Archives pour la catégorie Randonnées étranger

NEW ! Les 30 meilleures agences de randonnée et de trekking

L’organisation d’une randonnée présente parfois de véritables difficultés surtout si cette aventure à lieu dans un pays étranger compliqué d’accès. Certains randonneurs moins autonomes veulent simplement confier leur projet en France à un professionnel pour se libérer de toutes les contraintes. Dans tous ces cas, le mieux sera de passer par une agence spécialisée dotée d’une solide expérience de la destination, en terme de guide, d’hébergement et de logistique. Nous vous présentons une sélection des 30 principaux acteurs français et belges. Vous découvrirez leur histoire dans les quelques lignes de présentation. Il vous suffit de cliquer sur le lien vert pour accéder à leur site et à leurs offres. N’hésitez pas à les contacter par téléphone, ces passionnés sont réactifs et sauront vous aider dans la conception de votre voyage, en fonction de votre budget, niveau .. et de vos rêves.

  Allibert Trekking est né il y a 50 ans du désir de trois guides de haute montagne de vivre de leur passion. Philippe Allibert et son épouse, Simone, se lancent dans  l’aventure en 1975 depuis leur appartement de Grenoble. Ils sont rapidement rejoints par Jef Tripard et Jean-Luc Poulat. Ensemble, ils vont parcourir le monde : des Alpes à l’Himalaya, des Andes au Sahara, à la recherche  de nouvelles destinations. Ils permettent à l’entreprise familiale de s’implanter solidement dans le secteur du voyage à pied. Aujourd’hui, 5 agences,  une équipe de plus de 150 personnes en France ,  près de 400 partenaires et guides à travers le monde, conçoivent et organisent des voyages sur les cinq continents.

En 1995, Isabelle et Olivier ouvrent une agence de voyage à Bastogne, Lux Evasion. Passionné par la randonnée pédestre et le trekking, Olivier décide en 2002 d’étendre leurs activités vers l’aventure, un créneau à la mode, en proposant à leur clientèle des voyages vers les destinations comme les Alpes, l’Himalaya, les déserts, les volcans, … En 2015, Isabelle et Olivier donnent une  orientation locale à leur agence belge. Dans le village de Bertogne, au cœur des Ardennes et d’une nature généreuse, Ardennes Rando voit le jour en proposant une offre complète de séjours à pied et en vélo sur l’ensemble du massif ardennais ainsi que sur les régions voisines.

En France et dans le monde,  depuis
40 ans, Atalante s’appuie sur  une imposante équipe  de 450 guides confirmés  qui partagent : la même passion du voyage à pied : découvrir, contempler, échanger, aller toujours plus loin et ce avec les mêmes convictions : respect de la nature et des populations locales, la même vision du voyage : celle d’un enrichissement personnel où chacun revient grandi. Chaque année, Atalante fait ainsi vivre à près de 5000 voyageurs des treks authentiques aux quatre coins du globe en s’appuyant sur son propre réseau  de 30 d’agences locales.

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Voyager au Vietnam : Une Aventure Unique en Solo

Asie, fatale attraction ? Plus que jamais depuis que j’ai voyagé en Malaisie, au Myanmar, en Thaïlande, au Laos, au Cambodge et plusieurs fois au Japon . Envie folle cette fois de sentir les vibrations du Vietnam en écartant les clichés, les sempiternelles recommandations, les inévitables témoignages, les louanges trop flatteuses ou les critiques acerbes.

Voyager au Vietnam en solo ne relève pas de l’exploit mais demande un instant de réflexion. Le pays s’étend sur 1800 km entre mousson et saison sèche , une petite barrière de la langue, des moyens de transports aussi multiples qu’exotiques. Alors pour la première fois depuis dix ans, j’ai ici décidé de la jouer facile et confortable, sans randonner et sans pour autant tomber dans un voyage en groupe organisé. La réalité du terrain ne m’a pas fait regretter le choix d’être passer par Far East Tour, une agence vietnamienne efficace qui m’a concocté un trip de 17 jours sur mesure avec un maximum de liberté. Car en matière de tourisme, le Vietnam excelle depuis l’ouverture du pays dans les années 90. Les agences, les guides polyglottes sont désormais omniprésents sur les réseaux sociaux et font preuve d’une forte réactivité face à la demande croissante. Les programmes de visite du Vietnam passent par un certain formatage d’étapes du nord au sud avec des incontournables dont Hanoï, les plateaux de Sapa, Ninh Binh, la baie d’Ha Long , Hué , Ho Chi Minh Ville et le delta du Mékong. La plupart des agences propose un saut dans le Cambodge voisin. Le visa s’obtient sur place pour une vingtaine d’euros et deux photos d’identité. Découvrir un pays comme le Vietnam aussi étendu impose un rythme soutenu dans l’itinérance et une bonne organisation. Toute l’expertise des agences locales repose sur la gestion parfaite des réservations d’hôtels, des billets de train ou d’avion, de certains restaurants et des voitures de transfert avec chauffeur . Les voyageurs plus autonomes, les vrais routards, improvisent en bus, en moto, chez l’habitant, et passent par des « booking offices », de petits Tour operators locaux ayant pignon sur rue afin d’organiser leur périple en réalisant quelques économies. Sur une période de deux à trois semaines, la différence de prix reste minime et une programme bien ficelé par des pros en amont offre une réelle détente en solo dans un tel pays.

L’arrivée dans la bouillonnante Hanoï est le premier choc.

Vibrations urbaines au cœur d’ Hanoï

Juste un mois avant mon départ le Vietnam du nord a été victime d’un des pires ouragans. On dénombra près de 300 morts et disparus , ainsi que 100.000 ha de rizières dévastées. Ce bilan ne m’a pas incité à me rendre dans la région montagneuse de Sapa encore meurtrie par les glissements de terrain et les coupures de routes. Je remis donc cette destination à plus tard et commençais mon périple à Hanoï. Guide du Routard en poche, applications smartphone chargées, mes deux premières priorités furent de changer de l’argent et acheter une carte SIM locale chez Viettel (5Go/jour – 20 euros). Même si le Wifi est très répandu, cette connexion 4G est importante pour s’orienter sur l’incontournable Google Map et commander des taxis-motos sur Grab ou Be , les plus pratiques au Vietnam.

Street food, Train Street , douceur des soirées, Hanoï est une ville captivante.

Hanoï est un choc, une rupture avec nos métropoles. Des milliers de scooters et autres pétrolettes sillonnent la ville et la traversée des rues requiert prudence et audace. La vie déborde des logements exigus et se prolonge sur les trottoirs. On y mange dans de petites gargotes sur un tabouret de plastique et une foule de commerces en tous genres s’y activent plus ou moins officiellement. Cette activité marginale pourrait représenté 30% du PIB ! Je m’enfonce dans ces ruelles, les parfums d’épices alternent avec des odeurs d’huile ou de peinture des ateliers, je me perds, saoulé par l’animation, la fatigue des quinze heures de vols et le décalage horaire (+6 h). Ma première visite sera au mausolée d’Ho Chi Minh au nord est de l’ancien quartier colonial. Tout à fait par hasard, je tombe sur la fameuse Train Street. Les convois passent ici entre les immeubles ou plutôt à 50 cm de la kyrielle de bars et restaurants à touristes du parcours. Je me cale à une terrasse et assiste à cette scène hallucinante défiant toutes les lois de la sécurité ferroviaire. Le mausolée dédié à la gloire de oncle Ho est massif, sous haute protection et malheur à celui qui franchit les lignes gardées par des militaires en tenue blanche et au sifflet strident.

Le lendemain matin, je me rends au Musée Historique en contournant le joli Lac Hoan Kiem. Musique, valse, des femmes y prennent des cours de danse. Hanoï somnole encore, les pousse-pousse chargent les premiers touristes. Les vietnamiens déjeunent hors de chez eux, des vapeurs savoureuses de Pho y planent (prononcez « feu », rappel du pot-au-feu des colons français). Durant deux à trois jours, je vais marcher des kilomètres les yeux rivés sur les boutiques, sur les panneaux énigmatiques, sur les led clignotantes des dizaines de salons de Massages-Spa-nails. En fin de journée je remets mon destin entre les mains d’un pilote de Grab, des moments de vie intense, même pour le parigot habitué au scooter.

Ondes vibratoires de Tam Coc à Ha Long

Madame Thuin passe me prendre au Center Point Hotel, un bon établissement blotti dans une rue calme. Elle sera ma guide francophone pour cette escapade. La petite femme au regard pétillant est pourtant inquiète ce matin en quittant Hanoï. Notre voiture se fait arrêtée par un policier à une intersection sans raison apparente . Le flic demande au chauffeur de descendre, de le suivre. Ils partent près d’une demi heure quelque part. L’affaire s’est probablement soldée par un bon bakchich. Car la corruption mine hélas le pays me fait comprendre à mi- mots Thuin. Je constaterai tout au long de ce voyage que la population reste encore extrêmement prudente, sans tomber dans l’atmosphère paranoïaque de la Birmanie (Myanmar). Ma guide me conduit à Ninh Binh, l’ancienne capitale du Vietnam , puis à la rivière de Tam Coc qui fait partie des sites touristiques parmi les plus fréquentés.

Près de 800 barques assurent une rotation sur ce cours d’eau bucolique ou les pilotes présentent la particularité de ramer avec les jambes pendant deux bonnes heures. Mal payés, ils s’en sortent grâce aux pourboires. Je m’installe dans l’embarcation, le décor somptueux défile sous les coups de pagaies réguliers. Ce site se compose de hauts blocs de calcaire recouverts de végétation, un aspect de cette région qui lui vaut le nom de Baie d’Ha Long Terrestre. Je loge le soir dans la belle auberge Chez Hiep à deux pas du centre ville. Elle est tenue par une famille et chose rare, plusieurs membres y parlent le français. Lavage de mes fringues pour une poignée de Dongs, bon, elles sécheront plus tard !

L’exploration du nord Vietnam proposée avec mon agence ne pouvait éviter cette fameuse Baie Ha Long (« Le dragon qui plonge dans la mer »), l’un des joyaux de ce pays. Le nec plus ultra consiste à passer une nuit sur une « jonque ». Des dizaines de mini bus déversent les futurs passagers. Le port d’embarquement est une véritable ruche ou se croisent les groupes menés par un animateur armé d’un stick télescopique orné d’un fanion . Pas question de se tromper de bateau ! Je suis bien au cœur de l’hyper tourisme. Le mien s’appelle Swan, une navette m’y conduit et je m’installe au pont supérieur dans une des dix huit cabines. Mes rêves d’aventure tombent à l’eau, cette mini croisière s’enfonce seulement de quelques miles dans cet univers « amazing » parsemé de 1842 îlots . Le temps est doux, la mer calme et le Swan glisse lentement dans les chenaux balisés. Comme sur tous les navires, l’après-midi est consacré à une sortie en kayak. Cette escapade commence obligatoirement par un passage au bureau de la baie pour obtenir une autorisation en règle auprès de l’agent du gouvernement qui vit plusieurs mois dans ce bureau flottant. Baignades, kayak, pêche, le fonctionnaire surveille tout. La balade dure une bonne heure et se ponctue pas une baignade. Cours de Tai Chi et cuisine sur le pont supérieur complètent ce programme type. D’autres croisières similaires partent aussi de Cat Ba.

Il existe bien deux capitales au Vietnam : Hanoï au nord très authentique et Ho Chi Minh Ville au sud , très occidentale.
Comme ne pas tomber amoureux de Hué

Des transports à grandes vibrations.

Afin de rejoindre Hué au centre du pays, on est obligé de repartir à Hanoï pour prendre le train . Mon trajet se déroule en minibus, en compagnie de quelques ex-croisiéristes, sur des portions de nationales et d’autoroutes. Les occidentaux doivent ici s’habituer à la lenteur de la circulation routière aux pratiques surprenantes. Au Vietnam, (volant aussi à gauche), les camions et véhicules lents circulent sur la file de gauche de la chaussée. La voie centrale est donc réservée aux dépassements, donc dans l’angle mort ! La file de droite est réservée aux deux roues. Un concert de klaxon général rythme les manœuvres, sans agression, juste pour avertissement. De nombreux radars, des contraventions aux tarifs exorbitants dissuadent les fonceurs. Nous croisons des vans funéraires sur ce trajet. Les familles modestes sont souvent avec le cercueil à bord pour accompagner le défunt jusqu’à sa sépulture. Les passagers jettent de temps à autres des faux billets par une fenêtre pour éloigner les mauvais esprits de la route

Certains d’entre nous sont hébergés pour la nuit à l’hôtel Mango d’Hanoï derrière la gare, le temps de prendre une douche, d’autres filent vers diverses destinations. Mon train pour Hué est 19h30. La climatisation et les chocs thermiques ont gagné, un bon rhume et la fièvre me crèvent. J’ai du temps de trouver des Kleenex et un sandwich dans le quartier pour le trajet. Les commerçants ne comprennent aucun des deux mots et moi aussi je rame. C’était pourtant facile de demander un Banh Mi, un terme qui désigne en général toutes formes de casse-croûte. On choisit juste sa composition dans un pain-baguette, dont un délicieux pâté de porc agrémenté de concombre.

Des siècles de conflits , de convoitises et de colonialisme. Le Vietnam d’aujourd’hui est tourné vers l’avenir.

Je vais passer une des pires nuits de ce voyage dans ce TGV (Train à très Grandes Vibrations) . Le compartiment comporte quatre couchettes dites « molles » (il en existe des durs pour les autochtones au petit budget) et la température est toujours aussi polaire. Une touriste française en short, frigorifiée va hurler pendant dix minutes dans le couloir avant de récupérer une couverture ! Un sac repas contenant quelques snacks et une bière a été déposé sur chaque couchette. J’arrive à la gare de Hué exténué, en sueur, cassé par la fièvre. Mon sac à dos pèse deux tonnes, la chaleur est moite, une armée de chauffeurs attend leur passager avec des panneaux nominatifs . Pas de trace du mien. Il arrivera quelques minutes et me conduira à la Maison Vu Tri Vien dans une petite ruelle à deux pas de la forteresse. L’hôtesse est charmante et parle français, son beau-père l’enseigna jadis. La famille vie avec ses deux enfants et le grand-père frappé d’Alzheimer. Elle travaille au port dans une compagnie de transport, son mari est fonctionnaire à la mairie pour la promotion de la ville. La cadette suit des cours d’anglais privé le dimanche. Tout va bien pour cette gamine. Le sort des filles s’améliorent au fil des décennies au Vietnam, même si les avortements sélectifs font encore usage. La population dépasse les 100 millions, elle a doublé depuis 1975 ! La vaste maison coloniale est confortable et claire.

Visite de la Cité Impériale de Hué. Jardins, pavillons et expositions photos retraçant l’histoire des dynasties.

