la messe des pèlerins à Compostelle . (Non systématique mais soumis chaque jour à la générosité d’un sponsor ! )
Jack le fils avec son père John , deux irlandais du Nord, inconditionnels de la couronne britannique. A droite : le trio de choc de la République d’Irlande, rois de l’impro, rebelles, dingues de rugby et de la bière portugaise « si bon marché ». J’ai passé de grands moments avec ces boys unis sur le même chemin.
Etapes et hébergements Camino de la costa (réservation et tarif genius 3 booking.com)
Porto
Hotel Do Norte
40€
km
Labruge
Alberge Soa Tiago
16€
24
Povoa de Varzim
Hotel Résidentiel
35€
17
Marinhas
HoLocal Praïa Mar
28€
25
Viana do Castello
Albergue del mont
40€ (ch.)
25
Caminhas
A . Bom Caminha
20(dortoir)
27
Mouga
P. privée A Bego
40€ (ch.)
23
Sabaris de Vigo
Al. de la playa
16€(dortoir)
17
Vigo
Hotel Nautico
35€
24
Redondela
La Conserveira
16€(dortoir)
16
Pontevedra
Pension Santa Clara
30€
20
Armenteira (spirituel )
Albergue municipale
15€(dortoir)
23
Vila N. de Arouza (spi)
Albergue A Sarazon
18€(dortoir)
22
Padron (Spirituel)
Albergue Murgadan
16€(dortoir)
23
Santiago (2 nuits)
Albergue Teodormigo
15€(dortoir)
23 km
La Coronne (extra)
Hotel Santa Catalina
34€
Train
Equipement de base : Sac à dos Osprey 48l , chaussures trail Hoka Speedgoat 4 Gore tex, (US) Veste Arc Tétyx Gorex (US) Tex, doudoune compressible duvet Cumulus (Pologne), bâtons de marche Fizan (Italie) , pantalon de pluie Trail Decath, Chaussettes Monnet Merinos/synthétique (FR) , sous-vêtements boxers Under Harmor, Short Cimalp (FR) chapeau Tilley (Canada). 2 T-Shirts Puma et UH. kit de pochettes Osprey, un sac de couchage, un Tupperware. Iphone XR, cartes de crédit BNP Visa, N26 Master card, carte sécu Europe. Poids total avec 1,5 l d’eau et vivre : 9 kg
Publications de l’auteur : Tapez « Richard Kirsch » sur le site Thebookedition.com (10€+frais envoi ou 5,70€ en PDF)
Les Chemins de Compostelle sont chaque fois l’occasion de rencontrer des êtres particuliers, de ces hommes ou femmes qui marquent votre voyage par leur quête, leur attitude, leur sensibilité ou parfois une passion anachronique sur de tels itinéraires. Par le passé j’ai ainsi côtoyé des photographes lourdement chargés, des équipes de tournage et leur logistique importante, des animateurs sociaux accompagnant durant des mois des jeunes à la dérive, des familles chrétiennes et leur multitude d’enfants chantant et priant sur le chemin depuis dix ans, des pèlerins au look vintage tout droit sortis du Moyen-Age, des cyclistes brésiliens frustrés, s’étonnant ne rien avoir vu après avoir parcouru le Camino Francès en dix jours, Nicolas cet unijambiste faisant une sieste la nuque calée sur sa prothèse ou encore Jan le Hollandais de 90 ans nourri aux yaourts tirant sa cariole depuis des années sur des milliers de kilomètres entre Fatima, Santiago, Lourdes et Rome. Ces images reviennent souvent à ma mémoire et ravivent l’affection ou l’admiration que j’ai pu éprouver lors de ces rencontres durant mes multiples pérégrinations en France ou sur la péninsule ibérique.
Le dernier personnage en date s’appelle Pedro Cabral, je l’ai rencontré par hasard en mars 2022 ou par chance sur la Via de la Plata et sur le Camino Sanabrès , un camino où l’on compte les pèlerins sur les doigts des deux mains tant cet itinéraire est désert… de tout ! Imaginez 1000 km de Séville à Saint-Jacques, de l’Andalousie aride en passant par l’Extremadura tout aussi inhospitalière dont seuls les chênes liège et les oliviers viennent rompre la monotonie. C’est pourtant là que réside toute la fascination de ce chemin.
Début du voyage en traversant un parc naturel planté de chênes liège où s’ébattent les fameux cochons noirs
un carnet, des Rotring, une palette de couleurs.
Ce soir là, attablé dans le dortoir de la pension municipale de Zafra, l’homme en avait probablement fini avec sa lessive ou ses courses à la tienda du coin. Peut être avait il même renoncé à une sieste réparatrice avant le diner ? Non, Pedro peignait ! Je m’approchais et contemplais d’abord les lignes fines de son dessin. La plume du Rotring glissait sur le bloc de papier puis il ouvrit une minuscule boite de couleurs et l’aquarelle se mit à vivre par touches délicates . Je reconnus immédiatement le paysage que l’on avait traversé durant cette journée. Il l’avait d’abord photographié et maintenant il le projetait sur le papier, de tout son art.