Dopé au Doliprane, poussé par la curiosité, j’emprunte un vélo et pars en repérage à Hué. Après la frénésie d’Hanoï , je savoure un calme divin, réparateur. Je roule serein le long des canaux, sur les trottoirs . Je reviens dans le quartier ancien le lendemain, cette fois à pied. Les conducteurs de pousse-pousse me racolent sans trop d’insistance , je cède à une marchande de mangue après un marchandage courtois . j’ai décidé de visiter la Cité Impériale assez tôt pour échapper à la chaleur croissante et aux premières vagues de touristes . Le plan du site est bien fait et les itinéraires balisés me conduisent durant trois heures de pavillon en pavillon, de jardin en jardin .

La vie des locataires, les empereurs successifs, devait être douce dans cet univers protégé à l’abri des regards. J’imagine les concubines élégantes à ombrelle, leurs promenades dans ces allées tirées à quatre épingles, les réceptions des notables des colonies occidentales. Combien de nations ont elles convoité ce pays ? Les Chinois y restèrent mille ans avant de céder la place aux Japonais, aux Espagnols, aux Français . Cochinchine, Tonkin, Mékong, Yan Tsé, ces noms résonnent encore dans ma mémoire et font ressurgir une filmographie exotique, savoureuse. Galerie de photos en noir et blanc, le destin de ces empereurs défile sur les murs des couloirs de la citadelle ouverts aux quatre vents. On y voit les hauts fonctionnaires de colonies reçus en grande pompes qui côtoient les mandarins, ces hommes brillants et cultivés au service des monarques. Enfin, jusqu’à leur décadence inéluctable dans de vaines luttes de pouvoir. La république frappait aux portes du palais et il fallut céder la place. Pour mémoire, la réalité du pouvoir fut disputée entre deux familles, les Trịnh et les Nguyễn, chacune prétendant régner au nom des Lê, la première dans la seigneurie du Nord (Đàng Ngoài, Bắc Hà ou Tonkin selon les sources), la seconde dans celle du Sud (Đàng Trong, Nam Hà ou Cochinchine). Le préfixe Nguyen est aujourd’hui aussi répandu que les Dupont ou Durand !

Etape de quelques heures à Da Nang pour visiter le Musée Cham, la civilisation fondatrice du Vietnam
Les trésors de la civilisation Cham (IVe siècle)

Lever de bonne heure, mon chauffeur du jour m’attend pour aller à Hoi An. Il s’appelle Qo, parle peu l’anglais mais se révèle un conducteur hors pair dans des conditions météo épouvantables. C’est la mousson dans toute sa puissance. La pluie ne nous laissera aucune trêve durant les quatre heures de route. Les camions projettent des vagues de flotte, la visibilité est nulle et la voiture traverse des marres en prenant garde aux courageux deux roues . Qo me laissera à Da Nang afin que je visite le Musée Cham. La ville ultra moderne ne manque pas de charme, un pont suspendu par un dragon géant traverse le fleuve. Difficile d’imaginer qu’elle fut au cœur de la guerre il y a un demi-siècle. Les trésors de la civilisation Cham (IVe siècle), aujourd’hui disparue, furent révélés par des archéologues français. Des marins et des marchands indonésiens s’y étaient en effet installés et sont à l’origine du peuplement du Vietnam. Cette civilisation n’a pas encore livré tous ses secrets mais l’héritage artistique dévoilé est magnifique. Un métissage s’est fait au fil des siècles, désormais le pays compte 54 ethnies, avec des us et des langages propres. Je vous laisse le soin de vous documenter ! Notre itinéraire jusqu’à Hoi An, destination de ce jour, passe par la route splendide du Col des Nuages. Mille fois hélas, un brouillard tenace m’a privé du paysage grandiose.

Vibrations estivales

La ville d’Hoi An se présente comme une très jolie station balnéaire et son quartier historique possède un charme réel avec une zone très touristique où il fait bon flâner et faire du shopping. Les magasins de souvenirs , de nombreux restaurants et les boutiques de fringues s’y concentrent. Hoi An est traversée par une rivière où de petites embarcations d’une vingtaine de place attendent les badauds. A la nuit tombée, le quartier se pare de centaines de lanternes et des dizaines de petites roulottes proposent la gourmandise locale : les crêpes !! Il n’est pas rare que cette rivière déborde sur les rues voisines lors de la mousson. Je loge au Golden Holiday Hotel, un bel établissement situé à mi chemin entre le quartier historique et la très belle plage de An Anh distante de 5 km.

Les km de sable blond de la plage de An Anh. Hoï An la petite St Trop’ proche de Da Nang

Dès mon installation, les averses reprennent, je reste à proximité pour déjeuner. Repos, détente, je reprends du poil de la bête et affiche une bonne forme le lendemain matin . Comme tous les hôtels, le mien met à disposition des vélos pour se balader et aller à la plage . La plage d’An Anh s’étale sur plusieurs kilomètres. Des dizaines de bars et restaurants bordent sur trois rues parallèles cette bande de sable fin dans un décor de rêve composé de cocotiers, bougainvilliers, bananiers etc.. Il est tôt, je confie ma monture au parking à vélos et pars à la recherche du bar Soul kitchen tenu pas la fille d’un ami à Paris. Des concerts y sont organisés chaque soir en saison. Fruits pressés, collation, vient l’heure du farniente pour cette journée exceptionnellement ensoleillée pendant la mousson. Sur le sable, les petites plagistes agitent les bras comme des sémaphores pour bloquer les clients au pied de leur bar sur leur transats car la concurrence est rude sous les tropiques ! Matelas, parasol, service sur place de boissons fraîches et menus à la carte , une journée comme celle-ci vous coûtera une dizaine d’euros tout compris ! Je vais rester presque trois jours à Hoi An, le temps de la parcourir dans tous les sens mais aussi l’occasion vivre une rencontre inattendue dans un petit restaurant d’une rue adjacente choisi au pif.

Le quartier historique de Hoi An
Quand la patronne du restaurant t ‘invite pour le dessert …

La patronne se marre en regardant me débattre avec les ingrédients des rouleaux de printemps. Le massacre terminé, elle m’invite à une table voisine rencontrer sa famille et amis qui sirotent une bière avec des nems. Les canettes défilent, on se raconte nos vies en anglais mêlé de quelques mots de Français . Son mari tient un salon de coiffure en ville, le propriétaire de l’établissement est aussi architecte d’intérieur. Les affaires marchent bien, même si le COVID a fait aussi ici énormément de dégâts économiques. Les enfants nous rejoignent et la bière coulera ainsi jusqu’à la fermeture dans une ambiance chaleureuse. Les Vietnamiens sont spontanés, curieux, ils suffit d’aller vers eux et engager spontanément la conversation. Je l’ai fait tout au long de ce voyage et appris tant de choses sur ce pays. Dix jours déjà que je suis parti. La carcasse geint, maltraitée par les transports, la fatigue. Un massage me fera le plus grand bien avant de partir pour Saïgon le lendemain. Je rentre chez Ruby, un minuscule salon, pour une heure de soin de la tête au pied. Propre, efficace, 8 euros !

Saïgon, vibrations d’Hanoï puissance dix !

L’avion de Vietnam Airlines venant de Da Nang se pose à 16h30, pile à l’heure de pointe dans Saïgon. Autrement dit la circulation atteint son paroxisme d’embouteillage de deux roues et plus aucune règle de priorité n’est réellement respectée, sur certains trottoirs y compris ! Faudra que je redouble de prudence notamment dans les petites rues. Seuls les intersections aux des grandes artères équipées de feux gardent une certaine discipline.

Saïgon à l’heure de pointe

Le chauffeur me dépose au cœur de la ville à l’entrée d’une ruelle trop étroite pour y pénétrer en voiture. Les hôtes de Chez Mimosa Petite m’y attendent et me conduise dans leur charmant hôtel. Très vite je sympathise avec Linn, la manager, une jeune femme joviale qui mettra tout en œuvre pour m’offrir le meilleur des séjours. La chambre est superbe et comble du bonheur, on prend le petit déjeuner sur la terrasse au 6 étage ! Le personnel est d’une incroyable gentillesse, je m’y sens comme chez moi , tout comme la clientèle à majorité française cette semaine là. Je devrais cependant quitter ce petit paradis pour improviser deux nuits hors programme en face, au Gemini Center , nettement moins accueillant.

L’adorable hôtel Chez Mimosa Petite . Terrasse et sourires garantis pour des petits déjeuners en altitude.

Le point d’orgue de mon séjour à Saïgon reste la visite du Musée des Vestiges de la Guerre. Pas notre « Indo »,ponctuée par la débâcle de Dien Bien Phu, mais la guerre américaine qui dura jusqu’en 1975 et tourna au fiasco du sud après les accords de Paris avec la prise de Saïgon par les communistes. Les livres d’histoire en parle mieux que moi. Dans le domaine de l’horreur, la concurrence est rude. Le Musée des Vestiges de la Guerre de Saïgon ne fait pas dans la demi-mesure , âmes sensibles s’abstenir car rien n’est épargné aux visiteurs pour illustrer les exactions américaines : photos de tortures et de pilonnages au napalm, cages en barbelés et geôles immondes, épandages illustrés des effets de l’agent orange sur trois générations affligés de déformations , etc…

Les vestiges de la « machine de guerre » américaine

Température intérieure proche des 35 °c, ventilateurs poussifs, distribution de lingettes fraîches, après avoir évacuer le cauchemar, je mesure l’ampleur de l’arsenal américain dans les vitrines dont tous les types de bombes imaginables de ce qui fut une véritable « machine de guerre ». Fin de parcours, je sors respirer à l’air libre où sont exposées les grosses prises comme deux avions de combat , des chars et un hélicoptère CH47 Chinook de chez Boeing Vertol en parfait état.

Vibrations molles des marchés dans le delta du Mékong

Mon guide du jour s’appelle .. disons Tanh, un pseudo dont je vous reparlerai plus loin. Can Tho est situé à 164 km de Saïgon Après une balade en barque sur un bras ombragé du Mékong, Tanh nous conduit jusqu’à l’embarcadère où sont amarrés les petits bateaux d’une trentaine de places. L’endroit n’est pas très reluisant. Distribution des gilets de sauvetage, direction le marché flottant. En toute franchise, cette étape hyper touristique ne présente aucun intérêt. Il s’agit d’un marché de gros, les marchandises sont stockées en cale pour les préserver. On est très loin du spectacle coloré de ceux de Thaïlande. Il existe presque d’avantage de bateaux de touristes que de marchands.

Durant cette itinérance, j’ai eu la chance de passer une nuit dans des endroits hors du temps, en pleine nature. Le Vam Xang Ructic à Can Tho en fait partie.

Des bateaux-bar les invitent à boire un coup à bord et des barques les accostent pour une dégustation de soupe… douteuse m’avoue Tanh. Pourquoi ce pseudo Tanh ? Mon guide âgé de 78 ans, capitaine dans l’armée, a subit la chute de Saïgon en 1973, il a purgé une année dans un camp de rééducation communiste, il a tenté une évasion par la mer (boat people) organisée par « un privé » , il a échoué faute à une panne de moteur . Il est retourné dans un camp, etc.. Dans le climat politique actuel, cinquante ans plus tard, le récit de son histoire est encore aujourd’hui trop risqué pour être révéler sous son vrai nom.

Un marché de gros destiné aux détaillants de la région.

Je retourne à Saïgon plutôt déçu mais ravi de prendre un peu de repos Chez Mimosa Petite. La prestation de mon agence Far East Tour s’arrête là et je vais improviser un programme perso de trois jours. Je consacre le premier à une visite du marché de Binh Tay dans le quartier chinois de Cholon , situé à 6 km au sud-est du centre ville. Le trajet ne mérite pas de m’y rendre à pied et je fais appel au service de Grab. (L’App marche très bien et évite des marchandages de prix aventureux). J’y rencontre cette fois peu de touristes, le lieu est fréquenté par les locaux venant faire le plein de produits alimentaires . Le bâtiment ne manque pas de charme. Un hôtel bouddhiste siège dans le patio central et de beaux escaliers desservent l’étage supérieur. La température dépasse les 30 °C à 10 heures du mat, ce jour là. Je décide de revenir à pied vers le centre et me perdre pour le plaisir dans les rues de Cholon.

L’étonnant marché de Binh Tay au cœur de Cholon, le quartier chinois de Saïgon

Vibrations spirituelles multiples

Cette errance me permet de visiter le très beau temple Tam Son Hoi. La chaleur est accablante, l’odeur d’encens, la fraîcheur et le calme du site sont reposant avant de reprendre ma balade. Je tombe encore par hasard sur un site surprenant : l’Eglise Cha Tam. Le Vietnam compte environ 25 millions de catholiques et il existe de très nombreux églises dans tout le pays. Celle-ci est ravissante avec ses façades colorées, son kiosque fleuri abritant une vierge Marie, un mur de bas reliefs en bronze qui évoque les martyrs chrétiens et des inscriptions en chinois parfaitement anachroniques ici.

Cocktail de religions entre bouddhisme, catholicisme, confucianisme et coadaisme

Décidément que cette ville est immense, bruyante et trop suffocante pour la parcourir toute une journée à pied. Le soleil est au zénith, je reprends une moto- taxi Grab pour rejoindre le District 1 (Saïgon en compte 24) et visiter une autre perle post-coloniale : la Poste Centrale. Le lieu n’en a plus que le nom, même si quelques guichets restent ouverts aux opérations postales. Ce magnifique bâtiment est lui aussi devenu une attraction touristique chargée. Les couloirs latéraux et les salles attenantes sont désormais entièrement voués à la vente de souvenirs et à la joallerie. Les splendides cabines téléphoniques de bois précieux et l’immense plafond vouté au style très « Musée d’Orsay » sont des témoins magnifiques de cette époque raffinée.

La poste centrale de Saïgon

L’heure du déjeuner approche et je pars à la recherche d’un petit restau dans ce quartier plutôt chic. J’emprunte une rue piétonne entièrement tournée vers la vente de livres. Beaucoup sont exposés sur des rayons au centre de la chaussée, il en existe en plusieurs langues. Une sorte de rayon Fnac à ciel ouvert . Mon regard se pose sur la table de deux femmes assises à un street food sous un parasol. Ce sont des touristes néo zélandaises arrivées hier. Elle déguste des nouilles ou des pho, je leur soumets une enquête de satisfaction. Elles sont ravies. Tout semble exquis, que choisir ? Une jolie vietnamienne me vient en aide et m’invite à s’assoir à sa table. Elle travaille dans une banque voisine et parle quelques mots de Français. Restauration conviviale sur le trottoir , échange d’informations, comparaison entre les meilleurs vols vers Hué ou un voyage en train.. La magie des rencontres sponstanées opére facilement au Vietnam pour le voyageur en solo.

De retour à l’hôtel Gemini Saigon Center, je peaufine ma virée du lendemain vers la ville de Tay Ninh à 100 km au nord ouest de Saïgon. J’opte pour le programme proposé par Get a Ride dont la notoriété et le sérieux lui valent un réel succès actuellement. (budget 90 €). L’App est ergonomique, très facile d’utilisation, le paiement est sécurisé. Je valide en quelques clics une programme copieux .. et matinal. Le minibus de Viet Travel passe me chercher à 7h00 et fais la tournée des quartiers voisins pour prendre quatorze autres passagers à leur hôtel. Après plusieurs heures de route,nous entrons dans un endroit hallicinant.

Le Saint-Siège du Caodaïsme . Il existe des répliques plus petites de cette cathédrale kitschissime dans tout le pays.

La cathédrale Caodaïste émerge dans un immense parc aux vastes allées. Il est le saint- siège de cette religion fourre-tout qui compte 5 millions de fidèles : un peu de bouddhisme, un zest de confusianisme, une pincée de catholicisme, Victor Hugo élevé au rang de Saint ! Le tout dans un décor ultra kitsch unique. Cette visite au pas de course m’a laissé sur ma faim. Le revers des excursions en groupe. Au sujet de faim, notre guide, à l’anglais tout juste compréhensible, nous a réservé des tables pour le dejeuner dans les environs. C’est l’occasion de sympathiser avec la famille de Hong Kong, de la cuisiner avec des baguettes sur leurs soucis locaux sous la tutelle chinoise. Le minibus nous conduit ensuite dans un des hauts lieux de la résistance vietcong : les tunnels de Cu Chi. Ce site classé lui aussi au hit parade vietnamien de l’hyper tourisme propose aux visiteurs de s’immerger dans l’ambiance souterraine de la guerre américaine, le tout dans décor très « Disney Land, option jungle .

Visite des tunnels de Cu Chi


Mannequins articulés, pièges à GI, reconstitution des lieux de vies, des ateliers, la visite se termine par un trajet de dix minutes quelques mètres sous terre. Mon mètre quatre-vingt passe assez mal dans les tunnels et m’oblige à ramper presque dans le noir. Cet expérience inconfortable et flippante ne me laissera un souvenir impérissable. Buvette, boutique à souvenirs , rien ne manque y compris un stand de tir à balles réelles au tarif de 60.000 dongs la balle (entre 2 et 3 euros ! ). Cette journée très chargée dans la région de Tay Ninh se termine par la découverte de Sun World Ba Na , un complexe touristico-religieux phénoménal ultra moderne , d’un très grand raffinement. Il faut prendre un téléphérique qui grimpe à 980 m pour se rendre au pied d’une immense statue et d’un boudhha géant. Des jardins magnifiques tapissent cette colline, le marbre est omniprésent. Ils sont composés de bonzaïs sublimes, d’une armée de bouddhas rieurs et de bassins étagés à débordement. La vue s’étend juqu’à la frontière Cambodgienne relativement proche.

Sun World Ba Na , une réalisation récente exceptionnelle d’un réel raffinement

Ultimes vibrations urbaines à Ho Chi Minh Ville

Retour dans la fourmillière de Saïgon, la température est montée de quelques degrés. C’est mon ultime journée au Vietnam et je pioche dans le guide du Routard afin d’y dénicher un site intéressant. La cathédrale Notre-Dame étant hélas en travaux, je me rabats sur le Palais de la Réunification. Vu de l’extérieur ce bâtiment plutôt moderne n’ a rien d’attrayant. L’architecture intérieure aux immenses salons et le mobilier de l’époque lui donnent une dimension solennelle. Ce palais présidentiel fait pourtant partie des hauts lieux historiques du Vietnam qui fut au cœur de la bataille qui marqua le chute de Saïgon en 1973.

Le Palais de la Réunification à Saigon
Panoramique du marché de Ben Thanh au centre de Saïgon

Cette découverte du Vietnam en solo taillée sur mesure a été passionnante. Ce voyage me laisse sur une impression d’inachevé et plus encore avec la certitude que je devrais y revenir avec d’avantage de temps et d’improvisation en toute liberté . Car je connais maintenant son mode d’emploi !

Texte et photos : Richard Kirsch (Copy Right réservé)

Bars, danseuses en terrasses, matchs de foot sur écrans géants, restaus en pagaille , le quartier hot de Saïgon dans le District 1

Le Fines Arts Museum de Saïgon, un bijou

Je ne suis pas fan de musées, mais j’avoue que celui m’a conquis. Il possède une élégance rare et les œuvres anciennes et contemporaines exposées m’ont éclairé sur l’immense talent des artistes vietnamiens.

Camino del Norte 2017-2024 – Doublé sur un chemin de Compostelle d’exception

J’ai commencé à fréquenter les chemins de St Jacques de Compostelle en 2014 à raison d’un itinéraire complet chaque année à l’exception de la période COVID . C’est donc avec une solide expérience que je suis reparti le 10 mai dernier sur le Camino del Norte après les rivages de la Rota Vicentina (Algarve) et du Camino Portugais . Pourquoi refaire le Norte déjà réalisé en 2017 ? En fait je voulais revenir sur un chemin côtier de la péninsule, un parcours splendide qui réunit tous les aspects d’une randonnée itinérante passionnante, à savoir des paysages de toute beauté, des dénivelés intéressants et compatibles avec mon niveau (et mon âge!)

Débriefing à chaud !

Sept années se sont écoulées entre ces deux voyages sur le Norte, un chemin en mutation dont la fréquentation est en pleine progression. Il occupe désormais la 4e place après le Francès, le Primitivo et le Portugais. Voici ce que j’ai retenu de ce retour en terme de sensations, ce que les futurs candidats peuvent en apprendre pour se lancer à leur tour sur ce chemin d’exception.

Environ 830 km très vallonnés, près de 13.000 m de dénivelé positive

Un parcours toujours toujours très exigeant physiquement et désormais plus complexe

Avec ses 830 km et ses 13.000 m de dénivelé positive, (hors partie finale par le Primitivo), le Camino del Norte par la côte n’est pas un chemin initiatique. La traversée du Pays Basque espagnol durant la première semaine peut se révéler difficile alors que l’organisme n’est pas encore rodé à l’effort. Cette difficulté vient du caractère particulièrement vallonné de la région et de la nature des sentiers, sachant qu’une météo pluvieuse assez courante, peut encore corser l’affaire. D’ailleurs les moins entraînés et plus sages préfèrent débuter le Norte depuis Bilbao.

Plus loin, l’arrivée en Cantabrie est marquée par la multiplication des secteurs d’asphalte, alors que le relief s’assagit. Ces 150 à 200 km s’avèrent ou s’avéreront traumatisant pour les jambes, notamment genoux et tibias déjà soumis à une semaine d’effort. Et pourtant il n’a pas fait chaud cette année, ce qui a minimisé ces traumatismes dus aux chocs répétés sur un sol dur. Cependant, j’ai ainsi assister à de multiples abandons à la sortie de la Cantabrie suite à des périostites, des tendinites diverses ou tout simplement à une véritable lassitude de marcher sur route. La mauvaise météo a encore joué un rôle important et l’expérience a probablement fait la différence .

Un chemin parfois ingrat !

Après des pluies abondantes, comme nous en avons eu à Santander, une variante proposait ainsi un passage sur les hauteurs proches de la côte. Vu la visibilité médiocre et un sentier probablement gorgé d’eau, cette option ne présentait aucun intérêt, pire elle s’est avérée dangereuse à flanc de falaise et épuisante. Il fallait dont sagement rester sur une portion goudronnée certes pénible mais plus sûre. Question de bon sens. Hélas nombre de pèlerins « novices » se sont contentés de suivre cet itinéraire bis aveuglement sur l’App Buen Camino sans trop réfléchir.

Ce camino del Norte 2024 a donc été souvent marqué par ce type de choix, sachant que de nombreuses variantes sont désormais proposées tout au long du parcours. Elles sont généralement bien mentionnées sur les Applications ou sur les guides papier. Certaines sont recommandées aux cyclistes . Il est toutefois essentiel de discuter avec les hospitaleros pour obtenir de précieux conseils. Cela dit, j’ai hélas moi aussi fait de mauvais choix sur certaines variantes tracées soit pour raccourcir les étapes ou pour raison de sécurité, ou désengorger des localités comme à Arzua ou se rejoignent plusieurs caminos.

J’ai ainsi emprunté à Boimorto une diagonale rectiligne, déserte, de 8 km pur bitume entre les forêts d’eucalyptus, sans le moindre café. Dépité, j’ai même tenté de faire du stop, en vain. Enfin, cette météo pluvieuse rend parfois les chemins presque impraticables lorsque les engins forestiers les défoncent. Le marcheur évolue quasiment dans un bourbier de glaise. Un enfer. Comme tous les caminos, le Norte est tracé de part et d’autre de grands axes routiers. Afin d’éviter tant que ce peut le bitume et le danger des voitures, les baliseurs coupent les grandes boucles routières par des descentes en fond de vallons et les remontées. La répétition de ces montagnes russes est particulièrement épuisante.

Le même casse-tête de la composition des étapes en fonction des hébergements

Depuis sept ans, j’ai constaté que d’avantage d’hébergements sont proposés sur le Camino del Norte, la rançon du succès ! Toutefois, j’ai aussi vu plusieurs albergues désormais closes suite à des faillites dues au Covid. Par ailleurs, des établissements municipaux sont fermés durant le week end. Il vaut donc mieux se renseigner au jour le jour . Faut-il réserver ses hébergements ? Pas d’obligation mais un peu d’anticipation s’impose concernant des établissements de petite capacité (une dizaine de lits) . J’ai assisté à de beaux plantages !

Pour ma part j’ai réservé une à deux étapes d’avance en utilisant l’App Booking.com à maintes reprises (je reviendrais sur ces outils) et en passant des appels directs. Oubliez totalement (ou presque) les mails, le taux d’échecs est important faute de réponses. Côté budget, évidence, vaut mieux voyager à deux et partager parfois une pension ou un hôtel. (voir le tableau)

Malgré le nombre croissant d’hébergements, la composition des étapes reste un exercice mathématique quotidien . Un marcheur en forme se base sur 20 à 25 km par jour pour rejoindre un toit. Les fonceurs s’en envoient 30 à 35 ! Après deux semaines, je visais plutôt 25 km par jour en évitant les étapes à plus de 30 qui laissent « des traces » le lendemain sur mon organisme de sénior ! L’important est d’écouter son corps, de ne pas pousser la machine trop loin, avec en tête une obsession : finir le chemin.

Marcher seul, en couple, en groupe sur un Norte peu fréquenté ??

On trouve de tout sur les chemins de Compostelle et cet aspect sociologique m’a toujours interpelé. Je suis un marcheur solitaire et cet isolement volontaire ne ne pèse jamais, cela relève même de la quête. Cela ne m’empêche nullement de savourer des soirées entre pèlerins, à partager un verre ou faire la popote ensemble. J’ai rencontré des couples formidables sur le Norte notamment deux époux roumains affichant une solidarité touchante et complicité dans les moments les plus durs. Je garde aussi l’image de ce jeune allemand qui imposa à sa compagne sud américaine toujours hyper joviale des étapes de plus de 35 km pour tenir leur délai de retour !!

En fin de camino, elle laissa près de 2 kg de fringues superflus sur le comptoir de l’albergue ! Les plus jeunes taillent la route d’une façon relâchée. Leur spontanéité et leur niveau d’anglais leur ouvrent plus de contacts. Les marcheurs asiatiques me passionnent aussi par leur recherche de la perfection, de la protection contre le soleil, leur curiosité et leur émerveillement constant. Tout leur semble beau ! Enfin, abordons le sujet du groupe spontané. Instinct grégaire oblige, l’homme ou la femme ont tendance à s’agglutiner à deux , trois ou six . Crainte de la solitude, de se perdre, de s’ennuyer, vraies affinités, les fameuses « fabuleuses rencontres du Camino » ! La durée de vie du groupe est plutôt variable. Cet exemple est symptomatique du phénomène. Jean-Pierre, rochelais, Louise, québécoise, Fabio, brésilien, et Annette hollandaise se sont rencontrés et pris plaisir à partager le chemin de nombreux jours. Une vraie famille. Jusqu’au jour où la hollandaise s’est lassée du rythme imposé et des contraintes du groupe, jusqu’au jour ou Fabio s’est offert une pause visite, jusqu’au jour ou Louise, épuisée a voulu tout plaquer, a tenu une semaine et est rentrée chez elle. Jusqu’au jour ou Jean-Pierre s’est retrouvé seul, victime d’une sale bobo au genou et est reparti à la Rochelle à mi-parcours.

De grands moments de solitude aussi dans les forêts d’eucalyptus ou les plaines immenses.

J’ai adoré cet autre groupe «  à géométrie variable » mené et recomposé dix fois par Mirchka, ce roumain exilé à San Francisco dont la gaîté et l’humour ont entraîné dans ses pas une suédoise, une jeune américaine de l’Oklahoma, un allemand increvable, moi-même, etc. Un vrai catalyseur de marcheurs dont la bonne humeur a irradié mon parcours. Quel bonheur j ai eu de les retrouver à Santiago chez un marchand de glaces ! Ses rencontres parfois magiques m’étonnent et me ravissent. J’ai passé du temps avec des duos improbables. Mike, 58 ans et Gerhard, 72, deux allemands d’une complicité géniale, le second victime par le passé de trois crises cardiaques et porteur de deux stents.

Des rencontres spontanées et des passages surprenants.

Ou encore Tony, britannique de 68 ans, six chemins au compteur qui partageait ses soirées depuis deux semaines avec Nat, vieil australien fatigué, d’une lenteur assumée, parti d’Irun le 17 avril !! L’amitié spontanée retrouve ici toute sa mesure. En revanche, je finis par fuir les meneurs bavards, bruyants, qui connaissent tout et rien ou encore ces groupes de français hermétiques qui parlent à peine deux mots d’anglais. Très très rarement, j’ai évoqué ou mis en avant les 8 ou 9 chemins réalisés depuis dix ans. C’est inutile car le camino reste une expérience unique pour chacun.

La technologie toujours plus au service ou au secours du pèlerin

Depuis mes débuts sur les chemins, je ne peux que constater omniprésence de la technologie. D’abord, il y a du réseau GSM (3 ou 4 G) partout sur ce parcours. Le « roaming » mis en place en Europe permet à tous les européens de profiter de leur forfait national. Les autres pèlerins étrangers sont toujours en quête de WI FI au moindre arrêt. Certains opérateurs hors Europe offrent ce service à leurs clients. La plupart des communications passent désormais par WhatsApp. Les groupes évoqués précédemment en font un usage généralisé pour communiquer entre eux. De plus en plus d’hospitaleros l’utilisent aussi. Enfin, quelques groupes ou couples se sont logés parfois en AirBnb.

Le camino en ville : pas toujours très glamour
Visite de Bilbao, traversée dans l’histoire industrielle des grandes villes nu nord.