L’univers des dortoirs du chemin
une albergue incroyable entièrement tapissée de coquilles
Pedro ne gardait apparemment que l’essentiel du décor, il jonglait avec la lumière et les perspectives des maisons, des routes se perdant à l’infini ou celles des villages ou avec la trame de la végétation basse des plaines infinies . La vision d’un peintre pèlerin suscite une curiosité générale et un question sans doute redondante : pourquoi s’alourdir d’un tel matériel et peindre, là, maintenant sans attendre son retour ? J’évitais de lui poser cette sempiternelle question et je laissais l’artiste discret et solitaire se dévoiler. Pedro est un architecte, 69 ans aujourd’hui , qui attendait impatiemment l’âge de la retraite pour se lancer dans un nouveau pèlerinage.
Arrivée dans Salamanca , comme une oasis de vie plantée dans l’Extremadura
Tous les chemins mènent …à Compostelle comme le Camino Sanabrés qui prolonge la Via de la Plata vers la Galice
Il attendra cependant deux ans de plus que le Covid passe et que l’Espagne réouvre ses frontières et ses albergues ! Les rencontres sont spontanées et authentiques sur ces sentiers. Très vite nous avons sympathisé avec d’autres marcheurs et formé un groupe WhatsApp. Nos trajets se sont séparés puis rejoints, je recroisais Pédro quelques fois à la terrasse d’un café débutant un croquis . En quittant la Via de la Plata pour prendre le camino Sanabrès, le peintre allongea les étapes. Il était attendu à Lisbonne mais ses dessins publiés sur Facebook m’ouvraient la voie. je déchiffrais ses nouvelles œuvres avec toujours le même intérêt . Alors que la plupart d’entre nous bombardions le paysage à coup de photos numériques, Pedro se focalisait sur une seule pour en faire un tableau quotidien. Chacune recevait alors sa signature et la petite coquille ainsi que le numéro du jour.
L’Arche romaine de Caparra. Ce jour là un taxi nous amena vers le seul hôtel du coin à plus de 10 km
Ce détail est important sur ce genre de parcours où l’on manque vite de repères au point d’en oublier jusqu’à la date de son départ de Séville ! Déjà vingt jours de marche, encore une semaine pour virer vers la Galice et encore une autre pour atteindre Compostelle . Je mis quarante quatre jours pour atteindre mon but. Entre temps Pédro avait quitté le camino plus tôt que prévu ayant attrapé le Covid dans une pension surchargée. Après un confinement forcé à Lisbonne il revint finir son chemin avec sa fille Matha quelques semaines plus tard. Je le contactais à mon retour en France et lui proposais de diffuser ces dessins. Il refusa gentiment m’expliquant préparer une exposition et ce livre.
Pedro Cabral, un artiste en balade
une aventure de 1000 km depuis Séville.
Voilà donc quelques extraits de son carnet de voyage sur la Via de la Plata. Chacune de ces illustrations m’est familière et me ramène avec délice sur ce long périple à travers l’Espagne. Alors j’ai voulu à mon tour partager avec vous ces émotions si joliment peintes par Pédro et vous inciter à tenter l’expérience de cette grande solitude où chaque ville traversée est comme une oasis de beauté, de culture, où chaque rencontre comme celle-ci donnera du sens à votre chemin.
La presse publie régulièrement des magazines sur Compostelle, un sujet devenu ces dernières années très médiatique voire très vendeur. L’excellente revue Sciences & Vie propose des cahiers thématiques, son numéro de septembre 2022 traite aussi de ce sujet . Cette publication extrêmement bien documentée, basée sur des études historiques solides, notamment le « Codex Calixtinus« , apporte un nouvel éclairage sur ce pèlerinage millénaire encore plein de mystères.
Un cahierhors série d’une grande rigueur historique qui nous éclaire sur cette légende millenaire
Cette immersion passionnante dans l’histoire plonge le randonneur moderne que je suis, pèlerin multi récidiviste, dans une légende à la fois religieuse et très politique surprenante. Au fil des siècles, l’histoire de Compostelle se révèle. On y apprend notamment comment l’Espagne catholique va promouvoir ce chemin pour contrer la concurrence de ceux de Rome ou Jérusalem, dans une démarche aussi très économique ! Car les miracles de reliques et notamment celle de Saint-Jacques font recette dans toute l’Europe. Compostelle va donc mettre le monde en marche durant des siècles. Ces chemins perdent parfois de leur importance puis renaissent au gré dès évènements.
Le Codex Calixtinus, l’ouvrage de base sur le parcours d’un compagnon du Christ devenu martyr et dont les religues ont mis l’Europe en marche vers la Galice
Jacques le Majeur, un apôtre un peu hors normes sur la voie de l’évangélisation en Espagne.
Ce cahier de Sciences & Vie rentre en détails dans l’histoire des quatre voies principales en France : Tour, Vézelay, Le Puy en Velay et Arles, les complète de témoignages anciens parfois d’anecdotes savoureux et d’encadrés tout aussi passionnant. Il traite aussi d’un sujet moins connu, le pèlerinage par la mer des croyants venant des iles britanniques. Ce numéro est aussi l’occasion de découvrir le riche patrimoine culturel de ces chemins de légende. Alors au moment d’organiser votre voyage, je ne saurais trop vous inciter à parcourir cette publication pour mieux cerner la dimension historique de cette incroyable légende qui nous pousse encore aujourd’hui sur ces sentiers .
Les Cahiers Sciences & Vie . Le Mystère de Compostelle, la belle histoire qui a mis le monde en marche. N° L15516 -6,90€ en kiosque