Les Applications et sites « spécial Compostelle » ne manquent pas. Pour ma part, en bon geek, j’ai utilisé les outils suivant. La plupart ont un lien direct booking.com pour réserver et proposent en option payante des calculateurs d’étapes. (Je n’ai pas testé) :

Wise Pilgrim Camino del Norte (5,49€) . Très simple, ergonomique, mise à jour, bien documentée. Cartes téléchargeables Apple Maps. Tous les hébergements répertoriés. Conseils mentionnés en rouge

Buen Camino . L’app qui s’est généralisée chez les pèlerins. Gratuite, bien documentée, dotée d’une boussole pour se rendre à l’albergue choisie. Cartographie Google Earth agréable, profil du parcours.

Mapy.cz . L’app en open source offre des courbes de niveau et une précision topologique, des détails cartographiques plus précis pour s’orienter et trouver le bon chemin en plan B

Google Maps . L’application à 250 % commerciale est bien pratique pour trouver un supermarché, un restau ouvert, ou une pharmacie le plus proche

Google Traduction : l’arme absolue pour lire les menus espagnols !

Booking.com . Ce site ou cette app est devenu désormais incontournable en voyage. Choix, réservations instantanées et sures . Paiement immédiat ou non . Le programme fidélité offre de bonnes réductions. Inconvénient : annulation quasi impossible. Mieux vaut bétonner ses étapes .

WhatsApp . Evidemment ! Pour rester connectés entre amis, hospitaleros et limiter les frais téléphoniques.

Facebook – pour partager les bons moments avec ceux restés à la casa !

Camino del Norte 2024 . Editions Rother 16 Euros (Au Vieux Campeur)

Ce petit guide d’un format poche très pratique est un concentré d’informations notamment le profil du parcours, un bornage kilométrique précis, des infos culturelles. La cartographie est très soignée. La partie hébergements mériterait plus de clarté. Téléchargement offert des traces de chaque étape au format .gpx

Un guide papier, des applications numériques, un passeport dans les bagages.

Montres connectées et smartphones : nombreux sont ceux qui enregistrent désormais nombre de pas ou km effectués chaque ainsi que les calories dépensées. (important, vu le nombre de bananes ingurgitées ! )

Mon choix : Montre Casio Pro Trek connectée via l’app Casio Watches . Ce modèle est doté d’un podomètre, d’un altimètre, d’un baromètre et surtout d’une boussole, très utile malgré tout pour vérifier sa bonne orientation notamment en sortie de ville.

Débriefing équipement :

Les chaussures de trail Hoka Speed Goat 5 (semelle Vibram) ont tenu la distance malgré une usure très marquée après le Pays Basque et la Cantabrie. L’étanchéité Gore Tex n’a pas tenu très longtemps. J’ai manqué d’une polaire légère intermédiaire en alternance avec la doudoune Cimalp. J’ai marché à 98 % en short, avec un pantalon de pluie trail Evadict (Décathlon) les matin frisquets.

Pour la première fois, j’ai brisé un bâton de rando lors d’une glissade dans la boue. J’en ai racheté un en route après avoir tenter une réparation. Il y a des pharmacies partout en Espagne, inutile de se charger de médicaments et matériel de soin. Hydratation : faites le plein au robinet des hébergements, l’eau est excellente, vous trouverez régulièrement des fontaines en ville. Evitez les sources isolées en campagne, la qualité de l’eau n’est pas certaine.

Budget : Variable de 30 à 70€/jour selon les bourses mais globalement le coût de la vie à augmenter de 20 à 30% pour tous en Espagne, ressenti sur l’alimentation et les consommations. Cartes bancaires acceptées partout.

Conclusions

Cette nouvelle expérience sur le Norte m’a apporté toute la rupture avec le quotidien que j’escomptais, ce petit parfum d’aventure, ce dépouillement de tout pour garder que le nécessaire. Le septuagénaire s’en est sorti physiquement intact sur ce chemin éprouvant. J’en ai tout de même .. bavé ! Car la récupération est devenue plus douloureuse avec les années . Alors, comme me déclarait un formidable marcheur anglais de ma génération rencontré sur la Via de la Plata en 2022, en arrivant à Santiago: «  Je ressens une immense gratitude pour la vie et ce qu’elle vient de m’offrir » . Tout est dit . Partez sur le Camino del Norte en bonne forme et avec prudence. Ce chemin est un vrai bonheur tant les paysages sont magnifiques. Vous traverserez des villages d’une rare quiétude, sentirez la brise marine, l’odeur de la terre et de l’eucalyptus, apercevrez l’océan à l’horizon ou les Picos d’Europe au loin. Bon voyage dans un décor renouvelé chaque matin !

Messe des pèlerins et botafumero dans la cathédrale de Compostelle

Détails des étapes et des hébergements (10 mai -11 juin 2024)

NoVille départVille arrivéenb kmNom hébergementPrix (€)
1Irun (Albergue)San Sebastian24Surf Extea Hotel35
2San SebastianZarautz22Blai Blai Hotel25
3ZarautzDeba26Albergue municipale8
4DebaMarkina26Albergue Carmen10
5MarkinaGernika26Akeluar Ostat56
6GernikaLesama -Bilbao23Post Hotel23
7Bilbaovisite
Elkoos Hotel32
8BilbaoPabenas30Albergue municipale10
9PabenasCastro15Pension49
10CastroLaredo31Casa de la Trinitad10
11LaredoGuemes27Albergue Pueblo15
12GuemesSantender + train20Boo – hotel playas53
13BooSantillas del mar23El Conventio19
14Santillas del marComillas27Magia del Camino16
15ComillasPésuès23Hotel Baviera35
16PésuèsLlanès31Albergue Estacion16
17LlanèsRibadella30Hotel Marina42
18RibadellaGijon (+bus)18Boogalow hotel23
19GijonAvilès25Albergue municipale10
20AvilèsMuros22Casa Carmin18
21MurosSanta Marina29Pension Prada40
22Santa MarinaLuerca25Albergue privée16
23LuercaNavia22Albergue San Roque15
24NaviaTapia de Casariego22Hotel Puente los santos35
25Tapia de C.Lourenza29Pension Penograle25
26LourenzaAbadin27Albergue Xabadin19
27AbadinVilaba22Albergue A Carbaleira19
28VilabaBaamond20Albergue municipale10
29BaamondA Cabana24Albergue municipale10
30A CabanaBoimorto26Albergue Casa Gandara16
31BoimortoSan Irène24Albergue San Irène26
32San IrèneSantiago222 nuits Seminar menor56






Rota Vicentina : une randonnée exceptionnelle en bord de mer

Partir loin, repartir seul ou pas , se délester du superflu pour revenir à l’essentiel. Avancer au rythme de 4 km/h, le plus lent du terrien ! Remettre sous tension sa pile AAA (Anticipation, Autonomie, Adaptation). Dégager l’horizon, dépasser ses limites, ses préjugés, ses angoisses. Se réjouir des rencontres spontanées, de les rompre un matin sans culpabilité, savourer l’itinérance et revenir chaque fois plus riche, apaisé et encore ivre de liberté .

Après une très longue marche l’an passé sur la Via de la Plata entre Séville et Saint-Jacques de Compostelle, j’avais besoin de revenir vers plus de civilisation. Cela faisait bien une décennie que la Rota Vicentina promue au rang de «L’un des plus beaux parcours côtiers d’Europe» me faisait de l’œil. Je me documentais sur le parcours proposé, il s’agissait d’une belle balade d’une douzaine de jours avec des capacités d’hébergement suffisantes et aux prix « corrects ». Adjugé ! Toutefois ce programme plutôt court ne pouvait à lui seul apaiser mon appétit d’évasion alors j’entrepris de compléter le voyage dans la péninsule ibérique en enchaînant le Camino Portugais de la costa depuis Porto. C’est ainsi qu’en avril dernier je me suis retrouvé de Santiago de Cacem à Santiago de Compostella, dans deux pays, sans perdre de vue les vagues puissantes de l’Atlantique, de l’Algarve jusqu’en Galice, soit un total de 500 km. Retour sur ce double parcours littoral au caractère malgré tout très contrasté.

Les sentiers roi l’Algarve

La Rota Vicentina propose deux chemins principaux et 24 boucles de découvertes

Située au sud ouest du Portugal, la côte Alentéjane et Vicentine, constituent un espace les mieux protégés en Europe. Partie intégrante d’un parc naturel , cet univers sauvage long de 100 km couvre 90.000 ha, héberge une riche flore endémique et un grand nombre d’espèces d’oiseaux, dont des migrateurs. C’est aussi un maillage de petits villages, de ports de pêche calmes et accueillant. Le climat très méditerranéen de l’Algarve soumis aux influences atlantiques offre ici des conditions de randonnée parfaites de septembre à juin. On y accède par la route ou via les aéroports de Faro ou Lisbonne.

La Rota Vicentina se présente sous la forme d’un réseau de sentiers pédestres bien balisés composée de 24 parcours circulaires mais surtout de deux voies principales : le sentier des pêcheurs (the fishermen’s trail en bleu) long de 220km entre Sao Torpes et Lagos, 13 étapes de 11 à 23 km. (balisage bleu et vert), puis le sentier « historique » (en rouge) long de 265 km, 13 étapes de 12 à 24 km entre Santiago de Cacem et le cap de Sao Vicente. C’est le GR 11 balisé blanc et rouge. (Sentier européen E9). Ce réseau assez dense permet donc de tracer votre itinéraire selon vos goûts, vos capacités et ce du nord au sud ou inversement car ces chemins sont repérés dans les deux sens. Quel sens choisir ? En marchant du nord au sud, vous aurez le soleil de face en permanence. Dans le sens sud-nord, vous serez soumis parfois à un vent ouest, nord-ouest dominant

1ère partie :

la Rota Vicentina : sablonneuse, douloureuse et sublime

Afin de me mettre en jambe, je choisis de parcourir deux étapes sur le chemin historique en partant de Santiago de Cacem, située à deux heures de bus de la capitale. Je commandais très tôt un Uber pour rejoindre la gare routière de Lisbonne. Les travailleurs matinaux prenaient une bière ou un café dans la buvette sous une lumière blafarde dont certains regardaient d’un œil dubitatif le seul mec en short aux jambes blanchâtres avec un sac à dos en train de chercher le quai de départ. Le bus démarra à l’heure et fila vers le sud-est en traversant le fleuve Rio Tejo sous les premiers rayons du soleil. Je reconnus les visages de la ville endormie pour y avoir séjourné et dont j’étais parti en 2015 déjà sur le camino portugais central. L’autoroute déroula ses kilomètres d’asphalte dans la campagne vallonnée plantée d’eucalyptus et me déposa à Santiago de Cacem.

De Santiago de Cacem jusqu’à Cercal de Alentéjo, durant deux jours, le sentier serpente sur le chemin historique dans un décor de chênes-liège

Après un coup d’oeil sur l’App Mapy.Cz , je localisais mon point de départ en ville. Il ne me restait plus qu’à suivre attentivement le GR dont les méandres urbains restent souvent des mystères en terme de tracé. En m’éloignant du centre je retrouvais rapidement les chênes-liège, une végétation familière rencontrée sur la Via de la plata et dont le costard bicolore me fascine toujours. Je passais ma première nuit à Val de Ceco après une balade très rurale sur 18 km, puis la seconde à Cercal de Alentejo. Constat : le Portugal est touché de plein fouet par la sécheresse. Des massifs entiers d’arbres meurent sur pied et le niveau d’eau des lacs de réserve au plus bas donne toute la mesure du drame. Nous étions mi-avril et je ressentais déjà durant ces deux premières après-midi de marche la poussée de fièvre climatique imminente et précoce. J’allais devoir me lever tôt.

Porto Covo plongé dans la nuit et le silence. Veillée d’arme…
Une côte sauvage et préservée soumise aux caprices de l’Atlantique

Je quittais ces paysages meurtris pour rejoindre en diagonale Porto Covo, le joli petit port point de départ du « sentier des pêcheurs » de cette Rota Vicentina. J’y arrivais bien trop tôt, (comme d’habitude), la plupart des hébergements ne sont pas disponibles avant 14, 15 voire 16 heures. Je zonais donc en ville en cherchant un coin tranquille abrité du soleil, entre cafés et glaciers. Durant ce périple, ce fut d’ailleurs difficile de trouver de l’ombre, et plus encore sur la dune. Celle-ci allait dès le lendemain me dicter ses règles, des conditions auxquelles j’allais devoir m’adapter sur la plupart des étapes. Les forums abordaient régulièrement le sujet , je le redoutais un peu mais j’eus droit au baptême du sable durant 24 km, sur cette première étape du « Fishermen s trail » entre Porto Covo et Vila Nova de Milfontes.

Le sable, l’ennemi public n°1 de la Rota Vicentina, un sentier parfaitement balisé dans les deux sens
La douceur de vivre des villages sous un climat très méditerranéen

Contrairement au GR34, les hautes falaises de la Rota Vicentina me semblent plus sablonneuses ce qui rend la progression fastidieuse sur bien des tronçons. Les pieds jamais à plat, tordus par ce terrain mouvant, frottent dans les chaussettes et sont mis à rude épreuve car le sable pénètre irrémédiablement partout. Avec une charge de 10 kg, les bâtons de marche sont évidemment fortement conseillés (avec les embouts neige!) , les mini-guêtres en tissu léger limitent un peu l’invasion. J’ai découvert leur existence bien trop tard. On essaie en permanence de trouver des zones plus dures ou poser le pied. Certains, et c’est déplorable, s’éloignent du balisage pour marcher dans la végétation éminemment vulnérable au piétinement. Ce n’est certes pas la traversée du désert, mais autant le savoir, voilà le prix à payer pour s’en mettre plein les yeux sur cette côte sauvage et sublime.

La plage d’Arrifana, un spot de surf monstrueux et son ambiance « Endless Summer »

Et ce fut le cas. Chaque jour elle dévoile de nouveaux panoramas en alternant les immenses plages de sable blanc et les dédales rocheux balayés par la houle majestueuse de l’Atlantique qu’aucun obstacle n’a pu ralentir. Tantôt, le marcheur se met à survoler cet univers hostile où poussent d’improbables plantes et dont les fleurs multicolores illuminent le décor. Tantôt il subit les douleurs de la gravité lorsqu’il lui faut descendre et remonter de chaque crique.

Arides, verticales, rongées par l’érosion, les hautes falaises surplombent l’océan dans un équilibre précaire.

N’espérez pas trouver un bosquet pour improviser une sieste au frais dans cette végétation rase pour mieux résister au vent. Cette côte escarpée donne parfois le vertige lorsque le sentier se met à frôler le précipice. Alors on redouble de prudence, le corps bringuebalé par le sac à dos trop lourd et ce sol si instable. Coup de stress, le balisage disparaît soudain, le vent a balayé les traces, puis il réapparaît soudain. Sauvé ! Plus loin le sentier s’avère « mal pavé ». Le minéral en blocs a remplacé la poudre.

Les pastels de nata, petites, irrésistibles..dangereuses !
Plat typique de bacalahau servi en dose portugaise. Suicidaire !

Dans certains passages ce n’est qu’un empilement de caillasses, une suite de marches irrégulières, usantes où l’on se hisse, ou descend à la force des bras. Je marchais ainsi seul du nord au sud dans ce désert côtier dominant les grèves. Je m’arrêtais souvent pétrifié par la beauté de l’océan. Je croisais de temps à autres des touristes garés sur le parking voisin ou des camping-caristes venus chercher la solitude. Il y avait aussi des familles en balade sur l’une des boucles-découverte, signe rassurant que la ville n’était plus très loin. Comme le sentier des pêcheurs se pratique dans les deux sens sur cette douzaine d’étapes, les randonneurs venus de Lagos croisent ceux venus de Porto Covo. On questionne, on échange des infos, des conseils : «il y a autant de sable ? C’est raid encore deux cents mètres, puis du plat ! » Et chacun poursuit sa route. Par moment le balisage débouche à l’extrémité d’une étendue magnifique rendue accessible par la marée basse. Un, deux kilomètres de liberté totale, à plat, au sable dur s’offraient à moi. Je jubilais. Les écoles de surf occupaient déjà la place ainsi que les vans ou pick up des routards de la vague allant de spot en spot chercher les meilleurs conditions au jour le jour en fonction des marées et du vent

La puissante houle vient se briser sur les rocks et les bancs de sable

Plus on descend en Algarve, plus la population de surfers se mêle à celle des randonneurs de la Rota Vicentina dans les albergues ou les petits hôtels bon marché. Je partageais un soir un dortoir de 6 lits avec cette population glisse, des jeunes qui avaient pris le rythme espagnol : couché tardif et réveil tôt lorsque la vague est encore glassy. Lorsque la température s’est mis à grimper, je calais mon réveil sur le leur avec un départ entre 6h30 et 7h00 . Au bout d’une douzaine de jours de ce régime, j’atteignais enfin le cap Sao Vicenté, l’extrême pointe ouest du continent européen partait-il . Jusqu’à la mi-parcours de l’étape, le sentier fut sans difficulté , la brise presque fraîche ce matin là. Le phare du cap semblait si proche, je distinguais même au loin des véhicules. Puis je perdis sa trace.

Après une douzaine de jours de marche, la Cap Sao Vicente pointe enfin à l’horizon, au bout du continent européen ..au bout du voyage sur le sentier historique.

Rien de grave me dis-je, il suffit de suivre la côte. Or cette zone n’est qu’un champ de cailloux acérés où il est difficile de poser le pied sur de la terre. Deux 4 X 4 étaient garés non loin, il devait bien y avoir une route ? Non ! le sentier des pêcheurs se cachait quelque part ailleurs. Je ressortais le GPS, j’étais bien trop au sud et je l’avais raté. Il me fallut presque une heure pour retrouver une marque délavée sur un bloc à demi enfoui sous le sable et rejoindre enfin le phare.. au pif ! Rincé, j’extirpais mon sempiternel bocadillo jamon/quieso du Tupperware et l’engloutissais sous le regard amusé de touristes français attablés au restaurant du site.

Cap Sao Vicente : ravi l’auteur d’avoir touché au but !
Les pics rocheux squattés par les échassiers en migration

Le sentier côtier qui conduit ensuite à Sagrès à 5 km n’offre que de peu d’intérêt. D’autant que j’avais les pieds explosés par la chaleur et le terrain chaotique , je finissais même l’étape en évitant quelques dénivelés car la rando du lendemain s’annonçait comme les plus difficiles entre Sagrès et Salema avec 650m + . J’avais pris ce soir là une chambre privée dans une petite pension et je pus mieux récupérer. Ce fut la dernière rando de cette Rota Vicentina, car j’avais choisi de zapper Luz et prendre le bus pour profiter de deux jours de repos à Lagos. Cette journée débutée encore très tôt pour fuir la chaleur, fut sans doute la quintessence d’un sentier côtier digne de ce nom , à savoir une suite éprouvante de montagnes russes plutôt raides, d’interminables descentes et remontées des plages. Je haissais ce jour-là ces foutues falaises !

Des traversées magiques des plages immenses offerte par la marée basse
L’art portugais de l’azulejo en fresque géante pour raconter l’histoire de Povoa de Varzim

Installé à Lagos dans un établissement très « auberge espagnole », je passais ces deux journées à soigner mes pieds enflés, faire un peu de shopping, comater aux terrasses et visiter les grottes locales ..en excursion ! Je retrouvais dans l’albergue, par un heureux hasard, un compagnon de route, Roger, artiste british sexagénaire savoureux et volubile mais tiraillé entre fuir ou côtoyer les femmes ! Je le rejoignis ce dernier soir au restaurant où il m’attendait attablé avec deux jolies italiennes …rencontrées des semaines auparavant ! Nous avions sans le savoir un programme initial similaire : rester au Portugal et finir notre séjour en parcourant le Camino Portugais vers Compostelle. Il choisit de suivre le Camino central en partant de Coimbra « pour fuir les tentations et retrouver la paix » , je partirais de Porto par la côte. Nous échangeâmes nos numéros sur WhatsApp et chacun reprit le chemin de son choix. J’appris récemment qu’il avait fini par prendre un ferry à Sentender . J’arrivais le lendemain à Lisbonne par le train et prenais dans la foulée un bus vers Porto. Embouteillage de voitures, de visiteurs à Porto , la ville magnifique grouillait de monde en cette fin d’après-midi et me donnait le tournis. Fatigué, je pris un taxi, il me déposa à mon hôtel et je m’activais pour acheter l’indispensable crédentiale du pèlerin à la cathédrale. Une nouvelle aventure pouvait commencer .

Party très « auberge espagnole » ce soir là dans l’albergue de Lagos. Six nationalités différentes ont trinqué et cuisiné ensemble.
Parenthèse touristique de deux jours à Lagos pour récupérer, soigner les bobos. Ouf ! Farniente, visite de grottes, glaces !

Conclusions 

Malgré le nombre peu important d’étapes et l’alternance possible entre les deux voies , la Rota Vicentina demeure une expérience physiquement assez exigeante qu’il convient de bien gérer lorsque les conditions météo l’exigent. J’ai ainsi jugé plus prudent de délaisser la côte un jour de pluie balayée par un vent assez soutenu. Ce fut l’occasion de redécouvrir aussi avec plaisir la ruralité de l’intérieur des terres. Le sens sud-nord me semble aujourd’hui recommandé pour les raisons d’ensoleillement évoquées . Dommage que le Topo Guide édité par l’Association ne soit disponible qu’en version nord-sud. Le balisage bleu vert est parfaitement efficace, il faut cependant rester attentif car ces voies croisent de nombreuses boucles (couleur jaune et rouge) . J’avais acheté deux cartes au 1:50.000e au Vieux Campeur, elles ne furent d’aucune utilité ! Le réseau de bus et les taxis permettent de raccourcir les étapes au besoin.

Descente , puis remontée, chaque crique est une épreuve !
Lagos : les bateliers somnolent en attendant le retour des touristes en visite des grottes

Côté hébergement, il n’est pas besoin de réserver très avance au mois d’avril. Plus tard, prudence car l’Algarve est très fréquentée durant les vacances d’été. Les prix au Portugal restent très abordables, même si l’inflation a fait bondir les tarifs hôteliers. Il revient donc moins cher de voyager à deux et partager des chambres d’hôtel. Il est aussi inutile d’emporter un sac de couchage mais tous les établissements ne fournissent pas de serviette de toilette. Vous pouvez réserver directement par téléphone. Les hôtes désormais très connectés vous donnent une réponse sur WhatsApp ! j’ai volontairement choisi de le faire par booking.com pour me faciliter la vie. Restauration : vous ferez encore un excellent dîner pour une quinzaine d’euros. Le budget journalier en solo varie de 40 à 80€ suivant le degré de confort choisi et la variété des menus. Les vols de retour en France depuis Faro ou Lisbonne ne manquent pas. Laissez vous un jour ou deux de sécurité pour prendre votre billet très en avance au meilleur prix.

Lorsque la rivière vient se mêler à la mer
Séquence « Dolce Vita » avec Silvia et ses amis italiens

Topo Guide : Rota Vicentina 15€ à commander en ligne sur rotavicentina.com. Nb l’Application smartphone ne fonctionne pas.

Gestion des trajets intérieurs (train, bus ) : l’App Rome2Rio est vraiment pratique.

Positionnement, orientation : Mapy.cz , Google Map pour trouver l’hébergement en ville, cafés, restaus, supermarchés ouverts

Etapes et hébergements (réservations booking.com, tarif génius 3)

LisbonneHome Lisbon Hotel (dortoir) 30€km
Val de SécoCasinhas de Alderia 50€18
Cercal de AlentejoSolar de Alentejo 35€23
Porto CovoAhoy Hotel 45€24
Vila Nova de MilfontesSelina Hotel 35€20
AlmograveLodges & Bikes 43€16
Zambujeira do MarCasa de Praia 63€22
OdeceixeHotel Seize (dortoir ) 22€19
AljezurHotel Amazing (dortoir) 23€23
ArrifanaDestination Hotel (dortoir) 20€18
CarrapateiraHotel do mar (dortoir) 22€22
Vila do BispoCantinha do Avo 40€16
SagrèsCasa de Obo Santa Maria 50€21
SalemaPension familiale 40€20
Lagos (2 nuits)Tag Hotel (dortoir) 19€BUS

>>>>> Juste après, suite de la balade >>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>

2eme partie : Le Camino portugais de la costa

Mon passage à Porto fut bref. Je n’avais aucune envie de m’éterniser dans sa nuée de visiteurs provoquée notamment par les vacances scolaires françaises et le w.e du 1er mai . Il me fallut résoudre rapidement un gentil petit casse-tête. Plusieurs options se présentent pour rejoindre Compostelle sur le Camino Portugais sachant qu’il existe également des variantes très exotiques sur le parcours. La majorité des pèlerins internationaux empruntent le camino dit central, celui où l’on passe en Espagne par Tui.

le camino portugais depuis Porto avec ses multiples options….
….et son inévitable folklore . La dépose de message fait partie du voyage. J’y étais.. Ces tas atteignent parfois la hauteur d’homme.

L’ayant déjà emprunté quelques années auparavant et craignant une forte affluence, je choisis de suivre la côte jusqu’à Pontevedra, histoire de rester aussi cohérent avec la première partie ce voyage au Portugal, sur la Rota Vicentina. Crédentiale en poche, la forme retrouvée, je retrouvais dès les premières étapes l’ambiance Compostelle, son folklore, ses dortoirs, ses ronfleurs. Après les falaises de l’Algarve, le profil tranquille de ce camino de la costa me convenait bien, je partais en balade, presque en vacances. Seule différence notoire, il allait falloir me caler sur des étapes bien plus longues, dépassant souvent les 25 km.

le sentier littoral étend ses passerelles de protection de la dune sur des kilomètres. La monotonie s’installe, ça ira mieux demain.
Le Portugal est l’un des plus gros producteurs mondiaux de moules. On les élève ici sur les « barcas » , des pontons lestés dispersés dans les estuaires.

Depuis mon dernier passage en 2015 la côte de cette région avait subit une urbanisation galopante, je reconnus à peine certains endroits. De très nombreux immeubles avaient poussés comme des champignons et transformer les bourgs en véritables stations estivales. Désormais des pistes cyclables suivent les passerelles de bois construits sur des dizaines de kilomètres pour protéger les dunes. Durant les premières étapes, je n’appréciais guère ce décor monotone qui tranchait avec l’exubérance de la Rota Vicentina. Puis au fil du temps, je me suis imprégné de l’atmosphère apaisante, romantique de cette côte dont les plages se perdaient à l’infini dans la brume . Je finis par apprécier son silence cotonneux, sa litanie de bars et restaurants construits sur le même modèle.

Quitter la douceur d’une terrasse de café dans un village puis repartir vers le prochain caché quelque part au fond d’une anse…peut être !

Et je finis même par m’amuser du mélange des genres comme ces groupes de pèlerins, lents, lourdement chargés venus d’ailleurs croisant les joggers légers et qui leur lancent des « buen camino » comme à des amis de longue date. Plongé dans mes pensées, je leur répondais au choix par un merci , un obrigado portugais ou un gracias. Dans cet environnement balnéaire grand public, une albergue municipale trouve paradoxalement sa place . Je garde encore en mémoire la vision de celle Povoa de Varzim, un immeuble moderne, discret au milieu d’une avenue commerciale. Nous étions une quinzaine de pèlerins assis par terre sous le soleil à attendre l’ouverture et le check in. La ville avait fini par s’habituer et personne ne prêtait plus attention à ces nomades étalés.

L’Eucalyptus, la beauté et la plaie de bien des pays. Sa culture est aujourd’hui très controversée
Il existe parfois sur le chemin un monastère pour se reposer ou méditer.

Le Camino de la costa, comme les autres font désormais partie du décor. Seule différence peut être avec les vacanciers, les pèlerins mangent tôt , se couchent tôt, se lèvent tôt et n’achètent rien ! Dans cette transhumance vers Compostelle, soit nous ne prenons guère le temps de nous attarder sur la richesse des villes, soit nous recherchons en vain des centres d’intérêts qui n’existent pas. Je m’interrogeais aussi sur la foi ou l’absence de foi ou la foi secrète de ces marcheurs sur ce camino portugais où se croisent deux chemins de pèlerinages parmi les plus connus au monde (Fatima et Compostelle). Si Dieu ou St Jacques veillait sur nous, jamais personne ne l’évoquait !

Depuis des années, les communes travaillent sur la qualité de l’accueil.
Séquence immersion : Ma vie dans les dortoirs !
Le chemin traverse les villages de pêcheurs. Les marcheurs silencieux ont fini par s’intégrer à leur décor et devenir transparents.

A mi-parcours, je passais donc du Portugal en Espagne non pas Tui mais à Caminha en traversant la rivière Minho , en bateau-taxi. Ces mini-escapades maritimes ou fluviales au milieu de randonnées amusent tout le monde, moi le premier. C’est pourquoi j’avais également choisi de délaisser le chemin de la Costa pour piquer plein ouest sur la « variante espiritual » à Pontevedra afin de prendre une nouvelle fois le bateau à Vila Nova de Arouza et remonter la rivière jusqu’à Pontececures. Avec une vingtaine d’autres marcheurs je me rendais dès l’ouverture chez Marco, lieu de départ de la Barca del Peregrino , une vedette de tourisme confortable nous y attendait . Je retrouvais sur le quai un trio d’Irlandais (catholiques ! ) impayables rencontrés précédemment.

Traverser la frontière Portugal-Espagne en bateau-taxi . La classe ! (Remettre sa montre à l’heure française sur l’autre bord svp ! )
Ce soir là , j’ai le cœur aussi à marée basse sur le port de Vila Nova de Arouza…

Les trois papys ne marchaient qu’à l’impro, sans aucune réservation, et à la bière. Une véritable cure pour oublier les taxes monstrueuses sur l’alcool de l’Eire. Après quelques minutes de navigation le capitaine et son mousse servirent thé chaud et croissants avant de rentrer dans le vif du sujet : le chemin spirituel maritime ! Probablement le seul au monde. Car l’itinéraire est ponctué de 17 croix de granit plantée sur les berge de cette rivière. Suivant la légende les restes de l’apôtre Saint-Jacques auraient été transportés par bateau entre Haïfa en Palestine et Padron en Galice, en remontant le Rio de Arouza et rivière Ulla . La Translatio ! La balade dure une heure trente, temps suffisant pour le capitaine de nous expliquer la production locale des moules portugaises très savoureuses. Elles sont élevées sur plus de 3000 « barcas » lestées   dans l’estuaire de Vigo notamment. A Pontesecures, tout le monde débarque et part vite vers Padron.

Un chemin de croix maritime unique au monde
Le balisage personnalisé de la variante Spirituelle entre Pontevedra et Padron

Certains y passent la nuit ou poursuivent directement à Santiago , soit 28 km. D’autres s’arrêtent à Teo afin de partir tôt et assister à la messe de la cathédrale de Compostelle à 12h. Nullement pressé, je choisis l’escale à l’Albergue ultra moderne de Padron. La dernière étape d’un camino a quelque chose d’émouvant. Elle marque la fin du voyage, l’heure des séparations, du retour à la vie sédentaire et pour moi la fin d’une fabuleuse balade qui durait depuis un mois.

Le camino de la costa n’est pas toujours un paisible sentier. ..
…des siècles d’urbanisme ont changé son tracé.

Alors je prie le temps de savourer ces 23 derniers kilomètres, certes pas les plus beaux ni les plus faciles d’ailleurs. Une borne flanquée du logo européen une coquille jaune sur fond bleu, symbolisant la convergence de tous les chemins est présente tous les 500 m environ. Elle comporte aussi le nombre de km restant. Sans doute pour encourager le marcheur exténué ..ou l’achever ! J’arrivais à Compostelle par le sud, les rues avaient remplacer maintenant le chemin, je reconnus l’itinéraire si familier. qui n’en finit pas de grimper. Arrivé devant la cathédrale je déposais mon sac à dos sur le sol. C’est avec une immense et sincère gratitude que je remerciais encore une fois l’hôte des lieux de m’avoir épargner la blessure et permis ce tel périple..à mon âge. Puis, je m’assis sur le banc de pierre qui court le long de la place pour regarder l’arrivée des autres. Leurs visages rieurs cachaient mal la fatigue accumulée. Puis ce fut le moment des embrassades, des larmes versées par la douleur de se séparer ou le plaisir de se revoir. La même émotion spontanée animait ces pèlerins issus du monde entier, qu’ils aient parcouru 100, 300 ou 2000 km.

Le village aux Horreos, ces petits greniers sur pilotis , inaccessibles aux rats. Le symbole même de la Galice .

Bilan final : Coup double réussi .

Je ne recherchais ni la performance , ni l’exploit, juste les savoureux les plaisirs de l’itinérance sur un mois comme je le fais depuis des années. Que ce soit la Rota Vicentina ou le Camino portugais, ces deux itinéraires sollicitent beaucoup l’organisme et notamment les pieds . Le premier par le sable, le second par la présence de portions pavées courantes au Portugal. Ce programme exige donc de faire des pauses de récupération d’un jour ou se limiter à une demi étape, bref de laisser refroidir notre formidable machine avant l’irrémédiable. Côté logistique le passage de l’Algarve à la Galice se fait sans problème par le train ou le bus. Conséquence post-covid , les chemins ibériques connaissent cette année une forte affluence. La réputation de la Rota Vicentina est croissante depuis 2013 et le camino de la costa draine toujours plus de pèlerins comme le témoignent les hébergeurs. Cela demande donc plus de préparation sur les hébergements et des réservations anticipées notamment durant les vacances scolaires. Côté équipement : si le sac de couchage est inutile sur la R.V, il est conseillé de l’emporter sur le Camino. Du point de vue budget, les prix au Portugal sont sensiblement moins élevés qu’en Espagne, bien que les deux voisins connaissent une inflation galopante. Je voyageais là-bas pour 30 à 50€ par jour en 2015 , j’ai dépensé entre 40 et 70€ cette année sans me priver.

Les App et sites utilisés sur ce parcours : Wise Pilgrim , Mapy.cz, Gronze.com, Google , Rome2rio, Map, Google traduction

La cathédrale de Compostelle suivie comme une étoile par des millions de pèlerins depuis des siècles. (350.000 par an ! )

Découvrir un pays par la côte en alternant des passages dans les terres en donne une vision plus large, notamment hors des zones touristiques, sur son passé rural ou la tradition de la pêche. Portugal et Espagne offrent un incroyable potentiel d’itinéraires et passionnant patrimoine culturel au marcheur un peu curieux. Mais l’époque de l’improvisation ou de l’insouciance est révolue. Le voyageur doit désormais composer avec le dérèglement climatique et choisir la bonne période pour caler son voyage dans la péninsule en surchauffe.. avec une forte dose d’incertitude.

Le Botufumeiro, ultime acte de la messe des pèlerins à Compostelle . (Non systématique mais soumis chaque jour à la générosité d’un sponsor ! )
Jack le fils avec son père John , deux irlandais du Nord, inconditionnels de la couronne britannique. A droite : le trio de choc de la République d’Irlande, rois de l’impro, rebelles, dingues de rugby et de la bière portugaise « si bon marché ». J’ai passé de grands moments avec ces boys unis sur le même chemin.

Etapes et hébergements Camino de la costa (réservation et tarif genius 3 booking.com)

PortoHotel Do Norte40€
km
LabrugeAlberge Soa Tiago16€ 24
Povoa de VarzimHotel Résidentiel35€17
MarinhasHoLocal Praïa Mar28€25
Viana do CastelloAlbergue del mont40€ (ch.)25
CaminhasA . Bom Caminha20(dortoir)27
MougaP. privée A Bego40€ (ch.)23
Sabaris de VigoAl. de la playa16€(dortoir)17
VigoHotel Nautico35€24
RedondelaLa Conserveira16€(dortoir)16
PontevedraPension Santa Clara30€20
Armenteira (spirituel )Albergue municipale15€(dortoir)23
Vila N. de Arouza (spi)Albergue A Sarazon18€(dortoir)22
Padron (Spirituel)Albergue Murgadan16€(dortoir)23
Santiago (2 nuits)Albergue Teodormigo15€(dortoir)23 km
La Coronne (extra)Hotel Santa Catalina34€Train

Equipement de base : Sac à dos Osprey 48l , chaussures trail Hoka Speedgoat 4 Gore tex, (US) Veste Arc Tétyx Gorex (US) Tex, doudoune compressible duvet Cumulus (Pologne), bâtons de marche Fizan (Italie) , pantalon de pluie Trail Decath, Chaussettes Monnet Merinos/synthétique (FR) , sous-vêtements boxers Under Harmor, Short Cimalp (FR) chapeau Tilley (Canada). 2 T-Shirts Puma et UH. kit de pochettes Osprey, un sac de couchage, un Tupperware. Iphone XR, cartes de crédit BNP Visa, N26 Master card, carte sécu Europe. Poids total avec 1,5 l d’eau et vivre : 9 kg

Publications de l’auteur : Tapez « Richard Kirsch » sur le site Thebookedition.com (10€+frais envoi ou 5,70€ en PDF)

Petit guide pour réussir sa premiere grande itinérance

 Adios les balades du dimanche, bye la sortie dominicale avec le club de rando , c’est décidé, vous allez effectuer votre première grande randonnée en itinérance !  Vous  comptez marcher durant plusieurs jours et surtout organiser votre propre voyage.  Des idées de parcours se bousculent dans votre cerveau et mille interrogations aussi . Comment m’équiper ?  Aurais-je la force d’y parvenir ? Où dormir ? Et avec mon chien ? Seul ou à deux ?  pour quel budget ?  etc.. etc.. Rassurez-vous nous avons tous vécu cette vague d’angoisse mêlée d’excitation et  ponctuée de doutes .

La marche à pied et sa lenteur , un véritable luxe dans la frénésie du monde actuel . Offrez-vous en itinérance une vraie  rupture avec le quotidien.

A part le bateau, je ne connais pas de forme de voyage aussi lente que la marche ! A l’heure de l’avion, du TGV ou de la voiture imaginez, une semaine pour parcourir de 100 à 150 km ! L’itinérance en randonnée est l’occasion de découvrir chaque jour un autre décors , de multiplier pour certains les rencontres, bref elle serait la dernière aventure. Vrai .. presque et à certaines conditions !  Si la Grande Randonnée n’est pas un exploit en soit  (350.000 pèlerins sont arrivés à Compostelle en 2019) Il serait utopique et malhonnête de ma part d’affirmer que le citadin lambda est capable de marcher soudain 20 km par jour durant une à six semaines avec un barda même minimaliste,  de s’accommoder d’un inconfort inhabituel, d’une hygiène parfois douteuse ou d’affronter les caprices de la météo, le manque de sommeil et enfin de gérer en solo petit ou gros bobo. L’itinérance, on en rêve,  mais on s’y prépare sérieusement.
Ce petit guide n’a pas la prétention de donner la réponse à toutes ces questions d’une façon universelle mais davantage de vous livrer des informations et quelques conseils issus de mon parcours de randonneur  afin de préparer et réussir votre projet.

Téléchargez ce guide :

TROIS QUESTIONS PREALABLES A VOUS POSER   :  de combien de temps je dispose ? Quel est mon budget ? Quelle est ma condition physique ?

  1. Je dispose de combien de jours ? Afin de rester concret, je vous propose des durées fréquemment rencontrées. 3 jours . C’est le cas typique du w.e de rando en famille ou entre amis .  En comptant la durée des trajets aller et retour , le temps de s’installer, et vu le poids de la logistique pour une durée si courte, l’itinérance n’est pas la meilleure solution. Privilégiez plutôt des randonnées en « étoile » depuis un lieu de résidence (gîte, hôtel, camping) .

8 jours . On retrouve ici la durée classique de la rando itinérante. Elle vous laisse le temps de rejoindre votre point de départ en France ou en Europe et de réaliser un parcours en itinérance de liaison. (par exemple de gare à gare) ou une itinérance en boucle. Ce choix implique l’entrée en jeu de deux autres paramètres que nous détaillerons plus loin : la condition physique et le budget. Côté logistique, cette durée relativement courte vous permet encore de planifier toutes vos étapes sans trop de casse-tête : transport , réservations des nuitées . C’est le cas typique des randonneurs qui font ou reviennent sur un nouveau tronçon d’un chemin de Compostelle, d’un GR20 , GR 34 sur le Stevenson. Les agences spécialisées proposent généralement des séjours de cette durée minimum

De 15 jours . On aborde ici les longues randonnées itinérantes. Vous avez par exemple la possibilité d’effectuer la moitié d’un chemin classique vers Compostelle ,  la Transjurassienne, le tour de l’Aubrac le Stevenson dans sa totalité, etc. ou encore des randonnées à l’étranger  avec une certaine souplesse…Pour cette itinérance, il serait fastidieux  voire acrobatique de réserver tous vos hébergements à l’avance. Le budget sera bien sur proportionnel au nombre de jours passés sur le chemin.

30 jours et plus. Il s’agit là de très longues itinérances comme la plupart des pèlerinages vers Compostelle , les trois-quarts du GR10   qui traverse les Pyrénées.. Hormis la condition physique et le budget, l’approche mentale sera un autre paramètre important . (Gestion des pathologies possibles, éloignement, fatigue accumulée, mauvaise météo..) .

  • Quelle est ma condition physique actuelle ?
  • Le projet ne cesse de vous faire rêver  de jour en jour, pourtant il est temps de cerner objectivement quel type de randonneur êtes-vous afin de vous préparer à l’itinérance en conséquence .
  1. randonneur inexpérimenté  -difficulté à marcher de 15 à 20 km dans la même journée
  2.  randonneur averti  – marcher 20 à 25km sur une seule journée
  3.  randonneur expérimenté  capacité d’enchaîner 20 à 25 km sur trois jours
  4. randonneur chevronné : capable de marcher 8 jours, de 25 à 30 km au quotidien.

Pas de panique, cette condition physique se travaille, évolue et vous serez tout à fait capable d’envisager des parcours plus longs en dépassant demain des limites que vous ignorez aujourd’hui ! L’âge , le surpoids, d’anciens traumatismes ou fragilités physiques seront à prendre en compte pour parcourir de telles distances.  Porter un sac de 7 à 12 kg sur des dizaines de kilomètres sur toutes sortes de terrains n’est pas anodin .

COVID- Évidemment, pour les marcheurs qui ont contracté le virus,  la reprise reste aussi une période délicate à bien gérer . Il est essentiel de parler de votre projet à votre médecin avant de partir.

Conseils : Marathoniens, trailers oubliez la performance mais pas les 10 kg que cette fois vous porterez et regardez le paysage. J’ai vu des jeunes sportifs surentrainés partir à fond et  rentrer chez eux au bout de trois jours, victimes de tendinites ou périostites

   3) – L’itinérance et mes dépenses ?

La randonnée n’est pas la plus couteuse des activités mais peut le devenir en itinérance notamment en s’équipant d’un matériel en ultra light. Néanmoins le budget d’une telle randonnée varie d’abord selon la formule d’hébergement choisie et le pays dans lequel vous voyagez. Voici quelques exemples de dépenses journalières pour une randonnée  itinérante de 7 jours en France (hors transport) . 3 repas et argent de poche.

Gites et PensionsHôtels en DPCamping en ½ autonomie (1 restau)Camping en autonomie totaleAgence de trekking
70€De 80 à 120€30 à 40€20 € à 30€120 à 150€
Portage : 5 à 8€Portage : 5 à 8€  + certains suppl.

Publication sur les Agences de Trekking : 20 agences-francaises-de-trekking

Autres exemples en gîtes ou pensions (avec petit déjeuner et DP ): Comparatif des dépenses journalières sur quelques chemins très fréquentés :

Voie Podiensis Du Puy à SJPPCamino de Frances SJPP à FisterraCamino Portugais Lisbonne- St JacquesChemin de Stevenson Du Puy à Alès
30 jours33 jours27 jours12 jours
70 €40 €30 €70 à 80 €

Conseils : Partez à deux ! Cela vous permettra de partager la même chambre dans les pensions ou hôtels. Quant au camping , vous paierez votre nuit par tente. En autonomie, les repas reviennent moins cher cuisinés pour deux.

Période de COVID : La capacité des gîtes a fortement diminué. Les hébergeurs favorisent la réservation des groupes pour rentabiliser leur dortoir face aux demandes de randonneurs voyageant seuls. Sur les chemins très empruntés  (Compostelle, Stevenson, GR20, refuges) : RESERVEZ TRES EN AVANCE ou au moins deux jours avant votre arrivée  . Par mail, sms ..Certains gîtes vous demanderont des acomptes. Booking.com fait  désormais partie des adresses utiles à retenir.

L’itinérance c’est garder d’abord la cadence !

La marche n’est pas une activité traumatisante en soi. Or sur de telles distances un entrainement de base s’impose . En voici les grandes lignes :

  • Si vous êtes novice, montez en puissance : marchez 8 km la première semaine, 12 km la suivante , 16  et enfin 20 km au terme d’un mois ou deux. IMPORTANT : buvez abondamment tous les 2 km
  • Marchez régulièrement .  Par exemple 20 à 25 km par semaine
  • Développez votre endurance par la marche nordique ou la marche afghane basée sur la suroxygénation
  • Marchez avec votre sac plein à plusieurs reprises pour habituer le corps à la cette nouvelle charge
  • A partir d’un âge avancé  (suivez mon regard !) , faites régulièrement des exercices d’assouplissement
  • En surpoids ? Faites un régime .. ou quelques efforts ! Vos genoux vous remercieront
  • Offrez-vous une séance d’ostéopathie si nécessaire afin de réaligner le marcheur .

L’itinérance, c’est le pied !

On a du mal à imaginer ce que peuvent endurer nos pieds en grande randonnée. Ils supportent de 50 à 80 kg + 10 kg de sac répartis sur quelques centimètres carrés. Durant des milliers de pas ils vont subir cette pression verticale, certaines contraintes sur des terrains accidentés, notamment lorsque le poids du sac vous déséquilibre. Les pieds vont alors d’échauffer, parfois gonfler. La peau va se boursouffler pour former les fameuses ampoules. Voici quelques précautions pour éviter ou limiter ces problèmes :

Tanner vos pieds . Soit naturellement  par la marche régulière , ou par application quotidienne, durant 2 à 3 semaines de jus de citron, ou d’une crème à base d’acide citrique . Pensez à les hydratez-les chaque soir avec la crème Akileïne NOK ou autres.

Prenez votre douche  plutôt le soir. Cela évitera un ramollissement de la peau des pieds avant juste votre départ.

– offrez-vous une soin de pédicure deux semaines MINIMUM avant votre départ car ils seront fragilisés.

Conseils :

  • Si vous êtes sujet aux ampoules, déchaussez-vous toutes les 2 heures pour assécher et aérer vos pieds. Changez si possible de chaussettes si elles sont très humides. Évitez de tremper vos pieds dans le premier ruisseau engageant. Cela risque de ramollir la peau surchauffée.
  • Ampoules ? Si elles sont percées : désinfection à la Bétadine + pansement
  • Cloques : perçage avec  aiguille propre , enfilage d’un drain en fil de coton désinfecté + pansement + straps
  • Ampoules sous le pied : PARFOIS GRAVES . Arrêt de 2 à 3 jours pour la cicatrisation …avant la case hôpital ou retour

Trouvez VOS meilleures chaussures

Fragilité articulaire, sudation excessive,  Hallux Valgus, tous les marcheurs ne sont pas logés à la même enseigne. le choix des chaussures reste de loin le plus compliqué et mériterait à lui seul tout un chapitre. En deux mots :

  • Si vous êtes un nouveau randonneur : Essayez plusieurs modèles en prenant une taille de plus . Elles doivent être IMMEDIATEMENT confortables . Légers et respirant, les modèles de trails ont la cote.
  • Si vous randonnez régulièrement . Ne partez pas sur une longue itinérance avec des chaussures très usées ( elles peuvent vous lâcher et vous mettre dans la mouise pour en acheter des neuves) . Rodez les nouvelles éventuellement sur 80 -100 km
  • Chaussures tige haute ou moyenne pour les marcheurs aux chevilles fragiles
  • Si vous avez des semelles orthopédiques, mettez-les . Sinon remplacez éventuellement celles d’origine par des semelles plus amortissantes
  • Portez des sandales légères ou des tong le soir venu .
  • Testez les chaussures de trail. Légèreté, confort !! A lire mon test sur le sujet : https://trekkingzone.fr/2022/06/28/test-chaussures-de-trail-1000-km-vers-compostelle-sur-la-via-de-la-plata/

Fringues :  l’itinérance, ce n’est vraiment pas l’élégance ! 

Attendez-vous durant une, deux, trois semaines à rencontrer toutes conditions météo avec des variations de températures parfois importantes dans la journée . La rando se révèle souvent un striptease permanent ! Gardez toujours en mémoire : le poids du sac .

 Adoptez la technique désormais  très répandue et composez avec les 3 couches , et ce en bannissant le coton, matériau hydrophile .

  • Couche 1  sur la peau : polo, T-shirt, chemise respirant (Synthétique ou mélange avec la laine Mérinos.)
  • Couche 2 intermédiaire contre le froid : polaire ou doudoune
  • Couche 3, coupe-vent   – Veste respirante (Gore-Tex ou autres membranes)
  • Tenue de pluie : veste Gore Tex  + sur pantalon ou cape de pluie

vous n’avez droit qu’à deux ou trois tenues complètes de change maximum :

 – 1 tenue propre sur vous , 1 sale dans le sac , éventuellement une tenue propre de rechange . Conseil : vous lavez et faites sécher donc vos vêtements le plus souvent possible, à la main et de temps en temps en machine ! Exemple minimaliste :  2 slips- 2 paires de chaussettes -1 T-shirt manches courtes – 1 T-shirt manches longues

Portage – Itinérance, l’affaire est dans le sac !

Le choix du volume votre sac à dos est dicté par votre programme d’itinérance. Le matériel de camping ou bivouac + nourriture lyophilisée font ici la différence. Investissez dans un sac dont le poids à vide avoisine 1 kg . C’est toujours un compromis avec le confort .  Achetez-le à votre taille, essayez-le chargé et vous les filles choisissez un modèle «  femme » mieux adapté à votre morphologie . Voici un essai de tableau récapitulatif des volumes , en se rappelant le dicton : plus il est grand, plus on en met et plus on en ch… !

Le volume du sac à dos suivant votre programme .

Agence spécialisée avec portageNuits en gites sans portageNuits en gites avec portageNuits en camping en sans autonomieCamping et bivouac en autonomie totale
Sac à la journée de  30 l.35 à 48 l.Sac à la journée de 30 l.40 à 50 l.45 à 60 l.
Mes marques de référence tous modèlesOspreyDeuterGregoryLafuma Low Alpine

Orientation – L’itinérance, ce n’est pas l’errance !

Combien de fois n’ai-je pas lu ou entendu : « C’est chouette, mais j’ai peur de me perdre » .  La plupart des chemins de grandes randonnées sont très bien documentés sur les Topoguides de la FFRP ou les Miam Miam Dodo , Lepère, Michelin ou Rothers.  Cela dit, savoir s’orienter et repérer sa position à l’instant T restent les deux connaissances fondamentales du randonneur en itinérance. La lecture des cartes, avec boussole n’est pas si facile et demande une petite formation . Exercice  de base : combien de km ai-je déjà parcouru , où suis-je ?

  1. Avec une carte IGN  1 :25.000e  1 cm=250 m : mémoriser l’heure de départ – Vitesse 4 km/h – Après deux  heures de marche  la distance à reporter sur la carte 8 km sur votre parcours (deux doigts collés = environ 1 km sur la carte) . C’est là !
  • – Même manip  si vous disposez d’un podomètre
  • Les APP de rando pour smartphone . Facile et pratique.  Les principales disponibles sur Google Play et Apple Store :  Iphigénie, VisoRando, SityTrails, MyMap. (Environ 14€/an) . ( Publication App de Rando )

conseil : téléchargez les fonds de carte de l’étape du lendemain le soir en Wifi . La 4G n’est alors plus indispensable, car seul le GPS aide au repérage . Effacez toutes les App en tâche de fond et les mises à jour auto pour économiser la batterie.

Conseils : téléchargez la trace de votre itinérance au format .gpx sur votre smartphone . Vous la retrouverez en  « Import » sur votre APP de rando . Vérifiez de temps en temps si vous êtes toujours sur le tracé enregistré . Les fonds de carte IGN 1 :25.000e communs  (commercialisé par Géoportail) à la plupart des App affichent les tracés des principaux GR et PR.  

  • Les chemins sont très bien balisés en France et en Espagne. Si vous ne voyez plus le balisage rouge et blanc des GR après plusieurs centaines de mètres : vous vous êtes planté : revenez à la marque précédente et repartez dans la bonne direction.
  • Plusieurs GR dépourvus de numéro peuvent se croiser, Veillez à suivre le bon !
  • Ne vous engagez pas sur certaines « variantes » sans informations.
  • Ne suivez pas à l’aveugle des randonneurs. Ils sont peut-être aussi perdus ou mal informés .
  • Google Map n’est pas une App vraiment adaptée à la randonnée. Oubliez !
  • Randonneur en solo : informez toujours quelqu’un de l’entourage de votre parcours ou mieux envoyez lui régulièrement votre position avec l’App MYGPS coordinates (Apple Store)

D’AUTRES QUESTIONS ?

Où garer ma voiture durant ma randonnée ?   Cette question est récurrente sur les forums. Je recommande peu de laisser son véhicule sans surveillance durant une très longue période. Pour rejoindre ou revenir de votre périple , prenez de préférence les transports publics (Trains, cars), appelez les copains, le co-voiturage , les transporteurs privés voire le taxi à plusieurs.

Parkings au départ du Puy-en-Velay :

https://trekkingzone.fr/2021/09/16/compostelle-stevenson-ou-garer-sa-voiture-au-puy-en-velay/

Puis-je partir avec mon chien sur tel chemin ??   Tout est possible sachant que des terrains sont très agressifs pour les pattes du toutou sur des centaines de kilomètres. Il est nécessaire que son alimentation soit aussi compatible avec la vôtre . Par ailleurs, certains gîtes n’acceptent pas les chiens, ce qui complique parfois les réservations. Enfin, le problème vient des autres chiens (errants) parfois peu sociaux.

Je suis une femme, puis-je partir seule ?  Tout dépend du chemin. Aucun problème sur ceux de Compostelle ou le Stevenson avec un minimum de précautions (ne pas suivre des étrangers, informer son entourage) .

Le bivouac et le camping sauvages sont-ils autorisés ? Sauf en Espagne à certains endroits , vous pouvez planter votre campement partout… avec un peu de discrétion. Je vous engage à demander l’accueil dans les fermes. Contre une petite rémunération, vous avez beaucoup de chances de bénéficier d’une douche et d’un repas chaud.

Vais-je trouver de l’eau à tel endroit ?  Le poids de l’eau à transporter est un problème en itinérance. Deux litres par jour deviennent  vite pénalisants. Lisez bien les recommandations de votre guide papier sans pour autant lui faire aveuglement confiance . Au mieux, pour se rendre dans certains endroits très isolés, emportez une cartouche filtrante ou des comprimés Micropur. 

Le numéro d’appel d’URGENCE universel, partout dans le monde : 112 Lui seul vous permettra de rentrer en relation avec un médecin dans votre langue.

Punaises de lits : Ne posez JAMAIS votre sac sur le lit. Certains gîtes vous demanderont de le laisser hors de la chambre. En cas de doute, au retour placez vos vêtements et duvet au congélateur et votre sac à dos dans un sac plastique de 100 l. avec pulvérisation d’un insecticide puissant durant 24h.

PUBLICATIONS TREKKINGZONE.FR

Articles sur les App de rando et l’orientation :

Géoportail, OpenStreet Map, Google, quel bon fond de carte numérique en randonnée ?

Comment se positionner sur une carte papier dite compatible GPS ?

Toutes les App GPS de randonnée pour smartphone

Toutes les App spéciales Compostelle IOS et Androïd

Retour d’expérience sur mes 6 chemins de Compostelle :

Via de la plata… Un poquita mas…..

Du Puy-en-Velay à Roncevaux , un Chemin de Compostelle mythique en libre-service

Voie d’Arles, 955 km de Roman (et d’aventure) vers Compostelle

Camino del Norte vers Compostelle, plus exigeant, plus authentique.

Le Camino portugais, le Chemin de Compostelle aux trois visages

Kirschos goes to Compostelle – Chemin initiatique d’un futur récidiviste

Articles Chemin de Stevenson et GR 34

Première tentative sur le chemin de Stevenson, 100% COVID, 50% bide

Chemin de Stevenson 2e Partie de La Bastide-Puy Laurent à Alès

Comment organiser son GR34 en solo

Publications de l’auteur : Tapez « Richard Kirsch » sur le site Thebookedition.com (10€+frais envoi ou 5,70€ en PDF)

Randonnées et bières en France : guide complet.

Fabienne et Benoît, petits suisses baroudeurs, écrivains, globe-trotters…

Si la randonnée est toujours propice à la découverte, elle peut être aussi un prétexte ! Fabienne et Benoît Luisier, deux petits Suisses baroudeurs et amateurs de bonnes bières, avaient déjà réalisé une série de randonnées vers 59 brasseurs artisanaux de la Confédération Helvétique et ce basant sur le livre de Monika Saxer , Randonnées Bière en Suisse.

Après cette première expérience arrosée de succès, nos marcheurs sous perfusion n’allaient pas s’arrêter là. Ils se remirent en route durant cinq mois cette fois dans l’Hexagone pour rencontrer nos meilleurs producteurs locaux tout en répertoriant les plus belles randonnées aux alentours. Fabienne et Benoît en ont ainsi (presque) testé, classé et documenté 70 itinéraires-bière allant de la simple balade familiale à la rando la plus engagée. Randos Bière En France se présente comme une bible de la bibine itinérante de 364 pages où chaque destination comporte le descriptif de l’itinéraire, longueur, dénivelé , carte IGN associée .

Les traces sont même téléchargeables au format .gpx sur www.helvetiq.com. Bien pratique pour retrouver son chemin.. après la dégustation ! On y découvre évidemment le portrait détaillé de chaque breuvage local : degré d’alcool, couleur, parfum , le tout clairement illustré. Alors au moment d’envisager quelle sera votre prochaine escapade rafraîchissante, feuilletez les premières pages du bouquin et choisissez soit l’itinéraire dans le lexique , soit la bière sur la carte de France. A la vôtre ** ! ( 24,90€ Fnac, Nature & Découvertes)

Retrouvez toutes leurs parutions et aventures sur : https://www.novo-monde.com/Boissons alcoolisées à consommer avec modération)

La trilogie incontournable du randonneur en terre francophone !!

COnseils pour REPRENDRE LA RANDONNEE APRES LE DECONFINEMENT

Après des mois de confinement chacun n’a qu’une envie : repartir sur les chemins de randonnée en pleine nature . Pourtant cette libération n’est pas sans risques et il convient de prendre quelques précautions avant de se lancer sur de grandes distances et parfois chargé. Voici quelques conseils de mon ami suisse, le Dr Blaise Courvoisier avec qui j’ai partagé de belles étapes sur le Chemin d’Arles vers Compostelle.

A droite .. el Doctor Blaise – Chemin d’Arles vers Punta la Reina

Redémarrage progressif

 Comme toujours, il ne faut pas avoir les yeux plus gros que le ventre : gérer la      distance et la charge que l’on va emporter, sachant que la musculature fond très vite   avec un arrêt sportif de longue durée.

Profiter du reste du confinement pour reprendre des exercices à domicile : isotoniques, vélo appartement par ex., puis dès que possible des promenades aux alentours de son domicile.

Maintenir la distanciation et l’hygiène Covid

En groupe, il faudra malheureusement conserver les habitudes de distanciation : pas de bises ou de poignée de main, ne pas être les uns sur les autres, tousser ou éternuer dans son coude et se désinfecter les mains avant de manger son pic nic, en évitant de partager sa nourriture avec les autres. En d’autres termes faire le contraire de ce que l’on a l’habitude de faire dans ces moments de convivialité.

Ceux qui auront été atteints par le virus et seront guéris ( plus de 97%!), doivent savoir que cette maladie entraîne des troubles respiratoires plus ou moins graves, avec inévitablement des séquelles transitoires au début : en d’autres termes, un essoufflement plus rapide et une fatigabilité plus grande dans les débuts post convalescence. Ceci va durer de quelques semaines à quelques mois en fonction de la forme et de l’entraînement avant la maladie. Il faut donc, une fois encore, gérer ses envies de randonnées avec une bonne dose de modestie sous peine d’être très déçus après la maladie.

Pour ce qui est de l’étranger, je pense que les frontières vont encore mettre des semaines avant de s’ouvrir aux marcheurs, en particulier les albergues qui de fait sont des lieux de promiscuité très grande, ce que l’on aime aussi ! Personnellement, avec grande tristesse, je vais privilégier la randonnée longue distance en Suisse dans les temps prochains et faire le trajet de Saint Gall à Genève, le camino helvétique que je n’ai fait que par bouts, en attendant de pouvoir reprendre mon bourdon et ma besace dans la péninsule ibérique  l’an prochain !

Dr Blaise Courvoisier

Gerald Sterlich, un artiste-pèlerin sur les chemins de Compostelle

Gerald Sterlich, pèlerin multirécidiviste autrichien et artiste de grand chemin.

Les chemins de Compostelle sont toujours l’occasion de rencontres passionnantes . C’est à Saint-Julia que j’ai fait la connaissance de Gerald et de sa femme, comme çà simplement , autour de la table du petit déjeuner dans un gîte confortable planté sur une colline du Gers. Le couple venait d’Autriche, comme Hans Peter , mon compagnon  suisse de route  et de hasard nous étions tous les quatre parti  d’Arles sur le GR653 en direction de Punte La Reina en Espagne.  Après quelques échanges, alternant l’anglais et l’allemand  histoire de faire connaissance, Gerald ouvrit naturellement un carnet de moleskine sous mes yeux . Je lui demandais alors de le parcourir, et c’est avec surprise que je découvris que derrière ce pèlerin jusque là anodin et discret se cachait un artiste . Depuis 2015, cet ancien architecte de 70 ans, vivant aujourd’hui dans une vallée viticole proche de Vienne, dessine désormais pour son seul plaisir sur les chemins jacquaires de France et d’Espagne, en consacrant à cette passion de 30 à 45 minutes par jour environ. Alors que la plupart des randonneurs au long court se concentre sur la longueur des étapes ou shootent avec frénésie des centaines de photos numériques, Gerald savoure le temps d’une pause et prend le temps de fixer sur ses carnets la beauté des édifices ou des décors qui rythment son parcours. Equipé de Rotring et de quelques peintures à l’eau, l’ex-architecte devenu marcheur perpétue l’art du carnet de voyage en mettant à profit un sens aigu de l’observation propre à son ancien métier. Une fois le dessin terminé, il le complète d’une fine légende dont l’encre de Chine relève encore la finesse de l’ensemble. J’ai feuilleté ce carnet  jusqu’à la dernière page et je l’ai refermé encore sous le charme de ce chemin d’Arles coloré. Mais au-delà des croquis j’ ai aussi découvert ce matin-là une autre philosophie du voyage, celle d’un pèlerin libéré du temps. Plusieurs de ses dessins m’ont aussi révélé des  lieux  où j’étais passés sans rien voir de leur intérêt, en randonneur trop pressé .

Eglise d’Argonnet Lauragais

Ecluse sur le Canal du Midi

Jeu-test : feriez-vous un bon guide de randonnée ?

Vous êtes un passionné de randonnée et ne manquez jamais une sortie en groupe avec votre association préférée. Et si un jour on vous demandait justement d’en prendre les rênes , quel genre de guide seriez-vous ?  Répondez à ces quelques questions, notez la réponse (a, b, c) pour chaque question sur un papier . Puis faites le total des points à l’aide du tableau et affrontez le verdict  !

1) Comment s’organisent habituellement vos randonnées ?

  • a) Je prépare mes itinéraires avec soin en étudiant la distance, le transport, le dénivelé, etc..
  • b) J’attends le mail hebdomadaire ou regarde des propositions sur le web de l’association et je suis le mouvement.
  • c) Je regarde brièvement une carte d’un parcours et je pars à l’aventure, seul ou avec des copains. J’ai le nez !

2) Sur une rando  facile de 18km , vous seriez du genre .. ?

  • a) à partir sans même un cachet d’aspirine dans le sac, sur 20 km pas de risques.
  • b) à emporter une trousse complète de premiers soins, on ne sait jamais.
  • c) à compter sur les copains, il y en a forcément un avec des médocs de base.

3) en cas de gros coup dur, genre blessure ou malaise, vous composez quel numéro de secours sur votre portable ?

  • a) Le 18, car les pompiers connaissent mieux le terrain et arrivent rapidement d’ordinaire.
  • b) le 112 , certain de tomber sur un médecin compétent.
  • c) Le 17 car la gendarmerie est présente dans toutes les campagnes et ils ont des hélicos.

4) Pour partir sur une courte randonnée dans un nouveau coin, quel genre de carte emportez-vous ?

  • a) Je n’emporte pas de carte j’ai Google Map sur mon portable. C’est moderne, gratuit et pratique
  • b) Pas besoin d’investir, je pioche dans mon imposante collection de cartes Michelin, attention ! genre précis au 1:50.000e tout de même
  • c) J’achète la carte IGN au 1 :25.000e du lieu, même si ça me coûte 10€. Je regarde aussi les App Gps de rando.

5) A quoi sert  réellement une boussole en randonnée ?

  • a) à m’orienter et me situer sur la carte.
  • b) à trouver la bonne direction sur un carrefour avec plusieurs sentiers.
  • c) à trouver le nord sur la carte, hyper important pour s’orienter.

6) Un membre du groupe que vous guidez traîne la patte et s’attarde, que faites-vous ?

  • a) Je l’attends deux, trois fois puis bon gré mal gré je l’envoie à la gare la plus proche en lui donnant quelques infos.
  • b) je l’attends et demande à d’autres marcheurs de l’aider derrière à finir la randonnée car je suis responsable de tous.
  • c) J’attends qu’il me rejoigne et je le recadre car il retarde le groupe. Il n’avait qu’à lire le programme.

7) Il est à peine midi le groupe a parcouru ce matin seulement 10 km plutôt difficiles . Ca commence à râler car ils sont fatigués et un peu affamés . Que faîtes-vous ?

  • a) Ils me connaissent et j’avais prévu de faire 13 km sur les 26 du programme, ils attendront !
  • b) je cherche immédiatement un coin sympa pour le pique-nique.
  • c) Il est vraiment tôt, je fais le bilan global de l’état des troupes et prends une décision.

8) lors d’une bifurcation mal fléchée vous avez perdu 4 membres du groupe. Que faîtes-vous ?

  • a) Je demande si quelqu’un possède le portable d’un des attardés et j’appelle pour faire le point.
  • b) j’attends deux minutes et repars, pas question de pénaliser le groupe pour quelques attardés qui ne suivent pas les consignes.
  • c) J’arrête tout le monde et on attend patiemment que les attardés rappliquent.

9) Fin de la rando, vous êtes complètement crevé et bien paumé sur votre carte ! Un membre sort son GPS et conteste vos décisions . Votre réaction ?

  • a) Je me concerte avec lui et je prends seul le choix de la direction pour rentrer.
  • b) Je lui fais totalement confiance et remets le destin du groupe entre ses mains.
  • c) je lui dis de se mêler de ses affaires, le guide c’est moi !

10) C’est le moment de choisir un itinéraire pour votre prochaine mission de guide. Vous décidez ..

  • a) de reprendre un parcours connu et le faire en sens inverse pour varier le plaisir.
  • b) de chercher  et proposer un nouveau parcours , jamais testé.
  • c)  de choisir un parcours déjà fait et d’opérer quelques modifications histoire de faire neuf .

VERDICT (page suivante)

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Camino del Norte vers Compostelle, plus exigeant, plus authentique – Récit complet

Parmi tous les chemins qui traversent la péninsule ibérique vers Saint-Jacques de Compostelle, le Camino del Norte se démarque par sa tranquillité et sa relative difficulté. Après mes expériences sur le Camino de Francès et le Portugais, J’en garde surtout le souvenir d’un parcours splendide empreint d’une heureuse solitude.

Un camino sauvage entre montagne, campagne et océan.

Aussi appelé le Camino de la Costa, ce chemin qui suit en effet la côte nord de l’Espagne n’est pas le plus fréquenté par les pèlerins en marche vers Compostelle. Seulement 6 et 8 % d’entre eux l’empruntent depuis Irun à la frontière espagnole pour rejoindre la capitale de la Galice au Nord Ouest du pays. Après mes voyages en 2014 et 2015 sur les chemins Francès et Portugais, parcourus toujours d’une seule traite, un divorce, des épreuves sentimentales et familiales, me poussaient à repartir vers Compostelle, une longue marche qui se posait comme une thérapie évidente tant la rupture avec la quotidien m’est bénéfique. Lequel choisir ? Les chemins espagnols ne demandent aucune réservation des hébergements et le budget global de 20 à 30€ par jour me convenait d’avantage que les parcours en France pourtant magnifiques. Depuis longtemps je lorgnais avec intérêt, curiosité et une pointe d’angoisse le profil du Camino del Norte. Je relus quelques passages du controversé bouquin de Ruffin « Immortelle Randonnée ». J’effectuais des recherches sur les forums et demandais enfin l’avis de mes amis pèlerins. Résultat, si le Camino del Norte n’est pas l’Everest , ses 15.000 m de dénivelée positive, son isolement, les trop longues portions bitumées, le nombre réduit de ses hébergements avaient de quoi me faire réfléchir et douter. Cela dit, sur le papier ce parcours me séduisait irrésistiblement avec ses 815 km alternant des passages un peu montagneux, le chemin côtier et ses petits ports , des sentiers en pleine campagne et la traversée de villes passionnantes comme Bilbao, Santander ou Gijon. J’allais être comblé.

Franchir le fossé entre l’envie le doute

Prendre le bateau pour traverser les baies

D’une forme physique médiocre, des douleurs dorsales persistantes, des élections présidentielles imminentes, la culpabilisation de laisser seule ma vieille maman, bref je trouvais une foule de prétextes pour repousser deux fois la date de mon billet de train. « Basta, me suis-je dis. Ça sera pour le 15 mai ou ça ne sera pas !  ». L’idée de renoncer et rentrer au bout d’une semaine, un peu cassé moralement n’était cependant pas exclue. Alors trop vieux Kirsch , trop long le chemin, top dur le profil ?! Je doutais. Histoire de me rassurer je pensais alors à mon ami Daniel, 75 ans, toujours en marche sur les chemins. Puis je revoyais aussi Edward, mon copain de rando de Sport et Nature. Je l’avais revu avant de partir, là, cloué sur lit d’hôpital par la maladie. J’ignorais alors que je ne le reverrais pas vivant. Il faut parfois mesurer sa chance et arrêter de trop se regarder le nombril vautré sur son canapé. Quitte à avoir mal partout, autant que ce soit en marchant ! Rassuré par un scanner vertébral satisfaisant et dotée de la trousse à pharmacie du parfait hypocondriaque, je devais tailler la route.

D’autant que j’étais prêt depuis un moment ! Mon fidèle sac à dos Osprey m’attendait sagement dans ma chambre depuis un mois. Je le refaisais une à deux fois par semaine afin de trouver un poids optimum de 9 kg. Je recomposais à maintes reprises les trois pochettes de congélation qui constituent le trousseau du pèlerin ordinaire: une avec les affaires de nuit (T-shirt, caleçon, boules Quiès, écouteurs, lampe frontale,..), une autre de linge propre et enfin une avec kit de toilette (un savon de Marseille, des épingles à linge et la serviette).

Prêt pour un nouveau camino cette fois en solo (ma girl-friend marcheuse berlinoise voguant et roucoulant vers d’autres horizons). L’idée de cheminer seul ne m’a jamais effrayé. Bien au contraire, j’apprécie plutôt cette liberté totale et puis les chemins de Compostelle sont l’occasion de rencontrer beaucoup d’autres marcheurs venus du monde entier. J’allais vite découvrir que le Camino del Norte s’avère une exception.

L’albergue de pèlerin, un mélange savoureux de convivialité et promiscuité !

Lundi 15 mai. Train de banlieue, métro et gare Montparnasse, un pèlerin parigot ressemble à n’importe quel touriste à Paris ou vacancier en partance pour la montagne. Au bout de 6h de TGV, je débarquais à Irun pour rejoindre l’albergue municipale. La petite ville espagnole sortait de la siesta, les locataires d’un soir s’affairaient à leurs occupations : manger, se reposer, laver, soigner les bobos. Durant ces heures, j ‘avais eu le temps de parcourir virtuellement les 34 étapes élaborées dans le guide de poche Rother. Dès le lendemain matin, j’attaquerais la première plutôt motivé. Pour 8 euros la nuit l’hospitalero m’affecta un lit dans le dortoir. Je retrouvais l’ambiance un rien minimaliste des établissements bon marché du bas de l’échelle hôtelière espagnole. Il suffit juste d’imaginer deux étages d’appartements avec des dortoirs dans la chambre des gosses et des parents. L’incontournable micro-ondes, des accessoires de cuisine disparates, un serveur wifi au rayon d’action limité, une salle de douche refaite à l’économie. Et puis les prises multiples destinées à la charge des portables et tablettes du nouveau pèlerin connecté. J’y reviendrais. Des duvets sur les lits, du linge qui sèche sur les montants métalliques, des odeurs confuses de savon, de pommades, de bouffe, des discussions entre novices et vieux routards sous les néons de la salle commune. Une albergue quoi !

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